Noël approche. Si pour beaucoup les fêtes de Noël sont des moments de partage, de bonheur en famille et de cadeaux, pour d’autres, elles sont synonymes de solitude, d’isolement et de tristesse. Naissance de l’enfant Jésus, nuit de Lumière, derrière un mur se fête à l‘ombre. Noël en prison, est-ce vraiment encore Noël ?
Les 24 et 25 décembre sont les jours qui suscitent le plus d’émotion en prison, à la fois pour les prisonniers et pour ceux qui les visitent à cette occasion. Les femmes sont plus particulièrement sensibles à leur isolement en ces temps où la famille se réunit. Comment rendre Noël heureux derrière les barreaux ? Est-ce seulement possible ? Des solutions sont à trouver.
L’association Juno Bravo des Côtes-d’Armor en a une : un atelier de construction de jouets en bois par les détenus de la maison d’arrêt de Saint-Brieuc. Faute de passer les fêtes avec leurs enfants, ils sont tout de même présents dans leur foyer grâce à ce petit jouet de bois, blotti entre les autres cadeaux sous le sapin familial. Papa offre un cadeau, fabriqué de ses propres mains, même s’il est loin.
Le Secours Catholique des Vosges a trouvé une autre façon de réchauffer les cœurs en ce froid d’hiver. Un tout nouveau projet voit le jour. Il y a un an, le Secours Catholique fonde une équipe Prison avec, comme raison d’être, de trouver des solutions pour “aller à la rencontre des détenus”. Des visites et des entretiens ont régulièrement lieu à la maison d’arrêt d’Épinal, qui peut accueillir jusqu’à 306 personnes. Mais plus fort, pour Noël c’est un concert-goûter que l’équipe propose !
Ce sera un moment de divertissement, de détente, un cadeau. Sur la base du volontariat, les prisonniers reçoivent un bulletin d’inscription. A eux de choisir de participer ou non à l’évènement.
“On ne sait pas comment ça sera perçu. On ne sait pas si il y aura du monde” s’inquiète Muriel Grandjean, animatrice du Secours catholique et responsable du groupe Prison. Le doute persistera jusqu’à cet après-midi du 20 décembre que le duo Moussaka animera, dans son style musical breton inimitable. Il y aura d’ailleurs deux représentations car il n’est pas envisageable de mélanger les détenus homme-femme.
Une démarche facilitée
Quelles démarches pour un tel projet ? Le service pénitentiaire d’insertion et de probation de rattachement (SPIP) d’Épinal fait le lien entre le Secours catholique et la maison d’arrêt. Grâce à lui, le mouvement chrétien a des facilités d’accès pour les membres de l’équipe Prison qui peuvent visiter régulièrement les prisonniers. C’est également le SPIP qui proposera l’animation aux détenus.
Il y a un certain nombre de formalités à remplir pour mettre en œuvre un spectacle au cœur d’une prison. Sont demandés : la carte d’identité de chaque personne, un extrait de casier judiciaire, la liste détaillée du matériel entrant, la liste des chansons au répertoire, le style de musique et autres éléments pouvant sembler dérisoires. Mais qu’importent les conditions, l’essentiel étant d’apporter quelques instants de joie et de bonheur aux hommes et femmes temporairement privés de leurs proches.
Le projet Noël en prison sera-t-il renouvelé ? Très certainement. Sous une autre forme peut-être. Mais avec toujours autant de cœur et de chaleur. La solidarité en ces temps de fêtes a un savoureux goût d’humanité. Vite. Noël approche.