Église catholique des Vosges
La fête de Pâques veut être en harmonie cette année avec un printemps généreux : le soleil éclaire une nature en plein éveil de verdure et de fleurs, comme pour saluer les vacances des jeunes.
On ne peut s'en tenir à une joie insouciante : l'horizon demeure chargé de nuages, inquiétudes pour certains, souffrances pour d'autres.
J'en suis pourtant convaincu : la joie printanière de Pâques bouscule notre morosité !
La saison du printemps nous renvoie au printemps de la vie, à la place des jeunes dans notre société et bien au-delà. De l'autre côté de la Méditerranée, ce sont souvent des jeunes qui, non sans s'exposer au danger, ont contribué à desserrer l'étau de systèmes politiques bloqués. Et chez nous, en même temps qu'ils se soucient de leur avenir professionnel et familial, les jeunes sont disposés à des engagements multiples : service citoyen, coopération, engagements dans des organismes syndicaux ou politiques, ou des mouvements confessionnels : ils sont sensibles aux thèmes du respect de l'homme et de la vie, de la solidarité entre riches et pauvres et entre générations. Quand, dans les Vosges, des jeunes se préparent à partir en Inde avec l'association « À vol d'oiseau », c'est bien pour vivre l'ouverture au monde et la solidarité. Autour du thème des JMJ de Madrid « Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi », les jeunes manifestent leur volonté de construire sur du solide.
Le rythme des saisons renvoie aussi au rythme de nos vies. Bien sûr nos vies sont bousculées : on disait jadis, « métro, boulot, dodo ». Nous disons aujourd'hui que nous vivons « à flux tendu ». Quel rythme fait respirer nos vies ? Où et quand reprendre souffle, quand l'équilibre personnel et familial est menacé, quand la cohésion sociale est fragilisée ?
Où et quand prendre du temps en famille, parents et enfants ? Où et quand se régénérer entre amis pour prendre du bon temps ? Où et quand s'ouvrir à l'accueil des différences et faire vivre des communautés riches de nos diversités de conviction, de cultures... Où et quand se retremper ensemble dans une communauté d'engagement et, pour les croyants, dans une communauté de foi ?
C'est ici l'enjeu de la question du dimanche et du respect des rythmes fondamentaux de la vie.
Ceux et celles qui tentent de donner une réponse à ces questions apportent une lueur printanière et posent la question des rythmes de vie, pour retrouver une sorte d'écologie personnelle, familiale et sociale. Car l'écologie n'est pas le domaine réservé de la politique, c'est aussi une manière de chercher un chemin d'espérance, quitte à remettre en question des modes de vie... Viser un développement durable et solidaire, c'est donner toutes ses chances au printemps de la planète, que notre inconscience met en péril.
Et si malgré l'exubérance de ce printemps, nous ne pouvons oublier la « crise » : j’ai lu avec intérêt ce petit livre prophétique dont le titre dit tout le projet : « Grandir dans la crise ». Même s'il est publié par le Conseil "Famille et Société" des évêques de France, sa lecture n'est pas réservée aux catholiques : il peut nous aider à renouveler notre sens de l'homme et de la vie sociale, à prendre nos responsabilités et à nous ouvrir à notre monde dans sa diversité et sa vocation à « vivre ensemble ». Et, pourquoi pas, nous aider à « consentir à vivre autrement ». Un petit ouvrage qui ouvre des champs très concrets à l'espérance.
Joyeuses Pâques !
+ Jean-Paul Mathieu ,
évêque de Saint-Dié.
Épinal, le 19 avril 2011.