La crèche de Noël autour du maître-autel (avant 1944).
Monsieur Claude FALTRAUER, chargé du patrimoine pour le diocèse de Saint-Dié, vient d'émettre des propositions pour rendre plus attrayante l'église abbatiale. "Ces propositions, affirme t-il sont le prélude à une série d'actions visant à redonner à cet édifice toute sa place d'église affectée au culte et donc, ouvre la voie à une mise au point avec les intervenants extérieurs amenés à effectuer des prestations hors du cadre cultuel".
1. LA SITUATION ACTUELLE 1-1 Architecture et décor L'église a été construite en plusieurs campagnes de travaux au cours du moyen-âge. La nef est dans un style roman typique de Lorraine du sud alors que le chœur et le transept tout comme la chapelle latérale Sainte-Richarde sont dans un gothique finissant. Cet édifice d'une grande pureté de lignes est flanqué d'une façade du début du XVllle siècle. Notons qu'il conserve un tympan de porte remontant à l'époque préromane. Petite sœur de la cathédrale de Saint-Dié, elle en reprend les grandes lignes du plan, porte les mêmes marques de tâcherons et en partage le sinistre destin, victime aussi d'un dynamitage par l'armée allemande en retraite en novembre Vue générale vers le cher 1944. Les travaux de reconstruction sont confiés, comme pour Saint-Dié, à l'architecte des monuments historiques Texier. Malheureusement ceux-ci ne sont toujours pas totalement aboutis et posent ponctuellement problème. L'église de l'Assomption Notre-Dame figure sur la première liste des monuments historiques de 1840 comme sa voisine de Moyenmoutier. Suite à sa destruction partielle en 1944, plusieurs éléments mobiliers classés avec elle comme immeubles par destination ont été déclassés car déposés et non restaurés. Plusieurs d'entre-eux ont été inscrits à l'ISMH en 2008. Le décor intérieur est particulièrement sobre pour la nef. II consiste outre le décor architectural en quelques pièces de mobilier. Deux confessionnaux dépareillés sont situés en angle au fond de chaque bas-côté. La cuve des fonts baptismaux est isolée près d'une petite porte de service. Les bas-côtés sont encombrés de chaises et bancs inutilisés. Le bas-côté nord est éclairé de verrières contemporaines figurant le chemin de croix alors que sur le bas-côté sud s'ouvre la chapelle Sainte-Richarde. Elégante construction du début du XVIe siècle, son gothique tardif présente un décor assez riche. Les clés des ogives sont historiées et une piscine liturgique est présente dans le mur gouttereau. Elle accueille un autel contemporain sur lequel repose le reliquaire de sainte Richarde, pièce d'orfèvrerie du XIXe siècle en style néo-gothique. Cet autel Chapelle Sainte-Richarde est surmonté d'un tableau du peintre Claude Bassot (ca 1580 - après 1635) figurant L'épreuve du feu subie par Sainte-Richarde (classé 22/11/1966). Dans ce même bas-côté, à sa dernière travée, se trouve fixée au mur la plaque funéraire de l'abbé Charles-Louis Hugo d'Etival (1667-1739). En marbre noir et inscriptions dorées, elle est actuellement lacunaire dans son angle supérieur droit (ISMH 19/06/2006), Le transept a été la partie de l'église la plus endommagée en 1944. Actuellement, il ne présente quasiment plus aucun décor si ce ne sont les traces de l'escalier de matines (Mlle s) non restitué lors de la reconstruction et surtout la porte murée au tympan préroman. La seule œuvre présente dans cet espace est le tableau du Christ bénissant les enfants, copie (?) de Jacob Lordaens (1593-1678) daté du XVlle siècle et acquis par l'abbaye en 1767 (classé 04/07/1903). Croisée du transept vers le chœur A la croisée du transept a été aménagé le chœur liturgique de l'église. II se compose d'un siège de présidence constitué d'éléments plus anciens dont le dossier qui pourrait avoir appartenu aux stalles du transept sud détruites en 1944? Cette perspective de cloître pourrait remonter à la fin du XVIe - début XVlle siècle par similitude du décor avec les stalles de Moyenmoutier, d'un autel en grès rose figurant l'Agnus Dei de 1981, d'un pupitre faisant fonction d'ambon et d'un second plus massif abritant la sonorisation de l'église. Comme pour le siège de présidence, il est composé de deux éléments plus anciens sur les côtés alors que la face et le revers sont en contreplaqué. Ouvrant sur le transept, quatre chapelles dites cisterciennes sont groupées par deux et flanquent le chœur. Actuellement, la première chapelle, côté chœur, du transept sud abrite un autel à la Vierge. Le meuble de l'autel provient de Saint-Michel-sur-Meurthe (propriété communale) et d'une statue contemporaine de la Vierge. A l'arrière sont les morceaux d'une plaque funéraire qui semble complète. La chapelle jumelée abrite les éléments non restitués des stalles du chœur ainsi que la dalle funéraire de l'abbé Demoige (fin XVlle, classée en 1840) et La voûte du chœur les fragments de celle de l'abbé Hilarion Rampant (fin XVlle, (ISMH18/11/2008),
Symétriquement, la première chapelle, côté chœur, du transept nord est aménagée en chapelle du Saint-Sacrement. Sa voisine abrite un groupe sculpté en plâtre (fin XIXe - début XXe) du Baptême du Christ par saint Jean-Baptiste et deux toiles posées sur le sol : Saint Sébastien soigné par sainte Irène (école italienne, fin XVI - début XVII, (ISMH 18/11/2008) et Dieu le Père (XIIIe, ISMH 18/11/2008). Le pendant de la première de ces toiles, Le martyre de saint Sébastien (école italienne, fin XVIe- début XVlle s, ISMH 18/11/2008) est actuellement en restauration au CRRAOA de Vesoul. Enfin, le chœur de l'église abbatiale abrite les stalles des chanoines prémontrés (Mlle siècle) non entièrement restituées après les dommages de 1944. En effet, prie-Dieu, agenouilloirs et une partie des lambris sur les colonnes à l'entrée du chœur, n'ont pas été reconstitués. Certains éléments (ISMH18/11/2008) sont déposés dans une des chapelles cisterciennes.
Ces stalles dissimulent au regard plusieurs éléments d'importance. Le premier d'entre-eux est une fresque (fin Le chœur XVIe – début XVlle siècle) représentant le voile de sainte Véronique. Les éléments suivants étaient accessibles par des portes aménagées dans le lambris des stalles aujourd'hui condamnées car les gonds ne sont plus en mesure d'assurer leur rôle. Derrière ces portes se trouvent une armoire eucharistique avec oculus et grille en fer forgé du XVIe siècle et, une double piscine liturgique.
Enfin, la richesse décorative du chœur est complétée par plusieurs chapiteaux historiés et une voûte à liernes et tiercerons aux clés également historiées (armoiries et dates). Dernier élément architectural d'intérêt, la sacristie dont les boiseries remontent à 1714 (ISMH 18/11/2008). Cette sacristie abrite en outre deux statues en bois, l'une du fondateur, saint Bodon (XIXe ISMH 19/06/2006) et deux statues plus anciennes : S. Norbert et Se Odile (XVIIe) ainsi qu'un lutrin en bois de poirier du XIXe siècle de style Renaissance. Par souci de conservation des biens qui y sont abrités et par respect pour le caractère privatif de cette unique sacristie, son accès est actuellement interdit à la visite.1-2 La situation actuelle
L'église Notre-Dame d'Etival est le siège de la paroisse Sainte-Odile dont elle est appelée à devenir l'église principale. Ce choix du diocèse a été dicté par sa situation dans le bourg principal de la paroisse, sa capacité d'accueil, la qualité de son architecture et par la présence d'un orgue régulièrement entretenu par des bénévoles de la paroisse. D'autre part, plusieurs associations œuvrent à sa promotion sur les plans historiques, patrimoniaux, culturels et touristiques. Ce sont l'Office de Tourisme du Pays des Abbayes dont le siège est à Senones, Les Amis du Ban d'Etival et l'association Entreprise et Culture en Lorraine, organisatrice du Festival des Abbayes. Cette diversité montre bien tout l'intérêt de cet édifice mais ne doit en aucune manière porter atteinte à sa vocation première d'église affectée au culte catholique, à savoir l'exercice de ce culte dans sa variété d'expression. Sont disponibles à l'entrée de l'église, un plan de situation des points d'attention culturels, d'une maquette de l'église réalisée par les Amis du Ban d'Etival (bas-côté nord) et d'un livret de visite réalisé par la paroisse. Des visites guidées sont organisées régulièrement dans le cadre des animations de l'Office de Tourisme, visites confiées à l'association des Amis du Ban d'Etival. Ces différents éléments nous portent à envisager une amélioration de l'aménagement intérieur de l'église de l'Assomption de Notre-Dame à Etival.2. LE PROJET D’AMENAGEMENT
Ce projet d'aménagement intérieur global de l'église d'Etival est porté par le Service diocésain d'Art sacré par délégation du curé affectataire. II s'efforcera de tenir compte au mieux des intérêts de chacun tout en conservant la primauté du culte et de ses actions liturgiques sur toute autre utilisation de l'église qui ne peuvent être que soumises à l'autorisation écrite du curé.
2-1 Pour rendre le lieu plus accueillant
Afin de bien signifier la vocation de l'église, il est envisagé de bien marquer les espaces qui la composent et de veiller à leur lisibilité. Cela passe par de petites choses matérielles qui participeront à rendre le lieu plus accueillant telles que : Enlever les chaises d'appoint apportées pour un concert dans les jours qui suivent celui-ci. Enlever les bancs qui flanquent les murs des bas-côtés. Echanger le confessionnal du bas-côté nord avec le pendant du confessionnal du bas-côté sud (classé 27/05/2008) actuellement déposé à la petite église de Saint-Dié. Organiser un dépôt pouvant accueillir les éléments non restitués actuellement déposés dans l'église.
2-2 L'aménagement liturgique
Il portera déjà sur le chœur liturgique de l'édifice : Placer l'armoire de sonorisation dans l'angle sud-ouest de la chapelle de la Vierge, dans un meuble plus petit et plus discret ; Réutiliser les panneaux anciens de l'actuelle armoire à sono pour réaliser un ambon qui sera de fait plus en harmonie avec les boiseries du chœur et le siège de présidence. Le deuxième point sera l'aménagement des deux chapelles sises aux extrémités du transept. Celle à proximité de la sacristie pourra être dédiée aux saints liés à la fondation d'Etival. Elle présenterait les statues de saint Bodon, saint Norbert et sainte Odile actuellement conservées à la sacristie. Cet espace offrira ainsi aux chrétiens l'occasion de se replonger dans les racines de la foi chrétienne dans ce secteur comme les y invite le projet diocésain promulgué récemment. Cet autel pourrait également accueillir le lutrin renaissance qui rappellera l'enracinement premier de la foi dans la Parole de Dieu, lui-même présent par le tableau encore à restaurer Dieu le Père. Le soubassement pour la présentation des œuvres pourrait (sous réserve des accords nécessaires bien entendu) réemployer des éléments non restitués des stalles. La chapelle qui lui fait pendant pourrait être aménagée en baptistère avec la cuve baptismale isolée au fond de l'église et le groupe polychromé du Baptême du Christ par saint Jean-Baptiste. Cet emplacement à proximité du chœur est souhaité par le nouveau rituel du baptême car il permet de mieux faire comprendre le lien entre ces deux sacrements de l'initiation chrétienne que sont le baptême et l'eucharistie. Enfin, le troisième point sera la restauration puis la repose des tableaux et dalles funéraires actuellement déposés. II convient d'en étudier d'abord la faisabilité puis les emplacements retenus pour chacun. En ce qui concerne les dalles funéraires, elles pourraient prendre place sur les murs du transept sud en position verticale. Pour les tableaux, les deux toiles figurant saint Sébastien pourraient être placées à proximité de la chapelle dédiée à ce saint, en l'occurrence l'actuelle chapelle du Saint-Sacrement. Ainsi, nous proposons leur accrochage sur le mur est du transept nord, soit en face du tableau du Christ bénissant les enfants.2-3 Autres aménagements
Dans cette catégorie, vont être évoquées des idées concernant des aménagements moins liés directement au culte mais destinés à rendre l'église plus accueillantes pour tous. Le premier, et à mon sens le plus urgent, est de revoir les baies vitrées, provisoires depuis plusieurs dizaines d'années maintenant, et qui s'abîment dangereusement. Plusieurs se sont déjà descellées favorisant l'entrée d'oiseaux.Le deuxième point pourrait consister en une nouvelle mise en lumière de l'église qui tienne compte des impératifs liturgiques et favorise la compréhension de l'édifice par tous. Ainsi deux circuits électriques pourraient cohabiter : le premier à finalité d'éclairage général de l'édifice et des fidèles pour l'exercice du culte, le second pouvant être qualifié d'artistique permettant la Dalle funéraire d'Hilarion Rampant mise en valeur de tel ou tel élément architectural ou œuvre et qui pourrait être commandé depuis un tableau indépendant du système général voire actionné par minuterie. Le troisième point concerne l'aménagement d'un espace dédié à l'histoire du lieu qui se situe hors des espaces liturgiques. II pourrait ainsi être installé dans la tour de l'église, autour de la maquette de cette dernière, et présenterait les vestiges lapidaires. Cet espace d'interprétation n'aura pas vocation à devenir un espace muséal présentant des œuvres ou objets distraits de l'église ou sa sacristie. Enfin, une réflexion pourra être menée sur des outils de médiations destinés tant aux chrétiens qu'aux visiteurs. Ainsi, des petits panneaux sérigraphiés, pourraient être pensés à différents lieux de l'église afin d'en présenter les lieux non visitables (sacristie par ex.) ou rendus invisibles (éléments dissimulés derrière les stalles) mais aussi rappeler ce qui fait que ce bâtiment est une église en réexpliquant les différents lieux liturgiques. La forme sera à définir avec les autorités compétentes évidemment et le fond pourra être confié au Service diocésain d'Art sacré qui a déjà réalisé une fiche de visite pour adultes et prépare actuellement un livret découverte pour les 6-12 ans.
3. CONCLUSION
Ce projet d'aménagement intérieur global de l'église d'Etival pourrait devenir un modèle où ont su se mêler les impératifs de l'action liturgique et le droit légitime de tous à découvrir un lieu porteur de sens, chargé d'histoire et vivant de la foi des chrétiens qui l'animent et des acteurs locaux de valorisation historique et culturelle.