JMJ Bosserville 2013
Nombre d'animateurs, de prêtres, de religieuses, et les évêques les accompagnaient, à Rio pour quelques-uns, et surtout à Bosserville. Tous heureux d'avoir participé !
Les réseaux sociaux leur ont permis de partager découvertes, joies partagées. Et nos sites Internet et autres médias et nombre de revues s'en font l'écho. Temps forts de d'accueil mutuel dans nos diversités géographiques, et autres. Temps fort de la foi partagée, chantée, dansée ! Je ne crois pas que cela soit un feu de paille. Chacun a pu percevoir un appel personnel. « Et toi, avec toute ta force de jeune, qu'est-ce que tu réponds ? » Des adultes peuvent aussi accueillir cette question !
Je vous l'assure, l'Eglise est bien vivante.
+ Jean-Paul Mathieu, évêque de Saint-Dié
Pour aller plus loin, notre évêque nous invite à lire des déclarations du Pape :
- la forte méditation du Pape François sur la croix (chemin de Croix) à Rio. Comment Jésus prend sur lui nos peurs, nos problèmes, nos souffrances: il les porte avec nous. Comment l'amour fidèle de Dieu entre dans notre péché et le pardonne, comment il entre dans notre souffrance et nous donne la force de la porter, comment il entre dans la mort pour la vaincre et nous sauver.
Et encore, cette question : es-tu du côté de Pilate qui n'a pas le courage d'être à contre-courant et se lave les mains, ou du côté du Cyrénéen qui aide Jésus à porter ce bois pesant, ou comme Marie et les femmes qui n'ont pas peur d'accompagner Jésus jusqu'au bout, avec amour, avec tendresse?
Pour découvrir XX.XX.XX.XX.XX">le texte dans son intégralité sur le site du journal La Croix ou pour le télécharger
- l'homélie de la cérémonie de clôture à Rio, dimanche 28 juillet. En quelques mots, le Pape François envoie tous les jeunes en mission.
Allez : non seulement Jésus nous envoie, mais il nous accompagne.
Sans peur : car nous ne sommes pas seuls, nous sommes envoyés ensemble.
Pour servir : comme Jésus, dans une vie pour les autres, une vie de service. Et, pour finir : Jésus-Christ compte sur vous, l'Eglise compte sur vous !
Pour découvrir le texte dans son intégralité sur le site des JMJ France ou pour le télécharger
Catéchèse de Mgr Jordy
samedi 27 juillet 2013 | JMJ Bosserville
Qu’est-ce qu’être disciple et missionnaire ?
Texte réalisé à partir des notes de Mgr Jordy | Pour télécharger la catéchèse, cliquez ici !
1 - Etre disciple du Christ
Hier Mgr Dollmann vous a éclairés sur la condition du disciple à la lumière de l’expérience de l’apôtre saint Pierre. Vous avez pu réfléchir sur le parcours original, unique, de l’apôtre Pierre, comme chacun d’entre nous a avec Jésus un parcours original et une histoire originale.
Ce parcours vous a permis de comprendre ce qu’est l’essentiel de la vie du disciple ; ce parcours nous permet aussi de mettre en lumière ce qui n’est pas l’essentiel du disciple du Christ, mais ce que les gens pensent parfois comme étant l’essentiel de la vie chrétienne.
- Pour de nombreuses personnes, être chrétien, c’est croire en des valeurs, de préférence des valeurs morales. Selon les tendances, on insistera d’ailleurs plus soit sur les valeurs familiales (fidélité, droiture…), individuelles, ou sur les valeurs collectives et sociales (solidarité, tolérance…).
Le chrétien, pour de nombreux observateurs, serait donc quelqu’un d’obsédé par la morale. Il est certain qu’il y a une dimension morale de la vie chrétienne, que la rencontre de Jésus, le fait de l’aimer, transforme profondément notre manière de vivre et nos relations. Mais les valeurs, la morale, ne sont pas l’essentiel de la foi.
Plus grave encore, si je fais des valeurs, de la vie morale, le cœur de ma vie chrétienne, un double risque se présente : d’une part si j’arrive à vivre toutes ces valeurs, à y être fidèle, je peux être tenté de me prendre pour quelqu’un, de tomber dans le piège de l’orgueil. Mais d’autre part, si je n’y parviens pas, si je me bats pour y parvenir et que je suis en échec, par mes chutes et mes rechutes je peux alors sombrer dans le désespoir et considérer que la foi n’est pas faite pour moi.
- Pour d’autres personnes, être chrétien c’est « s’engager », faire des choses, agir.
Le chrétien serait quelqu’un dont l’essentiel de la vie est de faire et d’agir pour une cause ou pour les autres. Il est vrai que la foi chrétienne ne peut pas laisser indifférent celui qui en vit et qu’elle conduit nécessairement à une manière de vivre, à une responsabilisation à l’égard des autres et de la société. Mais là aussi l’engagement, faire des choses, n’est pas l’essentiel de la foi.
Plus grave, encore une fois, le fait de penser que l’essentiel de la foi chrétienne est d’agir, de faire, peut conduire à des gens qui vont se perdre dans l’activisme, dans une agitation qui est en fait une fuite. Mais, surtout, ne vivre l’engagement que pour l’engagement finit par faire des gens fatigués, usés, qui là aussi risquent peu à peu le désengagement et le découragement.
- Pour d’autres personnes enfin, être chrétien serait une sorte d’art de bien vivre, une sorte de sagesse de vie, pour traverser l’existence dans les meilleures conditions.
Il est vrai que la vie chrétienne cherche à développer une manière de vivre dans une certaine harmonie, en communion avec les autres. Mais ce n’est pas là non plus l’essentiel de la foi.
Plus grave, cela pourrait conduire à n’avoir comme seuls critères de notre existence de chrétiens que ce qui nous fait du bien, nous valorise, bref une sorte de narcissisme.
Quel est alors l’essentiel de la foi chrétienne ? Le cœur de notre foi chrétienne, c’est d’entendre la Parole de Jésus qui nous appelle, de changer de vie et de marcher à sa suite pour être son disciple. Cela consiste à avoir foi en Jésus, Fils de Dieu, qui nous révèle le visage du Père et sa bonté. Cela consiste aussi à croire ce que Jésus nous a révélé sur le mystère de Dieu, notre propre mystère et celui de la vie. Cela consiste enfin à vivre animés et éclairés par l’Esprit de Jésus au cœur d’une communauté qui est l’Eglise du Christ. Le pape Benoît XVI l’a rappelé sans cesse durant son ministère, le cœur de la vie chrétienne c’est l’amitié avec Jésus.
2 - Etre disciple nous permet alors une grande découverte
En effet, en vivant la foi, en la creusant, en réfléchissant au contenu de la foi que Jésus nous révèle, je découvre que la foi va éclairer trois questions essentielles de ma vie.
- En effet, chacun d’entre nous, quel qu’il soit, a d’abord un désir profond de vérité. Tout au long de notre vie, chaque jour, même sans que nous en soyons conscients, nous cherchons la vérité, ce qui est vrai. C’est la raison pour laquelle nous ouvrons les journaux, écoutons la radio, regardons la télévision. Nous cherchons la vérité sur le monde qui nous entoure. De la même manière, tous les amoureux du monde se demandent sans cesse l’un à l’autre : « Est-ce que tu m’aimes ? »
Nous cherchons la vérité, car nous sommes faits pour la vérité.
- De même, chacun d’entre nous est animé par un autre désir profond, le désir d’aimer et d’être aimé. Aucun d’entre nous ne peut vivre sans amour, l’amour de parents, d’éducateurs, d’amis, et, si c’est notre vocation, d’un époux ou d’une épouse, de nos enfants. Nous savons bien comment l’amour mal vécu, ou une vie sans amour, peut être une cause de souffrance pendant toute une vie. Nous avons tous besoin d’aimer, de nous donner ; nous avons tous besoin d’être aimés, de savoir que nous comptons pour les autres.
Nous avons besoin d’amour, car nous sommes faits pour l’amour.
- Nous avons tous enfin en nous un désir de reconnaissance, le désir d’être reconnu et d’avoir une identité. Personne ne peut vivre sans savoir qui il est, où il va dans l’existence. C’est la question dite du « sens ». Nous le savons là aussi, ceux qui ne savent pas d’où ils viennent, qui recherchent un père ou une mère, peuvent en souffrir toute leur vie.
Nous cherchons une reconnaissance, car nous sommes faits pour vivre de notre identité profonde.
Or, en devenant disciple de Jésus, en accueillant son enseignement, nous découvrons que son message vient éclairer ces trois questions essentielles.
- Jésus nous appelle à vivre en vérité, car il est lui-même « le Chemin, la Vérité, la Vie » Il sait aussi que seule la vérité sur nous-mêmes, les relations aux autres et à Dieu « nous rendra libres ».
- Jésus nous appelle à vivre en communion d’amour, un amour véritable. L’amour de Jésus, ce n’est pas « Plus belle la vie », où l’on change de partenaire comme on change de vêtement, où rien ne semble pouvoir se construire, où tout est éphémère. Jésus nous invite à un amour qui soit vrai, un amour durable.
- Jésus nous appelle à vivre de notre identité profonde, à vivre en enfants de Dieu, à vivre l’idéal de la sainteté à laquelle Dieu nous appelle.
3 - C’est la découverte de cet amour, de ce message, qui façonne mon cœur de disciple et va me donner de devenir missionnaire.
- En effet, nous le savons bien dans la vie, quand nous avons vraiment une bonne nouvelle, nous sommes incapables de la garder pour nous. Regardons dans notre vie quotidienne : lorsque nous avons une mauvaise nouvelle, une rupture avec quelqu’un, un mauvais résultat scolaire ou professionnel, nous n’avons envie de parler à personne et nous avons envie de cacher cette mauvaise nouvelle.
Par contre, quand nous recevons une bonne nouvelle, nous sommes dans l’incapacité de la garder en nous et pour nous. Il nous faut immédiatement trouver quelqu’un à qui la dire, un voisin, un ami, car nous avons de la joie à partager le bonheur qui est en nous. Ce qui est bon se partage et se diffuse.
- Cela veut donc dire que, si je creuse mon amitié avec Jésus, que je découvre qu’il comble ma vie, la joie que cela me procure ne peut rester en moi. J’ai besoin d’une part de le partager à d’autres. D’autre part, et plus encore, j’ai même la responsabilité de le partager à d’autres. En effet, je ne peux pas garder pour moi, égoïstement, ce qui peut donner de la joie et du bonheur aux autres.
- C’est bien la raison pour laquelle Jésus lui-même nous envoie. Si son message est vraiment une bonne nouvelle, s’il transforme notre cœur, de disciple nous devenons missionnaire, la découverte de Jésus déborde de notre cœur.
Plus encore, si j’ai la joie en moi et que je ne la partage pas, que je la retiens en moi pour de faux motifs (la peur de partager, la peur d’être ridicule, d’être taxé de prosélyte), la foi va alors se dessécher en moi. Ce qui n’est pas mis en pleine lumière meurt, se tarit, et la joie avec. Nous avons donc à être des ambassadeurs, des missionnaires, des évangélisateurs. Nous devons comprendre qu’évangéliser, c’est aimer, c’est un acte d’amour qui s’enracine dans l’amour que nous avons pour Jésus.
La vraie question à nous poser pour savoir si nous sommes disciples et si nous pouvons devenir missionnaires, c’est : « Suis-je amoureux de Jésus ? »
4 - La question devient alors : « Comment être missionnaire ? »
Certains diront ici que l’important, c’est d’abord d’être baptisé et de se comporter de manière juste selon l’Evangile ; on parlera souvent de « non pratiquants ». Mais on ne peut pas être des non pratiquants de l’amour. Comment, donc, annoncer le Christ à ceux qui l’attendent, souvent sans le savoir ?
Il y a trois chemins que nous pouvons emprunter :
- La première manière d’évangéliser, c’est de prier. Il est très important de se souvenir que l’évangélisation commence avec la prière, particulièrement pour ceux qui sont dans des milieux difficiles ou hostiles. Il faut se rappeler avant toute chose que Jésus a été un grand priant. Il a prié dans les moments les plus importants de sa mission et il nous a invités à prier. Il a particulièrement prié pour l’apôtre Pierre : « afin que sa foi ne défaille pas ».
Mais nous pouvons aussi penser à l’histoire de l’Eglise, et à l’histoire de sainte Monique et de saint Augustin, qui se déroule au IVème siècle. Sainte Monique était chrétienne. Son fils Augustin, brillant avocat, était, lui, tourné vers la gnose, une sorte de New-Age de son époque. Or Monique va prier pendant des années pour demander à Dieu la conversion d’Augustin. Et quelques années plus tard, Augustin s’entendra dire, alors qu’il est dans un jardin, « Prends et lis ». C’est dans la Parole de Dieu qu’Augustin trouvera le chemin de son cœur, le chemin du lieu où Dieu habite en lui. C’est par la prière qu’Augustin recevra de l’Esprit Saint les conditions d’une vraie liberté qui lui donnera de devenir disciple de Jésus.
Certains parmi vous me disent : « Je suis seul dans ma classe à être croyant », ou bien encore « Nous sommes juste quelques chrétiens au collège ou au lycée ». Qu’est-ce qui vous empêcherait de prier pour vos camarades, voire même de vous envoyer quotidiennement un SMS ou un twitt pour vous inviter les uns les autres à prier pour les autres et leur faire le cadeau de rencontrer Jésus ?
- La deuxième manière d’évangéliser, c’est ce que j’appelle « l’évangélisation passive », ou « l’évangélisation par capillarité ».
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela signifie une manière très féconde d’évangéliser et le fait d’avoir une vie chrétienne cohérente, et donc crédible. C’est la grande force de Jésus. Jésus vit ce qu’il dit et il dit ce qu’il vit. Chez Jésus, il n’y a pas de rupture entre la parole et les actes. C’est bien pourquoi le centurion au pied de la Croix pourra dire en voyant Jésus mourir par amour pour nous : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! »
La cohérence de vie était la force de Jésus, cette cohérence peut aussi être un puissant moyen d’évangélisation. En effet, si nous vivons de l’Evangile, si nous le mettons en pratique dans la relation à Dieu et aux autres, en progressant dans un amour véritable, en laissant l’Esprit Saint nous transformer, alors peu à peu nous produirons des fruits de l’Esprit. Dans notre vie, souvent à notre insu, des fruits vont se manifester : l’amour, la paix, la joie, la douceur, la bienveillance… Cette présence des fruits de l’Esprit peut parfois interroger les autres, les inviter à se rapprocher de nous et à nous demander comment nous restons dans la paix et dans la joie alors que notre vie est aussi compliquée, difficile et heureuse que celle des autres. Certains peuvent, en nous voyant vivre, avoir le goût de savoir de qui nous sommes disciples afin d’avoir envie, eux aussi, de le rencontrer.
Comme le disait le pape Paul VI, « l’homme d’aujourd’hui n’a pas tant besoin de maîtres que de témoins » ; il ajoutait : « tant mieux si les témoins sont des maîtres ».
- La troisième manière, l’évangélisation directe
Cette manière d’évangéliser consiste à annoncer directement Jésus ; elle peut prendre des formes très variées. Elle n’est pas toujours simple, surtout auprès des personnes qui nous connaissent (famille, amis…), car ils nous connaissent bien avec nos défauts, nos limites et nos incohérences, qui peuvent discréditer notre parole. Jésus lui-même a évoqué le fait que « nul n’est prophète en son pays », voulant dire par là que ceux qui nous connaissent ont tant d’a priori sur nous que leur cœur n’est pas libre, tout comme le nôtre. Il faut cependant se souvenir ici de la belle formule de sainte Bernadette, la voyante de Lourdes. Alors qu’elle venait voir son curé pour lui transmettre un message de la Vierge, elle s’entend répondre par le curé : « Tu ne vas tout de même pas me faire croire cela ! » Elle lui répondra, avec la simplicité de ceux qui sont conduits par l’Esprit : « On ne m’a pas demandé de vous le faire croire, on m’a juste demandé de vous le dire ».
Le témoignage direct demande en fait plusieurs choses. Il demande avant toute chose de se préparer par la prière, en demandant à l’Esprit Saint de préparer les cœurs et de trouver les mots et les attitudes justes à l’égard des autres. Il demande ensuite une bonne préparation sur le contenu de la foi, en approfondissant la connaissance de la foi, afin de pouvoir éclairer ceux qui ont besoin de l’être. Enfin, il nous demande, comme le souligne l’apôtre Pierre lui-même, de « rendre raison », c’est-à-dire de donner des motifs cohérents, réfléchis, « de l’espérance qui est en nous ». Mais l’apôtre Pierre précise de toujours faire cela avec douceur et de manière respectueuse. Nous n’avons pas, en évangélisant, à instrumentaliser les autres.
Nous comprenons donc, pour conclure, comme le disait le pape François alors qu’il était encore cardinal en Argentine, que « être disciple et missionnaire sont comme les deux faces d’une même médaille ». D’une certaine manière, être disciple, si je le suis vraiment, me porte à devenir missionnaire, tout comme, si je suis vraiment missionnaire, j’ai besoin d’être d’abord disciple. Pour cela, utilisons aussi tous les moyens de notre temps. Soyons intelligents et créatifs pour Jésus. Il a besoin de nous.
+ Vincent Jordy
Evêque de Saint-Claude
Homélie de Mgr Jean-Louis Papin, évêque de Nancy et de Toul
« Seigneur, apprends-nous à prier ». Les disciples étaient certainement très impressionnés par la place de la prière dans la vie de Jésus, le temps qu’il lui consacrait, que ce soit tôt le matin, tard le soir, parfois même toute la nuit. C’était manifestement sa respiration, l’oxygène de sa vie. Quelquefois, les disciples l’ont entendu prier à haute voix, au milieu d’eux, pour les personnes qu’il rencontrait, pour remercier son Père de tout ce qu’il accomplissait de bien et de beau par son intermédiaire ou bien encore à une étape importante de sa mission. On comprend qu’un jour l’un d’eux osa lui faire au nom de tous cette demande : « Seigneur, apprends-nous à prier ! »
C’est que la prière, ça s’apprend. Pas seulement les mots de la prière, mais aussi et surtout la manière de prier, la disposition intérieure de notre cœur lorsque nous prions. Vous vous dites peut-être que pour prier, il suffit de s’adresser à Dieu en toute simplicité avec ce qui fait votre vie : vos joies et vos peines, vos doutes et vos indignations, vos mercis et vos demandes. C’est vrai, prier, ce n’est pas d’abord une affaire de techniques savantes. C’est une rencontre, c’est une affaire de cœur, un cœur à cœur avec Dieu. Et en même temps, personnellement, je me retrouve bien dans la demande des disciples : « Seigneur, apprends-nous à prier ! » Car, je sens bien que, dans ma prière, je suis parfois plus tourné vers moi que vers Dieu, plus préoccupé de demander à Dieu qu’il satisfasse mes désirs, qu’il réponde à ce que je veux plutôt que de lui demander d’ajuster ma volonté à sa volonté, d’accorder mon cœur à son cœur. Ma prière a toujours besoin d’être convertie, elle a toujours besoin d’être purifiée pour qu’elle soit ouverture de mon cœur à Dieu, à ce qu’il veut pour moi, à ce qu’il veut pour l’humanité, bref pour qu’elle soit une prière chrétienne, une prière selon Jésus, une prière animée par son Esprit. Pour cela, j’ai besoin d’un maître. Ce maître, c’est Jésus. Les disciples l’ont compris. C’est pourquoi ils lui font cette demande : « Seigneur, apprends-nous à prier ! » A chaque messe, nous prions le Notre Père. J’aime beaucoup les quelques mots avec lesquels le prêtre introduit la prière : « Comme nous l’avons appris du Sauveur et selon son commandement, nous osons dire … » Vous y serez attentifs tout à l’heure. Nous avons toujours à apprendre du Seigneur à prier comme il faut. L’Eglise nous y aide grâce à plus de vingt siècles d’expérience d’une prière guidée par l’Esprit du Christ, et en particulier les saints et les saintes qui sont pour nous des guides merveilleux pour nous aider à prier parce qu’ils se sont mis eux-mêmes à l’école de Jésus .
« Seigneur, apprends-nous à prier ! » La réponse de Jésus à la demande de ses disciples, ce fut le Notre Père : « Quand vous priez, dites : Père que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne… » Il y aurait beaucoup à dire pour entrer dans une plus grande intelligence de cette prière, intelligence intellectuelle, intelligence du cœur. Vous avez pour cela un merveilleux petit livre jaune, le YOUCAT, catéchisme de l’Eglise catholique qui vous est spécialement destiné et qui fut remis à tous les jmjistes de Madrid. Les sept dernières pages sont consacrées à « La prière du Seigneur : le Notre Père ». Lire ces quelques pages vous aidera à mieux prier le Notre Père, dont un des premiers grands écrivains chrétiens, dénommé Tertullien, a écrit qu’il est « le résumé de tout l’Evangile ». Permettez que je vous cite quelques lignes du Youcat au sujet : « Le Notre Père est plus qu’une prière, c’est un chemin qui mène directement au cœur de notre Père. Les premiers chrétiens récitaient trois fois par jour cette prière, remise à chaque chrétien lors de son baptême. Nous aussi, nous ne devrions jamais passer une journée sans essayer de dire la prière du Seigneur avec notre bouche, de l’intérioriser dans notre cœur et de la rendre vraie dans notre vie ».
A défaut de commenter l’ensemble du Notre Père, je voudrais souligner une de ses expressions qui me paraît récapituler l’ensemble : « Que ton Règne vienne ». Lorsque nous faisons cette demande à Dieu, nous exprimons le souhait que l’humanité vive le plus possible selon le désir de Dieu. Vaste chantier ! Car vous savez à quel point il y a dans le monde des forces contraires à ce désir de Dieu, des forces qui défigurent l’humanité et l’entraînent sur des chemins de mort. Nous en avons fait l’expérience ces derniers mois à propos du mariage puis de l’utilisation de l’embryon humain. Bientôt viendront les débats sur la fin de vie. Citons encore les drames engendrés par la prédominance de système économiques et financiers qui perdent de vue le service du bien commun. Je pense aux nombreux migrants qui affrontent les pires dangers dans l’espoir de vivre mieux ou même tout simplement de vivre. Le pape François vient d’interpeller notre conscience sur cette réalité en se rendant dans l’île italienne de Lampedusa où beaucoup d’entre eux arrivent dans l’espoir d’être accueillis en Europe. Je pense également à tous ceux que la crise économique actuelle met à la rue. Leur nombre a doublé en un an. Je pense aussi aux violences de tous ordres, jusqu’au sein du couple et de la famille, aux conflits qui divisent gravement divers pays, à toutes les formes d’addictions telles que la drogue… Oui, Seigneur, nous avons mille raison de te dire : « Que ton Règne vienne ! », « Qu’advienne l’humanité selon ton cœur ! »
Mais si ce vœu n’est pour vous qu’une affaire de mots répétés jour après jour, rien ne changera sur notre terre. Par contre, si votre prière est prière de votre cœur, alors elle vous bougera, elle vous fera apporter votre contribution pour que l’humanité vive davantage selon la volonté de son créateur. Prier le Notre Père avec tout votre cœur, avec toute votre intelligence, c’est y engager toutes vos capacités d’action pour qu’advienne concrètement cette humanité telle que Dieu l’a voulue. Nous avons tous à être des veilleurs engagés. Tout à l’heure, je citais Tertullien nous disant que le Notre Père est « le résumé de tout l’Evangile ». Prier le Notre Père comme nous le faisons si souvent doit nous mettre en mouvement pour que cet Evangile soit annoncé et qu’il oriente chacun et toute l’humanité dans la bonne direction. C’est ce que le Seigneur a ordonné à ses disciples avant de les quitter : « Allez, de toutes les nations faites des disciples ». Ainsi, les mains que vous élevez vers Dieu lorsque vous priez seront aussi des mains qui édifient le monde selon Dieu.
Ce n’est pas sans raison que chaque messe s’achève par ces mots : « Allez dans la paix du Christ ! » Non pas : « Rentrez tranquillement chez vous, prenez l’apéro, faites un bon repas et passez un agréable dimanche ! » Mais : « Allez, et partout où la vie vous conduit, annoncez l’Evangile, faites de nouveaux disciples. Célébrer l’Eucharistie tout comme prier le Notre Père vous appelle à donner à Dieu vos mains, votre intelligence, votre cœur pour que ce que vous avez prié et célébré devienne une réalité ». Dans son message pour les actuelles JMJ, Benoît XVI vous disait : « Plus nous connaissons le Christ, plus nous désirons l’annoncer. Plus nous parlons avec lui (ce que nous faisons dans la prière), plus nous désirons parler de lui. Plus nous sommes conquis par le Christ, plus nous désirons conduire les autres à lui ».
Je conclurai par le prophète Isaïe. Un jour qu’il était dans le temple de Jérusalem, Dieu parla à son cœur : « Qui enverrai-je ? Qui sera mon messager ? Et j’ai répondu : ‘Moi, je serai ton messager : envoie-moi ». Le Seigneur s’adresse à chacun de vous de la même façon. Il vous pose cette question : « Qui sera mon messager ? » Que lui répondez-vous au terme de cette semaine ? Répondez-vous comme Isaïe : « Moi, je serai ton messager : envoie-moi ! » ?
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Retrouvez ici l' homélie de Mgr Jean-Louis Papin , proposé mercredi 24 juillet lors de la célébration eucharistique à la Basilique St Epvre lors JMJ Bosserville 2013.
Imaginez la scène ! Jésus se trouve dans la région du lac de Galilée, une région qu’il affectionne tout particulièrement parce que c’est là qu’il a grandi et vécu durant 30 années. Il sort d’une maison et se trouve soudainement devant une foule de gens avides de l’écouter parce qu’il a des mots, des paroles qui touchent leur cœur et qui leur ouvre un chemin de vie. Jésus ne va pas se dérober à leur attente. Il va leur parler. Pendant que les gens s’installent sur les rives du lac légèrement en pente, il prend place dans une barque. Et de la barque, il s’adresse à la foule comme il aime le faire, c'est-à-dire en paraboles.
Les paraboles, ce sont de petits récits imagés qui empruntent à la vie courante des auditeurs. Du coup, chacun pouvait comprendre ce que Jésus disait, sans pour autant se sentir contraint d’acquiescer comme cela arrive parfois avec une démonstration rationnelle. La parabole laisse libre celui qui l’entend. Or, la liberté, c’est très important pour Jésus. On l’entend souvent dire aux personnes qu’il rencontre : « Si tu le veux, viens, suis-moi ! ». « Si tu le veux… » C’est comme cela qu’il s’adresse à chacun de vous : « Si tu le veux, viens, suis-moi ! »
Mais revenons à la parabole d’aujourd’hui. Jésus se réfère ici à l’activité du semeur. Chaque fois que j’entends ce récit, je me dis : « Quel gâchis ! » Car une grande part du grain est perdue. Soit parce qu’il tombe sur le chemin qui borde le champ, et les oiseaux s’en nourrissent. Soit parce qu’il tombe sur une partie pierreuse du champ ; alors il reste en surface et est brûlé par le soleil. Soit parce qu’il tombe dans des buissons de ronces qu’on n’a pas arrachés ; alors, à peine a-t-il germé, il est étouffé. Seule une partie du grain tombe dans de la bonne terre et peut donner de beaux épis pleins de blé. On peut se dire que le semeur est généreux, mais on peut se dire aussi que si la terre avait été mieux préparée, il aurait obtenu une rentabilité meilleure.
Si vous vous dites cela, c’est que la parabole commence à faire son chemin en vous. Car c’est à cela que Jésus vous invite : à préparer le terrain, c'est-à-dire votre cœur afin qu’il soit une bonne terre dans lequel le grain de sa Parole pourra germer et donner du blé plein l’épi. Lui-même a fait l’expérience des nombreux obstacles que rencontrait son enseignement. Soit que les cœurs étaient fermés par avance à ce qu’il disait (cœurs endurcis), soit que l’écoute était superficielle, soit que ses auditeurs avaient bien d’autres intérêts qui l’emportaient sur ce qu’il pouvait leur dire. Dans ces conditions, sa Parole ne pouvait pas produire quoique ce soit.
La parabole du semeur vous parle aujourd’hui comme elle parlait au temps de Jésus, si du moins vous avez, comme il dit, des oreilles pour entendre ! Le Seigneur Jésus – car c’est lui le semeur - vous parle par son Eglise, par les nombreux baptisés qui témoignent de lui, et aussi par des personnes qui ne sont pas des chrétiens. Sa Parole, vous avez aussi de nombreuses occasions de l’entendre dans des célébrations, des rencontres, des temps forts comme celui que nous vivons en ce moment ou, tout simplement, en ouvrant la Bible. Oui, le semeur continue à semer. Mais sur quel terrain tombe le grain de sa Parole ? C’est la question principale que chacun doit se poser, moi comme vous.
Demain après-midi, vous allez entrer dans le temps caractéristique des JMJ avec des catéchèses, des célébrations liturgiques et sacramentelles, le festival de la jeunesse et la rencontre de témoins. Je vous suggère d’adresser à Dieu dès maintenant cette prière : « Seigneur, aide-moi à préparer mon cœur pour que le grain que tu sèmes ne se perde pas ; fais-moi un cœur qui écoute, un cœur ouvert et disponible ».