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Témoins vosgiens

Acteurs diocésains - Missionnaires - Saints(es) et Bienheureux(ses) vosgien(ne)s


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Des acteurs dans le diocèse

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Ils sont laïcs ou religieux et participent activement à la vie de l'Église dans les Vosges. Témoignages.

- Cathy Gabet : Tous concernés, tous acteurs !
- Jean Belambo : Allons vers ce jour nouveau !
- Marie-Françoise Haumonté : Vivre l'Evangile au quotidien !
- Bernard Michel : S’engager pour donner à espérer !
- Marie-Ange Petitgenêt, disciple de Jésus
- Robert Henry, le prêtre, l'ami de toujours
- Hubert Demange, solide pilier de soutien de Notre Dame de Champ
- Sophie Chevalley, pilote de Festi Jeunes
- René Paragon, centenaire, rêve d’un monde de vérité
- Marie-José Millery, retrouver la confiance, ou l’itinéraire d’un recommençant.
- Suzanne Madre et Jeanine Perrin, un tandem de réconfort
- Claude Antoine, trésorier bénévole, ne compte pas son temps !
- Olivier Bourion, un prêtre parmi d'autres prêtres
- Louis Boucher, un regard vers demain
- Michèle Marchal prend l’accueil à cœur
- Philippe Roux, un regard de joie
- Les Soleils d’Éliane Klein
- Céline, témoignage d'une catéchumène
- Betty Bourion tisse une toile tout en couleurs
- Roselyne Vancon : " parlez d'eux ! "
- Claudine Mathieu, un capitaine sur le pont
- Le printemps de la foi de Flore Fayon
- Bernadette Grandemange, femme de diacre
- Laure Desforges, avocate sans frontières
- Cécile Strubhart, éducatrice pour enfants handicapés
- Corinne et Jean-Louis Chotard, membres des Équipes Notre-Dame
- Christian Vacelet, compas et boussole en mains
- Anne-Marie Etienne, telle une petite abeille !
- L’écoute bienveillante de Sœur Thérèse, des Hospitalières du Saint-Esprit
- Claire Fauvet-Muller, des mains et un cœur en or
- Sœur Ika, à l’Accueil du Pèlerin
- Daniel Claudon "Il faut croire en soi"
- Évelyne Spittler, ou l’art de vivre une retraite des plus actives
- Françoise Esplat porte des fleurs au chœur
- Anne Dufala, de l’or dans les mains !
- Agnès Canal cultive le présent pour les fruits de demain
- Daniel Claudon cible toujours plus de communication

Tous ces articles ont été publiés dans le magazine « Eglise dans les Vosges ». En vous abonnant , vous soutenez l’information et le dialogue dans le diocèse.


Les Missionnaires

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Ils sont laïcs ou religieux. Tous sont Vosgiens partis découvrir d'autres cultures, d'autres pays pour nourrir leur foi. Ils nous donnent régulièrement de leurs nouvelles. Parcours à découvrir.

- Sœur Geneviève Lapierre, Clarisse en Ouganda
- Les sœurs Noël, missionnaires, racontent...
- Quelques nouvelles des bords du Mékong
- Comment penser la mission aujourd’hui ?
- Prière pour construire l’Eglise de demain
- Prière d’Afrique
- Colette Simonin : paroles de Côte d’Ivoire
- Lettre de Bénédicte
- Nouvelles des missionnaires pour la nouvelle année
- Les nouvelles de fin janvier
- Équateur et Algérie : Nouvelles de nos missionnaires
- Delphine et Mathieu en Centrafrique
- Claire, lettre d’Oran
- Michel Lynde
- Sœur Marie-Agnès d'Haïti, "espère en Dieu quand même"
- Pierre Prévot du Burkina Faso
- Sœur Cécile, missionnaire en Afrique, dernier adieu
- Sœur Marie-Thérèse Baudoin, missionnaire en Égypte - nouvelles de mai
- Jean-Marie Lapierre, revenu du Burkina Faso
- Sœur Geneviève Boyé, des nouvelles du Brésil
- Sœur Angela, nouvelles du Mexique
- Vœux de Michel Lynde depuis les bords du Mékong
- Pierre Petitfour écrit de Mingana, Congo
- Sœur Colette Simonin, au cœur de la Côte d’Ivoire
- "Regard sur l’année" par Pierre Prévot
- Sœur Jeanne Bastien écrit de Oran, Algérie
- Sœur Myriam-Agnès Leblond, 83 ans, écrit d’Argentine
- Du monastère de Sœur Geneviève Lapierre en Ouganda
- Sœur Marie-Odile Gigant écrit du monastère de Diabo au Burkina Faso
- Sœur Geneviève Boyé, 88 ans, écrit de Confresa
- Ouverture d’une communauté religieuse à Haïti


Les Saints(es) et Bienheureux(ses) vosgien(ne)s

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Pour que chacun puisse connaître l’histoire des saints des Vosges, l’ouvrage du chanoine Laurent “Ils sont nos aïeux” (Ed La vie diocésaine de Saint Dié, 1980) a fait l’objet d’une saisie complète pour le site du diocèse. Merci au chanoine-défunt pour son érudition qui trouve un prolongement sur internet et merci à Astrid Ficher pour la saisie.

Les saints sont présentés ci-dessous selon un ordre chronologique

Avertissement
Nous publions ici selon un ordre chronologique les biographies de nos aïeux dans la foi d’après l’ouvrage du Chanoine André Laurent publié en 1979.
Vous trouverez parfois des références ou allusions à des articles qui suivent celui que vous lisez.


26/01 /12 "Regard sur l'année" par Pierre Prévot (Témoins vosgiens)
En juillet dernier le Père Pierre Prévot était des nôtres pour la rencontre missionnaire à Raon-l'Etape, de retour dans sa mission, il nous écrit du Monastère des Rédemptoristines de Kiri au Burkina :

Regard sur l'année.
On peut dire que cela a bien commencé. Durant la première semaine 2011 nous avons tenu un Chapitre à Fada et élu un nouveau Conseil vise-provincial : nous avons sauté le pas et choisi une direction entièrement africaine...

J'ai poursuivi les activités pastorales dans les mêmes villages... Dès le mois de mars ont commencé les travaux de la construction d'une chapelle dans le village de Tantiaka, à trente km de Fada. Pour un autre village j'avais fait une demande d'aide en Allemagne, j'ai attendu plus de deux ans une réponse que j'ai reçue : négative... C'est décevant !

Depuis le mois d'avril je savais ma nomination comme aumônier des Rédemptoristines de Kiri...Que dire de ma nouvelle vie. Mes grandes sœurs - elles ont été fondées en 1731, nous en 1732 - sont au nombre de 6 ou 7. Elles ont une concession qui était un grand verger de manguiers et il en reste beaucoup. Elles sont ici depuis 1997 en provenance de Diabo. Ce sont des cloîtrées et leur premier travail est la prière.
J’ai beaucoup de temps pour prier pour vous, et je n'y manque pas.
Elles font d'excellentes confitures que j'apprécie. Elles vendent aussi des fruits frais.

Bobo-Dioulasso est la deuxième ville du pays, de 700 à 800 mille habitants Il y a un centre ville avec pas mal de maisons à étage, mais ailleurs cela fait village tout est au ras du sol. Je m'y perds assez souvent! Le commerce envahit tout y compris les trottoirs. Il y a le chemin de fer Abidjan-Ouagadoudou, mais je n'ai pas encore vu de train...

La saison des pluies n'a pas été merveilleuse, un tiers des villages auraient une récolte déficitaire assez sérieuse. Au Niger c'est pire. Les débuts de la saison des pluies ont été hésitants, pluies insuffisantes, souvent les semis ont mal levé. Bref, une année difficile pour tout le Sahel.

Privilège de l'âge j'irai passer deux mois en France de mai à début juillet.
Bien fraternellement dans la joie du Christ.
Union de prières

Pierre Prévôt

12/01 /12 Sœur Colette Simonin, au coeur de la Côte d'Ivoire (Témoins vosgiens)
Je ne vous donne pas souvent des nouvelles pour plusieurs raisons : le service de la poste a été complètement perturbé par la situation de crise prolongée qu'a connue le pays ces dernières années, les connexions par internet étaient très mauvaises, voire impossibles à certains moments... Actuellement cela a l'air d'aller un peu mieux...
La situation politique et sociale en Côte d'Ivoire n'est pas encore totalement rétablie, même si les médias et le pouvoir en place veulent en donner une image rassurante quelque peu forcée. Ce qui est préoccupant, c'est la pauvreté des gens, le chômage des jeunes, le manque de débouchées, les routes trop dégradées qui ne rendent pas les communications faciles.

Malgré une rentrée qui traîne en longueur (actuellement il n'y a que certaines écoles primaires qui ont repris les cours, ainsi que les seules classes de terminales et de troisièmes dans l'enseignement public), la communauté essaie d'assurer les services qu'elle peut. La bibliothèque des jeunes est ouverte, l'alphabétisation a repris depuis quinze jours, l'atelier d'apprentissage informatique fonctionne à nouveau, animé par nos deux sœurs vietnamiennes : Sœur Maria et Sœur Lucie.
Sœur Evelyne est toujours active auprès des familles d'enfants handicapés pour aider à les appareiller, grâce à l'aide d'une ONG internationale, la Fondation Liliane.
Le centre d'accueil pour les malades mentaux n'a jamais chômé malgré les difficultés d'approvisionnement en vivres et en médicaments.

Nous venons d'ouvrir un noviciat et un postulat l'a précédé d'un an. Nous avons trois jeunes ivoiriennes qui se préparent à devenir, dans deux ou trois ans, les premières sœurs de la Providence ivoirienne. Tout arrive, c'est une grande espérance pour nous. Accompagnez-nous de vos prières, parce que vous imaginez bien que ce n'est pas sans problème !

... Avec toute mon amitié et ma reconnaissance, très unie à vous.

Sœur Colette SIMONIN

12/01 /12 Pierre Petitfour écrit de Mingana, Congo (Témoins vosgiens)
Pierre Petitfour en mission à Mingana (République Démocratique du Congo), envoie des nouvelles qui font état des joies et des difficultés de sa Mission :

" Que d'événements nous avons vécus en cette année 2011!
Notre communauté missionnaire est éphémère, en perpétuelle mutation. Nous devions être bientôt 6 et nous allons nous retrouver un bon moment à 3, aidés temporairement par différents "dépanneurs" (un abbé de Kasongo pour trois semaines autour de Noël, un confrère de Goma pour deux mois début 2012.)
En mars 2011 nous avons vécu le décès de notre confrère Hans Otto, mort subitement alors qu'il se trouvait en tournée à Kalola, notre paroisse voisine de + de 100 km. Quelle surprise d'apprendre sa mort un dimanche au cours des annonces à la fin de la messe ! Le Père Joseph n'y croyait pas. Lorsqu'il est parti au réseau pour téléphoner à nos supérieurs provinciaux, il recevait déjà des messages de condoléance. Nous avons ainsi été les derniers informés.
Hans Otto devait être remplacé par Giovanni mais ce dernier souffrant d'hernie discale a été réaffecté à Goma. Entre temps Tony, notre curé, a dû rentrer d'urgence en Suisse pour reprendre des soins suite à des contrôles médicaux à Kigali témoignant de la présence de nouvelles métastases...
Quant à Joseph il doit achever ses études à Nairobi en finalisant et soutenant son mémoire de fin d'études. Il sera absent au moins trois mois.

Que d'imprévus qui nous obligent à l'abandon, à faire confiance en Dieu qui travaille malgré tout. Car s'il n'était pas là à notre aide je ne sais comment nous ferions.
J'ai dû reprendre la suite de Hans Otto pour l'administration-gestion du Centre de santé de Mingana : occupation toute nouvelle pour moi, et inattendue. Il s'agit d'un centre de santé de référence avec médecin, 6 infirmiers(ères) et 7 assistant(e)s médico-sociaux. Il possède un dispensaire, un service d'hospitalisation et de chirurgie, une maternité, un laboratoire d'analyses, une pharmacie, un service d'échographie et ressemble à un petit hôpital sans l'être officiellement.
Hans avait encore des projets d'agrandissement mais qui sont restés au point mort. Je suis l'approvisionnement en médicaments et autres fournitures ainsi que la comptabilité. C'est à Bukavu que nous pouvons nous approvisionner en médicaments, fabriqués en Inde pour la plupart. Il faut ensuite affréter un avion pour Kipaka, notre paroisse voisine de 68 km. De là, une voiture appartenant à nos deux communautés de Kipaka et Mingana, finit l'acheminement des colis. S’ils sont peu nombreux, nous envoyons des cyclistes. Le transport des médicaments est donc très coûteux (l'avion facture 2,5 $ US par kg). Et notre stock connaît une forte rotation du fait que nous sommes affrontés à une épidémie de paludisme grave, compliqué d'anémie qui emporte de nombreux enfants dans toute la région de Kasongo : chaque jour arrivent au centre des enfants qu'il faut perfuser avec quinine et antibiotique et parfois transfuser. Beaucoup de décès car les gens tardent trop avant de venir.

Toutes les églises ont organisé une action œcuménique en priant chacune à la même heure pour la santé de tous les enfants. Pour notre église catholique, la prière a duré deux heures tant les enfants étaient nombreux pour recevoir l'huile des malades. Notre paroisse est sous le patronage de Sainte-Thérèse-de-Lisieux… Je lui confie tous ces enfants qui font partie, comme elle, des tout-petits aimés de Dieu. Comme Thérèse, je constate ma petitesse, mon impuissance devant les enjeux de notre paroisse qui me dépassent et me déstabilisent bien souvent. Et, comme elle, je reste confiant...

Le 25 septembre nous avons organisé à Mingana, trois ordinations de prêtres diocésains et une ordination diaconale : cérémonie bien passée, épargnée par la pluie, mais gros scandale du côté restauration car la vache (animal rare, voire inconnu ici) donnée comme cadeau par un député a fait l'objet de convoitises telles que beaucoup de viande a été dérobée par des membres du comité d'organisation et que beaucoup d'invités n'ont pas trouvé à manger. La population (des jeunes poussés par quelques leaders) a manifesté sa colère contre ces membres et surtout contre le vice-président du conseil paroissial dont la maison a subi des dégâts et qui est venu se réfugier dans notre maison...Lui-même a dû se retirer du conseil.
Les gens ont profité de cette affaire de viande (un cadeau empoisonné) pour régler des comptes ou laisser sortir leurs jalousies. Ce fut pour moi une nuit traumatisante. Nous n'avons pas pu réunir le comité pour faire l'évaluation des ordinations, sujet trop sensible. Je mentionnais un candidat député. Ce sera demain l'heure de vérité avec les élections pour un président et pour les députés nationaux. Nous vivons la fièvre électorale. Jusqu'à hier sont passés des candidats députés avec des promesses, des cadeaux. Les élèves sont en congé de circonstance.

Avec le centre de santé, je ne peux plus m'investir autant dans le suivi des animateurs de Caritas. Les défis sont nombreux pour passer d'un assistanat fortement enracinée dans les mœurs, à un minimum de participation des bénéficiaires : c'est ainsi que cette année l'école maternelle est tombée, les parents n'ayant pas jugé nécessaire de cotiser les 1500 francs congolais d'inscription demandés alors que l'an dernier avec la gratuité il y avait plus de trente enfants inscrits.
J'ai accompagné les animateurs pour l'animation de quelques sessions dans les différents secteurs de la paroisse ; ça m'a donné l'occasion de belles randonnées à vélo.
Deux après-midi par semaine, j'aime âtre à la bibliothèque pour accueillir les nombreux lecteurs, élèves et professeurs... Depuis que nous avons augmenté le nombre de livres correspondant au programme congolais, la fréquentation a tellement augmenté que la salle était devenue trop petite. Nous avons donc percé une porte dans un mur pour annexer à la bibliothèque une nouvelle salle de lecture. Grand merci pour les nouvelles de l'équipe de coopération missionnaire. Uni à vous par la prière. "

Pierre et la communauté missionnaire d'Afrique de Mingana .

(Pierre est en communauté à Mingana en R.D.C. mais la poste se trouva à Cyangugu au Rwanda)

16/12 /11 Voeux de Michel Lynde depuis les bords du Mékong (Témoins vosgiens)
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"C'est encore des bords du Mékong que je vous envoie ces vœux de joie et de paix pour ce Noël qui vient... mais c'est probablement la dernière fois, alors les vœux sont encore plus fervents.
Oui que tous vous puissiez accueillir cette grâce de Lumière dans votre vie, votre cœur et qu'elle demeure.
JOYEUX NOËL.

Cela fait 60 ans que je vis au bord du Mékong soit sur la rive gauche, soit sur la rive droite. Il y a avec lui et ses riverains plus qu'une connivence. C'est une leçon de vie, consentir à couler de son eau vers les autres, tous les autres, parce que jamais de l'amont, l'amour ne manquera. On m'a donc demandé de me retirer, d'autres continueront.

L'inondation du pays qui dure depuis deux mois paralyse toute activité et retarde les décisions. Je suis donc encore là avec la petite communauté et je prépare avec eux ce Noël un peu plus difficile que les précédents. Quelques-uns sont partis, difficultés familiales ou de santé, recherche de travail ailleurs : il y a des lassitudes, la vie quoi !
Mais voilà l'Avent, le temps de l'Espérance, du renouveau, du "rattrapage" alors souhaitons-nous à tous une courageuse reprise ensemble. Jésus vient nous prendre par la main pour ensemble rejoindre son Père et notre Père. C'est le temps de n'oublier personne, le temps d'inventer ou de redécouvrir les chemins de communion.

Respectueusement"

Michel Lynde

PS : Peut-être un retour dans les Vosges ..."quand les lilas refleuriront"

13/12 /11 Saint Pierre Fourier : Ses innovations (Témoins vosgiens)
Retrouvez ci-dessous un extrait du mémoire de Soeur Marie-Paule Dubart (pour sa maitrise en Théologie) consacré aux innovations de Saint Pierre Fourier. Merci à son auteur de contribuer à cette meilleure connaissance du saint vosgien.

Après des brillantes études, Pierre Fourier est un homme très compétent. Il est surtout façonné par l'Evangile qu'il cherche à incarner à travers les multiples détails de la vie. Il fait œuvre d'innovateur sur le plan social, religieux et politique. S'il est nécessaire ici de séparer les plans, ceux-ci s'imbriquent les uns dans les autres car il a une vision unifiée de la personne.

Sur le plan social, il rend lui-même la justice pour les actes relevant des basses juridictions. Il cherche à éviter à la population les procès coûteux et interminables où les gens s'appauvrissent. Il lutte contre la misère et la pauvreté, favorise l'hygiène, dénonce les abus de pouvoir et fait appel à plus de justice humaine. Il cherche à supprimer l'alcoolisme et entre dans les cabarets où il rencontre les intéressés, les incitant à couper court à ce fléau. La ruine des petits commerçants, suite à des maladies ou à des accidents, le touche et il invente une caisse de crédit mutuel: la bourse de saint Epvre où les cotisations déposées pourront apporter un secours aux malchanceux. Il fait ouvrir les greniers des plus riches pour venir en aide aux plus miséreux. Il fait établir des listes de nécessiteux et n'hésite pas, un jour de fête de saint Epvre, patron de la paroisse, à faire inviter dans les familles les mendiants qu'il a fait réunir au préalable au cimetière.

Inlassablement, il enseigne les pauvres et les riches, dans la vie courante et par ses prédications et ses catéchèses. Il réunit les familles quatre par quatre dans une même maison pour les enseigner. Il renouvelle la catéchèse en recourant aux mimes, aux petits drames, au théâtre que les enfants jouent devant leurs parents. Il fait chanter les psaumes et fait découvrir les belles liturgies. Il adapte le catéchisme aux pauvres, aux artisans et manouvriers, aux marchands 9. Soucieux d'une formation plus solide pour les prêtres, il écrit des petits traités sur la pratique des curés, mettant ainsi en œuvre une décision du concile de Trente de réorganiser la formation des prêtres.

A la demande de François de Vaudémont, voulant arrêter l'essor du protestantisme, Pierre Fourier se rend, contraint, dans la région de Badonviller. Il commence par établir des relations cordiales avec la population. Son influence sur les protestants viendra plus de son exemple que de ses prédications.

Une de ses grandes innovations est de fonder, avec Alix Le Clerc, une congrégation de religieuses qui "feront tout le bien possible", à commencer par l'éducation des filles, jusqu'alors fort délaissée. Grâce aux intuitions conjuguées d'Alix Le Clerc, de ses compagnes et de Pierre Fourier, s'ouvrent, dans des villages, des maisons ouvertes, dont le principal but est d'enseigner gratuitement les filles tant pauvres gué riches. Catholiques et protestantes y sont reçues. Fin juin 1598, est créée la première école à Poussay. Ce souci d'instruire les filles, pour que devenues femmes, elles puissent avoir un métier et gagner honnêtement leur vie, est un projet audacieux pour l'époque. Une cinquantaine d'écoles verront le jour du vivant de Pierre Fourier à qui est attribué l'invention du tableau noir et l'enseignement des élèves par niveaux.

Une double préoccupation habite Pierre Fourier. D'une part, il se montre attentif à la formation de ces femmes, devenues enseignantes, par ses conseils pédagogiques, par son accompagnement spirituel et son appui constant dans leurs démarches. D'autre part, cette congrégation qu'il a vu naître, il l'éduque dans l'esprit de la liberté augustinienne et de rigueur ignacienne. Ces femmes seront des religieuses enseignantes et il va leur donner un statut juridique qu'il fera reconnaître par Rome, au prix d'un dur labeur. La première reconnaissance romaine sera en 1617 pour la seule maison de Nancy et en 1628 pour toutes les maisons. Aujourd'hui, l'éducation reste encore une priorité de la Congrégation Notre-Dame.

Pierre Fourier, à la demande de Monseigneur de Maillane, évêque de Toul, va, dans l'esprit du concile de Trente, réformer sa propre congrégation. Se heurtant à bien des difficultés, il va finalement devenir fondateur des Chanoines Réguliers de Notre-Sauveur, en 1625. Il en deviendra le supérieur général, en 1632, après la mort du premier supérieur général, le Père Guinet.

Sur le plan politique, Pierre Fourier conseille, et parfois avec fermeté, les ducs de Lorraine. Il est parfois appelé à la cour, rencontre des princes. Ses interventions visent à transformer les structures d'injustice en structures de justice. Il souhaite l'indépendance du duché de Lorraine et s'oppose vigoureusement à Richelieu, déjouant ses plans en suggérant un mariage inattendu qui permet à la Lorraine de rester indépendante pour encore un siècle.

Ces innovations, ici recueillies, ne sont qu'un résumé des actions de Pierre Fourier. Ses biographes, parmi lesquels Jean Bedel, Jean Rogie, ont permis de les mieux connaître ainsi que les études faites, au vingtième siècle par plusieurs auteurs, et notamment par sœurs Hélène Derréal 10, Madeleine Cord'homme 11, Paule Sagot 12, René Taveneaux 13 qui ont contribué à divulguer les propres écrits de Pierre Fourier.


9 Jean BEDEL, op. cit. p. 92. 10 Hélène DERREAL, Un missionnaire de la Contre-Réforme, col. Civilisations d'hier et d'aujourd'hui, Paris, Pion, 1965. 11 Madeleine CORD'HOMME, Un éducateur du XVIème siècle: Pierre Fourier, Moulins, 1932. 12 Paule SAGOT, "Pierre Fourier", DS, t. 12, col. 159O à 16OO. 13 René TAVENEAUX, Saint Pierre Fourier et les courants de pensée de son temps, préface de Pierre FOURIER, Sa Correspondance. 1598-1640, t. I, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1986, pp.IX-XXXVIII; Saint Pierre Fourier en son temps, Etudes réunies par M. Taveneaux., Actes du colloque de Mirecourt, 13-14 avril 1991, par le diocèse de saint-Dié et l'Université de Nancy II, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1992; La Pastorale, l'Education, l'Europe Chrétienne. Textes choisis et commentés par M. Taveneaux. Paris, Editions Messene, Centre cuturel de l'Abbaye des Prémontrés, 1995.

11/12 /11 Saint Pierre Fourier : "Ne nuire à personne, être utile à tous ! (Témoins vosgiens)

Pour en savoir plus encore sur Saint Pierre Fourier : retrouvez ici des Extraits de « Les Demeures où ils vécurent », Marcel Cordier, éditions Pierron, 1981.

"Ceux qui ne veulent jamais rien hasarder ne sont pas pour faire de grands exploits", écrivait Pierre Fourier dans une de ses 1.500 lettres que nous avons conservées (toute une œuvre littéraire encore mal exploitée, comme son œuvre sociale). Ce genre de certitude, qui fait les héros, les poètes ou les saints, me rappelle une remarque de de Gaulle dans Le Fil de L'Epée : "Ceux qui accomplirent quelque chose de grand durent souvent passer outre aux apparences d'une fausse discipline". J'aime aussi cette autre phrase: "Dans toute la Lorraine, je n'ai rencontré qu'un homme: le curé de Mattaincourt". Elle est de Richelieu (1585-1642). Et quand on sait tout ce qui séparait les deux contemporains de Louis XIII (sur le plan religieux et politique), on mesure encore mieux la portée de l'affirmation du cardinal.

Celui qu'on surnomma "le surintendant moral de la Lorraine" ou "Le Bon Père" et auquel on attribua l'invention du tableau noir dans les écoles, est né à Mirecourt, petite bourgade vosgienne plus célèbre pour ses dentelles et ses violons que pour avoir donné le jour à notre Pierre Fourier (dont Charles Fourier, philosophe et sociologue né à Besançon en 1772, se voulait être un lointain parent). L'étroite ruelle qui le vit naître, aujourd'hui porte son nom. Elle descend vers le discret Madon, dans un quartier sombre et pauvre qui ne donne pas envie d'y vivre; tout y est mort, d'ailleurs. Des pavés gris et roses, inégalement usés, risquent de vous faire trébucher; c'est tout de même mieux que le goudron. Neuf marches de grès bigarré (semblable à celui qui entoure les fenêtres de l'église toute proche) mènent à la porte étroite et close du n° 5. Sur la triste façade, les restes d'une enseigne en fer forgé et une "pierre" de granit noir aux lettres jadis dorées "restaurée le 3 juillet 1965". On y déchiffre le condensé de ce qu'il faut savoir sur le plus grand saint lorrain après Jeanne d'Arc: "Saint Pierre Fourier, curé de Mattaincourt, instituteur de la congrégation de Notre Dame, réformateur et Général de la Congrégation des chanoines réguliers de Notre Sauveur, est né dans cette maison le 30 novembre 1565, mort à Gray en Franche-Comté le 9 décembre 1640, canonisé par N.S.P. le pape Léon XIII le 27 mai 1897".

C'est là, dans le diocèse de Toul (l'un des trois fameux évêchés) et le baillage de la Vosge, que Dominique Fourier, avec son épouse qui lui donnera quatre enfants (Pierre, Jacques, Jean, Marie), tient commerce de draps. On peut le considérer comme un notable ; il sera d'ailleurs anobli en 1591. Comme Jeanne d'Arc, Pierre Fourier "appartient donc à cette classe moyenne française qui est la pépinière de toutes les aristocraties" (Marie-Madeleine Martin). Ses ancêtres étaient de riches paysans (l'un d'eux mourra à 120 ans) originaire de Xaronval (comme le théologien jésuite Nicolas Abram 1589-1657), petit village de la vallée de Colon, affluent du Madon, près de Marainville." y a vraiment des lieux où souffle l'esprit.

Sa vie sera encadrée par deux événements importants: le pacifique concile de Trente (1545-1563) qui veut faire contrepoids aux nouvelles idées du Protestantisme, et l'affreuse guerre de Trente Ans (1618-1648) gravée dans le cuivre de nos mémoires par le Nancéien Jacques Callot (1593-1635) qui meurt l'année où le conflit devient particulièrement dur pour la Lorraine. Richelieu veut la soumettre. Pierre Fourier, fidèle à son Duc, prendra le maquis puis le chemin de l'exil (en avril 1636, l'année du Cid de Corneille). Patriote et pédagogue, notre saint héros ! Un vrai Lorrain !

Après presque vingt ans d'études, à la toute jeune et florissante Université de Pont-à-Mousson (où il entre à treize ans) ou à l'abbaye de Chaumouzey (à l'ouest d'Epinal, disparue), il veut être tout simplement curé de village, au service des plus pauvres et des plus pervertis, dans sa terre natale. Il choisit Mattaincourt, surnommé "la petite Genève" tant la décadence de la religion catholique y est grande, à côté de Mirecourt, et non à Pont-à-Mousson ou Nomeny - paroisse plus facile - qu'on lui proposait aussi. Il prend tout de suite trois résolutions: ne plus quitter cette paroisse, ne pas avoir de bâbette à son service, se passer du mobilier superflu. D'après M. Bedel, à trente-trois ans il a "une taille richement haute et puissante à proportion, le nez un peu aquilin, les yeux bien taillés et un visage égaiement parsemé de lys et de roses".

L'église néo-gothique actuelle du village a été consacrée en 1853, le 7 juillet, jour de la fête du bienheureux ; l'ancienne faisait 30 mètres sur 10. Le presbytère, lui, n'a guère changé. Après être passé devant la margelle où "le 31 mai 1620 saint Pierre Fourier ressuscita une petite fille noyée dans ce puits", sonnez et visitez le musée et la pièce austère donnant sur le jardin, le Madon et son île ombragée.
Dans cette chambre-bureau-chapelle est née l'idée de former une nouvelle congrégation (celle des sœurs enseignantes de Notre Dame) et d'en réformer une autre (celle des chanoines réguliers de Notre Sauveur). Cela n'a pas été sans mal. D'abord le Bon Père "se passait de feu tout l'hiver et ne mangeait d'ordinaire qu'après le coucher du soleil. Il dormait sur un banc, avec un in-folio pour oreiller et son manteau pour couverture. Sa nuit la plus longue était de trois heures" (Léonce Pingaud). Ensuite les autorités civiles et religieuses se lièrent contre lui: on n'a jamais aimé les purs qui sont un miroir sévère pour les médiocres et les tartuffes, surtout quand ils se mêlent de vouloir faire réfléchir ceux qu'on préfère tenir dans une ignorante obéissance. Vincent de Paul (1581-1660) et Jean Baptiste de la Salle (1651-1719) n'étaient pas encore passés par là.

Dans l'église envahie par les ex-voto, devant l'autel, vous pourrez voir la pierre tombale sculptée à l'effigie du bienheureux barbu (dont le cœur avait été conservé par les Graylois mais le corps rendu aux Mattaincurtiens) et lire: "Les précieux ossements du B.P. Fourier (...) ont été tirés avec solennité de ce tombeau le 30 août 1732 par Monseigneur Scipion Gérôme Begon évêque de Toul". La châsse qui contient les reliques se trouve au-dessus d'un gisant dans la chapelle voisine. Sept vitraux modernes illustrent la vie du saint: pour commencer, saint Augustin et la Vierge Marie se penchant sur le berceau, avec, au fond, le baptistère de Mirecourt où il fut baptisé... Ajoutons, entre autres, quatre guérisons miraculeuses: celle des deux enfants de Toul écrasés par un tonneau de vin, celle de Pierre Poirson chirurgien à Nancy, celle de Catherine Colas d'Adompt et celle de deux enfants de Dompierre.

A gauche de l'église, entre deux fenêtres-arrière du bureau de postes, une pierre gravée porte la date de 1719. L'orthographe du texte est assez pittoresque: "Ici est le berceau du sacré institut qui a pour fondemement le zèle du salut il y a 120 q dans ce peti lieu la congrégation de la m de Dieu das ce jardi fermé ou étoi sa maon comaca fervmt ses divin leçons". Bref, c'est là qu'Alix Leclerc, première sœur enseignante, commença à faire la classe gratuitement (depuis on voudrait que les enseignants soient de véritables religieux). De 1599 à la mort du fondateur, 38 écoles seront ouvertes en Lorraine et au-delà de ses frontières, soit une moyenne d'une école par an environ... Le bon grain meurt, mais germe.

Terminons en mentionnant qu'en 1892 Mirecourt dressa une statue au bienheureux Pierre Fourier pas encore canonisé. Elle s'élève en bas de la ruelle natale, sur la gauche, à côté de vieilles maisons abandonnées... Due au parisien D. Puech, elle représente le prêtre montrant le livre où est écrit: "Constitutions de Nostre Dame 20 janvier", allusion à cette nuit du 19 au 20 janvier 1598 où le curé de Mattaincourt eut la vision claire de la congrégation à constituer. Sur le socle, entre deux croix de Lorraine significatives, est gravée sa devise reprise à saint Ambroise: "Ne nuire à personne, être utile à tous", qui se passe de commentaires. (1)

Pour terminer, je vous inviterai à vous rendre à la petite chapelle ronde, de style néo-classique, que la postérité éleva au Bon Père sur la rive droite du Madon, à Mattaincourt. Elle est construite à mi-pente de la colline, au bout d'un chemin bordé de tilleuls. C'est là que le brave curé, dit-on, venait méditer; c'est là qu'on comprend mieux quelles pouvaient être ses idées: larges, à l'image de la vallée; nuancées, comme les couleurs de la palette du paysage; mais aussi imprégnées d'exigence que le sol ne l'est d'eau (Vittel n'est pas loin !). A côté, contre le mur du cimetière, la fontaine - qui porte le nom de Pierre Fourier - distille son éternel murmure qui se mêle aux mélodies des merles. Et regardez la statue du saint, plus modeste mais moins austère que celle de Mirecourt. Son visage - ce qui en reste ressemble à celui d'un malicieux Belmondo souriant dans sa barbe. Les dernières gelées lui ont cassé la figure, au sens propre; toute la partie droite est tombée mais notre personnage s'en moque. Il sait que les grandes âmes ne se forgent que sous les coups de poings du climat et les griffes des petits esprits, doublement acceptés. Le curé de Mattaincourt savait aussi que son Dieu ne manque pas d'humour.

Marcel Cordier

(1) "Pierre Fourier est un type achevé de prêtre lorrain à la fois actif et plein de foi, pratique et pieux, ardent lorrain et ardent catholique, plein de bon sens et de sang froid", Louis Madelin, de l'Académie Française, Croquis Lorrain, préface de Maurice Barrès. La couverture de l'édition de 1928 est dessinée par Victor Prouvé. Cet ouvrage a été en grande partie écrit à Raon-I'Etape, dans les Vosges natales de l'historien. Il est né en effet à Neufchâteau en 1871.


SUR LES PAS DE PIERRE FOURIER

Pour qui sait regarder, l'œuvre de Pierre Fourier reste vivante et voyante. Les demeures où vécut le futur saint sont parfois en ruines, depuis longtemps (Chaumousey, Belchamps), mais les paysages ont conservé leurs formes, leur allure, leurs grandes lignes, leur atmosphère. L'esprit des lieux n'est pas un mythe barrèsien et, de Mirecourt ou de Belchamps, avant Maurice Barrès, Pierre Fourier a pu poser son regard sur « la colline de Sion-Vaudémont, faible éminence sur une terre la plus usée de France, sorte d'autel dressé au milieu du plateau qui va des falaises champenoises jusqu'à la chaîne des Vosges ». Oui, « il est des lieux qui tirent l'âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l'émotion religieuse ». On peut rappeler aussi quelques phrases de Lamartine, chantre de Jeanne d'Arc: «La prédestination de l'enfant est la maison où il est né. Son âme se compose surtout des impressions qu'il y a reçues ». Nous commencerons donc notre pèlerinage aux sources par une visite à Mirecourt.

La cité, célèbre pour ses dentellières, a perdu ses remparts d'autrefois mais elle s'étale toujours « dans une position qui ne manque pas de charme, aux flancs d'un coteau dont les pentes rapides vont mourir dans les eaux du Madon » (1). Au milieu de la cascade de ses toits roux, jaillit la flèche grise et acérée du clocher de l'église où le petit Pierre reçut le baptême. Ce doigt pointu indique toujours aux hommes le seul chemin à suivre: celui des hauteurs.

Parmi les vieilles ruelles perpendiculaires à la rivière somnolente, l'une d'elles porte le nom de celui qui y poussa ses premiers cris. Une ruelle étroite, sombre, escarpée descend en escalier à la partie basse de la ville: elle mène à la porte étroite et close du n° 5 ; sur la façade, les restes d'une enseigne en fer forgé et une «pierre» de granit noir aux lettres jadis dorées (2). On y déchiffre un raccourci de la vie du Bon Père « né dans cette maison le 30 novembre 1565».

Plus bas, la statue du saint inaugurée en 1892 grâce à la générosité de Madame Carrière née Aubry (3). «Elle représente le prêtre montrant le livre où est écrit: « Constitution de Nostre Dame, 20 janvier », allusion à cette nuit du 19 au 20 janvier 1598 où le curé de Mattaincourt eut la vision claire de la congrégation à constituer. Sur le socle, entre deux croix de Lorraine significatives, est gravée sa devise reprise à saint Ambroise : «Ne nuire à personne, être utile à tous ». Dans une de ses nombreuses lettres aux religieuses de Mirecourt, Pierre Fourier fait l'éloge de la dentelle: « Je suis extrêmement édifié et tout ensemble consolé de la très belle, très raisonnable, très opportune, très profitable, très nécessaire et très saine résolution que vous avez prise unanimement d'employer désormais votre précieux temps, vos doigts bénis de Dieu et vos fuseaux que je tiens comme miraculeux, à la dentelle pour en gagner du pain... II me serait impossible de vous exprimer la joie et la consolation toutes grandes que le frétillis de vos fuseaux m'apporte quand je me trouve en esprit sur le seuil de votre saint ouvroir... N'ai-je pas bien dit que leurs carreaux étaient de petits champs miraculeusement fertiles... »

Proches de Mirecourt, trois communes conservent le souvenir de leur grand homme: Mattaincourt bien sûr, Poussay et Xaronval. Ce dernier village est situé entre Mirecourt et Charmes, dans la vallée heureuse du Coulon, affluent du Madon. Dominique Fourier, futur marchand de draps mirecurtien, y vit le jour et « y vécut jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans, dans les tranquilles labeurs de l'agriculture ». Le dessus du porche voûté de l'ancienne ferme est orné d'une piéta et d'une plaque mentionnant: «Maison des ancêtres de saint Pierre Fourier». Nous sommes ici au cœur du triangle inspiré qui vit naître aussi Barrès, Claude Gellée, les ancêtres de Victor Hugo, de Charles de Foucauld et des trois frères Crevoisier, barons de Vomécourt. Au XVIIe siècle, Xaronval n'avait pas d'église et ses habitants devaient se rendre à celle du proche Vomécourt par le «chemin des morts». Pierre Fourier, grand marcheur devant l'Eternel, dut l'emprunter plus d'une fois. Ses aïeux reposaient dans le petit cimetière qui invite au recueillement. Les tombes de l'époque ont disparu mais le silence de la voûte romane est encore plein des prières ferventes jaillies du cœur du futur saint qui, à BeIchamps, le 19 juillet 1630, se souvient du «beau bled» (blé) de Vomécourt (orthographié Omécourt à la manière du XVIe siècle).

C'est à Mattaincourt évidemment que nous retrouverons le plus facilement l'âme du Bon Père. II y vécut presque quarante ans. Voici comment apparaissait le presbytère en 1897, l'année de la canonisation : « Elle existe encore, la petite maison du bon curé, transformée, élargie, mais non remplacée, dans le grand bâtiment que les bourgeois de Mattaincourt ont construit au siècle dernier pour les Chanoines réguliers. On y retrouve les pièces basses, si froides et nues au temps où Pierre Fourier en était le maître, lui qui pensait que la pauvreté était le plus bel ornement d'une habitation ecclésiastique; pièces d'ailleurs bien vite garnies de meubles, de linge et de provisions par les paroissiens reconnaissants, lorsqu'ils savaient des hôtes à leur Père» ...

Nous ne sommes plus en 1897: une partie du bâtiment fut vendue, défigurée et subit en 1984 un grave incendie criminel ; heureusement, à la fin de cette même année, le presbytère et la basilique furent inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Le musée est aujourd'hui restauré et rénové.

Dans notre promenade édifiante à Mattaincourt, « grande et belle bourgade située sur les bords du Madon » (Vicomtesse de Flavigny), n'oublions pas de nous rendre à la basilique mais aussi « à la petite chapelle ronde, de style néo-classique, que la postérité éleva au Bon Père sur la rive droite du Madon. Elle est construite à mi-pente de la colline, au bout d'un chemin bordé de tilleuls. C'est là que le brave curé, dit-on, venait méditer; c'est là qu'on comprend mieux quelles pouvaient être ses idées: larges, à l'image de la vallée; nuancées, comme les couleurs de la palette du paysage. A côté, contre le mur du cimetière, la fontaine - qui porte le nom de Pierre Fourier distille son éternel murmure qui se mêle aux mélodies des merles». La chapelle ronde date de 1836, année où le monastère Notre-Dame fut relevé de ses ruines. Ces deux œuvres pieuses sont dues à l'énergique talent d'un prêtre, Léopold Baillard, le héros de La Colline inspirée de Barrès. «C'est durant son séjour à Favières que Léopold prononça le fameux Panégyrique du B. Pierre Fourier, à Mattaincourt, le 7 juillet 1837 ; l'orateur se plut à célébrer, dans le saint curé, l'homme social par excellence, le bienfaiteur de la Lorraine au XVIIe siècle, le créateur d'établissements d'éducation et de philanthropie » (Joseph Barbier).

Transportons-nous plus en aval au «port» de Poussay, chanté naguère par le mirecurtien Martin de Briey dans La Maria Fosca, roman dont l'action se déroule au temps du duc Charles IV. « Sur un des coteaux de la vallée de Madon, à une lieue de Mattaincourt, s'élevait l'abbaye de Portas, aujourd'hui Poussay, portus suavis, port de délices, d'après l'étymologie. C'était un nom prédestiné (...) La première école de la Congrégation de Notre-Dame s'ouvrit à Poussay aux premiers jours de juillet 1598. Les élèves affluèrent ». Parmi les premières enseignantes, Alix Le Clerc, le bras droit de Pierre Fourier, comme Jeanne de Chantal fut celui de François de Sales. Proche de l'église de Poussay, le bâtiment qui abrita la toute première école de la Congrégation naissante est toujours debout, indiqué par une pancarte en bois. Non loin de là, sur la place principale, « on voit encore aujourd'hui un vieux puits, seul vestige du cloître de Poussay, entièrement disparu. Il est de dimensions énormes et frappe par son originalité. Ce qui étonne le mieux est une puissante roue greffée sur un arbre en bois et qui permettait de puiser l'eau jusqu'à une profondeur de 100 pieds (28 m 60). Riche en débit, le puits suffisait à alimenter tous les propriétaires des maisons canoniales et même une partie des habitants de Poussay» (Aimé Gaugué). Rappelons que Montaigne, le 15 septembre 1580, fit un détour pour aller voir les religieuses de Poussay, avant de se rendre à Plombières, via Epinal qui «est une belle petite ville sur la rivière de Moselle ». A cette époque, depuis deux ans, Pierre Fourier était élève à l'Université toute jeune (1572) des Jésuites de Pont-à-Mousson. En route pour les bords bleus de la Moselle !

Le cousin de Pierre Fourier, Jean Fourier (1559-1636), était entré dans la compagnie de Jésus et fut professeur de théologie à la faculté de Pont-à-Mousson, puis recteur de l'Université. Il y accueillit son jeune parent dont il fut le directeur de conscience. Il vécut ses dernières années à Saint-Mihiel où il reçut la visite de Pierre Fourier en 1634. Ce dernier fit donc deux séjours au pied de la butte de Mousson. De 1578 à 1585, il fréquenta la faculté des Arts; puis, après avoir été ordonné prêtre à Trêves, de 1589 à 1595, il suivit les cours de la faculté de Théologie. Une partie des anciens bâtiments reçoivent maintenant les élèves du lycée Jacques Marquette. En face, l'église gothique Saint-Martin possède une chapelle dédiée à celui qui y fut auxiliaire en mai-août 1595. L'élève du fameux Père Jacques Sirmond était aussi l'ami de «jeunes religieux appelés à un grand avenir ecclésiastique: Didier de la Cour, futur réformateur des bénédictins, Servais de Lairuels, futur réformateur des prémontrés. C'est à ce moment que trois amis, réunis sous le même toit, devisaient de leurs espoirs et de leurs projets de renouveau monastique» (René Taveneaux). Ce toit était celui d'un bourgeois mussipontain, nommé Munier, dans la Grand'rue Saint-Martin, aujourd'hui 21 rue du Camp. Une plaque est apposée sur la façade.

Dans la « géographie cordiale» de Pierre Fourier émergent quelques pôles privilégiés, comme le dit si bien le Professeur Taveneaux qui n'oublie pas Saint-Mihiel, « ville de judicature et de couvents dont le rôle fut grand et souvent décisif dans la dynamique des idées: sa situation géographique et sa société à dominante cléricale et bourgeoise devait faire d'elle, à l'époque moderne, la porte d'entrée dans les duchés, des grands courants idéologiques venus de France, humanisme, protestantisme, jansénisme, cartésianisme (...) » Pierre Fourier eut toujours conscience du rôle exceptionnel de Saint-Mihiel, de la ville et de la communauté. Il en parle dans beaucoup de ses lettres en termes enthousiastes, parfois lyriques. Ainsi dans l'une de ses dernières lettres adressée de Gray aux religieuses de Saint-Mihiel, le 28 septembre 1640. Déjà en juillet 1635, « renfermé dans un tout petit lieu », il évoquait avec amour et humour « le lieu où je prends mon repos ». Sur les rives de la Meuse endormeuse, la ville natale de Ligier Richier mérite à plus d'un titre qu'on s'y arrête.

Très différents parce qu'abandonnés - ou presque - se présentent les sites de Chaumousey et de Belchamps. Les âmes romantiques y trouveront leur compte d'émotion. Surtout quand l'automne décore de ses cuivres et de ses ors les ruines de l'abbaye au bord de l'étang Saint-Jean, Chaumousey nous rappelle les deux malheureux séjours que fit Pierre Fourier chez les chanoines réguliers de Saint-Augustin, l'un en 1585, l'autre dix ans plus tard. La maison de Chaumousey, située à quatre lieues de Mirecourt, entre Dompaire et Epinal, avait été fondée en 1093 par un saint anachorète. Quand notre novice y arrive, il n'y trouve que vices! «L'oubli de la règle était devenu complet (...) La cuisine pour dortoir, des os pour nourriture, comme occupation la vaisselle à laver et les cloches à sonner: telle était la dure condition des derniers venus. Jamais une parole d'instruction religieuse n'élevait leur âme vers Dieu...» Comme d'autres, Jean Bedel gémit en voyant « un si beau diamant caché sous la mousse et une fleur odorante parmi les ronces et les épines». Au même chanoine, nous devons ce beau portrait de son ami: « Pierre Fourier avait une taille richement haute et puissante à proportion, le nez un peu aquilin, les yeux bien taillés et un visage également parsemé de lis et de roses » (4). Lors du second séjour, «les souffrances que le jeune Chanoine endurait à Chaumousey se changèrent bientôt en un réel martyre, car plusieurs de ses confrères, animés d'un esprit vraiment diabolique, osèrent attenter aux jours du juste dont la sainteté était pour eux un reproche vivant. A deux reprises, ils lui présentèrent du vin mélangé de poison... » (Mme de Flavigny) (5). Puis ce fut, en mai 1597, la nomination à la cure de Mattaincourt. Un quart de siècle plus tard, Pierre Fourier entreprendra la réforme des chanoines réguliers de Lorraine: il savait bien ce qu'il faisait !

En 1626, après sa rencontre avec Jeanne de Chantal (6), «Pierre Fourier quitta le séminaire de Pont-à-Mousson pour se rendre à Belchamps, où l'appelaient le comte de Vaudémont et l'évêque de Toul. Ceux-ci avaient obtenu que ce monastère, fondé au XIIe siècle dans le site ravissant d'où il tire son nom, consentît à recevoir la réforme» (Mme de Flavigny). Il y revint plusieurs fois, y fut élu Général de la Congrégation de Notre-Sauveur (sa fondation) après la mort du Père Guinet, y trouva refuge après le mariage historique du cardinal Nicolas-François, évêque de Toul, avec la princesse Claude de Vaudémont, sa belle-sœur (1634). Par sa précieuse correspondance, nous savons qu'il y est, au moins le 12 mars 1634 et du 21 avril au 24 août de la même année. Le chapitre général de l'Ordre des Augustins qu'il convoqua à Belchamps dura du 7 au 12 mai. Cinq ans plus tard, le 1er mai 1639, «un colonel allemand» incendiera le bâtiment des religieux. Le temps, la Révolution sans doute et l'incurie des hommes sûrement firent le reste: parmi les impassibles frondaisons ne subsistent qu'un haut portail d'entrée, les remises agricoles aux murs croulants, un vieux pigeonnier et, derrière la seule demeure habitée datant du XVIIe ou du XVIIIe siècle, la tombe d'une femme étrange qui voulu reposer dans son jardin. Sur ce tertre solitaire près d'Haussonville, entre Bayon et Lunéville, on se croirait moins chez Pierre Fourier que chez Alain-Fournier. «Ferme, château ou abbaye? », pourrait-on se demander avec le grand Augustin Meaulnes arrivant au domaine mystérieux.

Début mars 1636, « il y a tout plein de dangers aux environs» de Mirecourt. L'exil du résistant devient nécessaire. « Rien n'est maintenant assuré en pas un lieu du monde ». A son arrivée à Gray, autre « vieille ville espagnole », Pierre Fourier est accueilli dans l'hôtel de la famille Gauthiot d' Ancier, devenu la demeure du prévôt Charles de Bonhours. Une plaque est visible sous le porche d'entrée. Tout proche, la fameuse tour carrée. «Montez l'escalier de pierre qu'elle renferme. Au sommet, il se termine à une sorte d'échelle en spirale, contenue dans un tambour de chêne qui se meut avec elle sur un pivot de fer, et permet de la dérober à volonté. Elle aboutit à une chambrette de quatrième étage, grande d'un peu plus de six mètres carrés, pavée de briques, plafonnée en planches, éclairée de trois petites fenêtres, décorée d'une cheminée de pierre sculptée dans le goût de l'époque, avec l'inscription: Spes mea Deus. Là, Pierre Fourier vécut trois ans». Quand il ne sillonnait pas la ville ou les bords de la Saône..., « parcourant les rues, pénétrant dans les taudis, visitant les prisons, confessant, consolant, le général des Chanoines Réguliers était partout à la fois. Il y avait cependant un lieu où il s'enfermait rigoureusement avec son clerc. C'était l'église afin que l'on ne vît, ni ses extases, ni son don des larmes à l'autel» (Hélène Derréal). Dans cette église, proche du magnifique hôtel de ville, repose le cœur « qui a tant battu» du saint prêtre lorrain, décédé le 9 décembre 1640 (En France, cette année-là, on applaudissait Horace de Corneille, pièce qui dénonce la guerre civile). Au fond de l'édifice, une pierre gravée scellée dans le mur en indique l'endroit. Non sans peine, Charles IV lui-même dut intervenir pour qu'on pût ramener le corps à Mattaincourt.

« Le pays qu'un grand homme a habité et préféré, pendant son passage sur la terre, m'a toujours paru la plus sûre et la plus parlante relique, de lui-même, une sorte de manifestation de son génie, une révélation muette d'une partie de son âme, un commentaire vivant et sensible de sa vie, de ses actions et de ses pensées (...) Ainsi de plusieurs écrivains ou grands hommes dont le nom ou les écrits ont fortement retenti en moi. J'ai voulu les étudier, les connaître dans les lieux qui les avaient enfantés ou inspirés; et presque toujours un coup d'œil intelligent découvre une analogie secrète et profonde entre la patrie et l'homme, entre la scène et l'acteur, entre la nature et le génie qui en fut formé et inspiré». Ainsi parlait Lamartine. Certes d'autres lieux que ceux par nous reparcourus furent aimés ou visités par Pierre Fourier, béatifié en 1730, canonisé en 1897. Ceux où nous nous sommes rendus nous invitent à d'autres pèlerinages, plus intimes peut-être, sur les pas du Bon Père.

Marcel Cordier

NOTES

1. Saint Pierre Fourier, par un chanoine régulier de Mattaincourt, Paris, éd. Desclée de Brouwer, 1897. Les citations sans nom d'auteur sont extraites de cet ouvrage. 2. Cf. Marcel CORDIER, Les Demeures où ils vécurent, Ed. Pierron, Sarreguemines, 1981 3. Désiré Carrière (1813-1853), poète, écrivain religieux, admirateur de Lamartine et ami de Lacordaire, est trop oublié, même dans la ville de Mirecourt où il repose. Le 7 juillet 1853, le R.P. Lacordaire prononça le célèbre panégyrique du Bienheu reux Fourier dans la basilique (nouvelle). 4. Jean BEDEL, La vie du Révérend Père Pierre Fourier..., Toul, 1674, t. 1, p. 12. 5. Voir aussi Jean BEDEL, op. supr. cit., p. 34. 6. Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal, née à Dijon (1572-1641), repose à Annecy avec François de Sales. Tous deux furent co-fondateurs de l'ordre de la Visitation, et canonisés. Jeanne de Chantal est la grand-mère de Madame de Sévigné.

OUVRAGES CONSULTÉS

  • Saint Pierre Fourier en son temps publié par les archives départementales des Vosges,1991.
  • Mirecourt au temps de Pierre Fourier par l'Association des Amis du Vieux Mirecourt, 1991.
  • Joseph BARBIER, Les Sources de la Colline Inspirée de Maurice Barrès, Nancy, 1957.
  • Saint Pierre Fourier par un chanoine régulier de Mattaincourt, Paris, Desclée de Brouwer, 1897.
  • Ch. CHAPELIER, Le panégyrique du B. Fourier par le R.P. Lacordaire, Epinal, 1913.
  • Marcel CORDIER, Les Demeures où ils vécurent, Sarreguemines, 1981. Editions Pierron.
  • Hélène DERREAL, Grand saint et grand homme : Pierre Fourier, Paris, 1960.
  • Vicomtesse de FLAVIGNY, Le Bienheureux Pierre Fourier, Paris, 1873.
  • Dr Ch. LIEGEOIS, Saint Pierre Fourier et les médecins, Epinai, 1897.
  • Le Musardon publié par l'Association Madon, en particulier le N° 25 du 20 décembre 1988.
  • Un saint lorrain par les Pères de Benoîte-Vaux, (Meuse), 1942.
  • Léonce PINGAUD, Saint Pierre Fourier, Paris, 1898.
  • Jean ROGlE, Histoire du Bienheureux Pierre Fourier, Verdun, 1887-1888, 3 vol.
  • Pierre Fourier. Sa correspondance, 1598-1640, édit. Hélène Derréal et Madeleine Cord'homme. Préface de René Taveneaux, 5 vol, Nancy, P.U.N., 1986-1991.
  • Vieilles Maisons Françaises, (Vosges), N° 109, septembre 1985.

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