Homélie du jour de Pâques : 24 avril 2011
L'épreuve de la croix les avait tous bouleversés. En l'espace d'une journée, tout avait basculé. La haine et la violence avaient déferlé sur Lui. Et que penser de cette mort tragique, sanglante, de cet assassinat ! Lui, le Fils de Dieu, mis à mort...
Marie Madeleine en se rendant au tombeau revoyait certainement dans les moindres détails le déroulement de cette terrible journée ! Soudain, c'est le choc. La pierre du tombeau a été enlevée. Elle conclut qu'on a enlevé le Seigneur et on ne sait pas où on l'a mis.
Elle court dire tout cela à Pierre et à Jean qui, quelque temps après, feront eux aussi le même constat : le tombeau est vide. Face à l'absence du cadavre, Pierre reste sans réaction. Jean qui entre ensuite voit le vide comme Pierre, mais il a une autre vision, celle de l’Écriture qui le fait croire. Il se rappelle sans doute que Jésus avait annoncé sa mort et sa résurrection.
Les signes de la pierre roulée, des linges et du suaire ne suffiront pas pour autant aux autres apôtres et aux disciples de croire à la résurrection. Il faudra , on le sait, de nombreuses apparitions pour conforter leur foi. Les expériences les plus concrètes du Ressuscité seront celles faites par Marie Madeleine, les disciples d'Emmaüs, par Thomas, l'incrédule, et par les apôtres qui mangeront et boiront avec Jésus.
Sur le chemin de Damas, quelques années plus tard, Jésus se révélera à Saul, le persécuteur des chrétiens et fera de lui l'apôtre Paul annonçant aux païens la Résurrection du Christ et fondant les premières communautés chrétiennes.
La résurrection du Christ est donc un événement historique qui repose sur des témoignages, certes limités, mais crédibles. "Jésus, Dieu l'a ressuscité, nous en sommes tous témoins", dira l'apôtre Pierre. Le témoignage de ce que les apôtres ont vu ira jusqu'à la mort. "Je crois des témoins qui se font égorger" (Blaise Pascal).
La résurrection n'est pas seulement un fait passé. La résurrection c'est aussi proclamer que Jésus est toujours vivant et agissant dans le monde.
"Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps". "Quand deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux."
Un monde nouveau est commencé depuis Pâques : la mort et le péché sont vaincus. Une immense espérance traverse dorénavant l'humanité . Nous ne sommes pas appelés à disparaître, nous avons un avenir, celui de Dieu. Dieu , le grand vainqueur de la finale de l'histoire.
La résurrection est aussi pour chacun de nous.
Une vie nouvelle commence, car le passé est mort. Nos péchés sont fixés sur la croix de Jésus. L'homme ancien est mort. L'homme nouveau est né. Baptisés au nom du Père, du Fils et de l'Esprit, nous sommes le Temple de Dieu, le pierres vivantes de l'édifice spirituel qu'est l’Église, les membres du Corps dont la tête est le Christ. Ressuscités en puissance, nous sommes déjà là où est le Christ, près du Père. "Nous sommes morts avec le Christ et notre vie reste cachée avec lui en Dieu." (Col)
La mort physique devient sommeil dans l'attente de la résurrection finale et du jugement dernier.
C'est maintenant l'heure du salut. La figure de ce monde passe. "Recherchons les réalités d'en haut" : les valeurs, les choix qui construisent le Royaume et le rejet des fausses valeurs du monde appelées à disparaître.
Telle est désormais ma feuille de route :
- La prière quotidienne qui se nourrit des textes de la Bible, nourriture de base du chrétien.
- La priorité donnée aux sacrements de Réconciliation et de l'Eucharistie : retrouver , si je l'ai abandonnée, la pratique dominicale : le dimanche étant le Jour du Seigneur.
- M'interroger souvent : : ai-je une tête de ressuscité ? est-ce que je témoigne de Jésus-Christ là où je vis, en famille, dans ma profession, dans le quartier ?
Si je vis vraiment du Christ, en me voyant agir, beaucoup se diront : "Il y a en lui quelqu'un qui est vivant et qui l'anime."
“Daniel Voinson”