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Et vous QU’HANDIT’VOUS ?

Le samedi 4 octobre dernier, les nombreux participants au rassemblement QU’HANDIT’VOUS ? ont certainement reçu un grande claque mais je vous rassure, une bonne claque… Cette journée autour du thème du handicap, à l’initiative de l’association FESTIJEUNES, en partenariat avec une vingtaine d’associations, services ou mouvements (confessionnels ou non) qui accompagnent des personnes en situation de handicap, se voulait comme une invitation à oser une vraie rencontre avec ce public que notre société à tendance à écarter (à mettre à la périphérie pour reprendre des termes de notre pape François…).

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Crédit photos : Luc PETITDEMANGE C’est tout d’abord Michel HEINRICH, député maire de la ville d’Epinal qui nous faisait l’immense honneur d’ouvrir la journée. La cité des Images se hisse à la 8ème place en termes d’accessibilité au niveau national dans le classement APF. Alors, certes, des améliorations sont encore nécessaires mais les efforts qui ont été faits montrent une volonté de garantir une liberté de circulation et d’accès à un maximum de structures. En tant qu’élu, il nous faisait part de l’incompréhension de certains de nos concitoyens qui ne voyaient pas l’intérêt de tels aménagements parce qu’à Epinal, il n’y a pas de personnes en situation de handicap, ce sur quoi le député maire rétorquait : « C’est sûr que si on ne leur facilite pas l’accès en abaissant voire en supprimant un trottoir, on n’en verra pas ! »

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Lors de cette journée, nous avons souhaité que les personnes handicapées soient les acteurs du rassemblement. Philippe POZZO DI BORGO, le vrai « Intouchable » dont l’histoire a largement inspiré le film à succès n’a pas pu participer à notre rassemblement mais il a tenu à nous délivrer un message pour la journée via une vidéo. Et quel message ! Philippe nous partage les 7 piliers de la fragilité sur lequel il nous invite à nous appuyer : le silence pour y trouver le sens de nos fragilités, la conscience de nos fragilités qui va redéfinir et réorganiser nos priorités, le présent qui doit être vécu intensément avec sérieux et avec délectation, l’obligation de se ménager, d’être discipliné avec sa fragilité (le corps sacré devient tout d’un coup un sacré corps), la patience, la prise en compte d’être entouré de personnes fragiles sources d’une véritable fraternité, accepter sa dépendance aux autres et croire que dans cette interdépendance aimable, il y a une possibilité de vraie relation à l’autre. Il ajoute que « ces 7 piliers de la fragilité, c’est du costaud, c’est beaucoup plus costaud que la soit disant performance de l’individualisme forcé de notre société, ils sont tous fragiles ces gens soi-disant normaux » Des anciens élèves de l’EREA de Flavigny sur Moselle, maintenant étudiants, tous en situation de handicap, nous ont présenté un court-métrage qu’ils ont réalisé et qui s’intitule « Le nouveau est-il une bonne nouvelle ? ». Dans ce film, aux côtés un peu impertinent, c’est un jeune valide qui arrive dans une classe où tous les élèves sont handicapés. Ces derniers se demandent alors comment intégrer le nouvel élève. Jocelin, l’un des acteurs du film nous disait que « ce court –métrage posait la problématique de l’intégration scolaire et obligeait les personne valides à se poser la question de leur comportement vis-à-vis du handicap et avec l’autre, au non respect qu’il peut avoir, à l’intrusion, au regard, à la méfiance, à la crainte. On a eu les mêmes réflexions qu’un élève valide. On a eu la même peur, la même crainte, la même angoisse, la même incertitude, la même bêtise et ça l’oblige à réfléchir. ». Inverser le regard pour mieux le changer… et le tout avec humour, qui peut dédramatiser le handicap. Comme le disait Virgile, un autre acteur de ce film, « Avec l’humour, on ira loin ! ».

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Crédit photos : Luc PETITDEMANGE De l’humour, Charlotte n’en n’est pas dépourvue. Cette jeune parisienne d’une vingtaine d’années qui se déplace en fauteuil roulant électrique, est venue témoigner de toutes les galères qu’elle peut vivre au quotidien et qu’elle partage d’ailleurs sur blog wheelcome. Tous les jours, elle est confrontée à des situations absurdes qu’elle a voulu partagées avec légèreté et humour, car dit-elle, « son handicap n’est pas un fardeau il crée des comiques de situation ». Exemple : Lorsque, en entrant au Zénith de Paris pour assister à un concert, le videur lui demande si elle compte rester toute la soirée dans son fauteuil, elle lui répond : « Laisse-moi réfléchir… T’as raison ! Ce soir pas de fauteuil ! Soyons fous ! » . Charlotte a quitté son travail il y a trois mois pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Elle en profite pour nous partager quelques anecdotes croustillantes : « L’autre jour je voulais avoir des informations à la banque sur les offres pour les professionnels. Bon déjà, trouver une banque sans marches là où j’habite, ça réduit les options de 85%. Je me suis pointée comme une fleur au premier des deux seuls guichets qui me restaient :« Bonjour Madame, je voudrais avoir des informations sur les offres pour les professionnels s’il vous plait ». « Réponse : Vous voulez dire pour les particuliers ? Non ?. Euh non. Les PROFESSIONNELS. Je sais, c’est surprenant mais tu vas t’habituer. »

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Crédit photos : Luc PETITDEMANGE Après une matinée déjà très riche, une bonne partie de l’après midi est consacrée à des témoignages. C’est Pascal DUQUENNE, acteur (révélé par le film le 8ème jour), comédien, danseur, bref bourré de talents accompagné par sa maman, qui nous raconte son parcours, ses joies, ses peines et son combat pour acquérir l’autonomie qu’il a aujourd’hui.

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Crédit photos : Luc PETITDEMANGE Puis c’est au tour de Vincent FERRY et de Jean Baptiste HIBON de rentrer dans l’aréne. Vincent, c’est un peu « L’Intouchable lorrain ». En effet, il y a 6 ans, ce PDG de l’entreprise « Clair de Lorraine » est victime d’un accident de moto qui le laisse tétraplégique. Encore un exemple qui nous montre que le handicap nous concerne tous ! Vincent, aidé par son épouse, sa famille, ses proches et surtout grâce à une volonté et une ténacité hors paires décide de rester à la tête de son entreprise. Il dit à ses salariés « vous serez mes bras et mes jambes ». Là encore, Vincent nous rappelle une nouvelle fois un des 7 piliers de la fragilité : « Tout seul on est triste, tout seul on ne peut rien faire, tout seul on s’ennuie et c’est là une des grandes richesses du handicap c’est que ça vous rappelle vraiment à l’ordre que vous avez tout le temps besoin de quelqu’un ». A ceux qui lui disent que dans son malheur, il a eu de la chance, il était chef d’entreprise et qu’il n’était pas seul, il répond : « Prends ma place et tu verras si j’ai de la chance, en fait c’est une notion de mental et il faut avoir l’envie de se battre. Dans la vie, il y a des valides qui ont envie de se battre et qui font des choses extraordinaires et il y a qui sont complétement délaissés, qui sont dans la rue, qui n’ont plus envie de se battre et bien dans le mondes des handicapés, il y a ceux qui ont envie de se battre et ceux qui n’ont pas envie de se battre, c’est exactement pareil ». Quant à Jean Baptiste HIBON, conférencier, psychosociologue, handicapé suite à un problème à la naissance, il nous redit que « L’erreur, c’est le handicap et pas la personne qui le porte ». Si le handicap dérange, c’est qu’il interpelle…

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Crédit photos : Luc PETITDEMANGE Ce temps de témoignage se termine par une table ronde sur le thème « vivre le handicap au quotidien » où nous retrouvons toute une diversité d’intervenants, accompagnant et accompagnés : personnes en situation de handicap et leurs parents, éducateur spécialisé, kiné, psychomotricien mais également une bénévole à l’Arche de Jean Vanier. Tout ce petit monde nous livre leur expérience personnelle haute en couleur et parfois riche en émotion.

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Crédit photos : Luc PETITDEMANGE A partir de 17h, c’est l’ouverture du temps des stands où chacune et chacun des participants peut rencontrer une vingtaine d’association, de services ou de mouvement qui œuvrent au quotidien auprès de personnes en situation de handicap. On peut même apprendre quelques rudiments de langue des signes et s’essayer à la boccia, qui s’apparente à de la pétanque handisport.

En début de soirée, nous proposons à tous ceux qui le veulent d’oser une autre rencontre, une rencontre avec l’Autre... le tout Autre, à travers un temps de la Parole.

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Crédit photos : Luc PETITDEMANGE Merci aux membres de Foi et Lumière pour leur mise en scène de la première lettre de St Paul apôtre aux Corinthiens, qui est pour nous les chrétiens, un véritable hymne à l’Amour et qui pour l’occasion a pris une toute autre dimension. Dans ces moments-là, les paroles de l’Evangile de St Matthieu prennent tout leur sens : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l'as voulu ainsi dans ta bonté. »

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Crédit photos : Luc PETITDEMANGE Merci également à Pierre HENRY, diacre, lui-même en situation de handicap, qui nous a invité à oser à nous engager sur les chemins de vraie Rencontre, à l’image de Jésus, cet homme qui allait au-delà des différences. Après cette journée si riche, place à la fête ! C’est en musique et autour d’un mime participatif « assez déjanté » et totalement improvisé que ce rassemblement touche à sa fin. Je voudrais terminer mon propos avec ces extraits tirés du livre « Tous Intouchables ? » coécrit par Philippe POZZO DI BORGO, Jean VANIER et Laurent de Cherisey qui résument le message de cette journée : « Nous affirmons que les personnes en situation de handicap, toutes les personnes en dehors des normes de la société, peuvent devenir des messagers d'un monde nouveau où la tyrannie de la performance s'efface devant la force et l'évidence de notre humanité commune. […] Tous ceux qui souffrent d’une fragilité, d’un handicap quel qu’il soit, ne sont pas uniquement à accueillir au sein de notre société. A rebours de toutes nos représentations A rebours de toutes nos représentations ordinaires, ils sont eux-mêmes des acteurs essentiels à "notre vie ensemble". Il ne s'agit pas là de leur seule dignité, mais de celle de chacun d'entre nous." Ainsi pouvons-nous affirmer "que les personnes en situation de handicap, toutes les personnes en dehors des normes de la société, peuvent devenir des messagers d'un monde nouveau où la tyrannie de la performance s'efface devant la force et l'évidence de notre humanité commune."

Christophe DE GOLMARD

A voir : l'émission rencontre faite par Vosges télévision sur le rassemblement : cliqué sur le lien : http://www.vosgestelevision.tv/societe/rencontres .

Et puis allez visiter le site : http://www.quhanditvous2014.fr/ , vous y trouverez toutes les photos, les articles du rassemblement.

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Publié le 24/02/2016 par Ruth.