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Méditation - Dimanche des Rameaux et de la Passion

La Passion de Jésus-Christ selon Saint Matthieu 26- 27

(Lecture brève)

Es-tu le roi des Juifs ?

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L. On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l'interrogea :
A. « Es-tu le roi des Juifs? »
L. Jésus déclara :
+ « C'est toi qui le dis. »
L. Mais, tandis que les chefs des prêtres et les anciens l'accusaient, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit :
A, « Tu n'entends pas tous les témoignages portés contre toi ? »
L. Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur était très étonné. Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas. La foule s'étant donc rassemblée, Pilate leur dit :
A. « Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou Jésus qu'on appelle le Messie ? »
L. Il savait en effet que c'était par jalousie qu'on l'avait livré. Tandis qu'il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire :
A. « Ne te mêle pas de l'affaire de ce juste, car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. »
L. Les chefs des prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus. Le gouverneur reprit :
A. « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? »
L. Ils répondirent :
F. «Barabbas! »
L. Il reprit :
A. «Que ferai-je donc de Jésus, celui qu'on appelle le Messie ? »
L. Ils répondirent tous :
F. « Qu'on le crucifie ! »
L. Il poursuivit :
A. « Quel mal a-t-il donc fait? »
L. Ils criaient encore plus fort :
F. « Qu'on le crucifie! »
L. Pilate vit que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le désordre; alors il prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, en disant
A. « Je ne suis pas responsable du sang de cet homme cela vous regarde !»
L. Tout le peuple répondit
F. « Son sang, qu'il soit sur nous et sur nos enfants ! »
L. Il leur relâcha donc Barabbas; quant à Jésus, il le fit flageller et le leur livra pour qu'il soit crucifié.

Salut, roi des juifs

L. Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans le prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la garde. Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d'un manteau rouge. L. Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête ; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s'agenouillaient en lui disant :
F. « Salut, roi des Juifs ! »
L. Et, crachant sur lui, ils prirent le roseau et ils le frappaient à la tête. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier.

On crucifie avec lui deux bandits

L. En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix. Arrivés à l'endroit appelé Golgotha, c'est-à-dire Lieu-du-Crâne ou Calvaire, ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel ; il en goûta, mais ne voulut pas boire. Après l'avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ; et ils restaient là, assis, à le garder. Au-dessus de sa tête on inscrivit le motif de sa condamnation : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. » En même temps, on crucifie avec lui deux bandits, l'un à droite et l'autre à gauche. Les passants l'injuriaient en hochant la tête :

Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix

F. « Toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! »
L. De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens :
A « II en a sauvé d'autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! C'est le roi d'Israël : qu'il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui ! Il a mis sa confiance en Dieu : que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime ! car il a dit : 'Je suis Fils de Dieu'. »
L. Les bandits crucifiés avec lui l'insultaient de la même manière.

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?

A partir de midi, l'obscurité se fit sur toute la terre jusqu'à trois heures. Vers trois heures, Jésus cria d'une voix forte :
+ « Eli, Eli, lama sabactani ? »,
L. ce qui veut dire : + « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » _ L. Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l'entendant :
F. « Le voilà qui appelle le prophète Élie ! »
L. Aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge qu'il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d'un roseau pour lui donner à boire. Les autres dirent :
F. «Attends! nous verrons bien si Élie va venir le sauver. »
L. Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l'esprit.

Ici on fléchit le genou et on s'arrête un instant

L. Et voici que le rideau du Temple se déchira en deux, du haut en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s'ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens. A la vue du tremblement de terre et de tous ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d'une grande frayeur et dirent :
A. « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu! »


La messe de la Passion, précédée de la liturgie des Rameaux, à quoi nous ouvre-t-elle l'oreille ? Qu'est-il donc si difficile d'entendre ? À l'écoute de ces textes fondamentaux de la foi chrétienne, il importe de se laisser instruire à nouveau, de garder confiance dans l’inouï de ce que l’Écriture nous révèle aujourd'hui au sujet du Christ, des hommes et des signes que l'évangéliste met en lumière pour manifester déjà leur salut.
Contemplons le Christ : juché sur une ânesse, il accepte d'être le signe d'une royauté mal comprise, les honneurs semblent glisser sur lui ; il est bien prophète de Nazareth comme le crie la foule, mais celle-ci ne sait pas encore le sens de ce qu'elle proclame. Le Christ accepte de faire l'objet d'une célébration qui ne sait pas encore qu'elle célèbre le Fils de Dieu. Or, cette filiation qui paraît blasphématoire à certains se manifeste avec constance depuis la Cène jusqu'au jardin des Oliviers, devant Caïphe ou encore dans ses derniers mots sur la croix : en toute circonstance, le Christ renvoie à son Père ou le prie. Même lorsqu'il dit l'abandon du père,il s'adresse à lui.

Cette assurance de ce lien au Père fait du Christ un homme libre et vrai. Libre dans son don de lui-même, vrai dans son rapport à ceux qui l'entourent : à Judas, il dit sa traîtrise, aux disciples qui peinent à prier, leur faiblesse, et aux puissants il oppose son silence.
Mais le Christ est signe de contradiction, l'évangéliste jette une lumière sur ce qui permet de les surmonter. Il n'est pas jusqu'aux insultes qui ne laissent entrevoir la voie du salut : "Il a mis sa confiance en Dieu que Dieu le délivre maintenant ! (évangile) Dans le blasphème lui-même se dit un écho de la confiance insondable du Christ en son Père. En ironisant sur la confiance filiale du Christ, c'est alors qu'ils la proclament ! D'autre part, des yeux s'ouvrent, comme ceux du centurion au pied de la croix ; des fidélités demeurent : celles de Marie Madeleine, de Marie, de Joseph d'Arimathie, qui, courageusement, prend soin du corps du crucifié et le dépose dans son propre tombeau.
Enfin, l'évangéliste multiplie les signes qui nous permettent de lire l'événement comme le fondement de notre espérance : en multipliant les références aux prophéties de l'Ancien Testament, il souligne que le don que le Christ fait de sa vie accomplit une promesse. Il libère de la mort en la souffrant, de la haine et de l'humiliation en les endurant. La Semaine sainte est le moment favorable pour nous laisser transformer, et libérer, nous aussi, des multiples formes du péché qui obscurcissent notre relation à Dieu le Père,et donc à tout homme dans la détresse. La méditation de la Passion nous instruit pour que nous sachions à notre tour "réconforter celui qui n'en peut plus" (première lecture).

Publié le 15/02/2011 par Jean Pierre Grivel.