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Communication

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27/09 /12 Formation : Réussir ses photos (Communication)
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Une photo en dit souvent beaucoup plus qu’un discours. Pour cela, il faut trouver le bon angle, le bon éclairage, le bon moment…

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Pour nous aider, Alexandre Marchi, photographe de presse nous aidera avec des mises en situation concrètes.
Mardi 16 octobre 2012 de 14h à 16h30
Couvent des sœurs de la Providence à Portieux

Merci aux participants d'apporter leur appareil photo !
Participation aux frais : 5 €
Possibilité de déjeuner sur place : (réservation J-7 obligatoire) : 12 €
Règlement sur place

Inscription nécessaire : Service communication
29 rue François de Neufchâteau - 88000 Epinal
Courriel
Merci de préciser vos nom, prénom, adresse, téléphone et courriel ainsi que votre participation ou non au déjeuner !

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Pour se rendre au couvent : voir carte en bas de cette page

Agrandir le plan

14/09 /12 Facebook, twitter... Les réseaux sociaux, ça change quoi ? (Communication)
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Les réseaux sociaux sont de plus en plus présents dans notre quotidien.
Celui des jeunes et pas seulement...
Le Vatican vient d'annoncer que les réseaux sociaux seraient au coeur de la Journée mondiale 2013 des Communications Sociales
De l’addiction à l’usage responsable, quelques repères.
Intervenants : Christophe Chevardé, directeur de la communication du diocèse et Maxime Pisano, directeur de la communication de la Ville de Vandœuvre-lès-Nancy et community manager

Rendez-vous : Mardi 16 octobre de 20h à 22h à la maison diocésaine 29 rue François de Neufchâteau, Epinal. Entrée libre.

29/08 /12 Les servants d'autel en pèlerinage à Rome : quelques clichés (Communication)
Du 25 au 31 août, 75 jeunes vosgiens participent au pèlerinage national des servants d'autel à Rome, encadrés par.
Ce rendez-vous unique est une chance de vivre des moments inoubliables.

Voici déjà quelques images

10/08 /12 Daniel Claudon cible toujours plus de communication (Communication)
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L’air est vivifiant. Sur les hauts de La Bresse, l’ancienne ferme de Daniel Claudon se fond parmi une nature dont la roche porte les stigmates profonds des rudes hivers vosgiens. Côté maternel, l’arbre généalogique familial évoque Claire Mougel, troisième d’une fratrie de 14 filles et garçons ! Une époque difficile. Fils de Claire et de Robert Claudon, quatrième de six enfants, Daniel a vu le jour pendant la guerre.

Cet article a été publié dans le magazine « Église dans les Vosges ». En vous abonnant , vous êtes informé-e et vous soutenez l’information et le dialogue dans le diocèse.

Il se souvient être venu habiter à la Bresse en 1950. “Mes parents avaient choisi de revenir ici, pour ne pas laisser la grand-mère seule après son veuvage...” . Rien de comparable avec ce que vivent les gamins d’aujourd’hui. “Il n’y avait pas grand-chose, le club de ski de la Bresse organisait des sorties et prêtait des skis, c’était la seule activité. Le club nous prenait en charge pour des compétitions le dimanche. C’est là que tout a commencé !”
Plutôt bon élève, certificat d’études et BEPC en poche, le jeune garçon obtint une bourse nationale. De quoi entrer dans une école de bûcheronnage à Sainte-Marie-aux-Mines, avec possibilité d’accéder au poste de responsable forestier en 2 ans. “En ski, j’étais cadet, et 2e aux championnats de France !” Comme avec des paillettes de poudreuse brillante plein les yeux, Daniel devient intarissable lorsqu’il évoque ses montagnes et le ski. Classé junior alors qu’il quittait l’école primaire, il était appelé sous les drapeaux.

Aux jeux olympiques

L’école militaire de Haute-Montagne de Chamonix lui permettait en 1964 de faire ses preuves en senior au Championnat du monde avec tir. Le concours des Douanes, et la brigade spéciale de ski furent un tremplin pour le biathlon. Sélectionné pour les Jeux Olympiques de 1968, le Vosgien intégrait avec fierté la première équipe de France dans cette discipline. Grenoble devait marquer la destinée du sportif. C’est là-bas qu’il fit connaissance d’Arlette Martin, une jeune femme chargée de l’accueil.

Cette année-là, Daniel Claudon épousait celle qui allait partager son existence. Le couple s’installait à Chamonix. Une belle période se profilait à l’horizon des montagnes. Quatrième en 1971, puis dixième à Sapporo au Japon, un choix s’imposa. Sa famille s’étant agrandie au fil des naissances, de façon à être plus souvent au foyer, Daniel décida en 1973 l’arrêt de la compétition. Il devint alors entraineur de l’équipe de France, puis plus particulièrement des juniors. De jolis résultats furent enregistrés, notamment à Innsbruck en Autriche.

Directeur d’équipe, entraîneur pour les seniors jusqu’en 1981, Daniel se régale encore de moments forts. Les souvenirs qui se bousculent, les jeux de 1980 à Lake Placid, aux États-Unis, avec une honorable cinquième place en relais et en 1981, la médaille de bronze d’Yvon Mougel aux Championnats du monde...

Aller vers ses semblables

Père de six enfants, Daniel Claudon quittait la Fédération pour un poste régional. Nommé conseiller technique départemental, il y œuvrera jusqu’à l’heure de la retraite. Il demeurera moniteur de ski et guide de haute montagne. L’histoire se répète souvent, “Mon père un ancien granitier était décédé, Arlette était d’accord, après 10 ans à Chamonix, nous avons déménagé pour les Vosges….” Des joies, des peines aussi avec la perte d’un fils, des doutes, des questionnements.

Son temps libre, Daniel Claudon l’occupe en regardant vers autrui. Lui, son “truc” c’est d’aller vers ses semblables. “Je suis attiré par les visites, le contact humain, aller voir les gens qui ont des problèmes de santé...” Membre du conseil paroissial local et de l’équipe d’animation paroissiale, M. Claudon se prépare à recevoir un ordre de mission défini par Mgr Jean- Paul Mathieu. “J’irai là où je devrai aller, là où j’aurai ma place...” Six personnes devraient alors être nommées pour 3 ans. “Il s’agit aussi d’impulser une dynamique, de créer des liens. L’abbé Arnaud Meyer et le vicaire général Claude Durupt nous guident...”

Sa foi, Daniel la porte au quotidien avec “cette envie de communiquer qui nous dépasse un peu”. Il se souvient de sa mère, une femme “très fervente”. Lui qui fut tout au long de sa carrière professionnelle un homme de terrain éprouve une véritable attraction à faire avancer les choses. Glaner des idées, des suggestions... au profit de l’Église.

Jusqu’au dépassement de soi

On sait pouvoir compter sur sa volonté d’aller de l’avant. Jusqu’au dépassement de soi. “La lettre pastorale nous l’indique. Le pape Benoît XVI a rappelé le triple axe de la mission de l’Église : annonce de la Parole de Dieu, célébration des sacrements, service de la charité... Trois tâches qui ne peuvent être séparées l’une de l’autre... Prêtres, diacres, laïcs... nous devons travailler, main dans la main...”
S’occuper de ses abeilles, donner un coup de main à un ami apiculteur, tailler avec soin des arbres, façonner le bois, entretenir son potager, chausser les lattes pour enseigner le ski, s’envoler en parapente, Daniel Claudon dispose en son coeur “d’un petit coin de paradis”. Des trophées rapportés de ses compétitions, le sportif en possède des étagères complètes.
Pourtant avec toute cette pudeur qui habite les vrais montagnards, Daniel, bientôt dix fois grand-père, s’avoue surtout très fier de sa famille.

Josée Tomasi-Houillon

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10/08 /12 Dom Joseph Pothier et le chant grégorien (Communication)
Après le concile de trente (1545-1563), le chant grégorien a connu des réformes. La renaissance et ses “humanistes” ont influencé la manière dont le grégorien était chanté. Les mélodies ont presque systématiquement été corrigées ce qui aboutit à une certaine décadence de son exécution si bien que le plain-chant était alors classé comme un genre inférieur. Comme l’écrivait l’abbé Dom Guéranger, les imprimés n’offraient plus qu’une “lourde et assommante succession de notes carrées qui ne suggèrent pas un sentiment et ne peuvent rien dire à l’âme”. Dom Pothier fait partie de ces spécialistes du chant grégorien et de son histoire qui, au XIX siècle, vont inlassablement travailler à sa restauration. Découvrons succinctement le parcours de cet homme.

L’enfance de Dom Pothier à Bouzemont

Bouzemont est situé à cinq kilomètres de Dompaire. Il est perché en haut d’une colline de laquelle on domine la plaine des Vosges. C’est là que Joseph Pothier naît le 7 décembre 1835. Le père de Dom Pothier est dévoué à sa commune et son église. Il est instituteur, secrétaire de mairie, premier chantre de la paroisse et sacristain. La mère de Dom Joseph Pothier, Thérèse Viriot, est fileuse. Joseph Pothier aura une sœur, Marie-Louise décédée à l’âge de 16 ans ainsi qu’un frère, Alphonse de quatre ans son cadet qui deviendra moine de l’abbaye de Solesme.

A l’école, Dom Pothier apprend l’orthographe, l’arithmétique mais aussi le chant sacré. Chaque matin, les enfants allaient chanter la messe du curé Vautrin. Les deux frères Pothier acquirent une bonne culture générale dans laquelle ils puiseront une solide aptitude à l’étude rigoureuse.
Le sol de Bouzemont fut le gardien durant de très nombreux siècles d’antiques objets de l’époque gallo-romaine. La découverte du patrimoine antique continuait, à l’époque de Joseph Pothier, d’aiguiser la curiosité des plus érudits.

C’est très certainement dans ce contexte que le goût et l’aptitude de Dom Pothier pour la recherche prennent naissance. Durant toute sa vie, il n’aura de cesse d’exhumer des documents anciens. Il sera l’infatigable voyageur à la recherche du “grégorien perdu”.

Dom Pothier, moine à l’abbaye de Solesme

Avant de devenir moine de l’abbaye de Solesme, le futur abbé Joseph Pothier fit ses études dans plusieurs séminaires vosgiens. Il entra à l’âge de 12 ans au petit séminaire de Senaide en 1848 puis au séminaire de Châtel et de Saint-Dié où il reste jusqu’à son ordination presbytérale qui fut célébrée le 18 décembre 1858 à Saint-Dié. Ordonné avec dispense d’âge à 23 ans, le jeune prêtre est bien décidé à entrer à l’Abbaye de Solesme, dans la Sarthe.

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A l’époque où Joseph Pothier entre à l’abbaye Saint-Pierre de Solesme, cette dernière commence à connaître un certain rayonnement grâce à Dom Guéranger qui vient de restaurer la congrégation bénédictine de France.

L’énergie de Dom Guéranger faisait l’admiration de son ami le pape Pie IX. Ce dernier lui donna affectueusement le surnom de “Dom Guerroyer”, car Dom Guéranger n’avait pas que des amis. En France, de nombreuses protestations se firent entendre contre cette volonté de réformer des coutumes et usages liturgiques ancestraux auxquels seule l’Église de France était restée fidèle. C’est à ce fastidieux mouvement de restauration liturgique que va finalement prendre part notre prêtre vosgien. Peu de temps après son entrée à Solesme, il sera repéré par Dom Guéranger qui souhaite une restitution du chant traditionnel d’après les documents anciens. Dom Pothier deviendra le précieux collaborateur de Dom Guéranger car il possède bien des qualités dont celle d’avoir reçu une formation musicale.

Un long et précieux travail

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Il apparaît rapidement que Dom Pothier est capable d’interroger les diverses sources de chant sacré disséminées dans les bibliothèques. Le jeune moine prit souvent son bâton de pèlerin et entreprit une véritable campagne d’exploration, se trouvant ainsi lancé sur les chemins de l’investigation. Dom Pothier s’attache surtout à consulter les très nombreux manuscrits de chants conservés dans les bibliothèques d’Europe qui permettent d’étu
dier la ligne mélodique dans sa pureté originelle. Très vite, la réputation de Dom Pothier a commencé à se répandre ; elle a amené des bibliothèques publiques de France, de Suisse et d’Allemagne, à lui prêter leurs documents anciens afin qu’il puisse les travailler. Les particuliers et des membres de congrégations religieuses témoigneront de la même confiance envers cet érudit.

Il publie également des articles qui très vite sont remarqués. Au cours de ses nombreux déplacements, Dom Pothier est reconnu pour sa science ; c’est pour lui l’occasion de faire la promotion de ses découvertes en prodiguant des conseils à ceux qui entendent réformer la manière dont le grégorien est chanté.

Les mélodies grégoriennes restaurées

Beaucoup attendent que soient enfin rédigées les mélodies grégoriennes restaurées par Dom Pothier. Ce fut réalisé en 1880, soit vingt années après son entrée à Solesme. Il aura fallu toutes ces années de travail acharné et consciencieux pour que soit finalement publié le fruit de ses recherches : Les Mélodies grégoriennes, d’après la Tradition (éd Desclée). De nombreux journaux firent l’écho de cette publication qui eut de nombreux admirateurs.

Selon la Revue de l’art chrétien, “Le nouveau Maître qui vient de se révéler au monde savant semble sortir de l’école même de saint Grégoire, tant il se montre en possession des éléments qu’il s’agissait de faire revivre dans toute leur beauté native… Il a condensé et mis à la portée du vulgaire une science qui demandait un travail immense et un véritable génie… La question du chant ecclésiastique est définitivement résolue”.

Très vite, Dom Pothier eut de très nombreux partisans au sein de l’Église catholique, conquis à l’idée qu’il fallait promouvoir désormais l’étude et la bonne exécution du chant traditionnel de l’Église. Mais il eut également d’ardents contradicteurs parmi lesquels on trouve surtout les garants des intérêts de l’Edition dite médicéenne de Ratisbonne, déclarée typique et authentique par Rome. En effet, un Graduel avait été édité à Ratisbonne en 1868 et avait obtenu du Saint-Siège en 1870 un privilège pour trente ans. Le Graduel est la pièce la plus ornée du répertoire grégorien de la messe.

Souvent exécutée entre la première lecture et l’évangile de la messe, il a donné son nom au recueil des pièces pouvant être chantées au cours de la célébration eucharistique. C’est donc un livre liturgique très important ; il est le livre de chant grégorien utilisé à la messe Trois ans après la publication des Mélodies grégoriennes, Dom Pothier fait enfin paraître son Graduel, le Liber Gradualis dont l’usage ne concerne normalement que la congrégation bénédictine de France mais qui en définitive sera vite adopté par divers diocèses.

Une réputation

Le Pape Léon XIII ne cache pas à Dom Pothier son enthousiasme pour le travail fourni et les conclusions qui en découlent. Il lui envoie même une lettre de félicitations. Mais certaines influences romaines, qui entendent défendre le privilège de l’Edition médicéenne, conduisent le Pape à ne pas tenir compte des études scientifiques de Dom Pothier qui continue son travail.

Il est de plus en plus sollicité pour donner son avis ou des conférences. Tout ce travail d’exploration donnera lieu à de nouvelles recherches et publications d’articles. De retour à Solesmes, les publications grégoriennes destinées au grand public vont se multiplier.

A Rome, les recherches de ceux qu’on surnomme avec dédain les “grégorianistes archéologues” dont fait partie Dom Pothier, commencent à intéresser de plus en plus le cercle très influant du Pape. Le privilège de l’Edition de Ratisbonne expire définitivement en 1900. Ceci laissait présager l’opportunité d’une plus grande influence des idées réformatrices dont Joseph Pothier se faisait le promoteur.

Commission pontificale pour la réforme des livres liturgiques

En 1903, le Pape Pie X décide de réformer le chant de l’Église romaine ; cette réforme se fera en tenant compte des recherches effectuées depuis quarante ans à Solesmes. Le 25 avril 1904, le Pape nomme une “Commission pontificale pour l’édition vaticane des livres liturgiques grégoriens” qui sera présidée par Dom Pothier. Son Liber Gradualis de 1895 servira de base pour l’Édition vaticane.

Dom Pothier mourra à l’âge de 88 ans, le 8 décembre 1923 en Belgique. Deux jours après sa mort, un télégramme de condoléance du Pape Pie XI arrivait : “Sa Sainteté prend part au deuil de la famille bénédictine pour la perte du vénéré et si méritant Restaurateur des Mélodies grégoriennes. Elle unit ses suffrages pour le repos éternel de ce digne serviteur de la Sainte Église”.

Conclusion

La restauration du chant grégorien à laquelle participa Dom Pothier ne s’est pas faite sans heurts et sans querelles de spécialistes. Dom Pothier s’est révélé à la fois chercheur, pédagogue mais aussi l’habile et prudent négociateur qui parvint à faire valoir le fruit de ses recherches, au risque de se faire des ennemis au sein même de l’ordre bénédictin.
Il fut surtout l’ardent serviteur de l’Église, passionné par la recherche et désireux, bien avant le Concile Vatican II, d’œuvrer pour une pastorale liturgique adaptée au peuple chrétien. Dans une lettre adressée au pape Pie X le 2 mars 1904, Dom Pothier s’exprimait en ces termes au sujet de son travail : “Il ne s’agit pas … d’une étude exclusivement archéologique des manuscrits de telle ou telle époque ou de telle ou telle école, mais de l’étude intelligente de la tradition catholique, d’une tradition qui a été et qui sera toujours vivante”. Puisse ce travail se poursuivre pour le plus grand bien de l’Église et de sa sainte liturgie.

Abbé Jean-Pierre Vuillemin

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07/08 /12 Le désert en littérature et dans l’Islam (Communication)
Dans le cadre des Conférences de Carême sur le thème du désert, la paroisse de Saint-Dié a accueilli Monsieur Salah Stétié le 25 mars dernier. Ce dernier a présenté un poème irakien dont l’auteur est décédé depuis une cinquantaine d’années. Découverte.

Le Christ après la crucifixion....
(C’est le Christ qui parle)

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Après qu’on m’eut dé-crucifié, j’ai entendu
les vents dans une vaste lamentation saisir
les palmes des pas qui s’éloignaient.
Ni les blessures, ni la croix où je fus cloué au
long du crépuscule ne m’avaient achevé.
J’ai tendu l’oreille : une plainte courait la
plaine entre la ville et moi
comme un cordage qui retient le navire en
train de couler par le fond.
Plainte comme un fil ténu de clarté allant
du matin aux ténèbres dans le triste ciel de
l’hiver.
Puis, sur ses émotions, la ville s’est endormie.

Quant le mûrier et l’oranger fleurissent,
quand Djaykoûr se déploie jusqu’au point de
l’imaginaire,
quand il verdoie, herbe en qui chantent les
odeurs
et chantent aussi les soleils qui l’ont allaité
de lumière,
quand verdissent ses ténèbres mêmes,
une tiédeur me touche au cœur et mon sang
irrigue sa terre.
Mon cœur est le soleil, mon cœur est une pulsation
de lumière,
mon cœur est terre pulsant le blé, les fleurs et
l’eau la plus limpide,
mon cœur est l’eau, mon cœur l’épi, sa mort
est la résurrection :
il vit par celui qui le mande.
Dans la pâte qui s’arrondit, pareille au menu
sein formé, sein de la vie,
je suis le défunt par la flamme : brûlant en
moi l’obscure boue à seule fin que Dieu
demeure.
J’étais Commencement et au commencement
était le pauvre.
Je suis mort pour que soit mangé le pain en
mon nom et, semé, que je le sois aux semaisons !
Que d’existences je vais vivre : en tout lieu de
germination, je suis demain, je suis le grain,
je suis un peuple et dans chacun il y a mon
sang, il y a une goutte de mon sang ou une
parcelle.

Puis, quand je suis revenu, Judas, me voyant,
a blêmi...
Son mystère, n’était-ce pas moi ?
De moi, il était l’ombre noire et de ma pensée
une idole de fixe pensée et d’absence ;
il prit peur que fût trahie la mort au liquide
des yeux...
(Ses yeux de roc ne lui servant qu’à déguiser
sa sépulture)
Il prit peur d’une ferveur, d’un impossible et
dénonça.
« Est-ce bien toi ? Ou bien mon ombre jaillie
et devenue clarté ?
Fais-tu effort hors de la mort quand la mort
est irrévocable ?
C’est là le dit de nos anciens, ainsi nous
l’ont-ils enseigné, nous auraient-ils tendu un
leurre ? »
Cela, c’est cela qu’il songea et qu’il énonça
d’un regard.

Un pied accourt, un pied, un pied, le tombeau,
au rythme des pas, va-t-il crouler ?
Sont-ils venus ? Ou bien qui d’autre ?
Un pas...un pas. Un pas qui court.
Sur ma poitrine j’ai mis des roches, ne m’ont-ils
pas hier crucifié ?
Dans mon tombeau, voilà, je suis.
Qu’ils viennent – en mon tombeau je suis.
Qui don sait que...qui le sait donc ?
Et les compagnons de Judas, qui croira tout
ce qu’ils racontent ?
Un pas...un pas.

Que nu me voici désormais en tombe obscure :
hier replié sur moi-même, j’étais un peut-être,
un bourgeon,
sous l’éclat neigeux des linceuls se gonflait
une fleur de sang,
j’étais entre jour et
nuit une ombre.
Puis j’ai explosé en
trésors dénudant de
tous fruits mon être.
J’ai fait de mes poches
des langes et de ma manche une couverture,
lorsqu’un jour, de mon propre corps, j’ai
réchauffé le froid des os des tout-petits,
et que de ma propre plaie j’ai fait le bandage
d’un autre,
alors entre Dieu et moi le mur s’est anéanti.

Les gardes auront donc surpris jusqu’à mes
plaies, mon cœur vivant,
ils auront surpris tout cela qui, même aux
tombes, n’est pas la mort,
ils m’ont surpris comme s’abat une bande
affamée d’oiseaux dans un village abandonné
sur le palmier couvert de fruits.

Ma route, les yeux des fusils la dévorent,
grands ouverts, la mitraille en eux rêve de
ma crucifixion.
Mais fussent-ils de fer et de feu,
mon peuple, lui, n’a de regard que de céleste
lumière, de souvenir et d’amour.
Ma peine avec lui partagée c’est sur ma croix
une rosée,
que petite ainsi est ma mort, et qu’elle est _ grande !

Après qu’ils m’eurent cloué,
un regard de moi sur la ville faillit ne reconnaître
rien,
ni plaine, ni enceinte, ni tombes :
à perte de vue, rien qu’une forêt en fleurs,
et partout, à perte de vue, la croix et la souffrance
mère.
Dieu soit loué !
La ville mettait au monde.

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Salah Stétié est un poète français d’origine libanaise. Auteur d’une œuvre dense, à la forme sensuelle et épurée, il contribue aussi à faire connaître la culture arabo-musulmane à travers l’essai et la traduction.










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