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Anne-Marie Etienne, telle une petite abeille !

Les villageois d’Escles, où elle demeure, et les habitants des environs la connaissent tous ou presque pour son dévouement. Anne-Marie Étienne n’en tire pourtant aucune gloriole. Les projecteurs, ce n’est pas son truc. Sa place d’aînée au sein d’une famille d’agriculteurs lui a très certainement laissé cette habitude de faire face. Sans faire de manières, sans orgueil.

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Son enfance à Jésonville où elle a vu le jour un jour d’octobre d’avant la guerre, c’était hier... Son certificat d’études en poche, elle entra fièrement à l’école ménagère de Mattaincourt. Ce fut un tremplin pour accomplir son rêve de gamine de devenir vendeuse à la coopérative du coin. “Étant jeune j’ai fait partie de la JACF (Jeunesse Agricole Chrétienne), j’ai toujours été partante pour aider les gens autour de moi et l’Église, avec un grand E”.

Sans profession...

Son regard bleu limpide se voile un peu. Pudique, Anne-Marie laisse entrevoir un coin de son cœur et les stigmates d’une blessure jamais cicatrisée. “Cette souffrance me pousse à porter une plus grande attention envers ceux qui perdent un enfant...”. Pour seconder, Bernard qu’elle épousa voici 55 ans, “Nanou” comme presque tous la prénomment affectueusement, sut se retrousser les manches. S’occupant de sa famille, tout en élevant deux filles et deux garçons, elle apporta sa contribution au labeur de la ferme. Du petit matin, au grand soir. Tout juste un haussement d’épaules. “Sur mes papiers, il était écrit la mention sans profession !”
La vie passe comme un train à grande vitesse. Anne-Marie possède une vraie nature généreuse. De l’éveil à la foi jusque l’aumônerie, elle s’est appliquée à faire découvrir aux enfants un chemin de chrétienté. “J’ai toujours répondu présente, j’ai appris le catéchisme aux gosses pendant 33 ans. J’ai arrêté en 2008, lorsque l’abbé Didelot est décédé.”
Invitée d’un jour à Darney pour y rendre une visite à des malades, elle entendit comme une supplique “Vous reviendrez ?” L’expérience compte... vingt ans ! Mme Étienne prend le volant, direction de Darney. Elle se déplace à l’hôpital André Barbier où elle contribue chaque vendredi à une célébration donnée dans une salle de l’établissement. Une trentaine de participants et une dizaine de résidents alités peuvent ainsi recevoir la communion.
À Darney, des enfants autistes demandent des signes d’affection. Anne-Marie ne manque pas de leur apporter sa part d’humanité.
Sur le doyenné, 19 communes, 17 clochers, une messe “itinérante” est dite tous les 15 jours. Anne-Marie se charge de préparer l’autel et des fonctions de sacristine. C’est avec attention et avec l’aide du magazine “Signes d’aujourd’hui” qu’elle étudie et rédige la célébration. “Ma petite-fille Léa tape ensuite mon texte sur son ordinateur !”
Mme Étienne fournit des idées pour le bulletin paroissial dont environ 800 exemplaires destinés au secteur sont agrafés à son domicile !

Le souci de l’autre

Les prêtres ne sont plus suffisamment nombreux. La formation “Mort et deuil” autorise Anne-Marie Étienne à participer à la célébration des obsèques. “Je ne suis pas seule, avec Marcel Bailly on se complète...” La charité chrétienne, la fraternité, l’amour de l’autre guident les paroles, les démarches...
Des papiers recouvrent chez elle le bureau d’Anne-Marie qui sait pouvoir compter sur Catherine, sa belle fille. Notamment, lorsqu’il s’agit de préparer les baptêmes. “Il est nécessaire de rencontrer les proches deux fois. La première pour expliquer le déroulement et la seconde pour permettre aux parents d’exprimer l’acte de foi.”
Sa dose d’énergie semble inépuisable, Anne-Marie chante avec la chorale, se relève les manches avec le CCAS pour mettre en place le repas des aînés et prêter main au pliage des serviettes.
S’il lui faut parfois mettre le mouchoir dans sa poche, Mme Étienne, sait dire franchement son sentiment. Dix fois grand-mère, trois fois bisaïeule, Anne- Marie cultive son potager, réalise des confitures, mitonne de bons p’tits plats, rend visite au passage à une personne un peu trop seule, ou malade... “J’essaye d’être vraiment à l’écoute, déléguer, oui, mais comment et à qui ?” Sa modestie naturelle dut-elle en souffrir, une “Nanou” comme cela, on aimerait tous en avoir une !

Josée Tomasi-Houillon

Publié le 29/11/2011 par Alice.