Le pèlerinage au sens spirituel a débuté par un passage à la Grotte, afin de préparer nos cœurs et centrer notre démarche de foi autour de ce lieu saint, où la Sainte Vierge est apparue 18 fois à Bernadette. S’en est suivie la messe d’ouverture, présidée par notre Évêque. Cette année, la prédication était assurée par l’Abbé Gérard Thomas, axée bien entendu sur le thème pastoral proposé par les Sanctuaires. Nous avons eu tout au long des cérémonies propres à notre Diocèse des homélies très enrichissantes sur le Signe de la Croix et sur la Sainte Croix, Croix douloureuse, instrument du supplice, mais aussi Croix Glorieuse, signe de notre salut, qui précède la résurrection. Cette première journée, comme toutes les autres durant la semaine, s’achève avec un temps de prière, à l’Accueil Notre-Dame, avec les personnes malades et les hospitaliers qui le souhaitent. Les pèlerins valides pouvaient suivre des temps d’échange avec l’abbé Thomas à 18h, dans une petite salle qui leur était réservée.
Cette année, nous n’avons pas eu de messe dans la Grotte même, car nous avons partagé cette célébration avec le diocèse de Bordeaux. Nous aurions été trop nombreux pour pouvoir tous entrer dans l’espace prévu devant la Grotte, la messe a donc eu lieu au Podium de la Prairie, juste en face de la Grotte, de l’autre côté du Gave. Notre rôle d’hospitalier est, entre autres, de convoyer les personnes malades jusqu’au lieu des cérémonies, et de les accompagner à tout au long de la journée : au lever comme au coucher, pour les repas, et de les aider dans leurs difficultés.
L’après-midi, un certain nombre de malades et d’hospitaliers se sont rendus aux piscines, afin de répondre aux demandes de la Sainte Vierge : « Allez boire à la fontaine, et vous y laver ». C’est une démarche de foi, personnelle, que chacun est libre d’accomplir s’il s’y sent prêt et invité. Nul besoin de « maillot de bain », comme on l’entend trop souvent, les piscines en question se présentent comme des sortes de baignoires, dans lesquelles des hospitaliers de Lourdes ou de diocèses, baignent les pèlerins enveloppés dans un pagne ou un drap épais, en les plongeant jusqu’aux épaules, l’espace de quelques secondes. Pas besoin de s’essuyer, on sèche très rapidement ! Les piscines sont une expérience unique, qui peut difficilement se raconter, puisque chacun vit cela avec sa propre expérience, sa propre sensibilité.
Autre temps fort de l’après-midi, la Procession Eucharistique. Il ne faut pas oublier que même à Lourdes, le Christ vraiment présent dans l’Eucharistie, doit rester au centre de notre foi et de nos prières. La procession s’avance, les pèlerins malades en tête, accompagnés d’hospitaliers, et suivis par les personnes valides. Le très Saint Sacrement, porté par l’Évêque espagnol choisi ce jour-là pour présider la cérémonie entouré des évêques, prêtres et des diacres présents, ferme le cortège, qui s’étire du podium jusqu’à la basilique souterraine St Pie X. Un temps de louange, pendant la procession, se poursuit par un temps d’adoration, lorsque tout le monde est arrivé dans la basilique. La cérémonie se termine par la bénédiction des malades par le Saint Sacrement, moment très intense, où chacun peut sentir la présence du Christ à ses côtés et se laisser envahir de sa grâce. Après la bénédiction de la foule, la célébration s’achève, et nous raccompagnons les personnes malades jusqu’à l’Accueil, pour le repas, et pour les préparer à la nuit.
Le mardi matin, les pèlerins valides ont été invités à suivre le chemin de la Croix dans la montagne, malheureusement inaccessible aux personnes malades. Ces dernières suivront le nouveau chemin de Croix des malades, dans la prairie, à l’issue de la célébration pénitentielle, où chacun est invité à faire le point sur sa conscience et sa foi, et à se confesser s’il le souhaite. En cette année du Signe de la Croix, laissez-nous reprendre une citation du Saint Curé d’Ars : « Quand on va se confesser, il faut comprendre ce qu’on va faire. On peut dire qu’on va déclouer Notre-Seigneur ».
Une hospitalière a été consacrée durant la messe de l’après-midi, signe fort qui marque un engagement dans le service des personnes malades. Chaque hospitalier peut demander à faire sa consécration au bout de quatre pèlerinages. Cela signifie que l’on accepte de revenir tous les ans si possible, et de se mettre au service des autres à Lourdes, et chez soi durant l’année. Le soir, nous avons pris part à la Procession Mariale aux flambeaux, moment incontournable du pèlerinage, et probablement la procession la plus connue à travers le monde. En effet, la Sainte Vierge a demandé à ce qu’on bâtisse une chapelle,et qu’on y vienne en procession. En méditant les mystères douloureux de la vie de Jésus, un chapelet est dit en plusieurs langues pendant que la procession parcoure l’esplanade, pour arriver devant la basilique du Rosaire. Ici encore, priorité aux malades, qui prennent la tête du cortège, et sont tous rassemblés devant pour la fin de la procession, et la bénédiction épiscopale. C’est durant cette procession qu’est entonné le célèbre « Ave Maria » de Lourdes, que tout le monde connaît.
Tous les mercredi et dimanche matin se tient la Messe Internationale, à la basilique souterraine à 9h. Cette année, nous y avons pris part le mercredi. La liturgie de cette messe est assez particulière, axée sur le thème pastoral : elle est identique tout au long de l’année. Ce jour-là, c’est un évêque italien qui a présidé, les textes prévus en langue vernaculaire étaient donc en Italien, les moments clefs ont lieu soit en plusieurs langues comme les lectures, soit en latin pour l’ordinaire et le canon de la Messe. La messe internationale est réellement une occasion de se retrouver entre nations, et de s’unir fraternellement dans la prière, quelle que soit notre origine, on peut vraiment prendre conscience de ce que veut dire « Peuple de Dieu ». Les barrières s’estompent, et laissent place à l’unité.
L’après-midi, nous avons médité le chapelet préparé par notre équipe d’aumôniers dans la salle de la Forêt, puis nous avons écouté le Père-Évêque qui nous a donné des informations à propos du diocèse, surtout en terme de vocations, et sur la suite du projet diocésain proclamé à Saint-Dié l’an passé à la Pentecôte. Nous avons ensuite suivi une mini-conférence du service des vocations de Lourdes, avec les témoignages de religieuses, et d’un séminariste, futur prêtre Spiritain. Cet après-midi s’est achevé sur une note festive, autour du pot de l’amitié, avec Jurançon et brioche, et quelques membres de l’équipe des musiciens n’ont pas résisté à l’envie d’entonner quelques chants de circonstance... Durant ce temps, une médaille a été donnée aux anciens hospitaliers, qui viennent maintenant comme malade.
Le soir, une fois le service auprès des malades terminé, nous nous sommes retrouvés entre hospitaliers pour la traditionnelle veillée, à la fin de laquelle l’abbé Thomas a été mis à l’honneur, en remerciement de 41 années de services avec notre diocèse à Lourdes. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes le 14 juillet, et que ceux qui avaient encore un peu d’énergie ont pu voir le feu d’artifice, grandiose comme chaque année, surtout regardé depuis le toit de l’Accueil !
Le dernier jour arrive déjà, et ce jeudi 15 marque pour nous le début du retour dans les Vosges. Le matin, au sein de la messe d’envoi, quelques 110 personnes ont reçu le Sacrement des Malades, et l’homélie du jour était placée sous le signe de la Croix Glorieuse, qui élève et guérit les âmes, en apportant au monde le salut et la victoire sur la mort par la résurrection du Christ. Pendant ce temps, des hospitaliers et hospitalières nettoyaient les chambres à l’Accueil, car il fallait que les lieux soient propres et disponibles pour le diocèse de Montpellier, qui arrivait ce jour-là. Monseigneur Mathieu nous a ensuite envoyés en mission, chacun à notre niveau, selon nos possibilités, et nous avons été invités à ne pas laisser sans suites cette semaine ressourçante au niveau spirituel, bien qu’assez épuisante physiquement, le rythme des journées y étant très soutenu, surtout pour les hospitaliers. Mais il ne faut pas s’inquiéter ni se laisser abattre, Notre-Dame veille, et on trouve toujours l’énergie qu’il faut pour accomplir son service dans de bonnes conditions. D'autant plus que cette année nous n'avons pas souffert de la chaleur, le ciel ayant été voilé la plupart du temps. Nous n'avons pas non plus eu beaucoup de pluie, juste quelques gouttes mercredi en début de soirée. Le temps a été très clément avec nous ! Avant le départ, et comme chaque diocèse l’a déjà fait ou le fera lors de sa venue, nous avons été planter « notre » Croix au Calvaire des Bretons, où elle restera 3 années. C’est une façon de laisser à Lourdes ce qui nous préoccupe, ce que nous ne pouvons pas porter seuls.
Le train pour Épinal est parti vers 17h45, et nous sommes rentrés dans les Vosges, chacun dans sa famille, son foyer ou son établissement d’accueil, les batteries physiques certes un peu à plat, mais les batteries de l’esprit chargées à bloc ! En bref, ce fut une semaine très enrichissante, une bonne occasion de vivre sa foi, d’une manière différente de nos habitudes, mais surtout une semaine pleine d’échanges avec des personnes que la vie n’a pas toujours gâtées, et qui portent encore une lourde Croix, dans leur corps ou dans leur cœur. Une semaine intense, une expérience qu’on peut difficilement raconter, chacun vivant cela à sa manière, avec son passé, sa sensibilité. Lourdes, et on ne le dira jamais assez, ça ne se raconte pas, ça se vit ! Le prochain pèlerinage des Vosges à Lourdes aura lieu du 9 au 15 juillet 2011.
Heidi et Benoit SCHWINDEN