De vous à nous
J'annonce les couleurs : c'est un livre remarquable.
Attention, je crois qu'il ne faut pas le lire à partir de la page 1, et jusqu'à sa page terminale. Il présente in fine une table des matières précises, table invitant très naturellement le lecteur à faire son choix, à ordonner ses lectures successives.
C'est donc ainsi que je me suis lié à ce dominicain qui offre à ses lecteurs une série de réponses. Je prends cet exemple : l'Esprit Saint, dans une perspective, dans un élan œcuménique, qu'est-t-il? Et je reçois cette réponse : « l'Esprit souffle de liberté et d'universalité ». L'expression est belle : le contenu est à sa mesure. L'auteur rive sa pensée au Concile Vatican 2, dont la constitution Dei Verbum est l'un des textes majeurs : cette constitution traite de la révélation et de l'interprétation de l'Écriture et de la tradition.
40 ans environ après ce Concile, un théologien très écouté est cité par le Père Berten en ces termes : « Si dans tout dogme une volonté s'exprime de fait, elle le fait cependant toujours de façon défectueuse et historiquement conditionnée ».
Le Père Berten fait vivre l'analyse qui vient d'être citée dans des faits d'histoire. Pie XI, l'an 1928, c'est fort ancien, ce qui rassure - Paul VI – Jean Paul II, lors même de la Pentecôte 1994, fête de l'Esprit Saint. Je laisse le lecteur chercher, lire, réfléchir.
La conclusion me paraît exprimée dans l'ultime chapitre : d'abord son titre : « le triple visage de Dieu, responsabilité et liberté de la foi ». Puis l'évocation de l'Esprit Saint : « l'Esprit est cette présence active, ouvrant à la nouveauté et à la liberté, dans la rencontre des autres et l'accueil de la richesse de la diversité ». Je suis partant.
Serge Najean
Qui est Jésus, Homme, Homme-Dieu, Dieu fait homme ? Voilà l'épineuse question à laquelle ont du répondre les premiers chrétiens et qui est l'objet de ce livre.
Ayant déjà eu l'occasion de lire plusieurs livres de cet auteur, c'est avec une grande curiosité que j'ai lu ce dernier opus. Ce fut très enrichissant pour ma part.
La figure de Jésus a été durant plusieurs siècles le sujet d'âpres discussions. À travers ce livre, on y découvre, plus globalement, une Église chrétienne primitive traversée par multiples passions humaines, pleine de doutes et de contradictions, humaine en un mot où politique et religion sont intimement liées.
À lire absolument
Florence Coste
La rédaction d'une note sur cet ouvrage est difficile : 21 textes écrits par des auteurs distincts, d'époques et de préoccupations fondamentales différentes.
Je crois avoir trouvé en introduction du chapitre 9 ce qui fut, pour moi du moins, une clé de compréhension : « Jésus Christ, vrai Dieu et vrai Homme » (Vasile Mihoc).
— Et voici les trois premières lignes, si parlantes : « L'orthodoxie est moins un système doctrinal que l'expérience de la communion avec Dieu dans le Christ – Cela explique la place unique de la pensée christhologique dans l'Église orthodoxe ».
Ayant cette sorte de point fixe, le lecteur peut ensuite plus aisément chercher dans ce livre ce qui correspond à ses inquiétudes, à ses attentes personnelles... Pour moi-même Incarnation, Eucharistie.
Je n'avais aucune envie de rentrer dans « le théâtre d'âpres disputes ariennes » (ch 12 : son titre : un problème christologique selon la doctrine de S. Athanase le Grand). Par contre, bonheur de lire, de sentir l'Incarnation « recréation de l'humanité ».
J'ai donc infiniment apprécié le ch. IV : « Le Christ de l'Univers » et ch. VI : « Je suis venu pour qu'ils aient la vie ». Je veux citer cette phrase quasi introductive : « le Seigneur n'est pas venu pour enseigner des vérités de nature théorique et juridique... Il parle comme ayant une autorité d'amour ».
Il est permis d'être moins à l'aise lorsqu'apparaissent des tensions fortes actuelles sur « le territoire canonique » de telle ou telle Église : une courte et unique citation : « le résultat douloureux de cette activité et de cette pratique statutaire est que nous avons en pratique deux ecclésiologies tragiquement conflictuelles... »
Mais l'auteur du chapitre 20 insiste vivement en conclusion sur l'unité de l'Église... s'exprimant d'abord et avant tout... par la participation des fidèles à l'unique Eucharistie, car c'est par la participation commune à ce sacrement qu'est accomplie la communion des fidèles avec le Christ et entre eux.
Il ajoute que le terme « Église » dans les premières années du christianisme, « a signifié d'abord et avant tout l'Assemblée eucharistique des fidèles ».
J'ai lu à la date (approximative) des fêtes de la Nativité orthodoxe un article de Vladimir Zielinsky, prêtre orthodoxe, très proche de ce qui est présenté par cette étude d'ensemble : j'en extrais donc quelques phrases, : « afin que ces trois événements, l'Incarnation, la mort dans la Croix et la Résurrection du Christ restent vivants, il faut les partager les uns avec les autres, communier à eux ensemble... où sont les frontières de cette communauté ? Sans proposer une autre frontière de l'œcuménisme, je crois que là où l'Incarnation préside dans la charité et ne passe pas à côté des victimes comme le prêtre et le lévite dans la parabole du bon Samaritain, … nous serons unis même avant les retrouvailles de l'expression théologique de notre foi ».
Serge Najean
Peut être, dans la pensée de l'auteur, s'agit t-il d'abord de la place de l'homme par rapport au Christ.
Gérard Bessiere propose sa vision personnelle dans un paragraphe sans doute essentiel qu'il titre en quatre mots : « Jésus est toujours devant ».
Dès lors, les travaux exégétiques ne risquent t-il pas de « fasciner... (mais pour) un berceau vide » : alors que « le Livre est indéfiniment vivant », si les hommes de ce temps acceptent de le prendre « comme levain et ferment ».
Je lie la pensée de Gérard Bessière, exprimée en termes tourmentés, à une courte méditation d'un des moines de Tibhirine (Frère Luc-10.X.93), proposée en ces quelques mots apaisés : « Devant nous le Christ portant sa croix nous montre le chemin... » (...les images du film, les écrits des moines de Tibhirine, Éditions Bayard).
DEVANT, rappelez vous la première citation de cette courte note.
Serge Najean
Nouvelle édition revue et augmentée, 2009
Ce livre m'a plu énormément. J'y ai vu l'approfondissement de la pensée théologique et spirituelle, depuis mon enfance, avec des dates, des noms d'auteurs et de personnalités marquantes dans la vie de l'Église, spécialement depuis le dernier Concile.
Je souhaite que beaucoup de personnes puissent lire « Zundel » pour mieux découvrir notre Dieu « doux et humble » de cœur, sa présence intérieure, qui illumine.
Zundel a des mots exceptionnels pour parler de notre « Dieu qui s'est fait Homme pour que l'homme devienne Dieu » (Saint Augustin)
Lisez Maurice Zundel!
Cécile Nicolas
Auteur Jean Delumeau
« Si le mystère du mal me plonge dans l'angoisse, en revanche celui de l'Incarnation m'emplit d'espérance » (p.135). Cette citation introductive donne le ton.
S'il est dans ce cadre un mot essentiel, prenant sa place avant tout autre, c'est le mot « espérance », qui termine la citation initiale de cette note.
Jean Delumeau propose un témoignage : sa réflexion personnelle, animée par une foi profonde, libre, en recherche permanente.
Je prends l'exemple de la recherche œcuménique et cite à nouveau Jean Delumeau : «je n'ai aucune qualité particulière pour suggérer des portes de sortie dans l'impasse actuelle. Mais d'une part je crois à la nécessité absolue de la réunion des chrétiens et d'autre part je me suis donné pour règle de me mettre toujours du côté de l'espérance ».
Jean Delumeau est dans la ligne des Montaigne, Erasme, Pascal mais avec les mots de notre temps.
J'ai apprécié infiniment ce livre.
Serge Najean