Le territoire, situé le long de la Moselle qui deviendra Dogneville fait partie des biens de l'évêché de Metz. Saint-Goëry ayant trouvé, lors d'un de ses passages, au lieudit Spinal, un site favorable à la méditation, il y fonde un monastère dirigé par ses filles saintes Précie et Victorine. Nous sommes au milieu du Vll° siècle. Malheureusement aucun document ni aucune trace archéologique ne permettent de prouver l'existence de cet improbable monastère "des épines".
Il faut attendre l'année 1119, pour trouver une trace écrite de la vie religieuse à Épinal, dans une charte de l'évêque de Toul Riquin. Ce document reprend les éléments qui ont contribué à la création d'Épinal avec une première église Saint-Maurice. Sa datation ne peut être fixée avec certitude. Toutefois, c'est à la fin du X° siècle (entre 973 et 983) que Thierry de Hamelant, évêque de Metz, décide de rassembler les habitants de plusieurs hameaux (Spinal, Rualménil, Grennevo, Avrinsart Villers) pour former ainsi une nouvelle cité. Si le territoire appartient à l'évêché de Metz, il dépend spirituellement du diocèse de Toul et de la paroisse de Dogneville. Aussi, saint Gérard, évêque de Toul, est sollicité pour permettre la création de la nouvelle paroisse et d'un monastère dans lequel Thierry de Hamelant fait transférer de Metz, les précieuses reliques de saint Goëry. Celui-ci est consacré par saint Gérard, "à Dieu et à Sant-Goëry". Un marché est créé pour favoriser les échanges et l'évêque de Metz fait frapper monnaie. Des moniales bénédictines remplacent les moines et assurent le développement du monastère.
Vers l'an 1000, époque d'incertitude et de peur, les fidèles viennent en nombre, dans l'église abbatiale, vénérer les reliques de St Goëry. Non seulement des habitants mais aussi des gens venus de plus loin. La nouvelle s'est répandue : saint Goëry guérit du mal des ardents. Cette maladie provoquée par la mauvaise qualité de l'ergot du seigle, s'est propagée en Lorraine et dans plusieurs régions de France. Les pèlerins affluent et l'évêque de Metz. Adalbéron II, crée un hôpital en face de l'église où il reçoit les malades.
Les chanoinesses
Le monastère se transforme en un chapitre noble et marque, sous cette forme, l'histoire religieuse d'Épinal. Les moniales ne dépendent plus de l'évêque de Toul mais directement du pape. Elles sont issues de la noblesse et ne prononcent pas de vœu. Elles peuvent donc quitter librement le chapitre. Trois dames sont élues parmi les chanoinesses : l'abbesse qui dirige le chapitre, la doyenne qui s'occupe des terres et des fermes procurant les revenus du chapitre et la secrète qui veille à la garde du trésor et des archives, et prépare les offices. Les chanoinesses abandonnent peu à peu les bâtiments communs pour des maisons particulières construites à proximité de l'église, autour du cloître. Le chapitre administre l'hôpital Saint-Goëry depuis le XIII° siècle. Les chanoinesses sont également à l'origine de l'installation à Épinai de plusieurs couvents, et s'occupent du bouillon des pauvres.
Deux chapelles sont édifiées aux entrées de la ville : la chapelle Saint Michel, depuis la fin du XV° siècle, en haut du faubourg du même nom et la chapelle Saint Antoine, sur le chemin des Princes, où un ermite devait sonner une cloche en cas de danger. Il existait aussi la léproserie de la Madeleine, sans oublier la chapelle Saint-Georges dans l'enceinte du château. Ainsi, même s'il n'y avait qu'une seule paroisse à Épinal, ces nombreuses chapelles permettaient une présence religieuse dans ses différentes parties.
Les ordres religieux
Le XVI° siècle est marqué par un renouveau de l'Église catholique à la suite du concile de Trente qui se manifeste, à Épinal, par l'installation de plusieurs communautés religieuses. Ainsi, en janvier 1620, les quatre premières religieuses de la congrégation Notre-Dame arrivent en ville. Cet ordre, fondé par saint Pierre Fourier et mère Alix Le Clerc, a pour objet l'enseignement aux jeunes filles. C'est la présence au chapitre de Jeanne de Lenoncourt qui facilite cette implantation. Les religieuses occupent à la Révolution, un vaste couvent situé à l'emplacement du Palais de Justice actuel.
Les Minimes, protégés par la famille de Bassompierre, créent leur couvent à Épinal en 1608. Ils s'installent, par manque de place en ville, en dehors des murailles. Leur église est consacrée en 1610 par l'abbé de Chaumousey en présence du duc de Lorraine Henri II. Les Minimes prêchent le carême en 1623 et chantent la messe le jour de la Saint-Maurice. Leur couvent est détruit lors des différents sièges auxquels la ville doit faire face au milieu du XVII° siècle. Ils s'installent alors dans la Petite Ville en 1665, avec l'entrée de leur chapelle rue Rualménil. Les Minimes desservent aussi la chapelle de Notre-Dame-de-Consolation qui abrite une statuette de la Vierge trouvée par des bûcherons, comme un signe du ciel en cette période troublée après la peste et les guerres.
La Révolution française
Le décret du 13 février 1790, supprimant les ordres religieux, annonce la fin du chapitre. La célébration des offices continue cependant jusqu'au 4 janvier 1791, sous la direction de l'abbesse, Mme de Gourcy. Ce jour-là, pendant les vêpres, les chanoinesses sont expulsées de l'église et regagnent leur maison ou choisissent de rejoindre leur famille en quittant Épinal. On procédé à l'inventaire des biens et des archives. La paroisse reçoit les ornements du chapitre et divers objets. Les calices et ciboires en métal précieux sont remplacés par des objets en bois ou en verre.
En 1792, un sergent de ville détruit les épitaphes de l'église et du cimetière. L'année suivante, la Convention demande la suppression de tous les signes extérieurs du culte. C'est la disparition de quatre autels en marbre, deux croix, plusieurs statues, la mise au tombeau, la statuaire du portail des Bourgeois dont les débris sont jetés dans les douves du château. Le coffret contenant les reliques de Saint Goëry est envoyé à l'Hôtel de la Monnaie mais grâce au curé Pierrot qui enterre les reliques près d'un confessionnal, elles peuvent replacées dans un reliquaire en bois doré en 1803.
Les différentes communautés religieuses subissent le même sort. Les bâtiments de la congrégation Notre-Dame qui abritaient 43 religieuses, 50 pensionnaires et 300 externes, sont affectés au tribunal civil et à la gendarmerie. Les Annonciades quittent leur couvent le 12 mai 1791 et leur maison devient prison. Le couvent des capucins est racheté par la ville pour y installer l'hôpital Saint-Maurice. Le faubourg du même nom devient le quai des Bons Enfants. La chapelle du collège, fondée par les jésuites, sert de salle de réunion pour élire les membres du Corps Municipal et, en 1790, les membres du Conseil Général. Cette chapelle est, hélas, démolie en 1889. Les bâtiments du collège abritent, dès sa création, la préfecture. En 1790, les minimes ne sont plus que quatre. Leur église devient également lieu de réunion avec la désignation d'Épinal comme chef-lieu du département le 1er juin 1790. La période révolutionnaire voit enfin la disparition des différentes chapelles édifiées à Épinal. La pratique religieuse s'exerce donc principalement à Saint-Maurice, seule église de la ville. Mais au plus fort de la Terreur, elle est transformée en Temple de la Raison. On y célèbre la fête de l'Être Suprême. Le culte n'est rétabli qu'en juin 1795 dans un édifice qui garde les traces de nombreuses destructions.
Le nouvel essor d'Epinal et les nouvelles paroisses
"Le mardi 8 décembre 1908, en la fête de l'Immaculée Conception, au presbytère de St Maurice, Mgr Foucault, assisté du clergé, a signé le procès-verbal de l'érection canonique des trois nouvelles paroisses d'Épinal : Saint-Antoine-de-Padoue, Saint-Pierre-Fourier et Notre-Dame. Le grand rêve de l'abbé Brenier déjà réalisé, est maintenant sanctionné par l'autorité religieuse" (Epinal Catholique, 13 décembre 1908).
Ainsi en ce début de XXesiècle, la vie religieuse suit la démographie spinalienne qui enregistre les conséquences de la défaite de 1870. Tout d'abord avec l'arrivée des industriels alsaciens qui installent leurs usines sur de nouveaux terrains le long de la Moselle de Saint-Laurent à Golbey et la construction de cités ouvrières. Puis c'est l'aménagement de la place forte d'Épinal avec la présence de nombreux militaires. La population atteint plus de 23 000 habitants.
Vont ainsi se construire successivement les églises de Golbey en 1836, Saint-Laurent en 1868, Chantraine en 1892, Saint-Antoine-de-Padoue en 1897 et Notre-Dame en 1900;
Les paroisses d'après-guerre
Après la Seconde Guerre mondiale, les militaires cèdent une partie de leur terrain de La Vierge, à la ville qui y construit immeubles et lotissements. En octobre 1953, le Chanoine Metzger annonce le projet de construction d'une église au centre de ce nouveau quartier dont la paroisse ne nait officiellement qu'en 1963.
La ville de développe aussi considérablement vers l'est avec les nouveaux quartiers de la ZUP, la ZAC du Saut-le-Cerf et du plateau de la Justice qui reçoivent chacun une église et sont érigée en paroisse. Pour le premier, c'est la paroisse de la Sainte-Famille érigée en 1952 puis Saint-Paul en 1970.
Et aujourd'hui
Ces anciennes paroisses d'Epinal et de l'agglomération ont disparu au 1er septembre 2001, au moment où est née l'actuelle paroisse Saint-Goëry qui regroupe les communes de Chantraine, Dinozé, Epinal, Golbey, Les Forges et Renauvoid.
(texte d'Yves Giraudon et de Claude Faltrauer)