L'école St Vincent de Paul d'Abbassieh au Caire accueille des filles issues des milieux populaires. Ces familles, pour la plupart originaires de Haute-Égypte, sont venues s'installer à la capitale en espérant y trouver une vie meilleure. Malheureusement, dans ces quartiers très populaires la vie y est souvent plus difficile. La scolarisation des filles n'est pas une priorité pour beaucoup de foyers. Le fait de maîtriser des langues étrangères ouvrira plus tard de nombreuses portes à ces filles dans le monde du travail en Égypte. C'est donc une chance pour elles de pouvoir recevoir une éducation et une scolarisation qu'elles n'auraient pas pu avoir en restant dans leurs quartiers. Les méthodes d'apprentissage en Égypte sont assez différentes de nos méthodes françaises. Une trop grande place accordée au "par cœur" et une toute petite, voire inexistante, pour la réflexion...
C'est donc dans ce contexte que j'interviens. Mon travail principal est d'intervenir dans chaque classe du primaire et du préparatoire (collège) et de proposer des activités en langue française. (théâtre, jeux, chants, films, recherches...)
Objectif : faire découvrir la langue française autrement que par les leçons traditionnelles... Avec les classes de plus petites, la communication n'est pas toujours facile! Interdiction de leur parler en arabe! Il faut qu'elles s'habituent au français. Du coup, les cours sont souvent assez sportifs... Les élèves profitent beaucoup du fait que je ne comprenne pas tout ce qu'elles disent.
Chaque semaine, je prépare également des filles au DELF (diplôme d'étude de langue française). Ce diplôme délivré par la France étant assez cher, peu d'élèves de notre école peuvent se permettre de passer l'examen. L'an passé, les 14 filles qui ont présenté l'examen ont été admises. Réussite unanime qui a encouragé d'autres filles à présenter l'examen cette année. Cela leur permettra de pouvoir accéder plus facilement, si elles le souhaitent, à des facultés de langues françaises. Cette année, certaines familles assez pauvres ( ne payant pas la scolarité de leurs enfants faute de moyens financiers) ont inscrit leur fille pour passer cet examen. Quelle joie ce serait pour les filles et pour leurs familles, si elles pouvaient être admises ! Inch allah !
J'essaye également d'aller régulièrement faire du soutien scolaire dans un orphelinat du quartier et auprès des filles pauvres de l'école qui n'ont pas les moyens de payer des cours particuliers. (Les cours particuliers sont presque inévitables en Égypte si l'on veut réussir aux examens)
Partir en tant que volontaire à la découverte d'un nouveau pays, d'une nouvelle culture c'est vivre une expérience unique et extrêmement riche. On découvre d'autres manières de vivre, d'agir et de penser, différentes de celles de l'occident ; on apprend beaucoup des autres, on relativise sur notre petite vie en France. Cela permet aussi de mieux se connaître, de découvrir ses faiblesses, ses limites, mais aussi certaines capacités sous-estimées. C'est vraiment une chance qui m'a été donnée de pouvoir vivre cette aventure.