Aller au contenu principal

POUR L'ESPERANCE

Être chrétien ne va plus de soi Les Regards portés sur l’Église diocésaine ont livré un constat de fragilité et de vitalité. Vitalité dont témoignent le renouvellement des paroisses, la disponibilité des adultes et des jeunes qui cherchent à (mieux) connaître le Christ et sa Parole, leur dynamisme pour se rassembler en des temps forts qui font grandir leur foi, leur capacité à s’engager au service des autres, proches ou lointains. Fragilité de nos communautés chrétiennes : les statistiques nous le rappellent ; chaque disparition de prêtre interpelle notre foi. L’évolution de notre société fait apparaître que notre foi est fragile. Jadis la foi des baptisés était encadrée dans une Église fortement structurée. Être chrétien allait de soi : on l’entend encore parfois « Nous, on est croyants, j’ai fait baptiser mes enfants, ma grand-mère s’occupait de l’église… ». Maintenant croire n’est plus automatique.

Être chrétien, c’est quoi ? Nous voici renvoyés à l’essentiel : qu’est-ce qui définit le chrétien ? Chacun doit vérifier l’authenticité de sa foi, de sa rencontre avec le Christ, de son appartenance concrète à une communauté de croyants et de l’engagement qui s’ensuit. Les premiers chrétiens étaient une poignée. Leur tentation de s’enfermer dans le Cénacle « par peur des juifs » a été balayée à la Pentecôte. Dieu leur a fait confiance, même s’ils avaient renié et abandonné Jésus à la Passion. L’Esprit Saint les a soutenus dans leur mission d’annoncer le Christ Ressuscité. Ils ont répondu à l’appel de Dieu qui comblait leur vie et les envoyait en mission. Ils se recevaient les uns les autres comme des frères, membres du même Corps du Christ, ce qui n’allait pas toujours de soi, d’ailleurs… Ce qui fait une communauté chrétienne, c’est pour ses membres, de se savoir appelés par un Dieu qui aime chacun et l’appelle à devenir son enfant, de vivre avec le Christ qui nous envoie tous… Communauté habitée par le Christ et son message, communauté envoyée porter l’Évangile vers ceux qui ne l’ont pas encore entendu.

Acteurs de l’Évangile pour l’espérance des hommes Tous membres du Christ, nous avons à nourrir notre relation au Christ Jésus par notre vie de prière et les sacrements. Et à préparer la venue du Royaume par notre engagement au service des hommes et notre participation à la vie de notre Église. Les prêtres sont là pour animer les chrétiens, qu’ensemble ils montrent comment aujourd’hui l’Évangile fait vivre et invite au Royaume de Dieu. Hier, les prêtres assumaient par eux-mêmes beaucoup des tâches de la communauté : aujourd’hui, notre rôle pastoral est d’abord de seervir la communion : les prêtres sont à la fois « sacrements » de l’Autre qu’est le Christ et les « signes » des autres en qui le Christ veut être reconnu (Matthieu 25, ver. 31 et suivants). Comme évêque, je veux redire mon estime pour mes confrères dans la diversité de leurs charismes et de leurs tempéraments. Ils se donnent sans compter, parfois au-delà du raisonnable ! J’admire aussi ceux qui acceptent de se dessaisir de leur charge, le moment venu, pour une mission nouvelle, dans la disponibilité aux confrères et dans la prière. Il faut rappeler que les diacres ne sont pas chargés d’abord d’animer la communauté, mais de rappeler à tous que le chrétien doit marcher à la suite du Christ-Serviteur (V.D. du 24/01/08). La prochaine rencontre fraternelle du mardi saint permettra aux prêtres et aux diacres de ressaisir l’importance de notre mission. Et c’est l’espérance qui peut soutenir un renouveau de l’appel à toutes les vocations.

Pour l’espérance du monde Présente au monde, notre Église doit inlassablement servir l’espérance des hommes. Les chrétiens sont présents et rappellent l’enjeu du Royaume de Dieu, sur les chantiers où la société se construit : ainsi, les Municipales. Mais aussi la solidarité avec les plus pauvres, que le CCFD, parmi d’autres, nous rappelle. Également, la sauvegarde de la création, et bien sûr le respect de la vie humaine dès ses premiers instants et jusqu’au dernier souffle : on en reparlera au moment de la révision des lois françaises sur la bioéthique. Notre Église ne peut oublier ces enjeux de notre monde. Après le temps des Regards (Avent) et de l’Écoute des premiers chrétiens (Carême), viendra pour les chrétiens des Vosges le moment de prendre la Parole (après Pâques) pour dire où sont, à leurs yeux, les priorités de l’Évangile. Nous avons encore du pain sur la planche ! Mais nous ne sommes pas seuls. Que l’Esprit-Saint accompagne notre conversion, et comme pour l’aveugle-né du 4ème dimanche de Carême, qu’il ouvre les yeux de notre foi et emplisse notre cœur de sa joie.

Monseigneur Jean-Paul MATHIEU

Étiquettes
Publié le 29/02/2008 par .