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Marie-José Millery, retrouver la confiance, ou l'itinéraire d'un recommençant.

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Les recommençants, c'est quoi? Si vous posez la question à Annie Viry, responsable à Epinal de l'équipe de la pastorale des recommençants avec Régine François, elle vous l'expliquera très simplement en vous remettant une plaquette. « Les recommençants ont été baptisés, catéchisés, puis ont quitté la religion, ont rompu avec l'Église, se sont éloignés de la foi. Quelques années après, à la suite d'un événement, d'une rencontre, se repose pour eux la question de Dieu, de la foi chrétienne... » Spinalienne, Marie-José Millery accepte de témoigner de son parcours.

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Elle se souvient d'un curé, rude et maladroit dans la façon d'aborder son ministère, qui l'a envoyée promener alors qu'elle souhaitait devenir enfant de choeur. À l'époque, seuls les garçons pouvaient officier autour du prêtre. Ainsi rabrouée, la gamine timide qu'elle était refusa la proposition de lire un passage de la messe « devant tout le monde » à l'église. Déçue, elle conserva en son cœur de l'amertume et une vraie frustration. Elle n'évoqua pas ce sujet en famille. C'était inutile, car dans son milieu, on ne l'aurait pas comprise. Le mécanisme d'éloignement de l'Eglise était enclenché. « Pourtant, j'ai conservé la foi, j'habitais le quartier de la Vierge, l'abbé Ferreti m'a beaucoup aidée à prier. J'ai d'ailleurs réalisé mes communions, privée et solennelle, et même dans la foulée ma confirmation ! »

Mariée, Marie-José devint maman de quatre filles, toutes baptisées. Les choses de la vie bousculent parfois nos convictions et conduisent à des décisions incontournables comme le divorce. « À Chantraine où j'habitais, personne ne dispensait le catéchisme, ma dernière fille n'y est pas allée. Je l'ai regretté. J'ai tenté de donner des cours de catéchisme avec l'abbé Ohnibus à Notre-Dame, mais je me sentais mal à l'aise. Mon existence me paraissait en décalage avec les enseignements religieux. Je n'obligeais pas mes enfants non plus. À ce moment-là, je voyais une hiérarchie rigide, un clergé éloigné du quotidien des gens. J'avais aussi conservé en moi un respect craintif, une peur du prêtre... »

J'étais en recherche

Les chemins d'espérance se présentent parfois là où on les attend le moins. Aide-soignante à l'hôpital d'Épinal, Mme Millery lia connaissance avec l'aumônier, Sylvie Viriot. En confiance, elle accepta une invitation à la Maison diocésaine pour y découvrir la pastorale de la santé. « J'ai été bien accueillie, j'ai compris que finalement nous ne sommes pas seuls. J'étais émerveillée. Vivre sa foi, c'est pouvoir partager. J'étais en recherche, mais je n'osais pas aller à l'église. J'aime chanter, Maryse Racan, choriste de la basilique m'y a conviée. J'ai retrouvé l'envie de rester à la messe. Depuis deux ans ce n'est que du bonheur !

De fil en aiguille, je suis entrée dans la pastorale des recommençants. Annie et Régine sont à l'écoute. J'avais l'impression qu'elles possédaient toujours une réponse à mes questionnements. Des points se sont éclaircis, des portes se sont ouvertes. Grâce aux recommençants, j'ai redécouvert la Bible, mais surtout comment l'aborder. Quand on y entre, on ne sait jamais quand on va en sortir... Je poursuis mes recherches dans des lectures sur Jésus. Les Évangiles sont magnifiques pour renforcer la foi. Je me sentais très seule, la foi nous fait comprendre que ce n'est pas le cas. Je prie et j'y fais référence. Dieu est Amour. »

Marie-José confie une promesse « Je lui avais juré que s'il m'en donnait la force, un jour je ferais quelque chose. Je viens de créer l'APAIH (Association pour personnes âgées isolées hospitalisées). Il s'agit d'apporter réconfort, dignité, chaleur à des gens un peu trop seuls. Des petits gestes peuvent leur donner le sourire. Je recherche d'ailleurs des personnes qui pourraient confectionner des chaussons, lire le journal... Sylvie Viriot et Évelyne Lejal, des Hospitaliers de Lourdes, m'y aident. Nous voudrions organiser des concerts pour obtenir un peu d'argent pour acheter de petits transistors. Des gens alités n'ont rigoureusement rien pour se distraire un peu ! »

Sur la pointe des pieds

Marie-José suit avec assiduité les propositions des recommençants. Les rencontres durent environ deux heures toutes les 3 semaines. En petit groupe, même si quelques participants calent en route, les expériences sont croisées, les textes, la foi de l'Église font avancer. En lisant l'Évangile on s'arrête sur ce qui résonne, qui réjouit, qui étonne, offusque. On se laisse porter, interpeller pour entendre le murmure de la Parole. On échange en toute liberté et simplicité. Le recommençant revient sur la pointe des pieds, souvent avec appréhension. Personne ne juge qui que ce soit, discrétion et délicatesse sont de rigueur. « Il faudrait le dire partout, l'Église ce n'est pas seulement un mouvement, une hiérarchie, ce sont des actions, des gens formidables qui vous donnent envie de foncer ! »

Josée Tomasi-Houillon

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Publié le 06/02/2013 par josee.