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De son métier de notaire, Philippe Roux a probablement conservé l’habitude d’écouter avec attention ses interlocuteurs. Sa franche poignée, son regard profond mettent à l’aise. Sa courtoisie, son geste d’accompagnement fraternel guidant le visiteur vers sa maison ne s’improvisent pas, ils sont naturels.
Lorsqu’il trouvait ensuite une place chez un notaire à Vagney, tout semblait s’engager professionnellement pour une longue durée. C’était sans compter sur toutes ces choses qui vous taraudent lorsque vous ne vous sentez pas à l’aise dans votre charge. Sans mesurer encore cette sensation d’étouffement qui n’allait que s’amplifier.
Sans évaluer, ce grand besoin d’oxygène qui donne du souffle à toute une existence. “Faire autre chose, oui, mais quoi ?” Philippe saisit la possibilité de réaliser des retraites, d’éclairer sa réflexion, de s’ouvrir à la spiritualité en accompagnement chrétien, de nourrir l’indispensable discernement.
Jusqu’au jour où l’opportunité de profiter de son temps libre pour rejoindre, en milieu diocésain, des professionnels d’aumônerie se profila du côté de Remiremont. Ainsi, en travaillant toujours à Vagney, Philippe abordait déjà un virage, un sentier de découvertes. “J’ai ressenti là de grandes joies...”
Même s’il ne le savait qu’intuitivement, la route de Philippe se dessinait en son coeur. La possibilité de s’installer comme notaire se présenta. Un temps de réflexion est apparu nécessaire. Une décision de cette importance s’étudie. Se jauge. Des moments de méditation, des rencontres, la lecture du livre “A chacun sa mission” du Canadien Jean Monbourquette produisirent leurs parts de réponses et un véritable appel de mission auprès des jeunes. Le hasard ?
Un poste venait de se dégager en aumônerie du secteur de Remiremont. Une aubaine ? Sans doute, puisque c’est l’esprit libéré de ses interrogations que Philippe Roux posa sa candidature. Ses capacités à aborder une fonction difficile ne firent pas de doute.
Des études à l’Institut Supérieur de Pastorale Cathéchique, l’approche de théologie et des sciences humaines lui permirent un mémoire et diplôme obtenu sur quatre ans. De quoi booster l’envie d’aller encore de l’avant. S’il en parle aujourd’hui avec tellement de petites étoiles dans les yeux, c’est sans doute parce que la voie qu’il s’est construite est véritablement sienne. Le Dieu qui nous habite nous inspire-t-il le chemin ? Philippe n’en doute pas un instant, il n’est pas seul.
Souvent, les ados dont il s’occupe respirent tellement à fleur de peau, qu’il lui faut canaliser toute cette énergie, cette désespérance quelquefois. On est loin du fleuve tranquille. Mais la confiance, que lui accordent garçons et filles des classes de quatrième, de la seconde à la terminale, en section SEGPA représente un tel cadeau, un tel encouragement que c’est déjà du bonheur. Des confidences, des secrets trop lourds à porter tombent au moment où l’on s’y attend le moins. Philippe Roux sait les entendre. Prendre son temps, revoir l’espoir dans des regards d’enfants ...
Fort de sa foi chrétienne, de son vécu, Philippe ne renie pas ses doutes, ses colères. Elles lui sont nécessaires autant que sincères. Aucun regret. Son expérience, son bienêtre lui dictent les pages de ce livre de vie qu’il souhaite continuer d’écrire dans l’Église. Parmi ses souvenirs, l’exemple d’une femme irradiant une foi brûlante l’a beaucoup touché. La pratique des arts martiaux, saisir l’instant présent par la photo, aborder la nature forte et fragile à la fois, tout cela enchante Philippe.
Un jour, les gosses, l’ont entendu interpeller “Kikinette” une “ancienne” venue dire bonjour. Et depuis, le surnomment affectueusement “Kikinou”.
“En aumônerie, il se crée de très belles amitiés, qui durent toute une vie !”
Josée Tomasi-Houillon