Dinozé. Il règne dans l’atelier une ambiance qui ne trompe pas. Studieuse mais sereine. Appliquée mais pas tendue. Collective mais pas compétitive. C’est tout un esprit qui s’imprègne ici.
L’APF (Association des Paralysés de France) gère une entreprise de travail adapté. Une entreprise bien dans ses baskets. Ici, il y a du sens. On accueille tout le monde et chacun comme une personne. Il y a de l’écoute, de la performance et de la transparence. Ensemble. Chacun sur sa machine, chacun à son poste téléphonique, avec une exigence : celle de donner le meilleur de soi. Mais sans en souffrir. En prenant même son temps ! 145 adultes travaillent ici. 68 salariés à l’entreprise adaptée, 50 personnes en ESAT (centre d’aide par le travail). Le terme générique : le travail adapté. Finalité de l’institution : fournir de l’emploi. A tous les étages : “A l’APF, dans l’encadrement, j’ai des personnes en situation de handicap”, dit Daniel Colin, le directeur de l’établissement.Bouffée d’oxygène
Aujourd’hui, il a reçu deux candidats à un poste de cadre dans l’entreprise. Ils sont prêts à accepter une baisse de salaire. Car la démarche leur plaît. Dans la majorité des entreprises, les conditions de travail sont trop dures aujourd’hui. Concurrence. Rendements. Objectifs. Charges trop lourdes. Obligation périodique de licencier… Ce scénario, Daniel Colin lui-même l’a connu. Ingénieur dans des sociétés de chaudronnerie, de tôlerie industrielle, il a connu la pression : il y a dix ans, c’étaient les Pays de l’Est qui exacerbaient la compétition. Il fallait alléger la masse salariale tous les trois mois. A force, c’était étouffant : “Quand on met la même compétence dans son travail, mais que la finalité est différente, tout change. Bien sûr, la rentabilité est toujours nécessaire. Mais le sens qu’on donne aux choses est différent : mon salaire a baissé, mais pour rien au monde, je ne reviendrais en arrière !”
Une humanité plus grande
L’actionnaire, l’APF, accepte que l’on perde de l’argent. Il ne s’agit plus, tous les six mois, de mettre en œuvre des mesures pour compenser des pertes de trésorerie. On laisse du temps au temps. L’échelle n’est pas la même. Pas de polarisation exclusive sur l’économie, mais des axes de management – à l’instar, d’ailleurs, d’autres entreprises : “Avec mon équipe, à Dinozé, on doit pouvoir créer des entreprises avec une humanité plus grande. On a la conviction que si l’on est attentif aux conditions de travail des gens, on peut retrouver une meilleure motivation, un meilleur travail, un meilleur résultat.”
Pas de pression
La preuve ? Le directeur de l’APF l’a obtenue sur le terrain : “On a mis en œuvre il y a un an un centre d’appels téléphoniques. Cinq personnes y sont affectées. Eh bien, on a de meilleurs résultats, dans certains cas, que des salariés d’entreprises classiques touchées par le stress, la rotation incessante et l’absentéisme du personnel.” Comment évaluer cette meilleure efficacité ? Par le nombre de commandes, de rendez-vous décrochés par les employés de l’APF. Comment l’expliquer ? Par leur disponibilité, leur calme, leur patience : ils ont du temps, de la sérénité, et, au bout du fil, l’interlocuteur ressent un bien-être. Il ignore que son correspondant est une personne handicapée, qui n’a pas de pression dans l’immédiat et prend plus de temps à dialoguer. Tout ceci ne signifie pas que le personnel ne soit pas astreint à des règles - mais à des règles qu’il va s’imposer lui-même : “On laisse une latitude aux personnes. On joue la transparence, on leur donne les résultats financiers, on les informe des pertes ou des gains. On mise sur l’autorégulation.”L’efficacité du cœur Le retour vient du client, qui le reconnaît lui-même “Vous avez plus de résultats que nous, que nos propres services en interne. Sur la liste des prospects, votre taux de rendez- vous atteint 12%, contre 10% chez nous.” L’entreprise adaptée est confrontée à la concurrence : “Au départ, ils nous trouvent toujours trop chers. Alors, on leur propose de faire un essai. On a un atout : la qualité.” C’est ainsi que l’APF conquiert des clients comme le glacier Claude Thiriet : une fameuse référence. Depuis deux ans et demi, l’entreprise de Dinozé traite, lave, range dans des rolls, par taille, les vêtements de travail des salariés d’Eloyes : “On a remporté le marché ; on répondait le mieux à la qualité de service exigée. On est à l’écoute de nos salariés, mais aussi de nos clients ! On est capable d’offrir une qualité au moins aussi bonne que celle d’autres entreprises.”
Aide les autres, et tu t’aideras !
Jean-Paul Vannson
Prestations de l’entreprise adaptée
- Centre d’appels
- Transport de personnes nécessitant un accompagnement
- Câblage industriel (armoires électriques)
- Assemblage de pièces
- Façonnage pour imprimeur
- Reliure traditionnelle
Contact :
APF entreprises
Tel : XX.XX.XX.XX.XX
Cet article a été publié dans le magazine « Église dans les Vosges ». En vous abonnant , vous soutenez l’information et le dialogue dans le diocèse.