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02/04 /13 Sophie Chevalley, pilote de Festi Jeunes (Vivre sa foi)
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Quelqu’un capable, comme l’a été par deux fois Sophie Chevalley, de répondre à l’appel de Festi Jeunes pour rejoindre Lourdes à vélo, à la force des mollets, afin d’y apporter son concours pour soutenir des personnes à mobilité réduite, ne manque certainement ni de volonté, ni de cœur. D’autant que cette toute jeune femme continue de correspondre avec des malades dont elle a eu à s’occuper. Réservée, sans être vraiment timide, Sophie a vécu son enfance à Golbey, dans le quartier du Haut-du-Gras, puis à Épinal et enfin dans la maison familiale construite par ses parents à Uxegney. Ainée de Loïc, cette grande fille de 23 ans inspire la sympathie. Son bac S en poche, elle aurait aimé intégrer une école d’Arts Plastiques. Ce sera finalement la fac de Droit. Bosseuse, elle obtient sa licence à Épinal, puis réussit sa première année de Master à Nancy, cela avant de peaufiner son cursus par une étude en Droit public. Issue d’un milieu chrétien, Sophie conserve des souvenirs de sa toute petite enfance. Elle n’était qu’un bout de chou d’à peine trois ans, lorsqu’elle rejoignit ses petits camarades inscrits à l’Éveil à la foi. « Assis par terre en rond, on chantait tous ensemble… J’aimais bien ! »

Vint l’époque du catéchisme dispensé à la chapelle de Golbey. Des temps forts, parfois durant les week-ends, rassemblaient une dizaine de garçons et filles. Au collège, c’est tout naturellement qu’elle poussa la porte de l’aumônerie. Douée pour les travaux manuels, elle n’hésite alors pas à se charger d’illustrer un spectacle produit avec des camarades. Il s’agissait d’en créer de toutes pièces les décors et costumes. Les camps organisés permettaient de sortir du quotidien en confortant les liens d’amitié et les valeurs chrétiennes partagées. « L’aumônerie nous aidait à devenir acteur du vivre ensemble, d’oser se mettre en avant, d’échanger des idées au sein de groupe de discussion… ». Un voyage en Palestine dans le cadre de « Chantier pour la Paix » a profondément marqué la jeune fille. « Nous étions une vingtaine de moins de 18 ans accompagnés de volontaires du Secours Catholique… Nous allions à la découverte de l’histoire de cette région… L’accueil de ces gens qui ne nous connaissaient pas a été exceptionnel, très chaleureux. On n’en revient pas intact… »

Cela nous fait grandir

Un cap venait d’être dépassé. « J’étais en Terminale lorsqu’il m’a été proposé de devenir animatrice de camps. Cela m’a été agréable de retrouver cette ambiance, cette organisation qui m’avait fait grandir. Et d’avoir, à mon tour, ce rôle de tendre la main à d’autres jeunes. J’ai même passé le BAFA. En fac, je me suis occupée d’un groupe de 5e. J’appréciais de pouvoir construire tout notre programme et de ressentir de la confiance… C’est émouvant, car en accédant à ce rôle, les enfants, on les voit évoluer, changer de regard… » L’expérience de l’accompagnement scolaire au Centre social de la Vierge et à l’école Saint-Exupéry a également plu à Sophie Chevalley « Lorsqu’ils se rendent compte qu’il s’agit d’un bonus pour eux, les gamins deviennent demandeurs. Mais, il y a une réciprocité… cela nous fait grandir ! » Animatrice au lycée, Sophie rejoindra Festi Jeunes, un mouvement diocésain, une force de propositions pour les 18-35 ans. Sur le terrain, elle remontera ses manches pour aider aux préparatifs de deux grands rassemblements. Sophie confectionne des bijoux et s’adonne avec plaisir au bricolage. Elle coiffera alors la casquette de styliste maison. Elle se voit confier le budget et la réalisation des décors destinés au Palais des Congrès à Épinal, même chose pour Vittel. « Nous avons tout construit en équipe, en profitant des compétences de chacun. Ce fut un vrai challenge ! J’avoue que je ressentais un peu de trac… » Festi Jeunes invite aussi au mode de prière Taizé, notamment à l’occasion du Nouvel An : « Cela fait du bien de vivre des moments d’Église avec d’autres jeunes chrétiens. Certains arrivent de pays étrangers, ils nous surprennent parfois par leurs habitudes, leurs façons de prier. On relativise bien des choses. » Sophie, qui avoue volontiers ne pas suivre tous les offices religieux, éprouve cependant un grand plaisir à chanter durant les messes. L’an dernier, le président associatif de Festi Jeunes, Christophe de Golmard, souhaitait prendre un peu de recul dans les fonctions. Élue à l’unanimité, Sophie Chevalley acceptait de relever le défi. Un poste qui n’a rien d’une sinécure, car la jeune femme se doit d’écouter, de composer avec les ressentis des uns et des autres, de motiver… et surtout d’enclencher une dynamique sur des thèmes fédérateurs de responsabilités. « Nous ne sommes pas fermés à ceux qui n’ont pas la même spiritualité… » Festi Jeunes, ce sont des week-ends à la neige, une journée Foi et Lumière dédiée aux handicapés et leurs familles, l’opération Brouettes pour collecter des denrées alimentaires en faveur des plus démunis… Des idées qui ne demandent qu’à germer ! On n’oublie pas les JMJ auxquelles Festi Jeunes participe avec élan. Le fut le cas en Espagne. « Madrid, c’était vivifiant!... Ce million et demi de jeunes rassemblés, c’est la preuve que l’Église vit et qu’elle est dynamique… Une image pleine d’espoir et d’entrain… Une Église dépoussiérant de vieilles traditions et tordant le cou aux préjugés ! »

Sophie Chevalley bouscule et décoiffe lorsqu’elle mobilise ses troupes. Elle qui aime la période de l’Avent, la chaleur de la fête de Noël sait aussi marquer la pause. « J’aimerais prendre plus de temps pour entrer dans la démarche du Carême… » Le 16 mars 2013, à la Maison diocésaine, l’assemblée générale de Festi Jeune sera l’occasion pour Sophie Chevalley d’insuffler ce vent de fraternité qu’elle nourrit par une mise en pratique : « Aller vers l’autre… »

Josée Tomasi-Houillon

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05/03 /13 Hubert Demange, solide pilier de soutien de Notre-Dame-de-Champ (Vivre sa foi)
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À l’éclairage médiatique, Hubert Demange préfère de loin la lumière filtrée par la brume d’un matin levant sur la vallée ou celle d’un rayon de soleil caressant l’ardoise bleutée du toit pentu de l’église de Champ-le-Duc.


Lorsque sa mémoire redessine les paysages d’une enfance passée un peu seul, car sans frère ni de soeur, Hubert évoque immédiatement l’édifice religieux autour duquel “à l’époque, toute la vie des gens tournait… J’aimais aller à l’école, mais le dimanche était sacré. On laissait le travail de côté. Le dimanche, c’est un jour différent, les miens ne manquaient jamais la messe… Après l’office, on se rendait au cimetière. Connaître ses ancêtres, c’est un héritage... Le déjeuner familial terminé, mon grand-père m’emmenait à travers champs, prairies et forêts. C’était un homme qui savait raconter le monde paysan. Il m’expliquait les choses, je n’avais de cesse de l’interroger. J’étais conquis par la nature. La graine que l’on place en terre, au rythme des saisons. Voir ensuite le mystère d’une plante sortir et s’élever vers le ciel…”
La débâcle de 1940 marqua l’esprit du gamin de 11 ans. “En panne de voiture, un conducteur vint demander de l’aide. Il s’agissait d’un juif, accompagné de son épouse, de leur fille et d’une fillette de 4 ans. Ils avaient très peur et tentaient de rejoindre Limoges. Mon grand-père leur aménagea une pièce. Pour tromper les Allemands, ma grand-mère leur fournit des habits, des livres de messe et des chapelets… Cet accueil m’a marqué… Après trois semaines, ils sont partis avec un loueur de véhicules… Nous n’avons jamais su ce qu’ils sont devenus…”


Une branche à laquelle se raccrocher

Vint la Libération, Champ-le-Duc martyrisé réapprit à revivre. L’abbé Mercier y instaura la J.A.C. (Jeunesse Agricole Chrétienne) : “un lieu sympathique, de réflexions, de détente…”

L’avenir semblait s’éclairer “C’est à ce moment-là que survint un tournant de ma vie !” Avec une grande pudeur, M. Demange conte le tragique évènement qui le meurtrit dans sa chair et dans son âme.
Marchant hors d’un sentier, il posa le pied sur une mine anti-personnel. Grièvement blessé, la déflagration lui ayant fait perdre la vue, Hubert fut hospitalisé. On imagine les conditions difficiles et la douleur ressentie par un enfant d’à peine 15 ans. “Vous savez, il se trouve toujours une branche à laquelle se raccrocher !” Transféré à Nancy où demeurait une tante religieuse, Hubert fut soigné par le professeur Thomas. Le traitement fut salvateur et la foi porteuse d’espoir. “J’allais à la chapelle avec Joseph Biza, un bon copain, membre de la J.O.C. Il n’avait que 20 ans, ses yeux étaient perdus, mais il chantait ! On chantait ensemble… Je suis enfin rentré et retourné au collège.” Ébranlé physiquement, le jeune homme avait alors bien du mal à récupérer des forces. “La J.A.C.me sauva moralement. Je me suis plongé dans ce Mouvement. Je me suis retrouvé à Épinal au Comité fédéral. J’avais la charge du secteur de Bruyères, Brouvelieures, Granges sur Vologne, Corcieux. J’ai navigué toute ma jeunesse à organiser des réunions, des animations… Une retraite me fit comprendre ce qu’est une messe. J’ai découvert la foi chrétienne au travers la relation humaine, l’existence, la vie professionnelle, familiale… Je me suis investi dans la vie de l’Église… Je fis connaissance de Marie-Thérèse. On ne s’embarquait pas sans réfléchir. Une formation au mariage avec la JAC nous a préparés à la vie de couple… Marie-Thérèse a quitté son métier d’institutrice. Nous avons choisi la ferme. J’ai retrouvé toute la beauté de la nature et mis en pratique les valeurs que mon grand-père m’avait transmises. Mes aïeuls ont eu le temps de voir se perpétuer leur succession.”

La destinée réserve parfois des surprises. “Le surlendemain de mon mariage, des agriculteurs m’ont sollicité pour m’occuper du Crédit-Agricole. Cette tâche entrait bien dans mon engagement catholique rural au service des autres. J’ai accepté.”
Hubert Demange ne se doutait pas que le minuscule bureau où il tenait une permanence bénévole, une fois par semaine, allait déboucher sur une grande agence bancaire. L’ampleur de charge de travail devint tellement importante que, sans jamais lâcher sa ferme, il devint salarié et gravit les échelons d’une belle carrière professionnelle. De son côté, les enfants grandissant, Marie-Thérèse enseignait à l’Institution Jeanne d’Arc à Bruyères.

Volontaire après guerre lorsqu’il fallut en 1948 parer au plus pressé pour préserver l’église romane du village, puis en 1959 prêter main à l’abbé Delagoutte “un prêtre très dynamique et mobilisateur”, M. Demange adhéra à La Charlemagne. Une association spécialement créée pour la bonne cause de sauvegarde. La salle St-Nicolas fut construite. Du théâtre, des kermesses, un festival carolingien consolidèrent la cagnotte gérée avec soin par Hubert. Une seconde association, la Dame de Champ prit l’initiative de visites guidées. Longtemps président, Hubert coiffa aussi la casquette d’un guide intarissable et féru en art roman.
“On n’a jamais fini d’en percevoir les richesses ! On y découvre les symboles de l’harmonie avec la beauté de la nature. Il faut réfléchir, poser son regard, s’imprégner de la puissance de ce lieu…” Conseiller municipal durant 6 mandats, membre des Ainés CMR, de la Conférence St-Vincent de Paul depuis des décennies, bénévole aux Restos du coeur pendant 20 ans… il conserve bien des activités. Marie-Thérèse s’en est allée pour toujours. Malgré sa peine, Hubert connait la fierté de voir leur descendance s’agrandir.
Curieux d’actualité, de connaissances, il est allé une dizaine de fois à Lourdes. Retraité paisible, l’attrait d’Hubert Demange pour “son” église demeure intact. Magnétique, Notre-Dame-de-Champ possède ses mystères.

Josée Tomasi-Houillon

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06/02 /13 Marie-José Millery, retrouver la confiance, ou l'itinéraire d'un recommençant. (Vivre sa foi)
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Les recommençants, c'est quoi? Si vous posez la question à Annie Viry, responsable à Epinal de l'équipe de la pastorale des recommençants avec Régine François, elle vous l'expliquera très simplement en vous remettant une plaquette. « Les recommençants ont été baptisés, catéchisés, puis ont quitté la religion, ont rompu avec l'Église, se sont éloignés de la foi. Quelques années après, à la suite d'un événement, d'une rencontre, se repose pour eux la question de Dieu, de la foi chrétienne... » Spinalienne, Marie-José Millery accepte de témoigner de son parcours.

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Elle se souvient d'un curé, rude et maladroit dans la façon d'aborder son ministère, qui l'a envoyée promener alors qu'elle souhaitait devenir enfant de choeur. À l'époque, seuls les garçons pouvaient officier autour du prêtre. Ainsi rabrouée, la gamine timide qu'elle était refusa la proposition de lire un passage de la messe « devant tout le monde » à l'église. Déçue, elle conserva en son cœur de l'amertume et une vraie frustration. Elle n'évoqua pas ce sujet en famille. C'était inutile, car dans son milieu, on ne l'aurait pas comprise. Le mécanisme d'éloignement de l'Eglise était enclenché. « Pourtant, j'ai conservé la foi, j'habitais le quartier de la Vierge, l'abbé Ferreti m'a beaucoup aidée à prier. J'ai d'ailleurs réalisé mes communions, privée et solennelle, et même dans la foulée ma confirmation ! »

Mariée, Marie-José devint maman de quatre filles, toutes baptisées. Les choses de la vie bousculent parfois nos convictions et conduisent à des décisions incontournables comme le divorce. « À Chantraine où j'habitais, personne ne dispensait le catéchisme, ma dernière fille n'y est pas allée. Je l'ai regretté. J'ai tenté de donner des cours de catéchisme avec l'abbé Ohnibus à Notre-Dame, mais je me sentais mal à l'aise. Mon existence me paraissait en décalage avec les enseignements religieux. Je n'obligeais pas mes enfants non plus. À ce moment-là, je voyais une hiérarchie rigide, un clergé éloigné du quotidien des gens. J'avais aussi conservé en moi un respect craintif, une peur du prêtre... »

J'étais en recherche

Les chemins d'espérance se présentent parfois là où on les attend le moins. Aide-soignante à l'hôpital d'Épinal, Mme Millery lia connaissance avec l'aumônier, Sylvie Viriot. En confiance, elle accepta une invitation à la Maison diocésaine pour y découvrir la pastorale de la santé. « J'ai été bien accueillie, j'ai compris que finalement nous ne sommes pas seuls. J'étais émerveillée. Vivre sa foi, c'est pouvoir partager. J'étais en recherche, mais je n'osais pas aller à l'église. J'aime chanter, Maryse Racan, choriste de la basilique m'y a conviée. J'ai retrouvé l'envie de rester à la messe. Depuis deux ans ce n'est que du bonheur !

De fil en aiguille, je suis entrée dans la pastorale des recommençants. Annie et Régine sont à l'écoute. J'avais l'impression qu'elles possédaient toujours une réponse à mes questionnements. Des points se sont éclaircis, des portes se sont ouvertes. Grâce aux recommençants, j'ai redécouvert la Bible, mais surtout comment l'aborder. Quand on y entre, on ne sait jamais quand on va en sortir... Je poursuis mes recherches dans des lectures sur Jésus. Les Évangiles sont magnifiques pour renforcer la foi. Je me sentais très seule, la foi nous fait comprendre que ce n'est pas le cas. Je prie et j'y fais référence. Dieu est Amour. »

Marie-José confie une promesse « Je lui avais juré que s'il m'en donnait la force, un jour je ferais quelque chose. Je viens de créer l'APAIH (Association pour personnes âgées isolées hospitalisées). Il s'agit d'apporter réconfort, dignité, chaleur à des gens un peu trop seuls. Des petits gestes peuvent leur donner le sourire. Je recherche d'ailleurs des personnes qui pourraient confectionner des chaussons, lire le journal... Sylvie Viriot et Évelyne Lejal, des Hospitaliers de Lourdes, m'y aident. Nous voudrions organiser des concerts pour obtenir un peu d'argent pour acheter de petits transistors. Des gens alités n'ont rigoureusement rien pour se distraire un peu ! »

Sur la pointe des pieds

Marie-José suit avec assiduité les propositions des recommençants. Les rencontres durent environ deux heures toutes les 3 semaines. En petit groupe, même si quelques participants calent en route, les expériences sont croisées, les textes, la foi de l'Église font avancer. En lisant l'Évangile on s'arrête sur ce qui résonne, qui réjouit, qui étonne, offusque. On se laisse porter, interpeller pour entendre le murmure de la Parole. On échange en toute liberté et simplicité. Le recommençant revient sur la pointe des pieds, souvent avec appréhension. Personne ne juge qui que ce soit, discrétion et délicatesse sont de rigueur. « Il faudrait le dire partout, l'Église ce n'est pas seulement un mouvement, une hiérarchie, ce sont des actions, des gens formidables qui vous donnent envie de foncer ! »

Josée Tomasi-Houillon

05/02 /13 Centenaire, René Paragon rêve d’un monde de vérité (Vivre sa foi)
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Après avoir parcouru les quatre coins de la planète, René Paragon se plaît à contempler des souvenirs rapportés de ses périples. « On peut voyager, sans sortir de son salon ! » Dans la cour de sa maison bien entretenue, un tilleul majestueux a lui aussi traversé les âges.

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Natif de Gentilly, René Paragon vécut dans un foyer chrétien. « La vie était très différente, notre maison disposait de quatre étages, sans ascenseur ! Une porte donnait sur une rue traversée à un mètre par le tramway. Gosses, nous courrions après pour nous accrocher à l'arrière, et l'on sautait sur les tampons ! » L’école primaire à Montreuil, le collège Arago, puis l’École de Physique et de Chimie Industrielles à Paris lui réussirent. « J’aimais apprendre, j’attendais la fin des vacances scolaires avec impatience ! » Le jeune homme n'avait que 23 ans lorsqu'il obtint son diplôme d’ingénieur. Il intégrera alors une société parisienne de fabrication de matériel électrique de contrôle industriel. Des anecdotes, René Paragon peut en livrer des dizaines. « Je suis allé 17 fois en Amérique, la première fois je suis revenu sur le Normandie ! » En partance pour la Chine, où il devait donner une conférence en anglais sur un sujet professionnel difficile, le centenaire conte avoir ressenti une peur bleue. Son bagage avait alors été embarqué par erreur dans un bus américain. La chance fut de son côté et les valises retrouvées parmi des centaines d’autres ! En Yougoslavie, ce fut son passeport et son argent qu’il crut perdus ! Le tout était finalement masqué par un soufflet de sa sacoche ! Ouf ! Lieutenant dans l’Artillerie lors de son service à la nation en 1932 à Poitiers, René Paragon sera mobilisé en 1939. Officier, blessé en Belgique, il sera fait prisonnier de guerre. Titulaire de la Légion d’honneur à titre militaire, M. Paragon parle peu de lui. Il évoque ses compagnons d’infortune, leur courage, les tentatives d’évasion, des tunnels creusés à mains nues... Le centenaire se rappelle le nom de camarades morts, de la détresse, mais aussi de ce gardien de camp allemand « au fond, un brave type… » Marié à Bruyères en juin 1935 à Simone Remi, fille d’un boulanger de Lépanges sur Vologne, trois enfants, Jacques, Bernard et Catherine verront le jour au sein du couple. Catherine sera emportée par la maladie en bas âge. « Je sais que je la reverrai un jour ! »

Des êtres exceptionnels, qui n’ont pas leur pareil.

Devenu Directeur, M. Paragon ne quittera l'entreprise MECI que pour prendre sa retraite. Il viendra s’installer définitivement au pied de l’Avison en 1975. Il sera membre et prendra rapidement des responsabilités au sein d’une antenne locale de l’Association Saint-Vincent de Paul dont il assurera la pérennité durant de nombreuses d’années. « J’aime le contact humain. J’aime les gens, j’aime ceux qui parlent avec leur cœur ! Je suis comme je suis… » Avec son inimitable franc-parler, teinté d’un humour décapant, mais jamais méchant, le vieux monsieur explique qu’il préfère passer pour un bêta que pour un sale type. Et même, tendre la main, alors qu’il sait qu’il n’aura pas de retour. Fort de ses expériences, M. Paragon n’ignore rien de certaines formes de duplicité. Il se refuse cependant de juger les gens et de tirer des conclusions hâtives. La misère sous toutes ses formes l’interpelle. Sa modestie dut-elle en souffrir, le nombre d’associations de bienfaisance auxquelles il apporte une aide dépasse la cinquantaine ! « Il ne faut pas blesser son prochain. Le bonheur ? Je suis là sur un trottoir, en face de moi, une personne sourit, et voilà, je suis heureux. J’aime considérer les individus comme des êtres exceptionnels, qui n’ont pas leur pareil. Ce qui change c’est la valeur que l’on donne à l’argent… » Une expression agace le centenaire. « C’est un homme bien, dit-on, et cela veut dire qu’il est riche ! Il ne faut pas confondre un homme bien avec un homme qui possède des biens ! »

Au jardin des Oliviers

René Paragon ne supporte pas les insultes envers la France, son drapeau, son hymne national... « Il faut apprendre l’histoire aux enfants. » Profondément croyant, il est allé en pèlerinage une dizaine de fois en Terre-Sainte. Son regard bleu s’illumine. « Au jardin des Oliviers, j’ai suivi un petit sentier, je pensais alors aux pas de Jésus sur ce chemin, j'étais très ému. Je porte autour du cou une médaille qui ne me quitte jamais, elle a été posée là où est le tombeau du Seigneur… » Son grand âge, ne lui donne plus la possibilité d'assister à la messe. Sous une représentation du Christ, une Bible est accessible depuis son fauteuil. « C’est un livre saint, sa place est là ! » Ses colères ? « Je ne tolère pas que l’on ridiculise un prêtre ou une religieuse ! Je trouve monstrueux que certaines œuvres infâmes puissent paraître ! Que les gens pensent ce qu’ils veulent, mais qu’ils respectent la religion ! Je suis inquiet pour la jeunesse, quand je vois la vie qu’on leur prépare, cela me tracasse ! Il faut y réfléchir... Les parents ont une grande importance… Je suis choqué par le manque d’éducation… » Veuf depuis une trentaine d’années, neuf fois grand-père, 16 fois bisaïeul, René Paragon fond devant un sourire d’enfant. « J'ai beaucoup voyagé, la plus belle chose que j’ai pu rencontrer au travers le monde, ce sont des sourires d'enfants, ces sourires-là ne peuvent pas tromper les gens... La parole donnée est sacrée, imaginez un monde où personne ne mentirait… ! »

Josée Tomasi-Houillon

05/02 /13 Suzanne Suzanne Madre et Jeanine Perrin, un tandem de réconfort (Vivre sa foi)
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Si petit ou si grand soit-il, la perte d'un proche représente toujours une épreuve qui doit être abordée avec beaucoup de délicatesse, d'humanité, de compassion, voire même de tendresse envers son prochain.

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Comme un peu partout en France, dans notre diocèse les prêtres ne sont plus suffisamment nombreux et aucun ne dispose du don d'ubiquité. À Raon-L'Etape, le Père Michel Toubhans sait pouvoir notamment compter sur l'aide du diacre Michel Humblot, mais aussi de Suzanne Madre et Jeanine Perrin. Les habitants connaissent bien maintenant ces laïques qui se dévouent au sein de l'Église pour mettre en oeuvre des obsèques religieuses dignes et personnalisées. Le plus souvent, Suzanne et Jeanine évoluent en équipe. En cas d'absence de l'une ou l'autre, Annette Champagne apporte un concours apprécié. Au fil de notre existence, notre cheminement est parfois jalonné d'épreuves dont les stigmates finissent par s'adoucir pour dessiner notre paysage intérieur. Septuagénaires, Suzanne et Jeanine savent tout cela. C'est peut-être en partie pourquoi elles sont liées d'une amitié marquée d'estime. Suzanne Madre fait partie de ces gens dont un jour le couple a explosé. Maman de six enfants, elle connut un drame en perdant Édith, une fillette de 2 mois. « Le décès de cette petite fille me fit croire que l'on était un couple inséparable... Je me suis trompée... Mon mari m'a quittée pour une autre... Je suis divorcée depuis 1976, et si je le dis c'est parce que je suis persuadée que les divorcés ont leur place dans l'Église ! » Restée seule pour élever ses enfants, Suzanne demeurait alors à Nice. Elle puisa un peu de réconfort auprès de l'Église. « C'est là que j'ai découvert la puissance du Saint-Esprit. Je recherchais du travail... Une force me poussait à aller de l'avant... à demander... C'est ainsi que je suis entrée le 1er août 1976 au Foyer de France... Après avoir été en charge du self et de la caisse, on me confia la comptabilité et le secrétariat. 15 ans se sont écoulés... J'ai un jour fini par être désignée Directrice de ce foyer d'accueil pour étudiants. J'ai exercé cette fonction pendant 5 ans ! »

Le souci des autres

Dans sa paroisse, Suzanne se chargea du catéchisme, de lectures à la messe... Elle accompagnera des catéchumènes. « Ce fut une expérience extraordinaire, très riche... » Elle fit un jour la demande d'ouverture d'une église pour une messe dite en portugais à l'intention de Cap-Verdiens laissés sur le carreau par leur entreprise. Suzanne ne mâche pas ses mots. « Je suis une révoltée permanente, je ne supporte pas l'injustice ! » Les yeux de Suzanne s'embrument lorsqu'elle évoque Claudine, son amie qui décéda des suites de maladie. « C'est là que j'ai ressenti en moi cette envie de participer aux obsèques... » Revenue dans ses Vosges natales depuis la fin des années quatre-vingt, elle se souvient avoir participé aux toutes premières réunions destinées à mobiliser des laïques. Membre de l'aumônerie de l'hôpital, cette ancienne trésorière du Secours-Catholique anime des messes, chante pendant l'office, porte parfois la communion aux malades… Correspondante du denier du culte, elle fait partie de l'équipe pastorale de santé, rend des visites, prend soin de ses voisins âgés. « J'ai toujours eu le souci des autres. Il faut essayer d'être positif... »

Discrétion et adaptation.

Jeanine qui fut professeur d'histoire-géographie se remémore de son enfance au sein d'une famille catholique. Elle sourit. «J'ai toujours été embringuée en paroisse ! » Cheftaine de louveteaux chez les scouts, elle fonda un foyer en épousant André. Devenue mère de 3 enfants, elle compte également parmi ceux qui veillent sur les autres. Elle se rappelle avec émotion le décès de sa maman en 2002. « C'est là que je fus touchée par l'Esprit-Saint.» Jeanine s'occupa alors beaucoup de son papa, disparu en mars dernier. Elle partage avec Suzanne cette abnégation, cette puissance qui l'amène à tendre la main aux autres.

Habituées à se rendre au funérarium pour y rencontrer les proches des défunts et y prier, elles se chargent désormais - lorsque le prêtre le leur demande - de réaliser la cérémonie des obsèques. Fortes de leurs expériences personnelles, elles entendent des confidences. Sans jamais juger qui que soit. « Les familles aiment bien que l'on vienne chez eux. Certains sont croyants, mais non pratiquants... Nous respectons la confidentialité. Discrétion et adaptation sont indissociables. Des formations nous sont données et les livres que nous utilisons sont très bien faits. Des textes, des chants profanes peuvent être utilisés. Nous écoutons les gens pour être au plus proche de leurs aspirations, tout en respectant les directives de notre Église » Des textes issus d'écrits de Charles Péguy, Luc Stein, de la prière de Saint-Augustin, la lecture du livre d'Isaïe, l'évangile selon Saint-Jean... sont utilisés. Suzanne Madre et Jeanine Perrin consacrent près de deux heures pour entendre les familles. Il reste encore bien des préparatifs avant d'officier l'enterrement. Bénévoles, toutes deux aimeraient être rejointes par des personnes acceptant de les aider dans leur mission. Et, elles espèrent que beaucoup entendront l'appel.

Josée-Tomasi-Houillon

04/02 /13 Claude Antoine, trésorier bénévole, ne compte pas son temps ! (Témoins vosgiens)
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Natif de Fresse sur Moselle dans les Hautes-Vosges, il n’était âgé que de 17 ans lorsqu’il est entré dans la profession d’employé de banque. Il quittera son village natal à 20 ans et prendra un premier poste à Épinal en 1964. Il sera ensuite nommé à Cornimont. En 1973, sa carrière le conduira de nouveau à Épinal jusqu’en 1980. Muté à Nancy, il y travaillera pendant 18 ans. Il ira aider à la comptabilité de la paroisseSaint-Joseph.

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Au travers nos épreuves, la vie nous dirige parfois vers des passerelles inattendues. Après un veuvage douloureux, Claude se mariera en secondes noces avec Françoise. Une épouse qui sut lui donner la main et ouvrir son coeur aux quatre enfants de celui dont elle allait partager l’existence. Tous deux cultivent à présent l’art d’être treize fois grands-parents. Cinquante mille opérations par an Claude se souvient parfaitement de la création de sa paroisse en 2001. Dans une chronique dominicale, le comptable Jean-Claude Perrin lançait un appel pour trouver un collègue. “J’ai alors pensé que j’étais en capacité de rendre service. Ma candidature fut acceptée par l’économe diocésain. J’ai donc commencé à remplir mes fonctions de trésorier en 2002. C’est un travail qui demande bien sûr de se charger des factures, mais pas seulement. Il est aussi nécessaire d’être en lien avec différents organismes comme EDF ou encore le fournisseur en gaz. Il est indispensable de nourrir des contacts locaux. Les comptes sont très compliqués. Il me faut réaliser environ cinquante mille opérations par an !”

Pas simple de gérer un organigramme réglé comme du papier à musique ! Les comptes de la paroisse sont centralisés tous les jeudis matin. Le trésorier analyse chaque aspect les données qui lui sont fournies. Avec un regard tout particulièrement aiguisé sur l’évolution des frais. Le cas échéant, il s’applique à débusquer le moyen de les réduire. L’ensemble de ce méticuleux travail demande des dizaines heures par mois. Saint-Goëry se compose de 9 communautés : Saint-Maurice, Saint-Antoine, Notre Dame, Golbey, Chantraine, La Sainte-Famille du Saut le Cerf, Saint-Paul, la Justice, Sainte Maria Goretti et Saint-Laurent. Toutes présentent des fiches de liaison avec les détails des recettes, des quêtes, des dépenses… chacune gère son patrimoine.

“C’est une lourde charge, mais j’aime les chiffres. Il y a aussi des points très positifs. Lorsque l’on se retrouve en comptabilité ou en conseil économique avec les curés, les comptables et l’intendant bien sûr nous devons débattre des investissements en analysant chaque ratio. Ce sont plusieurs milliers d’euros qui sont gérés à l’année. Mais nous partageons une ambiance amicale très sympathique.” Claude Antoine se réjouit d’apporter sa contribution. “J’aime rendre service à l'Eglise. Je suis croyant et j’admire le travail des prêtres. Ils ont beaucoup de mérite. Les moyens financiers sont affaiblis par le recul des quêtes, environ 5 % de moins par an. L’argent du prix des offices, la vente de cierges, les dons laissés dans les troncs, quelques legs apportent un soutien appréciable. Au sein de la paroisse, des associations se dévouent pour dégager des bénéfices en organisant des kermesses, des lotos…” Le trésorier de Saint Goëry n’ignore rien des difficultés de laminer les charges fixes. “Dans l’esprit de beaucoup de gens, l’Église est riche. Je peux vous dire que c’est faux ! Au sein de nos paroisses, l’argent manque et nous avons besoin des paroissiens pour tenir le coup. Je remarque aussi que c’est souvent ceux qui donnent le moins, ceux qui sont les moins proches, qui sont le plus exigeants !”

Claude se montre intransigeant. “Je suis un trésorier économe !” Mais, les chiffres sont implacables, pas d’argent pour abonder la caisse, pas de miracle, les besoins demeurent ! Retraité après une carrière exemplaire qu’il termina comme conseiller financier, Claude rencontre maintenant des problèmes de vue. D’où son souhait de décider quelqu’un à l’aider.

Ténor à la chorale de la basilique, M.Antoine s’investit dans un beau spectacle produit tous les deux ans. La philatélie, la marche, la pratique du vélo, passer du temps dans son chalet de Ramonchamp lui apportent des plaisirs simples. Lui qui se définit comme un statisticien apprécie les performances de l’athlétisme, ou encore du biathlon qu’il suit à la télévision. Claude Antoine additionne encore bien des qualités humaines et professionnelles. Mais, chut ne lui dites rien, car toute la modestie qui l’honore en souffrirait sans compter !

Josée Tomasi-Houillon