Stung Mean chey, ou plus précisément le quartier pauvre d’une décharge, comme il en existe dans tant de pays du “Tiers-Monde”. C’est là que nous avions prévu de passer nos vacances d’été, fuyant notre petit confort de tous les jours, pour vivre avec des enfants victimes de la pauvreté, au sein d’une association dénommée “Pour un sourire d’enfant” (PSE).
Naissance du club “coop” Il nous aura fallu presque deux ans avant de voir notre projet aboutir. Notre trio s’est formé en septembre 2005 au sein de l’association socio-culturelle du lycée de Pixérécourt (54). Nous étions, Anne, Nicolas et moi, dans la même classe et désireux de monter un projet de solidarité. Très vite, notre petite organisation, réunie sous le nom de “club coop”, prit un nouveau départ en découvrant sur internet le site d’une association, fondée en 1993 par un couple de retraités français : Christian et Marie-France DEPALLIERES. Dès lors, une source d’espoir a jailli au cœur de la pauvreté.
La rivière de la réussite Telle est la traduction française du quartier où PSE s’est implantée depuis 14 ans. Son centre abrite des salles d’école, des ateliers de fabrication de couture, une cantine, des terrains de jeu, un hôtel-restaurant, une station de pompage d’eau potable, mais aussi des milliers d’enfants tout sourire, des assistants sociaux, des professeurs kmers. L’“Enfance” se vit et se ressent pleinement dans ce bout de terre qui échappe à l’emprise de la misère. L’association confère à plus de 6000 enfants démunis, un repas par jour, un accès à la solidarité, une possibilité de rattrapage scolaire, des soins médicaux. De plus, elle permet à ses étudiants de suivre une solide formation professionnelle et accéder au marché du travail. Qui plus est, le centre protège et s’occupe d’une quarantaine de fillettes en danger de mort. L’amour de Christian et Marie-France leur permet de cicatriser leurs blessures et dépasser les frontières du repli.
Un grand saut dans l’inconnu ! Chaque année, “Pour un Sourire d’Enfant” fait appel à des volontaires européens pour animer un camp d’été de 4 semaines, à destination des enfants de Stung Mean chey. Une chance inouïe s’offrait à nous. Après une année passée à récolter des fonds (Conseil général des Vosges, Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports de Meurthe-et-Moselle, CROUS,...) nous avons enfourché notre paletot pour un grand saut vers l’inconnu. Soucieux de consolider notre trio pour pouvoir bien vivre ce projet, nous avons décidé de partir une semaine plus tôt à la découverte de la Thaïlande, puis au Cambodge. L’atterrissage à Bangkok, en Thaïlande nous a directement confronté à la rudesse du climat mais aussi à la barrière de la langue, sans parler du choc culturel qu’il nous a fallu gérer. Dès le lendemain, nous repartions en direction du Cambodge. Ce fut une semaine riche en surprises. Elle nous a permis de découvrir les beautés du Cambodge tant sur le plan humain que culturel ou paysager.
Le Cambodge et deux visages Le paysage de désolation laissé par la décharge sera à jamais gravé dans nos mémoires. Des hommes, femmes, enfants travaillent de jour comme de nuit à la recherche de plastiques, tissus, ferrailles et autres objets “potables” en échange de quelques riels par jour (moins de 1 dollar). Ils viennent, pour beaucoup, des campagnes où survivre est un combat journalier. Dans le regard des chiffonniers, nous avons touché du doigt l’humanité dans ce qu’elle a de plus pur et de plus tragique à la fois. Nous n’oublierons jamais le sourire de deux petits bambins en haillons qui, s’agrippant à nous, essayaient de sauter les mares de boue infectes, insouciants de l’enfer où ils se trouvaient. Ou bien encore, les témoignages bouleversants d’enfants recueillis à PSE, décrivant la précarité, la prostitution, l’esclavage, la violence dont ils furent victimes dès leur plus jeune âge.
Un immense espoir Ayant vécu le camp d’été, je ne peux qu’espérer en cette jeune génération qui se construit petit à petit. Le camp leur évite de retourner à la décharge pendant ce temps de vacances. Nous avons rejoint une équipe composée de 20 français, 10 espagnols et 20 khmers. Le camp a débuté le 6 août précédé par la semaine de préparation. Une partie des animateurs encadraient une activité le matin et une autre l’après-midi tandis que l’autre veillait au bon déroulement de la journée. Nous en avons profité pour mettre en place des activités “nature”, en complément d’ateliers artistiques ou sportifs. Quelque deux cents enfants se pressaient aux portes du centre, à six heures et demi du matin. Après une bonne douche et un déjeuner, ils se rangeaient par équipe puis chantaient l’hymne national en dressant le drapeau. Encadrée par un moniteur khmer, chaque équipe passait dans quatre ateliers différents, entrecoupé par un temps festif au goûter. Onze heures marquaient la fin des activités. Le groupe de l’après-midi prenait le repas en même temps que celui du matin, portant l’effectif à cinq cents enfants. Entre 12 et 13 heures, une pause s’imposait pour calmer les esprits et, pour certains, récupérer des heures de travail passées à la décharge, la nuit précédente. Tandis que le groupe du matin se dispersait en dehors du centre, le second groupe suivait le même déroulement que le matin. La journée se terminait par la descente du drapeau, puis chaque enfant repartait avec un sandwich. Chaque semaine voyait arriver de nouvelles têtes, avec toujours ce même sourire et cette joie de vivre.
S’enrichir au contact des autres C’est avec le cœur rempli de joie, de souvenirs, que nous avons pris le chemin du retour ; un peu tristes de laisser une partie de nous-mêmes au Cambodge. En expérimentant l’œuvre de PSE de l’intérieur, nous avons pris conscience que l’on peut faire de grandes choses avec peu, que l’on peut être heureux dans une vie simple et tournée vers les autres et enfin que le don gratuit procure une immense joie.
Guillaume VALDENAIRE (88160 LE MENIL)