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Ordination page 5

Diocèse de Saint-Dié - À l'heure des MERCIS


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À l'heure des MERCIS

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Oserais-je rendre grâces à Dieu pour cet appel reçu, si inattendu, et peut-être même "hasardeux" à mon âge !
L'appel de l'Église pour devenir le pasteur de ce diocèse, cet appel n'est-il pas aussi un appel de Dieu ? La présence du premier conseiller de la Nonciature où m'a été transmis cet appel de la part du Saint-Père Benoît XVI, (cette présence) témoigne en tout cas du sérieux de cette demande.

Il nous faut rendre grâces à Dieu qui poursuit son œuvre à travers nous, non pas selon nos qualités ou nos mérites, mais par l'action de son Esprit : celui qui appelle est le même qui accompagne ceux qu'il a appelés, il est " Dieu-avec-nous "…
Dieu conduit nos vies. Je lui rends grâces de m'avoir guidé à travers ma famille et au sein de l'Église. Comme bien d'autres familles de ce terroir vosgien, la mienne a été le creuset de valeurs qui me tiennent à cœur : la fidélité dans l'amour, l'enracinement de ma foi, un certain souci des autres. Elle a été aussi le berceau de ma vocation sacerdotale. Merci à ma famille dont l'affection discrète et accueillante m'est si précieuse.

Merci à Dieu qui m'a appelé au sacerdoce dans ce diocèse où je suis né.
Après l'enfance en paroisse dans mon village de Hadol, la formation dans nos séminaires, un ministère de 20 ans en paroisse et 15 années comme vicaire général : tant d'années à suivre les évolutions des idées et des événements d'une société en bouleversements continuels, tant d'années dans la vie de notre Église après le Concile et après notre Synode diocésain de 1990.
Merci à celles et ceux qui m'ont fait signe et m'ont exprimé leur joie, leur confiance, l'assurance de leur prière ou simplement leurs vœux.
Les messages de sympathie et d'encouragement dans la foi reçus depuis plus d'un mois et provenant de frères prêtres, de diacres, de religieuses et religieux et de nombreux laïcs témoignent d'une Église diocésaine qui veut vivre l'Évangile du Christ.
La Parole de Dieu peut continuer d'être annoncée aujourd'hui.
Merci également pour ces paroles d'amitié venues de personnes qui ne partagent pas notre foi : Dieu passe aussi par nos liens humains.

Devenu membre du collège des successeurs des Apôtres, j'ai déjà pu mesurer la fraternité épiscopale, illustrée par la présence des Évêques de la Province de Besançon et d'Alsace-Moselle, la présence des évêques originaires des Vosges et de quelques autres dont Mgr J. Vilnet qui nous a ordonnés prêtres, ici même, voici presque 40 ans.
Merci aux prêtres qui m'accueillent comme leur évêque et qui forment avec moi le presbyterium de ce diocèse. Ils sont les premiers sur lesquels je peux m'appuyer. Prêtre parmi vous depuis bientôt 40 ans, je dois devenir aussi pour vous un père : les liens que nous avons tissés depuis tant d'années vont nous aider.

Avec les diacres, l'évêque noue un lien particulier : Cela fait 20 ans que le diaconat existe chez nous : nous n'avons pas encore mesuré la portée de cette innovation du dernier Concile. Diacres, vous êtes les signes du Christ Serviteur. Merci de nous rappeler l'importance de la charité et du service.

La Vie consacrée, les religieux et religieuses m'ont beaucoup apporté : totalement donnés à Dieu et à leur frères, ils rappellent la proximité du Royaume de Dieu et que Dieu peut aujourd'hui combler le cœur d'un homme ou d'une femme. Qu'ils soient remerciés de leur amitié et de leur présence aujourd'hui.

Depuis longtemps, des laïcs contribuent à façonner un monde selon Dieu, et c'est parfois un rude combat. Les membres des mouvements en sont toujours les témoins. Des animateurs pastoraux laïcs prennent aussi des responsabilités dans l'Église : qu'ils sachent que l'on compte sur eux. Qu'ils soient remerciés ainsi que tous les autres qui participent à la mission de l'Église, avec ou sans Lettre de mission, simplement, gratuitement, en lien avec leurs pasteurs : pour n'en citer que quelques-uns, ceux qui oeuvrent dans la catéchèse, dans l'École catholique ou l'aumônerie, dans la pastorale de la santé. Qui serait notre Église sans leur participation ?

ET MAINTENANT ?

"Pour vous, je suis évêque, avec vous, je suis chrétien" disait St Augustin en l'anniversaire de son sacre, et il ajoutait :
"Si je m'effraie d'être évêque pour vous, je me console d'être chrétien avec vous", car le titre d'évêque rappelle les obligations contractées, celui de chrétien rappelle la grâce reçue du Christ.
Partagé entre la confiance et quelque appréhension, me voici envoyé vers vous au nom du Christ, comme pasteur d'une église locale qui m'est familière.
A mon âge, la connaissance du terrain peut faciliter les choses. Il ne me faudra pas trop de temps pour découvrir ce diocèse qui est mien depuis toujours, et pour connaître les personnes qui se donnent au service de Dieu et de leurs frères.
Pourtant, il nous faudra apprendre à nous regarder d'un regard neuf : celui qui depuis des années est votre frère par le baptême ou par le ministère ordonné devient votre évêque : ne nous enfermons pas dans ce que nous connaissons les uns des autres.

Chacun a toujours quelque chose de neuf à donner.
L'Esprit nous est donné pour accueillir la nouveauté de l'Évangile.
Je n'ai pas défini de programme.
Il me faut d'abord prendre contact avec mes frères prêtres notamment les doyens, avec les diacres, les religieuses, les animateurs pastoraux laïcs et tous ceux et celles qui ont des responsabilités dans les services de notre Église et dans les mouvements, au fur et à mesure des occasions.
J'ai bien conscience que la vie ne s'est pas arrêtée. Pourtant il est nécessaire de dépasser la surprise de cette nomination et de se parler librement.

Alors viendra le temps de renouveler l'équipe épiscopale ; pour le moment, je conserverai pendant quelques mois les anciens vicaires épiscopaux. Je les remercie d'accepter cette prolongation de leur mandat.
Puis seront renouvelés le Conseil du presbyterium et le Conseil pastoral diocésain.
Je crois nécessaire de nous encourager à la confiance.

Les inquiétudes de la société ou de l'Église, même si elles ne sont pas sans fondement, ne doivent pas nous paralyser. Sans négliger la vertu de prudence, il nous faut refuser la méfiance, et nous exercer à l'espérance, à cause de Dieu et de la promesse ("Je suis avec vous tous les jours et jusqu'à la fin des temps" a dit Jésus).
Il faut s'exercer à la confiance en soi-même et en ses capacités, à la confiance en l'autre et en sa parole, à la confiance en Dieu.

Notre Église a besoin de développer l'espérance et la confiance, pour mieux annoncer l'Évangile et relancer l'appel aux vocations diverses au service de Dieu et des frères. Notre monde a besoin de ce témoignage.
Je crois aussi indispensable de nous inviter à la charité. Nous sommes dans la semaine de prière pour l'Unité des chrétiens. Nous demandons au Seigneur de grandir dans l'Unité, afin que le monde croie en Jésus (Jn 17,21).
N'avons-nous pas à progresser dans l'unité, au sein même de notre Église ? Que nos différences, loin de nous diviser, nous enrichissent mutuellement.

C'est vrai aussi de tous ceux qui se réclament de Jésus, le Christ, notamment les membres de l'ERF et leurs pasteurs dont je salue (à mon tour) la présence fraternelle.
La charité nous relie aussi à nos aînés, nos frères juifs appelés en premier par le Dieu de l'Alliance : la présence du président de la communauté israélite et du ministre officiant d'Épinal, ami de longue date, manifeste que le dialogue et le respect portent déjà leurs fruits.

Le dialogue est établi aussi avec les hommes de toute confession et tant d'hommes de bonne volonté, non seulement dans le partage des idées mais dans l'action en faveur de la justice et pour un mieux-vivre ensemble. Et ici, je m'associe pleinement aux mots d'accueil que Mgr Guillaume, au début de cette célébration, adressait aux représentants des autorités civiles et militaires : notre Église, dans le dialogue et selon ses moyens, entend apporter sa pierre à la construction de la cité.
A la fin de cette célébration, je voudrais exprimer notre gratitude à tous ceux et celles qui depuis 5 semaines l'ont préparée avec ardeur. Équipes liturgiques, chorales, équipes techniques, services de la municipalité d'Épinal, professionnels des chapiteaux, de la vidéo, de la sonorisation (si délicate en cette chère église Notre-Dame), et toutes les personnes de la paroisse Saint-Goëry et de l'Evêché qui ont mis les bouchées doubles…

Merci à vous tous qui êtes venus aujourd'hui pour vivre ensemble une nouvelle étape de notre Église diocésaine. Le Christ nous appelle tous : le règne de Dieu est proche, marchons derrière lui à la rencontre des hommes. Le Christ ne déçoit pas.

A l'heure des "mercis", enfin, je voudrais me faire l'interprète de tous les chrétiens des Vosges auprès de Mgr GUILLAUME qui achève son service pastoral en notre diocèse.

À Monseigneur Guillaume :

Père,

En 21 ans, après les PP. Herriot et Maillard, c'est le troisième prêtre incardiné à votre diocèse qui est appelé à l'épiscopat. Auparavant, les deux frères Kuehn nous ont précédés. Sans doute, notre presbyterium diocésain n'est-il pas en trop mauvaise santé…
Pendant plus de 21 ans, vous avez été parmi nous comme un veilleur.
Accompagnant de votre ministère la vie et les évolutions des Vosges et du diocèse : bouleversements économiques, baisse et vieillissement de la population, mais aussi désenclavement, développement du tourisme et tous les efforts entrepris pour l'emploi et la dignité de chacun.

L'Église aussi beaucoup changé. Durant votre épiscopat, une quinzaine de prêtres ont été ordonnés pour le diocèse, mais trop de prêtres ont disparu : environ 200 sont morts, parmi lesquels nous ne citerons que ceux qui furent vos plus proches collaborateurs : le P. Louis Antoine, le Chanoine Joseph Guaïta et le P. Michel Lambert.

Vous avez porté le souci des vocations sacerdotales et religieuses. Vous avez été attentif à la formation des prêtres, encouragé les journées diocésaines de formation, appelé aussi des jeunes prêtres à poursuivre une formation théologique universitaire.

Vous avez ordonné 28 diacres permanents, dont 3 ont déjà rejoint la Maison du Père.

Vous avez été l'Évêque de notre Synode, des premiers pas du Conseil diocésain de pastorale, de la grande réforme des paroisses.

Vous avez continué de confier à des laïcs et à des religieuses, des missions pastorales : dans les paroisses, dans les mouvements et dans les services, ils donnent un visage nouveau à notre Église.

Vous avez soutenu l'effort de tous ceux qui réfléchissent à l'actualité de la mission : ceux qui ont travaillé au rapport de Mgr Dagens et préparé la Lettre aux Catholiques de France ; comme ceux qui ont participé à la démarche "Aller au cœur de la foi".

Vous avez encore encouragé le lancement du projet de "Maison Diocésaine", tout en réservant certaines décisions à votre successeur qui va devoir s'en occuper.

Vous avez été heureux de participer aux temps forts de l'Église diocésaine, j'ai déjà évoqué le Synode, il faut citer aussi le rassemblement Festi-défi (avec les mouvements d'action catholique), les Journées mondiales de la jeunesse, le grand Jubilé de l'an 2000 à Domremy et les rendez-vous de Festijeunes dont vous avez présidé la troisième édition en novembre. Pour ne citer que les activités les plus récentes.
Sensible à la dimension universelle de votre ministère, vous avez visité pratiquement tous les vosgiens en mission lointaine et vous nous avez rendu compte de leur vie et de leur apostolat.

Sans jamais faire de flatterie, vous nous avez appelés régulièrement à une démarche de foi. Vous nous avez invités à nous accueillir et à nous respecter mutuellement dans nos différences.
Vous vous êtes toujours rendu disponible à toute demande de rendez-vous ou de visite.
Vous nous avez accompagnés avec un humour qui déconcertait parfois les vosgiens et aussi avec une grande humilité.
Sans familiarité inutile, j'ai pourtant été assez proche pour mesurer la qualité des relations avec vous et pour apprécier la confiance que vous nous avez faite, en dépit de nos limites.

Sans doute, vous vous êtes attaché à nous, mais vous n'êtes pas homme à vous épancher et je me garderai d'insister.

Père, voilà que vous partez, résolument, vers une autre tâche, plus reposante pour vous, souhaitons-le. Que le climat du midi et l'accueil des sœurs trappistines de Blauvac vous aident à entrer dans cette nouvelle vie.
Vous devenez évêque émérite du diocèse de Saint-Dié, et à ce titre, vous restez des nôtres, malgré les kilomètres. Nous savons que nous pouvons compter sur votre prière.

Notre gratitude s'exprimera aussi par la prière de ceux qui vont poursuivre la route du Christ dans le diocèse de Saint-Dié et qui vont assumer Sa mission auprès des hommes d'aujourd'hui.
L'on va vous remettre un souvenir qui évoque quelques moments de votre épiscopat dans nos Vosges et exprimera notre bien modeste merci.

Mgr Jean-Paul Mathieu
22/01/2006
Publié le 07/12/2006 par Admin.