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Bernadette Grandemange, femme de diacre

Le Haut-du-Tôt, sur la commune de Vagney, un chemin de terre au travers d’une forêt profonde, on y vient souvent à pied. Un homme travaille dans le jardin, son épouse sort d’une maisonnette, bâtie à deux pas de la vieille ferme ancestrale, de grands sapins, des arbres centenaires, des fleurs... Le couple demeure là, au rythme des saisons.

Cet article a été publié dans le magazine « Église dans les Vosges ». En vous abonnant , vous êtes informé-e et vous soutenez l’information et le dialogue dans le diocèse.

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Elle, c’est Bernadette, née à Cleury, benjamine de huit enfants, elle a couru gamine dans les pâtures, les champs... Rude et généreuse, comme ceux du pays, la nature est belle. Devenue adulte, Bernadette rencontra Michel Grandemange, un garçon du coin, avec qui elle devait s’unir pour la vie.
Leur histoire ne regarde qu’eux, les jeunes gens convolèrent en justes noces le 25 mai 1963. Habituée à prêter main dans la petite exploitation agricole de ses parents, Bernadette connaît l’ouvrage. Ouvrière dans un tissage au début de sa carrière professionnelle, elle quitta son emploi dans les moments où son mari, imprimeur, trouva un travail à Nancy.

Pas de chance, après 6 ans, l’entreprise où Michel avait été embauché fut dévastée par un incendie, et jamais reconstruite. M et Mme Grandemange ne sont pas de ceux qui se découragent. Ils partirent donc vivre à Bouxières-aux-Dames. Au fil des ans, sept enfants sont arrivés. L’opportunité d’entrer dans l’imprimerie de Planois fit prendre un virage important à la famille de retour dans les Vosges. Et tout ce petit monde d’investir la maison de campagne du haut-du-Tôt, devenue résidence principale.

Les enfants grandissent vite, le quotidien laisse un peu de temps. Bernadette répondit favorablement à une proposition d’économie de montagne en s’occupant de plantes.

Un univers paisible à l’intérieur duquel, la présence de Dieu n’a jamais failli. Avec un bon sourire, Bernadette se souvient avoir vu un jour arriver le vicaire épiscopal, le Père Lemasson, porteur d’une demande pour le moins particulière. La question fut posée. Et si Michel devenait diacre ?

“Cela nous a quand même étonnés... C’est vrai, Michel faisait partie de l’équipe d’animation de la paroisse, mais il nous fallait voir de quoi il s’agissait exactement ! Nous en avons beaucoup discuté ensemble et finalement on a dit oui. On se réunissait avec les gens du groupe des appelés, certains ne sont pas allés jusqu’au bout, nous si... cela a été un cheminement sur trois ans...
On se pose beaucoup de questions, mais on avait le temps de réfléchir... Comme à lui cela ne posait pas de problème, je n’avais aucune raison de dire non...” Mme Grandemange se rappelle qu’au début, “... les enfants n’étaient pas super contents, car on était, à leur goût, un peu trop pris. Finalement, maintenant, je pense qu’ils sont fiers de leur père !”

D’abord un couple marié

Bernadette n’est jamais loin de Michel. “... Avant on allait ensemble à la messe tous les dimanches, cela ne change rien pour nous. Nous sommes d’abord un couple marié...”
Que son mari s’attache matin et soir à la “Prière des heures” ou encore aux prières de l’Ancien Testament ne la perturbe nullement. Avec un regard tout d’amour et de bienveillance, Bernadette n’a aucun ressentiment.

Personne ne lui enlève son époux et elle ne voit pas grand-chose à ajouter. “... Il bricole tout le temps ! Depuis qu’il est diacre, bien sûr, il est un peu plus pris, un peu plus engagé... On l’appelle pour un baptême, un mariage... Nous échangeons beaucoup sur tous les sujets sur lesquels il a besoin de travailler... ça va !” Une lumière admirative dans les yeux, Bernadette assure “... moi je ne pourrais pas faire ce qu’il fait, il est diacre, mais vraiment je n’ai pas à me plaindre...

Autour de nous, jamais personne ne nous a fait de mauvaises remarques. Il y a chez nous comme ailleurs des choses à concilier, on y arrive toujours...” Le téléphone retentit. Mme Grandemange répond. C’est une demande pour le diacre. Bernadette transmettra la commission à son mari. Michel rappellera un peu plus tard l’interlocuteur.

Vingt ans déjà sont passés depuis que Michel a été ordonné le 25 mai 1991. Si c’était à refaire ? “Bien sûr, on le referait, sans problème. Je n’ai pas grand chose à dire, c’est bien de donner du temps pour la communauté... Il n’y a rien de dramatique à cela, trop souvent aujourd’hui, on voit le mauvais, pas le bon...
On est un couple, il suffi t que le mari soit heureux, je n’ai franchement pas à me plaindre... Je suis devenue grand-mère, la vie se poursuit...” On frappe à la porte. Des randonneurs viennent chercher des plantes. Bernadette se lève pour les recevoir. Michel est toujours dans le jardin, un des fils rentre à la maison.
Tout au fond de la vallée une cloche sonne l’Angélus.

Josée Tomasi-Houillon

Cet article a été publié dans le magazine « Eglise dans les Vosges ». En vous abonnant , vous soutenez l’information et le dialogue dans le diocèse.

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Publié le 13/05/2011 par Alice.