Étymologiquement, accueil pourrait s’écrire acoeuil comme cœur, ou acoeil comme œil. Voilà qui donne relief à toute la dimension de la mission d’accueil et qui dépasse largement l’acte d’ouvrir une porte. Ce n’est très certainement pas, Michèle Marchal qui prétendra le contraire.
Après des années à recevoir les personnes qui souhaitent entrer au presbytère de Vittel, Mme Marchal sait bien que chaque être est différent dans sa façon d’être, dans ses questionnements, dans ses besoins d’être écouté, dans les réponses attendues, espérées...
Un coup de sonnette, Michèle se dirige vers la porte. Se présente une toute jeune femme qui passait par là. Mme Marchal n’est pas de “service” ce jour là, qu’à cela ne tienne. Elle recevra tout de même la visiteuse venue quérir des renseignements en vue d’un mariage religieux. Michèle Marchal pose sur ses interlocuteurs son regard profond et serein. Son tempérament de battante, sa patience aussi, Michèle les a peut-être hérités de sa famille de cultivateurs. Des gens de bon sens.
Dernière d’une fratrie de trois enfants, Michèle puisera ses premières armes scolaires, à l’école primaire à Crainvilliers, son village natal. Elle confortera plus tard son bagage de connaissances en cheminant dans la foi catholique.
Une école de vie
Son parcours la conduira dans le Pays-Haut. Tout autour des mines, elle côtoiera les gueules noires, les mains usées par le labeur, la maladie, les pauvretés. Elle entendra et comprendra aussi les revendications, les espoirs, les colères... Le quotidien impose ses lois, ses peines, ses joies “là-bas j’ai appris à connaître les gens !”.
Michèle Marchal conserve de cette époque un souvenir puissant. Infirmière, elle entrera dans les foyers, en découvrira toutes les faiblesses, toutes les forces aussi. Michèle reviendra dans l’Est en 1974, pour être embauchée à Brabois, quatre ans de service et ce sera l’école des cadres.
Elle rencontrera alors un prêtre resté seul après le décès de sa maman. En toute amitié, l’homme d’Église lui proposera alors de partager son toit. Cela tout en poursuivant sa carrière professionnelle “Je n’ai jamais regretté...”. Retraitée en 1996, Michèle eut l’opportunité de venir habiter la maison laissée vide après le décès de ses parents. Et, c’est tout naturellement qu’après avoir retapé l’habitation de son enfance elle vînt y vivre.
Emmenant avec elle son vieil ami le prêtre. Noël 2001 était carillonné. Michèle Marchal est de ceux qui se débusquent toujours quelque chose à faire. Après 40 ans d’absence, Michèle revenue au pays rencontrera en 2002 le curé de Vittel, Jean-Marie Lallement.
Très vite, elle apportera son aide à la paroisse. Son ami prêtre, d’une santé précaire mourut après avoir été victime d’un malaise survenu après un enterrement qu’il venait de célébrer pour rendre service.
Curieusement, c’est alors qu’elle annonçait ce décès à un garçon à la dérive, parent du prêtre, que sa façon d’écouter et d’entendre fut remarquée. Non pas en heurtant par le franc-parler qu’elle utilisera alors au téléphone pour se mettre à la portée de son interlocuteur, mais justement par sa capacité à s’adapter à la situation et d’y répondre.
L’accueil du presbytère lui fut confié. Ceux qui la connaissaient savaient pouvoir compter sur elle. Le mercredi matin au début, Michèle offrit encore un peu plus de son temps, lorsqu’elle se mit en demeure de mettre à jour et d’une forme claire les registres religieux. Mariages, baptêmes, décès... furent classifiés de façon rigoureuse.
Sa permanence hebdomadaire s’étendit alors sur toute la journée du mercredi. Il serait bien trop d’énumérer ici toutes les fonctions qui incombent aujourd’hui à Michèle. Sans ménager sa peine, elle épaule le curé du presbytère François Villemin. Les abbés, Jacques Heinrich et Olivier Bourion apprécient aussi en elle une collaboratrice précieuse pour la paroisse Saint-Basle et ses 53 villages.
Michèle porte en elle une foi chrétienne dont la richesse intérieure se révèle dans chacune de ses paroles. Michèle conduit parfois les célébrations d’obsèques, participe au conseil pastoral, au relais en zone rurale, à la distribution du bulletin municipal...
L’Église catholique a changé, ses hommes et ses femmes aussi. Michèle Marchal en est un exemple vivant.
Josée Tomasi-Houillon