En une situation aussi sordide, il est vain d’évoquer la sentence canonique : j’éprouve surtout une immense tristesse et une profonde compassion pour cette petite et cette famille abîmée. Je ne me sens pas capable, au nom de l’évangile, de condamner ceux qui ont cru bon d’apporter une solution de misère à un drame de la misère. On est submergé par les interrogations : que faire pour que de telles situations engendrées par l’extrême pauvreté et le machisme ne se reproduisent pas ? Tout faire pour réduire les structures de péché qui engendrent de telles pauvretés matérielles et morales. Mais ici, je ne peux pas juger.
La question de l’avortement est un acte grave. À côté des cas plus tragiques, il y a aussi des demandes d’avortement plus ou moins pour convenance personnelle.
Il faut saluer le travail de ceux et celles qui accompagnent et essaient d’autres alternatives pour aider les familles en détresse, et surtout les jeunes, qui ne se sentent pas capables d’accueillir et d’élever un enfant. L’Église veut attirer l’attention sur la gravité d’un acte qui consiste à ôter la vie à un être humain. « Tu ne tueras pas » ! Défendre la vie est essentiel pour l’Église. Mais faire appel à la Loi en des cas aussi dramatiques n’est sans doute pas le meilleur moyen de sauvegarder la vie. Pour protéger la vie, les évêques encouragent à travailler la bioéthique, pour que la vie soit respectée dès ses commencements et jusqu’à la fin. Non en stigmatisant des situations critiques, mais en éclairant nos consciences et celles des législateurs sur le respect de la dignité humaine.
+ Jean-Paul Mathieu, Evêque de Saint-Dié
Editorial du Père Mathieu, publié dans la Vie diocésaine de Saint-Dié.
A noter également la lettre ouverte de Mgr Daucourt à Mgr José Cardoso Sobrinho, archevêque d'Olinda et de recife