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Église dans les Vosges

La revue du diocèse paraît chaque mois. Douze pages d'informations, de réflexion et de découverte. Adoptez

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25/05 /10 Comment penser la mission aujourd'hui ? (Témoins vosgiens)
Comment penser la mission aujourd'hui, en particulier dans son enracinement ecclésial ?
Selon la manière dont nous pensons la mission, c'est tout un sens de l'Évangile, un sens de la foi, un sens du mystère de Dieu qui est impliquée.

Premier défi :
Nous sommes aujourd'hui entre deux formes de pensée de la mission :
- La mission pensée à partir du partage que quelqu'un peut faire de la perle précieuse qu'il a découverte. C'est un partage entre amis, c'est un partage qui se fait à partir d'une relation vivante avec Jésus-Christ...
"Si de nos jours le christianisme n'est plus vu comme une source de joie, c'est parce qu'il est perçu comme quelque chose d'institutionnel, et non comme une rencontre personnelle avec le Christ... Si le christianisme n'est pas une rencontre, il apparaît comme une vieille tradition, marqué par de vieux commandements, quelque chose que nous connaissons déjà et qui ne dit plus rien de nouveau. Il est décisif d'arriver à ce point fondamental d'une rencontre personnelle avec Dieu, présent aujourd'hui encore et contemporain." (Benoît XVI)
- La mission pensée à partir de l'Église déjà là, bien installée, pensée à partir de cette installation. Une Église qui joue son rôle plus au niveau du culturel et du politique qu'au niveau d'un témoignage de foi. C'est une Église qui a vécu la mission dans un contexte de domination et de colonisation et qui a gardé une attitude du plus grand vers le plus petit...

Deuxième défi :
Nous avons appris à penser la mission à partir d'un langage spatial, territorial: des territoires de mission, mission pensée en terme géographique (déplacement d'un lieu à un autre).
Mais la mission est de partout à partout, elle est de toujours. Elle est inspiratrice d'un sens profond de la vie, et se dit en termes symboliques.

Troisième défi :
La Mission de l'Église ne peut être tournée sur elle-même "renforcer notre club, augmenter la surface de notre boutique, installer de nouvelles succursales". Au cœur de la Mission il y a la passion de Dieu pour l'homme, afin qu'il vive heureux, il y a la passion de Jésus qui s'est identifié à la passion de Dieu pour sa créature.
Une Église tournée vers elle-même, arrogante, et qui parle de mission, ne peut que rebuter ceux qui sont dehors. Une Église qui s'organise autour du confort de ceux qui sont dedans détruit de l'intérieur toute dynamique missionnaire, fondée sur le partage de la foi, la guérison des aveugles et des sourds.

Quatrième défi :
La rencontre des traditions culturelles et religieuses ouvre un nouveau défi.. Deux attitudes extrêmes: le relativisme généralisé (chacun dans sa propre religion) et un ecclésiocentrisme (que tous nous rejoignent). Entre les deux coexistent toutes les attitudes. Le facteur religieux est important pour notre planète et son avenir. Qu'y devient la Mission, le partage de la Foi ?

Cinquième défi :
Celui de l'approfondissement de la conscience ecclésiale des chrétiens: nous ne sommes pas des adhérents à un programme qui se réalise au-dessus de nos têtes. Nous sommes appelés à participer à un Église qui se fait ici et maintenant, localement par son accueil du mystère pascal. L'universalité de l'Église est une universalité de contenu (c'est le mystère pascal qui crée cette universalité) et non pas d'organisation. Le Pape se voit lui-même comme le serviteur de la communion...

d'après Jan Dumon Mission d'Église n°159

29/04 /10 Prière pour construire l'Eglise de demain (Témoins vosgiens)
Il est bon parfois de prendre du recul et de regarder derrière soi.
Le Royaume n'est pas seulement au-delà de nos efforts,
Il est aussi au-delà de notre vue.

Durant notre vie, nous n'accomplissons qu'une petite partie de cette entreprise magnifique qu'est le travail de Dieu.
Rien de ce que nous faisons n'est achevé,
ce qui voudrait dire, en d'autres termes,
Que le Royaume se trouve toujours au-delà de nos possibilités.

Aucune déclaration ne dit tout ce qui peut être dit.
Aucune prière n'exprime complètement notre foi..
Aucune religion n'apporte la perfection.
Aucune visite pastorale n'apporte la plénitude.
Aucun programme n'accomplit la mission de l'Eglise.
Aucun ensemble de buts et d'objectifs ne peut être complet.

C'est ainsi que nous sommes.
Nous plantons des graines de semence qui un jour pousseront.
Nous les arrosons, sachant qu'elles portent en elles la promesse du futur.

Nous posons des fondements sur lesquels d'autres construiront.
Nous fournissons le levain qui produira
des effets bien au-dessus de nos capacités.

Nous ne pouvons pas tout faire,
et le comprendre nous apporte un sentiment de libération.
Cela nous permet de faire quelque chose, et de la faire bien.
Ce n'est peut être pas fini, mais c'est un début, un pas de plus sur le chemin,
une opportunité de laisser entrer la grâce
du Seigneur qui fera le reste.
Nous pouvons ne jamais voir le résultat final,
mais c'est la différence entre le maître artisan et l'ouvrier.
Nous sommes des ouvriers, pas des maîtres artisans,
pas des ministres, pas des messies.
Nous sommes les prophètes du futur et non de nous-mêmes.

Amen

29/04 /10 Une chorale de la communauté de paroisses pour demain (Liturgie)
Partout où les chorales vieillissantes sont à bout de souffle, où la fréquence des messes est de plus en plus espacée, la motivation pour maintenir et développer un répertoire de qualité baisse, voire disparaît.
Un chœur inter-paroissial structuré, ouvert aussi sur la société civile, exigeant dans ses choix et la qualité de son travail peut permettre de perpétuer son service d’acteur fidèle de la liturgie en portant la prière des fidèles et en l’invitant toujours à l’action de grâce, à condition de le vouloir vraiment.

Dans le n° 268 de la revue « Musique Sacrée », Jean MAUGEY dressait le portrait d’une chorale paroissiale pour le concert spirituel.
Au moment de sa création, cette chorale avait pour mission d’assurer deux concerts spirituels par an pour permettre la pérennité, dans le cadre paroissial, du répertoire polyphonique de musique sacrée qui ne trouve plus sa place dans les célébrations d’aujourd’hui, et de chanter, une fois par an, une messe utilisant essentiellement le répertoire en latin.
Aujourd’hui encore, ce chœur d’une cinquantaine de choristes, sous la direction d’un jeune chef compétent, continue de travailler un répertoire ambitieux qu’il donne dans le cadre des deux concerts spirituels prévus annuellement, la Communauté paroissiale étant théoriquement et prioritairement destinataire de ces concerts.

On peut se réjouir d’une telle expérience qui prouve que les chorales profanes n’ont pas le monopole de l’exécution d’un répertoire exigeant, d’autant plus que ce répertoire est celui de l’Eglise qui recommande la pratique du chant grégorien et des polyphonies latines, entre autres celles de la Renaissance.
Le recrutement de choristes particulièrement motivés s’est fait pour l’essentiel à l’extérieur des chorales liturgiques de la ville ; on peut le regretter, mais s’en réjouir peut-être, car la Foi et l’Art sont intimement liés et la musique, elle aussi, est un chemin de découverte de Dieu et un vecteur de la Foi. Il est dommage que, provisoirement du moins, le deuxième objectif assigné n’ait pas encore pu voir le jour.
Ce chœur au label « paroissial » pourrait, même si cela ne devait être que ponctuellement, collaborer avec les chorales liturgiques de la ville.

Un projet similaire a vu le jour dans une Communauté de Paroisses du diocèse de Metz (Moselle). Aussitôt la Communauté installée (un bourg important et quatre villages) une collaboration active entre les chorales des différentes églises était réclamée, attendue.
Aussi, pendant quelque temps, et à deux reprises dans l’année, les chorales ont uni leurs moyens pour des célébrations festives (Rameaux, Ascension…). Ces rassemblements, qui pouvaient réunir jusqu’à une soixantaine de choristes, ont très vite connu leurs limites pour différentes raisons : le niveau musical des uns, les orientations de répertoire des autres, la répartition des voix dans les pupitres (ici, on ne chante qu’à l’unisson, là, il n’y a qu’un homme dans l’effectif de la chorale).
Des tentatives d’unification du répertoire ont été amorcées, mais les choristes refusent de travailler ensemble tout au long de l’année, car cela nécessite aussi de se déplacer ; de plus, beaucoup ne sont pas enthousiastes pour réaliser un réel travail de fond ; ils préfèrent se satisfaire du seul apprentissage de la mélodie de chants que beaucoup veulent « accessibles ».
Par ailleurs, les chefs ou responsables ont des cultures, des formations, des compétences et des sensibilités différentes. On a très vite assisté à la démobilisation des personnes motivées, car le niveau a été tiré vers le bas, ce que l’on observe partout où les choristes se déplacent chaque dimanche dans une autre église pour former un groupe de chants à géométrie variable et « enfiler des chansons » tout au long de la messe.
… Et chacun est donc retourné vieillir chez lui avec son itinéraire, son répertoire, ses habitudes et son chef !

Faire émerger de l’ensemble des chorales de la Communauté de Paroisses un groupe d’une trentaine de personnes particulièrement motivées paraissait être alors une réponse possible à la question : « Quelle forme de collaboration régulière et durable est-elle envisageable pour les chorales dans le nouveau cadre des Communautés de Paroisses ? »

Ce projet sans doute inédit localement, paraissait aussi fédérateur. Il devait surtout permettre à ce chœur d’approcher un répertoire de musique liturgique plus exigeant, et plus conforme aux directives de la liturgie avec lesquelles beaucoup de libertés sont prises ici et là.

Il n’a pas échappé aux observateurs attentifs que depuis quelques années déjà, le souhait d’une plus grande qualité pour le chant liturgique et sacré est affirmée : qualité des textes, qualité des musiques, respect des formes. Cette attente est régulièrement rappelée avec force et insistance par l’Evêque du diocèse lors de ses déplacements pastoraux.
Il faut amorcer et poursuivre ce changement - et aussi le diffuser.

Aussi, la création de ce chœur inter-paroissial, une chorale paroissiale en plus des cinq anciennes chorales existantes, les unes qui agonisent déjà, les autres dont l’avenir s’avère incertain, s’est-elle révélée une opportunité à saisir en raison de la présence de nombreux atouts appréciables pour réussir un tel projet :

  • L'engagement de choristes qui souhaitent progresser dans l’exécution d’un répertoire de musique sacrée, parce qu’ils sont disposés à donner du temps à l’Eglise, est un atout de premier ordre. La pratique musicale apprise dans les formations musicales extra-liturgiques constitue une base bien utile (solfège bien en place, technique vocale de qualité, aptitude à suivre la direction du chef de chœur, etc…). Ces personnes qui ont un emploi du temps déjà bien rempli, ne supporteraient pas de passer des heures à l’apprentissage d’un répertoire débile !

  • La disponibilité de choristes issus des chorales de villages, souvent plus âgés, mais expérimentés, motivés, disposés à se déplacer et convaincus que l’on n’a jamais fait complètement « le tour de la question » est aussi une _
  • Les orgues des églises en très bon état et les trois organistes liturgiques formés, curieux et ouverts à des répertoires qui sortent des sentiers battus, sont des éléments supplémentaires de soutien efficace.

  • Le département de la Moselle qui porte depuis des siècles une tradition musicale exceptionnelle. Ce peuple, a hérité de son histoire une culture musicale solide, très proche de celle des populations germaniques.

Ainsi est né le « Choeur Liturgique des Glandières », un chœur de 28 personnes composé de 10 sopranos et de 8 altos, de 6 basses et 4 ténors, pour la plupart issues de chorales paroissiales, et qui poursuivent d’ailleurs leur engagement dans leur chorale d’origine. Ce chœur répète deux heures chaque semaine.

Il faut noter les réticences exprimées par l’équipe d’animation pastorale au moment de la création de ce chœur. Cette instance craignait « la division », car les choristes, même s’ils n’ont pas été auditionnés, ont tout de même été pressentis à partir d’un cahier des charges succinct, mais explicite.
Dans son article cité plus haut, Jean MAUGEY précise que la crainte de la concurrence peut être un élément positif qui devrait mener « certains responsables de la musique liturgique du dimanche à s’interroger sur la qualité de ce qu’ils font chanter à leurs choristes et aux fidèles ».

Le « Chœur Liturgique des Glandières » s’est donné pour mission de «chanter la messe » en respectant les recommandations de l’Eglise telles qu’elles figurent dans la PGMR (Présentation générale du Missel Romain), tout particulièrement celles qui définissent la nature de la participation de l’assemblée. Il a aussi vocation d’organiser et de participer à des concerts de musique sacrée dans et hors de la Communauté. Enfin, il veut montrer l’Eglise d’aujourd’hui sous un jour sympathique en s’associant à des manifestations à caractère culturel (Festival de chant choral de la Ville voisine), concerts pour des manifestations humanitaires, intervention dans les hôpitaux et maisons de retraite.

Le répertoire pour la messe est constitué d’hymnes, de psaumes, de tropaires des compositeurs confirmés de notre temps, et de partitions des maîtres anciens (chorals, polyphonies de la Renaissance accessibles).
Pour les chants de l’ordinaire de la messe, le souci est de répartir plain-chant et compositions en français de bonne facture en écartant systématiquement le genre « chansons ».
Quelques pièces grégoriennes, pour des occasions particulières, pourront être envisagées à l’avenir. Les compositions de J. Langlais, de G. Litaize, de P. Doury, E. Andrès sont bien présentes dans le répertoire pour la messe.

Après six années d’existence, on peut se risquer à dresser un bilan de cette expérience.
Le premier objectif qui était de chanter, pour les dimanches ordinaires, deux à trois messes par an dans chacune des églises de la Communauté, n’a été atteint que partiellement, l’hospitalité musicale n’étant pas encore bien ancrée dans les mœurs. Beaucoup craignent à tort de « perdre leur place ». Cependant, plusieurs messes ont pu être chantées aussi à l’extérieur de la Communauté de Paroisses : elles ont permis d’amorcer la diffusion du « concept ». Il faut espérer une évolution des mentalités. A défaut, ce serait le travail autour des concerts qui pourrait prendre progressivement le dessus. Ce glissement risquerait alors de dénaturer l’objectif prioritaire du projet : donner demain à toutes nos assemblées « de prier sur de la beauté ».


Noël LAURENT

Article tiré de la Revue "Musique Sacrée - L'organiste" dirigée par l'abbé Armand Ory

15/04 /10 Prière d'Afrique (Témoins vosgiens)
L'Afrique aux multiples visages, transmet aux autres peuples de la planète, une hiérarchie différente des valeurs et du sens de la vie : unité entre vie matérielle et vie spirituelle, conception du temps qui nous invite à vivre avec et pour l'autre, confiance dans l'attention divine, célébration et fête de la vie. _ L'Afrique bouge et aspire à vivre autrement. L'Eglise d'Afrique, lors de son synode, a appelé à la recherche de l'africanisation de l'annonce de l'Evangile.

L'Afrique avec ses 655 573 000 habitants, ses 53 pays, où vivent côte à côte les animistes, les catholiques, les musulmans, les orthodoxes et les protestants, nous dit aussi sa manière de prier :


Ta case est mon abri

Comme un troupeau de bœufs à la bosse aplatie,
se traîne vers les puits pendant la saison sèche,
ainsi mon âme se traîne vers toi, mon Dieu.

Mon âme a soif de Dieu,
l'eau de son puits donne la vie,
Quand pourrai-je me présenter
devant le siège de mon Dieu.

Je n'ai de nourriture que mes larmes.
Toute la nuit je me retourne sur ma natte.
J'entends mes ennemis palabrer sans arrêt :
" Montre-nous la concession de ton Dieu ! "

Moi, je sais le chemin de sa maison,
Sa pensée me rafraîchit comme l'eau.
Je marche vers la plus grande des concessions,
la case de mon Chef et de mon Dieu.
Toute ma famille suit, jouant du tam-tam.
Chants et danses vers la maison de Dieu.

Si je tombais de fatigue sur le sentier,
je ne mourrais pas de soif ou de faim
Espère en Dieu ô mon âme, prends ton tam-tam et danse !
Voici la maison de Dieu, mon Sauveur.

Si la piste se perdait dans la brousse,
je saurais la route de mon village,
le karité près de ma concession,
et la case de mes ancêtres.

J'ai reçu sur le dos tornade après tornade.
J'ai glissé dans la boue.
Le barrage avait été emporté.
J'ai traversé des marigots en crue.

Le jour, mon Dieu m'a conduit par la main,
La nuit j'ai crié et les gens m'ont accueilli.

J'ai dit à Dieu : " Ta case est mon abri,
Montre-moi le chemin de ta maison. "
Mes adversaires veulent la vie de mes fils
mais je n'aurai pas à raser ma tête.

Le jour, ils ne me laissent pas manger en paix.
La nuit ils discutent autour de ma natte.
Ils ne cessent de répéter :
" Jamais tu n'atteindras la maison de ton Dieu ! "

Si je tombais de fatigue sur le sentier,
Je ne mourrais pas de soif ou de faim.
Espère en Dieu, mon âme, prends ton tam-tam et danse,
voici la maison de Dieu, mon Sauveur !

Extrait de Psaumes de la savane dans Peuples du monde

15/04 /10 Colette Simonin : paroles de Côte d'Ivoire (Témoins vosgiens)
On peut dire que nous allons bien, même si la situation du pays n'est pas encore au "top".

En effet nous subissons en ce moment, des délestages importants d'électricité car la production nationale ne suffit plus à la demande et, comme l'État ne paie pas ses factures à la Compagnie Ivoirienne d'Électricité, celle-ci ne peut procéder aux améliorations demandées par le surcroît de besoin en électricité... Ce qui fait que nous recommençons à nous éclairer à la bougie...
En même temps nous n'avons pas d'eau, elle revient de temps en temps dans la journée, il faut guetter le moment pour faire des provisions. C'est une manière originale de faire carême! Tout le monde est à la même enseigne... Tout est lié à la situation d'instabilité politique du pays.

Quoi qu'il en soit, nous continuons notre petit chemin, humble et persévérant. Nous venons de monter un atelier informatique pour les jeunes, avec dix ordinateurs. Ce sont nos deux sœurs vietnamiennes qui l'animent.
C'est important aussi que les petits pays pauvres comme la Côte d'Ivoire ne se trouvent pas en dehors de la course aux nouvelles technologies d'informations et de communications. L'alphabétisation marche bien aussi.

Durant le mois d'août, nous recevrons un groupe de cinq filles de Conflans-Sainte-Honorine, des scouts- compagnons, qui nous aideront à animer un petit centre aéré pour les enfants de huit à quatorze ans. C'est une première expérience que je souhaite renouveler l'an prochain avec les jeunes d'ici qui vont travailler avec elles...

Voilà très rapidement quelques flashes de ce qui se passe ici. Encore une fois merci et en grande union pour cette montée vers Pâques. Cette année, j'ai pris du recul au niveau de la responsabilité de la catéchèse, mais je reste en contact avec les jeunes par d'autres moyens. Il faut savoir laisser la place quand les gens sont prêts à l'assumer, et c'est le cas! Je rentrerai en congé du 25 mai au 3 août.

En grande union fraternelle de prières et de mission.
A bientôt

Colette

Message fraternel de Colette Simonin en Côte d'Ivoire

13/02 /10 Louis Boucher, un regard vers demain (Témoins vosgiens)
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Enraciné dans sa terre natale à la façon de ces grands arbres qu’il aime reconnaître parmi la nature vosgienne, Louis Boucher vint au monde le 20 juillet 1913 et grandit au sein d’une fratrie de quatre enfants dont il est le second. Si son pas est aujourd’hui moins assuré que par le passé, les ans n’ont en rien émoussé la clarté d’un jugement serein, mais sans concession. Tous ces articles ont été publiés dans le magazine « Eglise dans les Vosges ». En vous abonnant , vous soutenez l’information et le dialogue dans le diocèse.
La guerre mondiale fut cruelle pour la famille Boucher qui pleura la disparition en déportation d’un de ces garçons, André. Frère Xavier en religion fut conduit à Buchenwald, par vengeance arbitraire des nazis après un attentat contre Hitler. Un acte dont le malheureux franciscain n’était en rien responsable.
La destinée devait encore emporter Georges, un autre fils Boucher, dans un accident de voiture, marié et père de 5 enfants. Françoise, sœur aînée de Louis est aujourd’hui âgée de 98 ans. Centralien, Louis Boucher aurait très bien pu succéder à son père, industriel constructeur en 1910 des filatures éponymes à Cheniménil. “J’étais prêt à entrer dans la carrière...” L’inattendu est arrivé.

Ce serait faire offense à la grande modestie du prêtre que de détailler son cheminement. Il suffit de savoir que, invité par un camarade à le rejoindre pour s’occuper de jeunes en banlieue parisienne, Louis Boucher intégra l’exemple d’un religieux dont l’abnégation forçait l’admiration. “Un curé gravement malade me chargea de le remplacer à la tâche... je pensais que mes possibilités éducatives étaient limitées...”
Un Appel de Dieu... Un choix... “J’étais déterminé à remplacer au service de l’Église ce prêtre malade. J’arrivais alors en deuxième année de l’École Centrale. Cela ne m’a pas empêché de poursuivre mes études jusqu’au bout ! Le service militaire dans l’Artillerie m’attendait. Je suis entré au séminaire à 24 ans !” Louis Boucher en sourit encore.

Deux années de philosophie à Rome, l’obligation de quitter l’Italie du fait de la guerre, ce sera finalement à Lyon, au séminaire universitaire que Louis Boucher recevra son enseignement religieux. Nommé vicaire à Saint-Dié, puis durant 7 ans, curé de la paroisse Sainte-Jeanne d’Arc, le religieux fut envoyé comme curé à Saint-Maurice à Épinal. Après 23 ans, il devait retrouver la Déodatie. Nommé auxiliaire, “au service de toute la ville”, Louis Boucher exerça encore son ministère durant 19 ans.

De la concertation, de la générosité dans la réflexion

L’an 2000 arriva avec la décision d’habiter désormais la maison de retraite déodatienne Saint-Pierre Fourrier. Un petit appartement, du repos, du temps libre, mais pas d’inactivité. Le prêtre s’est plu à découvrir la propriété, à recenser ses essences superbes d’arbres rares, séculaires. De menus travaux de jardinage, quelques fonctions en paroisse... Louis Boucher ignore l’indolence. La foi qui le porte lui permet encore de participer à la célébration des offices de l’établisse¬ment de retraite où vivent une trentaine de prêtres, cinq religieux et une dizaine de laïcs qui furent au service de l’Église.

Le rythme de la vie actuelle n’inquiète pas vraiment le vieil homme qui pourtant juge nécessaire de prendre davantage la mesure de toutes choses. “Il faut de la concertation, de la générosité dans la réflexion. Le monde évolue. Internet, c’est très bien et cela rend de grands services aux gens. On peut joindre rapidement des personnes à New York, à Shanghaï... Il est utile malgré tout de regarder à côté et autour de soi...” Louis Boucher n’ignore pas et ne rejette pas les technologies nouvelles.

“La moyenne d’âge de retraite des prêtres atteint ici 86 ans... La présence de laïcs pour aider au fonctionnement de l’Église est maintenant nécessaire. En particulier pour les célébrations d’obsèques. Mais il faut que les gens s’habituent...”. Louis Boucher sait d’expérience que rien n’est simple lorsqu’il s’agit de bousculer le train-train. “Il faut du temps pour que les mentalités évoluent, ce n’est pas facile, mais nécessaire...”
À 97 ans, Louis Boucher se refuse aux facilités d’esprit. “Le concile a donné une ouverture plus grande qu’autrefois, il est indispensable de toujours s’interroger, de réfléchir encore... Il m’arrive de chercher des réponses dans le Latin...”

Le prêtre pratique également le Grec, consulte une douzaine d’éclectiques revues, regarde un peu la télévision. Mais, il se garde de trop d’avis lorsqu’il s’agit du quotidien. Parfois dubitatif, il s’interroge. “Vous savez ici, je ne vois plus vraiment comment vivent les gens... Il leur faut essayer de comprendre les nécessités du moment, il faut du réalisme face aux situations... Pour les retraites, par exemple... Ce n’est pas simple de trouver des solutions. La télé nous informe, ou nous déforme ? Il faut entretenir un esprit critique. Ou alors, tout absorber comme du bon pain ? Prendre conscience des réalités, faire des efforts, c’est ainsi que l’on avance... Ici la fraternité et le dévouement de personnes qui ont la maison en charge sont admirables. Nous sommes très gâtés.” S’il évoque avec pudeur les misères de l’âge, le religieux ne se plaint pas. “Je suis heureux”. Serviteur de Dieu, presque centenaire, Louis Boucher, prêtre parmi les humains, demeure un homme d’avenir.

Josée Tomasi-Houillon