Selon la manière dont nous pensons la mission, c'est tout un sens de l'Évangile, un sens de la foi, un sens du mystère de Dieu qui est impliquée.
Premier défi :
Nous sommes aujourd'hui entre deux formes de pensée de la mission :
- La mission pensée à partir du partage que quelqu'un peut faire de la perle précieuse qu'il a découverte. C'est un partage entre amis, c'est un partage qui se fait à partir d'une relation vivante avec Jésus-Christ...
"Si de nos jours le christianisme n'est plus vu comme une source de joie, c'est parce qu'il est perçu comme quelque chose d'institutionnel, et non comme une rencontre personnelle avec le Christ... Si le christianisme n'est pas une rencontre, il apparaît comme une vieille tradition, marqué par de vieux commandements, quelque chose que nous connaissons déjà et qui ne dit plus rien de nouveau. Il est décisif d'arriver à ce point fondamental d'une rencontre personnelle avec Dieu, présent aujourd'hui encore et contemporain." (Benoît XVI)
- La mission pensée à partir de l'Église déjà là, bien installée, pensée à partir de cette installation. Une Église qui joue son rôle plus au niveau du culturel et du politique qu'au niveau d'un témoignage de foi. C'est une Église qui a vécu la mission dans un contexte de domination et de colonisation et qui a gardé une attitude du plus grand vers le plus petit...
Deuxième défi :
Nous avons appris à penser la mission à partir d'un langage spatial, territorial: des territoires de mission, mission pensée en terme géographique (déplacement d'un lieu à un autre).
Mais la mission est de partout à partout, elle est de toujours. Elle est inspiratrice d'un sens profond de la vie, et se dit en termes symboliques.
Troisième défi :
La Mission de l'Église ne peut être tournée sur elle-même "renforcer notre club, augmenter la surface de notre boutique, installer de nouvelles succursales". Au cœur de la Mission il y a la passion de Dieu pour l'homme, afin qu'il vive heureux, il y a la passion de Jésus qui s'est identifié à la passion de Dieu pour sa créature.
Une Église tournée vers elle-même, arrogante, et qui parle de mission, ne peut que rebuter ceux qui sont dehors. Une Église qui s'organise autour du confort de ceux qui sont dedans détruit de l'intérieur toute dynamique missionnaire, fondée sur le partage de la foi, la guérison des aveugles et des sourds.
Quatrième défi :
La rencontre des traditions culturelles et religieuses ouvre un nouveau défi.. Deux attitudes extrêmes: le relativisme généralisé (chacun dans sa propre religion) et un ecclésiocentrisme (que tous nous rejoignent). Entre les deux coexistent toutes les attitudes. Le facteur religieux est important pour notre planète et son avenir. Qu'y devient la Mission, le partage de la Foi ?
Cinquième défi :
Celui de l'approfondissement de la conscience ecclésiale des chrétiens: nous ne sommes pas des adhérents à un programme qui se réalise au-dessus de nos têtes. Nous sommes appelés à participer à un Église qui se fait ici et maintenant, localement par son accueil du mystère pascal. L'universalité de l'Église est une universalité de contenu (c'est le mystère pascal qui crée cette universalité) et non pas d'organisation. Le Pape se voit lui-même comme le serviteur de la communion...
d'après Jan Dumon Mission d'Église n°159