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Rencontre Relais-Lumière-Espérance

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« DANS LA NUIT DE LA MALADIE PSYCHIQUE ,
GARDER UNE LAMPE ALLUMEE »

Thème de la rencontre de Relais-Lumière-Espérance, à Nancy, le 11 avril 2015.
Martin Steffens, de Metz, philosophe, nous aide à filer cette métaphore, en 4 points :
1)Accueillir, 2) Aimer, 3) Comprendre, 4) Consentir

1) Accueillir :
La personne égarée cherche un point de chute, c’est à dire un endroit où elle a le droit de chuter. Et là, quelqu’un pour lui dire : « A tout moment, ce sera encore le moment de venir là ». Dans ces moments d’égarement, nous ne savons plus qui nous sommes, mais nous sommes là. Tout le monde peut un jour se perdre, Je est un Autre (Je ne sais plus qui je suis...Rimbaud), mais le Je existe au sein d’un Nous, et le plus précieux de notre humanité, c’est ce lien. Accueillir, c’est pouvoir dire « Fais comme chez toi », tout en étant capable de laisser partir, « Tu pars quand tu veux... ». Pour bien recevoir l’autre, il faut d’abord le perdre. La joie dans l’amour est douloureuse, c’est la joie d’accueillir l’autre dans son altérité.

Abraham accepte de perdre Isaac pour le recevoir à nouveau de Dieu. Recevoir l’autre nécessite une prise de distance .L’hôte est à la fois celui qui accueille et celui que j’accueille. Mais « Hostis », c’est aussi l’hostilité, l’ennemi. L’amour commence toujours quand on n’arrive plus à aimer : c’est l’Agape, il s’agit alors d’accueillir celui qu’on n’arrive plus à aimer. Cette lampe à maintenir allumée suppose donc qu’il y ait un « Chez soi ».

2) Aimer :
Le Père prodigue se déplace et ouvre ses bras. L’amour va toujours de la possession vers la dépossession. L’épreuve déloge de chez soi. Je peux situer trois personnes différentes, en mouvement :

*a) Le migrant, exilé, n’est nulle part chez lui
*b) Le pèlerin, répond à un « Suis-moi », mais sa vie est arrimée à un quelque part.
Sa vie est accomplie, avec des pôles d’éternité, mais il doit consentir à tout abandonner...
*c) Le touriste, partout chez lui, comme chez lui

Aimer, c’est allumer une lampe, dont la lueur permet un regard non chirurgical, mais un regard qu’on pose, pour re-garder, garder à nouveau. Quand Lucifer accuserait les défauts, la luminosité des tableaux de Delatour questionne la charité : les défauts ne sont pas masqués mais la lumière n’accuse pas, elle est tamisée.

Quelle lumière je jette sur ce qui m’arrive ? Aimer, c’est décider de bien regarder l’autre. « Que la Lumière soit », et l’amour de Dieu est là avant toute décision folle d’aimer...L’amour est toujours premier : c’est cette relation qui me lie à l’autre et qui précède toutes les bonnes raisons qu’on aurait de l’éprouver.

3) Comprendre:
Projeter sur ce qui nous arrive la lumière de l’intelligence et de l’éclairage, pour comprendre la maladie psychique, aussi avec sa tête, cela soulage.

Durkheim, l’un des fondateurs de la sociologie, parle des malades psychiques comme de personnes qui cristallisent en elles les dérèglements psychiques qui sont dans l’air, dans la société. L’être humain est issu d’une histoire longue et cruelle, d’une éducation qui passe par beaucoup de souffrances.

4) Consentir:
Comme le « pire » est déjà arrivé, la personne vit comme par surcroît... Etre guéri, c’est être réconcilié avec la blessure, et non pas tout faire pour qu’il n’y ait plus de blessure. Dire oui, même au non qu’on a dit...Consentir au Tout de notre vie. Inscrire son histoire dans une histoire plus grande que la sienne, qui nous dépasse.

Conclusion :
Qui garde qui ? La lampe ne nous garde-t-elle pas ? La lumière est elle-même non visible, tout en nous permettant de voir... Consentir à se baigner en elle...à être celui qui est dans le fossé, celui qui a besoin, ou être l’aubergiste..., cela éviterait peut-être le « burn out des bons samaritains »...

Se laisser baigner dans la lumière, parce que tout est ombre... et si la lumière était dans notre dos, et que l’ombre était la nôtre ?

« Si tu aimes et que tu travailles, tu n’es pas fou... »
D'après les notes de Raphaëlle Claudel

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"L'association "Relais-Lumière-Espérance" propose un accompagnement plutôt spirituel des familles de malades psychiques.
Le groupe qui existait dans les Vosges s'éteint , par défaut de personnes acceptant de se retrouver. Si cette perspective vous intéresse, merci de contacter Raphaëlle Claudel, à la Pastorale de la Santé du diocèse. XX.XX.XX.XX.XX."

Un grand merci à Jean-Marie Thomas, pour son accompagnement du groupe Relais-lumière-Espérance.

Publié le 28/05/2015 par Paulette Vuidel.