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Greux

GREUX

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Il porte en lui cette notion impérissable de la grandeur de la France. Jeanne d’Arc dit, elle-même : “ je suis née à Domremy qui dépend de Greux où je vais prier tous les samedis ”. D’ailleurs, avant de s’appeler Domremy-la-Pucelle, le nom du village est Domremy de Greux.

Greux fut toujours habité (quels que soient les aléas de l’Histoire ignorante de sa réalité visible) : on y a découvert des traces du néolithique sur le terre-plein de la Chapelle Notre-Dame de Bermont, les Celtes y ont installé des forges à proximité de l’ancien moulin, on y a trouvé des fers à chevaux et, à l’époque gallo-romaine, le village s’appelait Greuxium. Puis il fut partie du royaume mérovingien d’Austrasie. Des fouilles effectuées par des soldats de la guerre 1914-1918 ont mis à jour des sépultures et sarcophages mérovingiens. En 1295 on cite un premier prêtre intitulé “ de Greux et Domremy ”. Au cœur de Greux est située la plus ancienne maison du village. C’est une “ maison forte ”, de celles qui sont apparues aux XIIè et XIIIè siècles. Elle a peu d’ouvertures et sa tour carrée en pierre permet de la dater entre 1250 et 1300. En 1429 le prestige de Jeanne autorise Charles VII à affranchir la population des deux villages d’impôts de toutes sortes. Est-ce pour cela qu’un trésorier du roi y a trouvé son refuge et sa dernière demeure ? On peut encore apercevoir, sous la grille droite de l’entrée du cimetière, une dalle et son inscription funéraire datée de 1760 qui faisait partie de l’ancien cimetière entourant l’église.

Greux possède également de précieuses archives remontant à 1578 dans lesquelles, au fil des textes, on peut suivre la vie quotidienne. Quant à “ l’ancien Greux ” (implanté sur la colline qui mène à Notre-Dame de Bermont) et son église, ils seront détruits en 1635 par les Suédois. Une nouvelle population s’implantera plus nombreuse à partir de 1870.

L’église, reconstruite en 1733, abrite une stèle dédiée à son bâtisseur et rend ainsi hommage à Messire Jean Jacob qui l’a fait ériger de ses propres fonds ainsi qu’une statue en bois polychrome représentant Saint-Michel, le premier inspirateur de Jeanne.

Le “ moulin de Greux ” est déjà répertorié sur les cartes de Cassini au XVIIIè siècle, il cessera son activité en 1914-1918. La carte générale du Royaume de France est la première élaborée par le géographe de Louis XIV.

Etre le gardien d’un bien historique apporte quelque valable fierté tout en pensant qu’il porte surtout en lui la “ Mémoire de nos pères ” selon le titre d’un film dont la vocation est de rappeler le sort de ceux qui, oubliés, sont pourtant détenteurs de la réalité !

Greux n’est pas seulement une terre d’ “ Histoire ”, c’est un village vivant qui cultive autant l’homogénéité que la diversité. En ses murs ont demeuré ou demeurent :

  • le poète Bernard Diez qui prendra le pseudonyme de Bernard Lorraine, choisi à dessein en hommage à sa province natale. Il fut, entre autre, co-administrateur de la Maison de la Poésie à Paris. L’ancienne route de Maxey, où s’élève sa maison natale, est aujourd’hui la “ rue Bernard Lorraine ” ;
  • le peintre Jean-Claude, Léonard, Michel, l’un des dix derniers peintres animaliers de France dont les œuvres ont été exposées à New-York ;
  • l’inventeur de la comptabilité automatique qu’utilisent aujourd’hui toutes les moyennes et petites entreprises, Arthur Paris, l’un des fondateurs de la “ Manufacture de gilets de flanelle ” où travaillèrent d’innombrables personnes des communes alentour pendant une centaine d’années ;
  • des agriculteurs et éleveurs, garants de notre environnement. N’oublions pas que si nous les perdons (et avec eux notre capacité à subvenir à nos propres besoins alimentaires) nous choisissons de devenir, à notre tour, un pays sans ressources…
  • des forestiers qui ont rythmé par l’activité incessante de leur scierie le silence des collines avoisinantes avant de se taire à tout jamais en 2008 malgré la bonne santé de l’entreprise et tout ce qu’elle aurait pu dire encore !

Greux est aussi le berceau de la famille Melcion d’Arc du Lys, issue de Jacquemin d’Arc, le frère aîné de Jeanne dont la sœur aînée a été mariée au fils du maire Colin de Greux.

Greux a connu la vie d’une “ base arrière ” des champs de bataille de la guerre 1914-1918. C’est ainsi qu’au moment du cinquantenaire de la Libération de la seconde guerre mondiale, un Américain et son ami indien Cherokee sont venus à Greux sur les pas du souvenir…

Ce village qui cultive aussi le plaisir de la promenade en inaugurant pour l’an 2000 “ Le jardin de l’Europe ” en présence de multiples personnalités européennes et en créant pour les enfants “ Le jardin des sitelles ” où se retrouvent avec plaisir pour bavarder les mamans heureuses de voir leurs bambins s’épanouir sur les différents manèges.

Et puis, “ les gens ”, tous les gens attachés à leur village par les racines familiales et le cœur et qui, réfléchissant à la phrase de Sénèque : “ Une grande partie de ceux que nous avons aimés demeure en nous. Tant d’années, de vies si étroitement nouées, une telle intimité, un tel partage… ” ont pensé que cela ne mènerait nulle part s’ils n’avaient pas le désir de rendre hommage à leurs anciens, à leurs coutumes, à leur culture, à ceux qui ont fait notre histoire, l’Histoire dont nous suivons la même route, l’Histoire de la vie des hommes bien souvent immolée sur l’autel des pouvoirs, celle qui, pourtant, n’est jamais écrite ! Alors, ils ont décidé de faire une œuvre commune qui leur permet d’exprimer à tous ceux qui ont tracé leur route depuis la nuit des temps ces mots d’amour : “ Mon cœur reste fidèle à votre souvenir ”

par Sonja Poissonnier