Fleurir l’église, assurer la catéchèse, transmettre des valeurs de solidarité chez les scouts : la joie de servir anime de nombreux chrétiens qui participent à la vie de l’Église et répondent à l’appel du Christ en faveur du don de soi. Au-delà de ces précieux engagements, on observe un renouveau du bénévolat : la présidente de France Bénévolat observe que de plus en plus de jeunes et d’actifs s’investissent dans des associations au service de l’homme. A Épinal, Thérèse Delfour accompagne les familles en deuil au crématorium, tandis que Marc Petitjean appelle à davantage d’implication des chrétiens dans la société.
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Tonique Thérèse Delfour
L’ex-présidente nationale des femmes pilotes, militante des concerts classiques, catéchiste et accompagnatrice des familles en deuil a été bénévole toute sa vie. Et elle continue : à 82 ans, elle assure les bénédictions au crématorium d’Épinal.
Quel personnage ! Un vrai “garçon manqué”. Cela, elle l’a déjà entendu. Thérèse Delfour vous reçoit dans son appartement illustré d’un dessin de Piem rappelant ses aventures d’aviatrice. As de la voltige, pilote d’hélicoptère et d’avion en haute montagne, la Spinalienne élevée à Golbey n’a jamais dédaigné des tâches plus terre à terre au service de l’Église. Très tôt, cette dernière d’une famille nombreuse est initiée au sens du service aussi bien par ses parents que par ses frères et sœurs. La voici qui cueille les fleurs du jardin de la maison Fellmann pour décorer l’église de Golbey.
A la Fête-Dieu, une procession se déplace jusqu’à la Côte Olie pour orner le reposoir. Tonique, Thérèse prend rapidement des responsabilités chez les louveteaux dont elle devient cheftaine. Dans la maison familiale du Jura, elle s’initie au piano, au chant, au théâtre : “Il y avait une scène dans l’usine de mon grand-père. Pendant les vacances, les fils d’ouvriers et les autres jouaient ensemble dans le jardin.”
Ne pas juger
Adepte du franc-parler, Thérèse ne craint pas de le dire : elle est issue d’un milieu bourgeois. Ce qui ne l’empêche pas de s’engager pour le plus grand nombre. Au crématorium et au funérarium d’Épinal, elle rencontre des familles de tous milieux. Sensible aux attentes des personnes en deuil, au respect qu’elles manifestent pour le défunt, à leur liberté de parole, elle noue des contacts enrichissants : “Les gens ont souvent un fond religieux. Le dialogue peut leur permettre de se remettre en cause”, dit celle qui a longtemps été catéchiste et bénévole de l’accompagnement des obsèques pour la communauté Saint-Maurice à Épinal.
“De moins en moins de gens demandent des obsèques à l’église. On ne soupçonne pas la quantité de bénédictions au crématorium, où on procède parfois à cinq crémations en une journée. Les gens me disent : “On a la foi, mais on ne pratique pas”. Je ne suis pas là pour juger : je ne refuserai jamais une bénédiction qui m’a été demandée.”
Voir l’humain
Longtemps, l’Église a refusé les crémations, observe Thérèse Delfour. Cette pratique a aujourd’hui pris une forte dimension qu’il convient d’accompagner, en dépit des difficultés : “Parfois, les gens ne connaissent pas le “Notre-Père” et le “Je vous salue Marie”. Je les fais réciter, et je les associe respectivement à des événements de l’actualité – violences, catastrophes, maladies - et à l’annonce que la Vierge, là-haut, attend le défunt.”
Nourrie d’un entretien préalable avec la famille, la bénévole fait référence à la vie du défunt, et lit un texte de l’Évangile de saint Matthieu : “Même si la personne n’était pas pratiquante, elle a pu mener une vie chrétienne “malgré elle” : le principal d’une vie, c’est l’amour des autres, le bien qu’on fait aux autres ; c’est cela qui compte. Pour moi, le bénévolat, c’est ça : ne pas s’attendre à être payé pour le bien qu’on fait, sinon par le sourire qu’on donne aux autres, au respect qu’on leur manifeste, au service qu’on leur doit. Il faut voir l’humain en chaque personne.”
Donnant-donnant
Une conviction qui a conduit Thérèse Delfour à s’investir dans de multiples associations, aussi bien aux côtés de son regretté mari, médecin et aviateur de renom, que comme choriste dans sa paroisse, puis comme soutien actif du concours national de piano. Ce dernier engagement l’a incitée à assurer l’insertion en France d’un jeune pianiste albanais et de sa famille. Mission accomplie au bout de dix ans d’un soutien constant, aux bienfaits réciproques : “En Albanie, un pays très pauvre, j’ai bénéficié d’une hospitalité extraordinaire. Là bas, je me suis aperçue qu’en France, on est favorisé.” Une prise de conscience qui a stimulé sa volonté de servir.
Dépasser le bénévolat
Pour Marc Petitjean, un bénévole n’a jamais bonne conscience. Même s’ils agissent gratuitement, il appartient aux chrétiens de servir toute la société, au-delà des “cercles restreints” de l’église.
Il est blanchi sous le harnais. A 83 ans, Marc Petitjean considère le monde sans illusion excessive. Il avoue avoir modéré la fougue de sa prime jeunesse, marquée par des prises de position tranchées de chrétien engagé. Il a côtoyé Georges Montaron, le fondateur tumultueux de “Témoignage chrétien”, Georges Hourdain, le cofondateur de “la Vie Catholique” et Mgr Jacques Gaillot, l’ancien évêque d’Evreux dont il apprécie la qualité de contact auprès des plus pauvres. Il a été responsable national des centres diocésains d’information, responsable des diffuseurs de presse catholique, initiateur avec le père Paul Thiriet de la revue économique “Relations”. L’ancien directeur départemental de l’agriculture des Vosges a mis ses qualités de rigueur au service de nombreuses associations, de la classe 48 au Rotary Club d’Épinal, sans oublier l’humanitaire et le social.
Animé du goût de l’ordre, il a multiplié les charges de trésorier. Pour lui, le bénévolat, “c’est un esprit” : “La vie ne se coupe pas en tranches de bénévolat et autre chose, elle est tout entière dans cet esprit. Dans ma profession, ce que je faisais dans un esprit de gratuité était inspiré par le bénévolat. A la fermeture de la classe 48, que j’ai présidée pendant 15 ans, nous avons donné le solde de la trésorerie, soit 500€, à l’association de lutte contre la maladie d’Alzheimer : on a le droit d’en retirer une certaine satisfaction personnelle.”
Pouvoir et service
L’action menée sans intérêt personnel porte en elle-même sa récompense. Sous la forme de la reconnaissance manifestée par les personnes qui en sont bénéficiaires : “Quand un agriculteur m’aborde dans la rue pour me dire quelques mots aimables, cela fait plaisir”, confesse l’ancien patron de la DDA, qui insiste sur l’aspect gratifiant des rencontres : “Le bénévolat, c’est une rencontre de soi à l’autre, mais aussi de l’autre à soi. Pourquoi est-on bénévole ? Parce qu’on a besoin d’être intégré dans une communauté. Ceux qui prennent des responsabilités ont un pouvoir, mais on ne cherche pas un pouvoir mais un service.”
Quand bien même s’engagerait-on bénévolement avec l’ambition d’accéder à un poste de responsabilité politique ou syndicale, cela n’a rien de rédhibitoire pour Marc Petitjean “ dès lors que l’on n’est pas mû par l’intérêt personnel : il vaut mieux promouvoir des gens bénévoles que des gens intéressés”
Vieillissement des militants
Pour lui, il faut dépasser la dimension habituelle du bénévolat, l’ouvrir à “une plate-forme qui n’a pas de limites” ; à ses yeux, les chrétiens doivent “sortir de leur cercle restreint habituel”, ouvrir leur regard à des communautés autres que l’Église : “Je pense que l’Église est faite pour la société. Nous n’aurions pas l’enlisement politique aujourd’hui si les chrétiens s’engageaient davantage. Si la société va mal, c’est parce qu’on n’y est pas assez présent, les catholiques mais les bénévoles d’autres croyances aussi.”
Marc Petitjean est un ancien scout. Là aussi, ce sont des bénévoles qui l’ont formé aux responsabilités : “Quand on sort de chez les scouts, on n’est plus le même qu’avant.” A Nancy, sa fille est l’une des responsables du mouvement. Pas de doute, le bénévolat, ça s’éduque et se transmet : “Qu’on demeure longtemps dans une association est aujourd’hui très rare. C’est dû à la mobilité professionnelle, à l’esprit d’indépendance des jeunes, à l’égoïsme ambiant. A “Relations”, seuls ceux de mon âge sont encore là. Les autres sont repartis. Certains acceptent des responsabilités, mais entendent reprendre leur liberté à leur guise.”
Jeune & bénévole !
Vieillissement des militants ? Pas forcément comme le prouve le Prix Jeune & Bénévole 2011. Tous les bénévoles le disent : l’engagement constitue une expérience très enrichissante. En cette année européenne du bénévolat et du volontariat, le site “Jeunes & bénévoles !” organise un concours de témoignages d’actions bénévoles ou volontaires des moins de 26 ans. Tous les moyens d’expression sont possibles : texte, bande dessinée, vidéo… Ce qui compte, c’est la force de conviction. Tous les témoignages sont à découvrir sur le site http://www.prixjeunebenevole.org . A chacun de voter pour son témoignage préféré. À gagner pour les lauréats : des séjours solidaires en France ou à l’étranger !
Le concours en dates :
- 9 mai 2011 : lancement du Prix, à l’occasion de la Journée de l’Europe
- du 9 mai au 30 septembre : inscriptions et dépôts des témoignages
- du 7 octobre au 15 novembre : vote des internautes pour sélectionner 20 nominés
- fin novembre : délibération du jury pour désigner les 4 gagnants
- 5 décembre 2011 : remise des prix, à l’occasion de la journée mondiale du bénévolat.
Le renouveau du bénévolat
Odile Bascin en témoigne : toute une tranche de population prend la relève du bénévolat dans des associations locales. La Fédération du bénévolat qu’elle préside oriente les candidats vers les organismes où ils s’investiront le mieux.
Il ne faut pas se rater. Odile propose un choix de trois associations à ceux qui veulent donner de leur temps en s’engageant dans une bonne cause : “L’important, c’est de garder les bénévoles” Les associations en ont trop besoin. Et elles réclament des profils parfois pointus. Inversement, nombre de jeunes – étudiants et demandeurs d’emploi par exemple – souhaitent se rendre utiles en adhérant à une association. Odile cite de nombreux exemples de ces engagements généreux qui satisfont tout le monde. Celui qui est au chômage sort de son isolement et acquiert de nouvelles compétences. Dans l’association – d’aide aux handicapés par exemple – il ressource ses énergies et trouve un précieux appui humain.
Mais on peut aussi s’investir au secours Catholique, à l’Unicef, à la banque alimentaire, au don de la voix… il existe dans le département toute une constellation d’associations sociales, sportives, culturelles, environnementales, humanitaires, qui ne demandent qu’à s’ouvrir aux “citoyens engagés”. Pour les faire connaître, la Fédération du bénévolat a créé des antennes de proximité à Saint-Dié, Mire¬court, et à présent à Épinal. Elle a institué des permanences le mardi de 8h à 11h et le vendredi de 14h à 16h à Épinal, le jeudi de 14h à 16h à Saint-Dié, et le samedi de 9h à 11h à Mirecourt.
Une expérience pour son propre emploi
Si le bénévolat vous intéresse, il suffit de frapper à la bonne porte, celle de la salle Interjeunes à Épinal par exemple, pour rencontrer une interlocutrice attentive à vos besoins. Odile Bascin cite de multiples réussites : “Il y a toujours le retraité qui veut donner de son temps, qui s’occupe, se passionne et se fait plaisir. Mais aussi la personne en recherche d’emploi, ou l’actif qui veut élargir ses connaissances pour s’orienter vers autre chose. D’autant que ces missions peuvent être répertoriées dans le passeport bénévole créé par France Bénévolat en 2007. Plusieurs feuillets récapitulent les actions menées et peuvent conforter la VAE (validation des acquis de l’expérience) de la personne en quête d’un nouvel emploi : “C’est toujours un plus dans le CV”, fait valoir Odile Bascin.
“Les sdf, ça dérange”
Elle-même milite dans des associations d’insertion ou réinsertion, comme “Jeunesse et Culture “ et “Accueil Écoute”, sportives comme le hockey ou culturelles comme Floréal à Épinal. Et elle assiste régulièrement aux Assemblées générales des associations spinaliennes. Ce qui lui permet de guider les futurs bénévoles, à la lumière d’une solide connaissance du milieu associatif : “J’ai beaucoup de respect pour ceux qui s’investissent pour faire bouger les choses, en se faisant parfois critiquer”, confie-t-elle. “Les SDF, les personnes en grande souffrance que l’on rencontre à “Accueil Écoute”, ça dérange. J’admire beaucoup ceux qui s’en occupent.”
Le gisement de solidarité est riche. S’occuper des autres, c’est encore le meilleur moyen de résoudre ses propres problèmes, de les relativiser et de prendre conscience de ses propres compétences :“Je rencontre des personnes de tous niveaux, de toutes conditions. Chacun m’apporte quelque chose”, témoigne Odile Bascin. “A mon avis, les personnes qui ont eu beaucoup de problèmes dans leur vie, de souffrances physiques et morales, ont un autre état d’esprit ; elles sont beaucoup plus sensibles pour donner et s’investir pour les autres. Elles en ont bavé, elles sont contentes de vivre et de s’en être sorti.”
1 français sur 2 fait ou a fait du bénévolat
C’est un des résultats saillants de l’enquête de l’enquête IFOP-France Bénévolat-Crédit Mutuel. Cette enquête quantitative met en lumière les caractéristiques de l’engagement des Français de 15 ans et plus :
- 18,3 millions de Français soit 36% de la population des 15 ans et plus sont actuellement engagés.
- 7,4 millions font du bénévolat direct de proximité hors famille ou structure associative.
- Plus d’1 Français sur 5 donne de son temps au travers d’une structure associative.
- 10 millions de personnes soit 20% de la population de 15 ans et plus, non engagées actuellement déclarent avoir été bénévole.
- 41% des bénévoles s’engagent dans plusieurs associations.
- 54% des bénévoles sont des femmes.
- 1 jeune sur 3 (15-24 ans) donne de son temps dans un engagement.
- 1 Français sur 2 de plus de 65 ans donne de son temps.