Dans les nombreux récits de visite qu’il nous est donné de recueillir, beaucoup se demandent, en relisant leur vie, « Ai-je aimé ? ».
— Si aimer c’est dire « j’ai besoin de toi », beaucoup apprennent aussi à aimer au coeur de la fragilité.
Comment vas-tu quand quelqu’un se met à ton écoute ?
Après les « pourquoi ? » en un mot, viennent les « pour quoi ? », en deux mots.
Après les défis incessants de perfection de notre société, viennent les « Je ne peux plus “assurer” »
Pendant les moments de séparations douloureux, de solitude, certains découvrent l’accompagnement de leurs voisins, d’autres personnes fragiles, dont ils n’auraient jamais soupçonné la sollicitude...
Et ainsi, certaines personnes témoignent qu’elles se sentent pleinement vivantes au coeur de ces situations de faiblesse : elles y acceptent l’abandon à la fragilité, elles acceptent de recevoir l’aide des autres, s’étonnent de l’interdépendance, elles se découvrent capables de se réjouir de la réussite des autres, se sentent utiles de permettre aux autres de donner, elles y découvrent que l’être humain ne se réduit pas à ce qu’il voit de lui-même, elles y confirment le besoin de se rassembler, de prier, voire d’implorer les Saints, elles réexpérimentent la vie comme un don, plein s’il est partagé, et nous communiquent cette joie infinie de l’homme... relevé...
N’est-ce pas là apprendre à se laisser aimer, par Dieu, par ses frères, comme dans l’Évangile ?
Raphaelle Claudel, Déléguée diocésaine à la Pastorale de la Santé. (Diocèse de St Dié)