Comment vivre ensemble dans un monde en mutation ? Trois dirigeants membres du MCC (Mouvement des cadres chrétiens) témoignent de leur expérience. Tonique.
Légende
Soirée revigorante à la maison diocésaine. La salle est souriante et bien garnie. Christophe Chevardé anime avec bonhomie et vivacité les débats. C'est que les messagers ont du lourd à transmettre.
Cela tombe bien, car Bernard Michel, le responsable vosgien du MCC, veut promouvoir des exemples qui marchent. Qui montrent « qu'il faut bouger et s'engager pour donner à espérer. » Une ambition affichée par le MCC – 50 adhérents et six équipes dans les Vosges, 5000 membres et 600 équipes en France. A la lumière de la foi, le mouvement entend favoriser un éclairage d'espérance.Cher accent vosgien
« Cette foi, elle se vit dans mon métier, mes actes et relations au quotidien », témoigne Daniel Colin, directeur de EA Entreprises à Dinozé. EA comme Entreprise Adaptée. Depuis dix ans, cet ancien ingénieur du privé a fait un choix : se consacrer à une économie solidaire, au service de l'homme et des personnes en situation de handicap. Près d'Epinal, 102 salariés ont retrouvé un emploi qui leur rend confiance et estime d'eux-mêmes en même temps qu'un savoir-faire. Les nouveaux sont accueillis avec bienveillance, traités avec un souci d'écoute, formés à un métier qui les épanouit. Une aide de l'Etat compense le manque de productivité. Cependant, dans un contexte difficile, l'entreprise est tenue de développer son autonomie financière : « Notre objectif, c'est de nous assurer la moitié de nos ressources », souligne le directeur. But atteint avec la reconversion dans la téléphonie il y a trois ans : « l'accent vosgien se vend bien chez nos clients ! »
Credo dans l'entreprise
_ De même, Xavier Grandjean, PDG de la SAS VT2i, se réjouit d'avoir relevé un défi : sauver 85 emplois sur l'ancien site TRW à Ramonchamp. Une formidable aventure humaine, avec un démarrage réussi, grâce à une symbiose entre salariés et cadres. L'entreprise multiplie les succès : 100 % de pièces automobiles livrées à temps, niveau de qualité frôlant le zéro défaut, conquête d'une pléiade de certifications et bons résultats financiers : « je crois en l'avenir de l'entreprise en France ! ».L'avenir, il est incarné aussi par Jérôme Bouchez, ingénieur chez Pavatex, jeune entreprise de Golbey qui fabrique des panneaux isolants à base de fibre de bois. Un produit innovant, mariant l'industrie et l'écologie, et hautement performant : « L'entreprise, qui emploie 49 personnes à la production, est faite pour monter en gamme, dit Jérôme. Elle me rend heureux : grâce à elle, je parle anglais, allemand, je voyage beaucoup à l'étranger : c'est épanouissant. » Mutation rime avec innovation : le salut passe par l'ouverture et le mouvement. « Lors de ma visite pastorales de Thiéfosse à Saulxures, observe Mg Jean-Paul Mathieu, je rencontre des gens pleins d'initiative qui poussent des hommes et des femmes à se battre pour l'emploi ».
Jean-Paul VANNSON