Franche comme la terre qui l’a vue naître parmi une grande fratrie de 10 enfants, Roselyne Vançon n’ignore rien du sens du partage. De ses ancêtres, de ses parents, agriculteurs, elle a conservé la sagesse et la modestie de ceux qui se lèvent le matin en lorgnant plus vers les couleurs du ciel que vers le miroir du besoin de paraître.
Son engagement au sein d’Amitiés Chrétiennes va vers ceux que l’on désigne différents. “C’est d’eux tous qu’il faut parler, c’est eux qui ont tous les mérites !”
Son regard se teinte d’une profonde tendresse lorsqu’elle évoque Jean-Marie, son frère handicapé, décédé à 50 ans. Chaque être humain est unique, pourtant Roselyne sait bien en son cœur qu’elle retrouve toujours un peu Jean-Marie en ceux avec qui elle passe du temps. “J’ai beaucoup de chance, car sans la compréhension de Daniel, mon mari, il est bien évident que je n’aurais pas été en mesure de m’investir autant, si je fais quelque chose il a aussi sa part !”
Couturière retraitée, Mme Vançon va vers les autres. Trente ans de catéchèse pour les 9 à 12 ans à l’Institut médico-pédagogique, Roselyne a également trouvé bien des satisfactions à La Feuillée. S’occuper d’un groupe en paroisse et animer des moments d’aumônerie mobilise. Des formations ont intéressé Mme Vançon appelée à devenir permanente au service diocésain.
En 1994, une lettre de mission est arrivée avec pour ordre de promouvoir la catéchèse dans les établissements spécialisés des Vosges “Connaître et créer des groupes de caté, on ne fait rien tout seul, j’ai rencontré des gens extraordinaires” confie-t-elle.
Soutenir les équipes, la pédagogie, les rencontres... dans la région, mais aussi en France, la tache ne manque pas. C’est tout naturellement que Roselyne Vançon s’est rapprochée du groupe Rencontres Amitiés Chrétiennes de Saint-Amé. Il en existe deux sur le département, l’autre évolue à Épinal.
Depuis plus de 20 ans, une quinzaine d’adultes, porteurs d’un handicap mental participent aux Rencontres. Tous ayant été catéchisés dans leur enfance. Employés du CAT de Saint-Amé, ces hommes, ces femmes vivent au foyer Tremplin géré par l’ADAPEI. D’autres restent chez leurs parents. Portés par l’espoir, ils attendent du travail. “C’est un vrai bonheur de vivre quelque chose avec eux ! Mais attention, on a intérêt à être authentique ! Car, si l’on vient là pour la frime, ils le sentent tout de suite !”
Avides de rencontres vraies
Les rencontres s’effectuent mensuellement les samedis après-midi et autour d’une équipe qui évolue au fil des ans. Mme Vançon ne veut jamais se mettre sur le devant de la scène. Il y a eu Louis, Agnès, Yvonne, le Père Bexon, ensuite Roselyne, Madeleine, Annette, Bernadette, Monique... “Nous sommes toujours impressionnés par la volonté de bien vivre de ces adultes avides de rencontres vraies...”
Le partage des nouvelles du mois où les joies et peines de chacun sont prises en compte. Tous ont la parole. Roselyne est admirative. “Ils s’écoutent et montrent un immense respect, les uns des autres !” On rit beaucoup, on pleure aussi quelquefois.Toutes les dimensions sociales, familiales, professionnelles, sportives ou spirituelles se développent au fil de deux heures qui passent bien vite. L’équipe aborde ensuite le texte de l’Évangile du prochain dimanche. “Avec l’aide du livre, La Parole parmi nous, d’Anne-Marie Aitken, nous mâchons la Parole de Dieu...” Le mime, le chant, le dessin, le silence, les prières... se révèlent des instruments précieux.
Un goûter et voilà l’heure de se séparer qui sonne déjà. Mais, avec à l’esprit des souvenirs forts, comme ceux du week-end passé ensemble, dans la joie, à Ramonchamp. Une animation symbolisait alors le Semeur de l’Évangile. “Nos amis ont compris qu’il ne fallait pas s’arrêter aux multiples obstacles de la vie, mais toujours repartir d’un bon pied. À leur exemple, semons la Bonne Nouvelle ! Semons avec largesse !”
Josée Tomasi-Houillon
Cet article a été publié dans le magazine « Eglise dans les Vosges ». En vous abonnant , vous soutenez l’information et le dialogue dans le diocèse.