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Culture et Foi - Antoine SFEIR

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Le 8 octobre Antoine SFEIR était présent à l'auditorium de la Louvière à Épinal et est intervenu au cours d'une conférence

"Dialogue avec l'Islam".


Quelques idées clés exprimées durant la conférence de Monsieur Antoine SFEIR à l'auditorium de la Louvière (Épinal le 8 octobre 2003)

D'origine libanaise, Antoine SFEIR est journaliste, professeur, écrivain.
Il est aussi chrétien d'Orient, de rite maronite.

Spécialiste de l'Islam, il nous parle aujourd'hui de cette religion pour nous la faire connaître, car il dit :
"Quand on ne connaît pas, on a peur ; Quand on a peur, on fait des bêtises."

D'entrée de parole, il nous demande de ne pas confondre Islam avec islamisme, ni islamisme avec terrorisme. Et pour comprendre cela, Mr SFEIR nous donne un panorama rapide de l'histoire de l'Islam et surtout de ses débuts : A travers cette histoire nous découvrons que les divisions ont surgi très vite après la mort de Mahomet. Plusieurs courants d'Écoles se développent, s'appuyant sur des critères d'interprétation différents (Le Coran, la Tradition, le consensus entre les docteurs de la loi, le raisonnement analogique, l'opinion personnelle). Et cela donne une grande diversité dans la manière de lire et d'appliquer le Coran dans sa vie.
En fait, l'Islam d'Afrique du Nord est différent de celui du Proche Orient, de Turquie, d'Arabie Saoudite, d'Irak, ou d'Indonésie … Il y a des Islams et dans chaque région plusieurs courants d'interprétation peuvent être représentés.

Quelques précisions et réponses aux questions du public :

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- Le mot islamiste est inventé en 1983 pour désigner des intégristes fondamentalistes qui cherchent à réislamiser des populations dont la pratique religieuse s'amoindrissait. Ce ne sont pas nécessairement des terroristes.

- "Nul ne peut parler au nom de l'Islam. Chacun peut parler au nom de l'Islam." Il n'y a pas d'autorité suprême dans l'Islam, donc personne ne peut parler au nom de la communauté musulmane tout entière, mais chaque musulman peut parler de l'Islam, pratiquer son culte, se sentir musulman et en être fier.

- Le manque de représentation officielle du monde musulman rend difficile le dialogue.

- De la Chine à la Mauritanie, les Islam sont très différents : certains veulent l'application stricte de la Charia, c'est-à-dire le code civil et pénal établi par Mahomet en 622 à Médine. D'autres, en Syrie par exemple, cherchent à lire le Coran avec leur intelligence, à l'interpréter, à en réformer l'application et à faire évoluer la Tradition car la société a évolué ; Leur livre "Nouvelle lecture du Coran" a beaucoup de succès. Beaucoup de travaux de réformateurs sont en cours aujourd'hui. Ce sont les deux extrêmes.

- En arabe, le mot "tolérance" n'existe pas. Naturellement il y a "reconnaissance de l'autre, de son altérité, de sa spécificité". Faire effort pour connaître est déjà un pas vers la reconnaissance : c'est valable pour les chrétiens comme pour les musulmans. Une connaissance réciproque aboutit au respect de l'autre et à la tolérance.

- A propos de tolérance, si on accepte que l'autre soit différent il faut aussi lui laisser la liberté de vivre cette différence. Ce n'était pas le cas en France dans les années 1960, lorsque beaucoup d'Algériens et de Marocains sont venus travailler en France, à l'invitation des autorités françaises.

- La rencontre de deux cultures pose des problèmes parfois énormes : Le rapprochement des familles, dans les années 1970, a fait arriver en France des familles polygames, fait contraire à la loi française. Les jeunes musulmans de la deuxième génération ne trouvaient pas de repas halal à l'armée.

- La laïcité de la société française aide à l'intégration. Mais il ne faut pas confondre intégration et assimilation. La loi reconnaît la liberté de conscience et de culte.

- Le statut de la femme s'est beaucoup dégradé dans la société musulmane depuis les années 1960. Cela est dû à l'islamisme saoudien, soutenu par les États-Unis après la crise de Suez, qui lutte contre la laïcisation de la société prônée par la gauche de Nasser en Égypte. Le code de Médine, en 632, interdit à la femme d'être chef de famille mais elle peut être chef d'entreprise (la première épouse de Mahomet l'était) et elle a droit, dans l'héritage, à la moitié de la part de l'homme. Qu'en était-il de l'héritage de la femme en 632 dans notre société occidentale ?

- A propos du terrorisme, il ne touche qu'une très petite partie de la société musulmane, mais comme tous les terrorismes il est très actif et fait peur.

- En France, 15% des musulmans disent pratiquer leur religion. Parmi ceux-là, 9% sont tentés par l'islamisme, c'est-à-dire un retour à une pratique stricte de la Charia : en effet, les jeunes de la troisième génération ont souvent perdu la langue arabe, ignorent l'Islam et leur pays d'origine et se rebellent contre l'autorité du père. Ces jeunes découvrent le pouvoir du savoir par l'éducation scolaire et les études et contestent le pouvoir patriarcal. Et dans le domaine des études ou du travail, les filles réussissent souvent mieux que les garçons. La réaction est l'instrumentalisation de la religion, la voie est ouverte à l'islamisme.

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Publié le 08/10/2003 par Admin.