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Chapelle de Bermont - Greux

Ermitage et chapelle Notre-Dame de Bermont

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L’ermitage de Bermont est situé dans le département des Vosges, sur le territoire de la commune de Greux, à 3 km au nord de Domremy. A l'écart de la route de Vaucouleurs, sur un petit plateau boisé, il domine de 73 mètres la vallée de la Meuse. La chapelle a été fondée au XIème siècle par l’abbaye bénédictine de Bourgueil (diocèse d’Angers), sur les terres de l'évêque de Toul. Elle est dédiée à la Vierge et à Saint Thibaut de Provins (Saint Thiébaut en Lorraine) : mort en Italie en 1066, ce dernier a été canonisé en 1073 et son culte s’est répandu rapidement au retour de ses reliques en Champagne en 1075. En 1263, l’abbaye de Bourgueil cède l'ermitage de Bermont à Joffroi de Bourlémont, homme-lige de l'évêque de Toul ; en 1265, le seigneur de Bourlémont réunit l'ermitage de Bermont à l'hospice Saint-Eloi qu'il entretient à Gerbonvaux (aujourd'hui sur la commune de Martigny les Gerbonvaux) afin d'accroître les revenus de cet établissement qui accueillait les pauvres et les malades de passage ou les pèlerins en route pour Saint Jacques de Compostelle. En échange de ce don, les religieux de Gerbonvaux devaient "chanter (la messe) en la chapelle de Bermont au moins trois fois dans la semaine" : cet engagement était encore tenu lors des nombreux passages de Jeanne d'Arc à Bermont. Les Bourlémont et leurs successeurs se réservent le droit de nommer le maître (directeur) de l’hôpital jusqu’au début du XVIIème siècle. Ils confient d’abord, jusqu’aux environs de 1500, la direction de l’hospice et donc celle de Bermont, à l’abbaye prémontrée de Sept Fontaines (diocèse de Langres). Puis la désignation varie : le maître de l’hôpital est un religieux, un laïc ou même le curé d’un village des environs.

Bermont est donc un ermitage, rattaché à un hospice. Les ermites, dépendant des prémontrés, faisaient vœux de pauvreté de chasteté et d’obéissance à leur évêque ou à leur supérieur. Ce sont eux qui accueillent Jeanne d’Arc qui se rendait, presque tous les samedis, en pèlerinage à la chapelle de Notre Dame de Bermont, pour “ prier et y porter des cierges ”. Les témoignages de ses contemporains, consignés en janvier 1456, à l'occasion du procès en nullité de sa condamnation, sont unanimes à souligner son attachement à l’humble sanctuaire. En 1619, les héritiers des Bourlémont cèdent leur droit de patronage laïc aux oratoriens de Nancy. L'ermitage reste occupé par des ermites, sous la dépendance des oratoriens. Au cours de la guerre de Trente Ans, les suédois ravagent la contrée, détruisent en 1635 le village de Greux et son église, mais épargnent l'ermitage de Bermont. En 1789, la chapelle menace ruine et les abris des ermites sont en majeure partie détruits. En 1793, à la révolution, l’ermitage de Bermont avec ses dépendances (16 hectares) est vendu comme bien national et morcelé. La statue de Saint Thiébaut du XIV° siècle est brisée. En 1835, C-J-B Sainsère rachète une modeste partie de l’ancien domaine de Bermont (3,6 hectares) et restaure la chapelle. En 1846, il reçoit l’écrivain et inspecteur des monuments historiques Prosper Mérimée et lui demande le classement de l'ermitage : sans suite jusqu’en … 1998. Enfin il construit l’habitation voisine où il demeurera jusqu’à sa mort en 1848. De 1848 à 1902, la propriété de Bermont se transmet par héritage dans la famille Sainsère, qui y réside peu. De 1856 à 1876, des prêtres occupent ponctuellement l’ermitage. En 1878 naît l’idée de la fondation d’un sanctuaire national (future basilique du Bois-Chenu) dédié à Jeanne d’Arc. Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, retient Bermont pour son édification. En juin 1902, Olivier Sainsère, arrière petit-neveu de C-J-B Sainsère, conseiller d’état, cède Bermont à l’Association des Amis de Jeanne d’Arc, fondée, avec le soutien de Maurice Barrès, par Jules Michel, maire de Greux, et Jean Bouloumié, conseiller général du canton de Vittel et président de la Société générale des Eaux de Vittel… afin de veiller à la conservation de l’ermitage.

Cette association cède elle-même Bermont à l’association diocésaine des Amis de Jeanne d’Arc, créée en 1925. Les colonies de vacances de la cathédrale de Saint-Dié s’y dérouleront jusqu’à la fin des années soixante-dix. Le 5 septembre 1976, la statue de Notre Dame de Bermont (XIV° siècle), devant laquelle Jeanne d’Arc a si souvent prié, quitte la chapelle de Bermont pour être transférée à la basilique de Domremy qui fête le cinquantième anniversaire de sa consécration. Le 8 décembre 1992, l’Association Notre Dame de Bermont est fondée en vue “ de la restauration, de la gestion et de l’animation de l’ermitage, dans le respect et la continuité de son passé ”. Un bail de longue durée est conclu à cet effet avec le diocèse de Saint-Dié.

La restauration de l'ermitage a été aidée financièrement par l'Europe, l'Etat, le Conseil Général des Vosges ainsi que par la Commune de Greux. Le 30 juin 1998, la chapelle de Bermont est mise à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, “ en tant que témoin de l’épopée johannique ”, après l’annonce, le 10 mai précédent, des découvertes de peintures murales représentant Jeanne d’Arc.

Alain OLIVIER