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Homélies


30/07 /13 Les JMJ et après : Message de Mgr Mathieu (Homélies)
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Des jeunes des Vosges viennent de vivre dans l'enthousiasme les Journées Mondiales de la Jeunesse, une bonne quinzaine à Rio, une cinquantaine à Bosserville près de Nancy avec des jeunes de tout l'Est.

Nombre d'animateurs, de prêtres, de religieuses, et les évêques les accompagnaient, à Rio pour quelques-uns, et surtout à Bosserville. Tous heureux d'avoir participé !

Les réseaux sociaux leur ont permis de partager découvertes, joies partagées. Et nos sites Internet et autres médias et nombre de revues s'en font l'écho. Temps forts de d'accueil mutuel dans nos diversités géographiques, et autres. Temps fort de la foi partagée, chantée, dansée ! Je ne crois pas que cela soit un feu de paille. Chacun a pu percevoir un appel personnel. « Et toi, avec toute ta force de jeune, qu'est-ce que tu réponds ? » Des adultes peuvent aussi accueillir cette question !

Je vous l'assure, l'Eglise est bien vivante.

+ Jean-Paul Mathieu, évêque de Saint-Dié

Pour aller plus loin, notre évêque nous invite à lire des déclarations du Pape :

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  • la forte méditation du Pape François sur la croix (chemin de Croix) à Rio. Comment Jésus prend sur lui nos peurs, nos problèmes, nos souffrances: il les porte avec nous. Comment l'amour fidèle de Dieu entre dans notre péché et le pardonne, comment il entre dans notre souffrance et nous donne la force de la porter, comment il entre dans la mort pour la vaincre et nous sauver.
    Et encore, cette question : es-tu du côté de Pilate qui n'a pas le courage d'être à contre-courant et se lave les mains, ou du côté du Cyrénéen qui aide Jésus à porter ce bois pesant, ou comme Marie et les femmes qui n'ont pas peur d'accompagner Jésus jusqu'au bout, avec amour, avec tendresse?
    Pour découvrir XX.XX.XX.XX.XX">le texte dans son intégralité sur le site du journal La Croix ou pour le télécharger
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  • l'homélie de la cérémonie de clôture à Rio, dimanche 28 juillet. En quelques mots, le Pape François envoie tous les jeunes en mission.

Allez : non seulement Jésus nous envoie, mais il nous accompagne.
Sans peur  : car nous ne sommes pas seuls, nous sommes envoyés ensemble.
Pour servir : comme Jésus, dans une vie pour les autres, une vie de service. Et, pour finir : Jésus-Christ compte sur vous, l'Eglise compte sur vous !

Pour découvrir le texte dans son intégralité sur le site des JMJ France ou pour le télécharger
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29/07 /13 Catéchèse de Mgr Vincent Jordy (Homélies)

Catéchèse de Mgr Jordy

samedi 27 juillet 2013 | JMJ Bosserville

 

Qu’est-ce qu’être disciple et missionnaire ?

 

Texte réalisé à partir des notes de Mgr Jordy | Pour télécharger la catéchèse, cliquez ici !

 1 - Etre disciple du Christ


Mgr JordyHier Mgr Dollmann vous a éclairés sur la condition du disciple à la lumière de l’expérience de l’apôtre saint Pierre. Vous avez pu réfléchir sur le parcours original, unique, de l’apôtre Pierre, comme chacun d’entre nous a avec Jésus un parcours original et une histoire originale.

Ce parcours vous a permis de comprendre ce qu’est l’essentiel de la vie du disciple ; ce parcours nous permet aussi de mettre en lumière ce qui n’est pas l’essentiel du disciple du Christ, mais ce que les gens pensent parfois comme étant l’essentiel de la vie chrétienne.

 

-     Pour de nombreuses personnes, être chrétien, c’est croire en des valeurs, de préférence des valeurs morales. Selon les tendances, on insistera d’ailleurs plus soit sur les valeurs familiales (fidélité, droiture…), individuelles, ou sur les valeurs collectives et sociales (solidarité, tolérance…).

Le chrétien, pour de nombreux observateurs, serait donc quelqu’un d’obsédé par la morale. Il est certain qu’il y a une dimension morale de la vie chrétienne, que la rencontre de Jésus, le fait de l’aimer, transforme profondément notre manière de vivre et nos relations. Mais les valeurs, la morale, ne sont pas l’essentiel de la foi.

Plus grave encore, si je fais des valeurs, de la vie morale, le cœur de ma vie chrétienne, un double risque se présente : d’une part si j’arrive à vivre toutes ces valeurs, à y être fidèle, je peux être tenté de me prendre pour quelqu’un, de tomber dans le piège de l’orgueil. Mais d’autre part, si je n’y parviens pas, si je me bats pour y parvenir et que je suis en échec, par mes chutes et mes rechutes je peux alors sombrer dans le désespoir et considérer que la foi n’est pas faite pour moi.

 

-          Pour d’autres personnes, être chrétien c’est « s’engager », faire des choses, agir.

Le chrétien serait quelqu’un dont l’essentiel de la vie est de faire et d’agir pour une cause ou pour les autres. Il est vrai que la foi chrétienne ne peut pas laisser indifférent celui qui en vit et qu’elle conduit nécessairement à une manière de vivre, à une responsabilisation à l’égard des autres et de la société. Mais là aussi l’engagement, faire des choses, n’est pas l’essentiel de la foi.

Plus grave, encore une fois, le fait de penser que l’essentiel de la foi chrétienne est d’agir, de faire, peut conduire à des gens qui vont se perdre dans l’activisme, dans une agitation qui est en fait une fuite. Mais, surtout, ne vivre l’engagement que pour l’engagement finit par faire des gens fatigués, usés, qui là aussi risquent peu à peu le désengagement et le découragement.

 

-     Pour d’autres personnes enfin, être chrétien serait une sorte d’art de bien vivre, une sorte de sagesse de vie, pour traverser l’existence dans les meilleures conditions.

Il est vrai que la vie chrétienne cherche à développer une manière de vivre dans une certaine harmonie, en communion avec les autres. Mais ce n’est pas là non plus l’essentiel de la foi.

Plus grave, cela pourrait conduire à n’avoir comme seuls critères de notre existence de chrétiens que ce qui nous fait du bien, nous valorise, bref une sorte de narcissisme.

 

Quel est alors l’essentiel de la foi chrétienne ? Le cœur de notre foi chrétienne, c’est d’entendre la Parole de Jésus qui nous appelle, de changer de vie et de marcher à sa suite pour être son disciple. Cela consiste à avoir foi en Jésus, Fils de Dieu, qui nous révèle le visage du Père et sa bonté. Cela consiste aussi à croire ce que Jésus nous a révélé sur le mystère de Dieu, notre propre mystère et celui de la vie. Cela consiste enfin à vivre animés et éclairés par l’Esprit de Jésus au cœur d’une communauté qui est l’Eglise du Christ. Le pape Benoît XVI l’a rappelé sans cesse durant son ministère, le cœur de la vie chrétienne c’est l’amitié avec Jésus.

 

 

2 - Etre disciple nous permet alors une grande découverte

 

En effet, en vivant la foi, en la creusant, en réfléchissant au contenu de la foi que Jésus nous révèle, je découvre que la foi va éclairer trois questions essentielles de ma vie.

 

-          En effet, chacun d’entre nous, quel qu’il soit, a d’abord un désir profond de vérité. Tout au long de notre vie, chaque jour, même sans que nous en soyons conscients, nous cherchons la vérité, ce qui est vrai. C’est la raison pour laquelle nous ouvrons les journaux, écoutons la radio, regardons la télévision. Nous cherchons la vérité sur le monde qui nous entoure. De la même manière, tous les amoureux du monde se demandent sans cesse l’un à l’autre : « Est-ce que tu m’aimes ? »

      Nous cherchons la vérité, car nous sommes faits pour la vérité.

 

-          De même, chacun d’entre nous est animé par un autre désir profond, le désir d’aimer et d’être aimé. Aucun d’entre nous ne peut vivre sans amour, l’amour de parents, d’éducateurs, d’amis, et, si c’est notre vocation, d’un époux ou d’une épouse, de nos enfants. Nous savons bien comment l’amour mal vécu, ou une vie sans amour, peut être une cause de souffrance pendant toute une vie. Nous avons tous besoin d’aimer, de nous donner ; nous avons tous besoin d’être aimés, de savoir que nous comptons pour les autres.

      Nous avons besoin d’amour, car nous sommes faits pour l’amour.

 

-          Nous avons tous enfin en nous un désir de reconnaissance, le désir d’être reconnu et d’avoir une identité. Personne ne peut vivre sans savoir qui il est, où il va dans l’existence. C’est la question dite du « sens ». Nous le savons là aussi, ceux qui ne savent pas d’où ils viennent, qui recherchent un père ou une mère, peuvent en souffrir toute leur vie.

Nous cherchons une reconnaissance, car nous sommes faits pour vivre de notre identité profonde.

 

Or, en devenant disciple de Jésus, en accueillant son enseignement, nous découvrons que son message vient éclairer ces trois questions essentielles.

 

-          Jésus nous appelle à vivre en vérité, car il est lui-même « le Chemin, la Vérité, la Vie » Il sait aussi que seule la vérité sur nous-mêmes, les relations aux autres et à Dieu « nous rendra libres ».

 

-          Jésus nous appelle à vivre en communion d’amour, un amour véritable. L’amour de Jésus, ce n’est pas « Plus belle la vie », où l’on change de partenaire comme on change de vêtement, où rien ne semble pouvoir se construire, où tout est éphémère. Jésus nous invite à un amour qui soit vrai, un amour durable.

 

-          Jésus nous appelle à vivre de notre identité profonde, à vivre en enfants de Dieu, à vivre l’idéal de la sainteté à laquelle Dieu nous appelle.

 

 

3 - C’est la découverte de cet amour, de ce message, qui façonne mon cœur de disciple et va me donner de devenir missionnaire.

 

-          En effet, nous le savons bien dans la vie, quand nous avons vraiment une bonne nouvelle, nous sommes incapables de la garder pour nous. Regardons dans notre vie quotidienne : lorsque nous avons une mauvaise nouvelle, une rupture avec quelqu’un, un mauvais résultat scolaire ou professionnel, nous n’avons envie de parler à personne et nous avons envie de cacher cette mauvaise nouvelle.

Par contre, quand nous recevons une bonne nouvelle, nous sommes dans l’incapacité de la garder en nous et pour nous. Il nous faut immédiatement trouver quelqu’un à qui la dire, un voisin, un ami, car nous avons de la joie à partager le bonheur qui est en nous. Ce qui est bon se partage et se diffuse.

 

-          Cela veut donc dire que, si je creuse mon amitié avec Jésus, que je découvre qu’il comble ma vie, la joie que cela me procure ne peut rester en moi. J’ai besoin d’une part de le partager à d’autres. D’autre part, et plus encore, j’ai même la responsabilité de le partager à d’autres. En effet, je ne peux pas garder pour moi, égoïstement, ce qui peut donner de la joie et du bonheur aux autres.

 

-          C’est bien la raison pour laquelle Jésus lui-même nous envoie. Si son message est vraiment une bonne nouvelle, s’il transforme notre cœur, de disciple nous devenons missionnaire, la découverte de Jésus déborde de notre cœur.

Plus encore, si j’ai la joie en moi et que je ne la partage pas, que je la retiens en moi pour de faux motifs (la peur de partager, la peur d’être ridicule, d’être taxé de prosélyte), la foi va alors se dessécher en moi. Ce qui n’est pas mis en pleine lumière meurt, se tarit, et la joie avec. Nous avons donc à être des ambassadeurs, des missionnaires, des évangélisateurs. Nous devons comprendre qu’évangéliser, c’est aimer, c’est un acte d’amour qui s’enracine dans l’amour que nous avons pour Jésus.

 

La vraie question à nous poser pour savoir si nous sommes disciples et si nous pouvons devenir missionnaires, c’est : « Suis-je amoureux de Jésus ? »

 

 

4 - La question devient alors : « Comment être missionnaire ? »

 

Certains diront ici que l’important, c’est d’abord d’être baptisé et de se comporter de manière juste selon l’Evangile ; on parlera souvent de « non pratiquants ». Mais on ne peut pas être des non pratiquants de l’amour. Comment, donc, annoncer le Christ à ceux qui l’attendent, souvent sans le savoir ?

 

Il y a trois chemins que nous pouvons emprunter :

 

-          La première manière d’évangéliser, c’est de prier. Il est très important de se souvenir que l’évangélisation commence avec la prière, particulièrement pour ceux qui sont dans des milieux difficiles ou hostiles. Il faut se rappeler avant toute chose que Jésus a été un grand priant. Il a prié dans les moments les plus importants de sa mission et il nous a invités à prier. Il a particulièrement prié pour l’apôtre Pierre : « afin que sa foi ne défaille pas ».

Mais nous pouvons aussi penser à l’histoire de l’Eglise, et à l’histoire de sainte Monique et de saint Augustin, qui se déroule au IVème siècle. Sainte Monique était chrétienne. Son fils Augustin, brillant avocat, était, lui, tourné vers la gnose, une sorte de New-Age de son époque. Or Monique va prier pendant des années pour demander à Dieu la conversion d’Augustin. Et quelques années plus tard, Augustin s’entendra dire, alors qu’il est dans un jardin, « Prends et lis ». C’est dans la Parole de Dieu qu’Augustin trouvera le chemin de son cœur, le chemin du lieu où Dieu habite en lui. C’est par la prière qu’Augustin recevra de l’Esprit Saint les conditions d’une vraie liberté qui lui donnera de devenir disciple de Jésus.

Certains parmi vous me disent : « Je suis seul dans ma classe à être croyant », ou bien encore « Nous sommes juste quelques chrétiens au collège ou au lycée ». Qu’est-ce qui vous empêcherait de prier pour vos camarades, voire même de vous envoyer quotidiennement un SMS ou un twitt pour vous inviter les uns les autres à prier pour les autres et leur faire le cadeau de rencontrer Jésus ?

 

-          La deuxième manière d’évangéliser, c’est ce que j’appelle « l’évangélisation passive », ou « l’évangélisation par capillarité ».

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela signifie une manière très féconde d’évangéliser et le fait d’avoir une vie chrétienne cohérente, et donc crédible. C’est la grande force de Jésus. Jésus vit ce qu’il dit et il dit ce qu’il vit. Chez Jésus, il n’y a pas de rupture entre la parole et les actes. C’est bien pourquoi le centurion au pied de la Croix pourra dire en voyant Jésus mourir par amour pour nous : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! »

La cohérence de vie était la force de Jésus, cette cohérence peut aussi être un puissant moyen d’évangélisation. En effet, si nous vivons de l’Evangile, si nous le mettons en pratique dans la relation à Dieu et aux autres, en progressant dans un amour véritable, en laissant l’Esprit Saint nous transformer, alors peu à peu nous produirons des fruits de l’Esprit. Dans notre vie, souvent à notre insu, des fruits vont se manifester : l’amour, la paix, la joie, la douceur, la bienveillance… Cette présence des fruits de l’Esprit peut parfois interroger les autres, les inviter à se rapprocher de nous et à nous demander comment nous restons dans la paix et dans la joie alors que notre vie est aussi compliquée, difficile et heureuse que celle des autres. Certains peuvent, en nous voyant vivre, avoir le goût de savoir de qui nous sommes disciples afin d’avoir envie, eux aussi, de le rencontrer.

Comme le disait le pape Paul VI, « l’homme d’aujourd’hui n’a pas tant besoin de maîtres que de témoins » ; il ajoutait : « tant mieux si les témoins sont des maîtres ».

 

-          La troisième manière, l’évangélisation directe

Cette manière d’évangéliser consiste à annoncer directement Jésus ; elle peut prendre des formes très variées. Elle n’est pas toujours simple, surtout auprès des personnes qui nous connaissent (famille, amis…), car ils nous connaissent bien avec nos défauts, nos limites et nos incohérences, qui peuvent discréditer notre parole. Jésus lui-même a évoqué le fait que « nul n’est prophète en son pays », voulant dire par là que ceux qui nous connaissent ont tant d’a priori sur nous que leur cœur n’est pas libre, tout comme le nôtre. Il faut cependant se souvenir ici de la belle formule de sainte Bernadette, la voyante de Lourdes. Alors qu’elle venait voir son curé pour lui transmettre un message de la Vierge, elle s’entend répondre par le curé : « Tu ne vas tout de même pas me faire croire cela ! » Elle lui répondra, avec la simplicité de ceux qui sont conduits par l’Esprit : « On ne m’a pas demandé de vous le faire croire, on m’a juste demandé de vous le dire ».

Le témoignage direct demande en fait plusieurs choses. Il demande avant toute chose de se préparer par la prière, en demandant à l’Esprit Saint de préparer les cœurs et de trouver les mots et les attitudes justes à l’égard des autres. Il demande ensuite une bonne préparation sur le contenu de la foi, en approfondissant la connaissance de la foi, afin de pouvoir éclairer ceux qui ont besoin de l’être. Enfin, il nous demande, comme le souligne l’apôtre Pierre lui-même, de « rendre raison », c’est-à-dire de donner des motifs cohérents, réfléchis, « de l’espérance qui est en nous ». Mais l’apôtre Pierre précise de toujours faire cela avec douceur et de manière respectueuse. Nous n’avons pas, en évangélisant, à instrumentaliser les autres.

 

Nous comprenons donc, pour conclure, comme le disait le pape François alors qu’il était encore cardinal en Argentine, que « être disciple et missionnaire sont comme les deux faces d’une même médaille ». D’une certaine manière, être disciple, si je le suis vraiment, me porte à devenir missionnaire, tout comme, si je suis vraiment missionnaire, j’ai besoin d’être d’abord disciple. Pour cela, utilisons aussi tous les moyens de notre temps. Soyons intelligents et créatifs pour Jésus. Il a besoin de nous.

 

+ Vincent Jordy

Evêque de Saint-Claude

29/07 /13 Homélie de Mgr Papin lors de la messe d'envoi (Homélies)
Homélie prononcé lors de la messe d’envoi des JMJ à Bosserville 28 juillet 2013

Homélie de Mgr Jean-Louis Papin, évêque de Nancy et de Toul

« Seigneur, apprends-nous à prier ». Les disciples étaient certainement très impressionnés par la place de la prière dans la vie de Jésus, le temps qu’il lui consacrait, que ce soit tôt le matin, tard le soir, parfois même toute la nuit. C’était manifestement sa respiration, l’oxygène de sa vie. Quelquefois, les disciples l’ont entendu prier à haute voix, au milieu d’eux, pour les personnes qu’il rencontrait, pour remercier son Père de tout ce qu’il accomplissait de bien et de beau par son intermédiaire ou bien encore à une étape importante de sa mission. On comprend qu’un jour l’un d’eux osa lui faire au nom de tous cette demande : « Seigneur, apprends-nous à prier ! »

C’est que la prière, ça s’apprend. Pas seulement les mots de la prière, mais aussi et surtout la manière de prier, la disposition intérieure de notre cœur lorsque nous prions. Vous vous dites peut-être que pour prier, il suffit de s’adresser à Dieu en toute simplicité avec ce qui fait votre vie : vos joies et vos peines, vos doutes et vos indignations, vos mercis et vos demandes. C’est vrai, prier, ce n’est pas d’abord une affaire de techniques savantes. C’est une rencontre, c’est une affaire de cœur, un cœur à cœur avec Dieu. Et en même temps, personnellement, je me retrouve bien dans la demande des disciples : « Seigneur, apprends-nous à prier ! » Car, je sens bien que, dans ma prière, je suis parfois plus tourné vers moi que vers Dieu, plus préoccupé de demander à Dieu qu’il satisfasse mes désirs, qu’il réponde à ce que je veux plutôt que de lui demander d’ajuster ma volonté à sa volonté, d’accorder mon cœur à son cœur. Ma prière a toujours besoin d’être convertie, elle a toujours besoin d’être purifiée pour qu’elle soit ouverture de mon cœur à Dieu, à ce qu’il veut pour moi, à ce qu’il veut pour l’humanité, bref pour qu’elle soit une prière chrétienne, une prière selon Jésus, une prière animée par son Esprit. Pour cela, j’ai besoin d’un maître. Ce maître, c’est Jésus. Les disciples l’ont compris. C’est pourquoi ils lui font cette demande : « Seigneur, apprends-nous à prier ! » A chaque messe, nous prions le Notre Père. J’aime beaucoup les quelques mots avec lesquels le prêtre introduit la prière : « Comme nous l’avons appris du Sauveur et selon son commandement, nous osons dire … » Vous y serez attentifs tout à l’heure. Nous avons toujours à apprendre du Seigneur à prier comme il faut. L’Eglise nous y aide grâce à plus de vingt siècles d’expérience d’une prière guidée par l’Esprit du Christ, et en particulier les saints et les saintes qui sont pour nous des guides merveilleux pour nous aider à prier parce qu’ils se sont mis eux-mêmes à l’école de Jésus .

« Seigneur, apprends-nous à prier ! » La réponse de Jésus à la demande de ses disciples, ce fut le Notre Père : « Quand vous priez, dites : Père que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne… » Il y aurait beaucoup à dire pour entrer dans une plus grande intelligence de cette prière, intelligence intellectuelle, intelligence du cœur. Vous avez pour cela un merveilleux petit livre jaune, le YOUCAT, catéchisme de l’Eglise catholique qui vous est spécialement destiné et qui fut remis à tous les jmjistes de Madrid. Les sept dernières pages sont consacrées à « La prière du Seigneur : le Notre Père ». Lire ces quelques pages vous aidera à mieux prier le Notre Père, dont un des premiers grands écrivains chrétiens, dénommé Tertullien, a écrit qu’il est « le résumé de tout l’Evangile ». Permettez que je vous cite quelques lignes du Youcat au sujet : « Le Notre Père est plus qu’une prière, c’est un chemin qui mène directement au cœur de notre Père. Les premiers chrétiens récitaient trois fois par jour cette prière, remise à chaque chrétien lors de son baptême. Nous aussi, nous ne devrions jamais passer une journée sans essayer de dire la prière du Seigneur avec notre bouche, de l’intérioriser dans notre cœur et de la rendre vraie dans notre vie ».

A défaut de commenter l’ensemble du Notre Père, je voudrais souligner une de ses expressions qui me paraît récapituler l’ensemble : « Que ton Règne vienne ». Lorsque nous faisons cette demande à Dieu, nous exprimons le souhait que l’humanité vive le plus possible selon le désir de Dieu. Vaste chantier ! Car vous savez à quel point il y a dans le monde des forces contraires à ce désir de Dieu, des forces qui défigurent l’humanité et l’entraînent sur des chemins de mort. Nous en avons fait l’expérience ces derniers mois à propos du mariage puis de l’utilisation de l’embryon humain. Bientôt viendront les débats sur la fin de vie. Citons encore les drames engendrés par la prédominance de système économiques et financiers qui perdent de vue le service du bien commun. Je pense aux nombreux migrants qui affrontent les pires dangers dans l’espoir de vivre mieux ou même tout simplement de vivre. Le pape François vient d’interpeller notre conscience sur cette réalité en se rendant dans l’île italienne de Lampedusa où beaucoup d’entre eux arrivent dans l’espoir d’être accueillis en Europe. Je pense également à tous ceux que la crise économique actuelle met à la rue. Leur nombre a doublé en un an. Je pense aussi aux violences de tous ordres, jusqu’au sein du couple et de la famille, aux conflits qui divisent gravement divers pays, à toutes les formes d’addictions telles que la drogue… Oui, Seigneur, nous avons mille raison de te dire : « Que ton Règne vienne ! », « Qu’advienne l’humanité selon ton cœur ! »

Mais si ce vœu n’est pour vous qu’une affaire de mots répétés jour après jour, rien ne changera sur notre terre. Par contre, si votre prière est prière de votre cœur, alors elle vous bougera, elle vous fera apporter votre contribution pour que l’humanité vive davantage selon la volonté de son créateur. Prier le Notre Père avec tout votre cœur, avec toute votre intelligence, c’est y engager toutes vos capacités d’action pour qu’advienne concrètement cette humanité telle que Dieu l’a voulue. Nous avons tous à être des veilleurs engagés. Tout à l’heure, je citais Tertullien nous disant que le Notre Père est « le résumé de tout l’Evangile ». Prier le Notre Père comme nous le faisons si souvent doit nous mettre en mouvement pour que cet Evangile soit annoncé et qu’il oriente chacun et toute l’humanité dans la bonne direction. C’est ce que le Seigneur a ordonné à ses disciples avant de les quitter : « Allez, de toutes les nations faites des disciples ». Ainsi, les mains que vous élevez vers Dieu lorsque vous priez seront aussi des mains qui édifient le monde selon Dieu.

Ce n’est pas sans raison que chaque messe s’achève par ces mots : « Allez dans la paix du Christ ! » Non pas : « Rentrez tranquillement chez vous, prenez l’apéro, faites un bon repas et passez un agréable dimanche ! » Mais : « Allez, et partout où la vie vous conduit, annoncez l’Evangile, faites de nouveaux disciples. Célébrer l’Eucharistie tout comme prier le Notre Père vous appelle à donner à Dieu vos mains, votre intelligence, votre cœur pour que ce que vous avez prié et célébré devienne une réalité ». Dans son message pour les actuelles JMJ, Benoît XVI vous disait : « Plus nous connaissons le Christ, plus nous désirons l’annoncer. Plus nous parlons avec lui (ce que nous faisons dans la prière), plus nous désirons parler de lui. Plus nous sommes conquis par le Christ, plus nous désirons conduire les autres à lui ».

Je conclurai par le prophète Isaïe. Un jour qu’il était dans le temple de Jérusalem, Dieu parla à son cœur : « Qui enverrai-je ? Qui sera mon messager ? Et j’ai répondu : ‘Moi, je serai ton messager : envoie-moi ». Le Seigneur s’adresse à chacun de vous de la même façon. Il vous pose cette question : « Qui sera mon messager ? » Que lui répondez-vous au terme de cette semaine ? Répondez-vous comme Isaïe : « Moi, je serai ton messager : envoie-moi ! » ?

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29/07 /13 "Préparer le terrain" : Homélie de Mgr Papin lors de la célébration de Mercredi (Homélies)
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Retrouvez ici l' homélie de Mgr Jean-Louis Papin , proposé mercredi 24 juillet lors de la célébration eucharistique à la Basilique St Epvre lors JMJ Bosserville 2013.

Imaginez la scène ! Jésus se trouve dans la région du lac de Galilée, une région qu’il affectionne tout particulièrement parce que c’est là qu’il a grandi et vécu durant 30 années. Il sort d’une maison et se trouve soudainement devant une foule de gens avides de l’écouter parce qu’il a des mots, des paroles qui touchent leur cœur et qui leur ouvre un chemin de vie. Jésus ne va pas se dérober à leur attente. Il va leur parler. Pendant que les gens s’installent sur les rives du lac légèrement en pente, il prend place dans une barque. Et de la barque, il s’adresse à la foule comme il aime le faire, c'est-à-dire en paraboles.

Les paraboles, ce sont de petits récits imagés qui empruntent à la vie courante des auditeurs. Du coup, chacun pouvait comprendre ce que Jésus disait, sans pour autant se sentir contraint d’acquiescer comme cela arrive parfois avec une démonstration rationnelle. La parabole laisse libre celui qui l’entend. Or, la liberté, c’est très important pour Jésus. On l’entend souvent dire aux personnes qu’il rencontre : « Si tu le veux, viens, suis-moi !  ». « Si tu le veux…  » C’est comme cela qu’il s’adresse à chacun de vous : « Si tu le veux, viens, suis-moi ! »

Mais revenons à la parabole d’aujourd’hui. Jésus se réfère ici à l’activité du semeur. Chaque fois que j’entends ce récit, je me dis : « Quel gâchis !  » Car une grande part du grain est perdue. Soit parce qu’il tombe sur le chemin qui borde le champ, et les oiseaux s’en nourrissent. Soit parce qu’il tombe sur une partie pierreuse du champ ; alors il reste en surface et est brûlé par le soleil. Soit parce qu’il tombe dans des buissons de ronces qu’on n’a pas arrachés ; alors, à peine a-t-il germé, il est étouffé. Seule une partie du grain tombe dans de la bonne terre et peut donner de beaux épis pleins de blé. On peut se dire que le semeur est généreux, mais on peut se dire aussi que si la terre avait été mieux préparée, il aurait obtenu une rentabilité meilleure.

Si vous vous dites cela, c’est que la parabole commence à faire son chemin en vous. Car c’est à cela que Jésus vous invite : à préparer le terrain, c'est-à-dire votre cœur afin qu’il soit une bonne terre dans lequel le grain de sa Parole pourra germer et donner du blé plein l’épi. Lui-même a fait l’expérience des nombreux obstacles que rencontrait son enseignement. Soit que les cœurs étaient fermés par avance à ce qu’il disait (cœurs endurcis), soit que l’écoute était superficielle, soit que ses auditeurs avaient bien d’autres intérêts qui l’emportaient sur ce qu’il pouvait leur dire. Dans ces conditions, sa Parole ne pouvait pas produire quoique ce soit.

La parabole du semeur vous parle aujourd’hui comme elle parlait au temps de Jésus, si du moins vous avez, comme il dit, des oreilles pour entendre ! Le Seigneur Jésus – car c’est lui le semeur - vous parle par son Eglise, par les nombreux baptisés qui témoignent de lui, et aussi par des personnes qui ne sont pas des chrétiens. Sa Parole, vous avez aussi de nombreuses occasions de l’entendre dans des célébrations, des rencontres, des temps forts comme celui que nous vivons en ce moment ou, tout simplement, en ouvrant la Bible. Oui, le semeur continue à semer. Mais sur quel terrain tombe le grain de sa Parole ? C’est la question principale que chacun doit se poser, moi comme vous.

Demain après-midi, vous allez entrer dans le temps caractéristique des JMJ avec des catéchèses, des célébrations liturgiques et sacramentelles, le festival de la jeunesse et la rencontre de témoins. Je vous suggère d’adresser à Dieu dès maintenant cette prière : « Seigneur, aide-moi à préparer mon cœur pour que le grain que tu sèmes ne se perde pas ; fais-moi un cœur qui écoute, un cœur ouvert et disponible ».

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28/07 /13 Catéchèse Mgr Vincent Dollmann aux JMJ de Bosserville (Homélies)

Jeudi 25 catéchèse de Mgr Vincent Dollmann , évêque auxiliaire de Strasbourg

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« Allez ! De toutes les nations faites des disciples ». Ces paroles de Jésus Ressuscité ne sont pas réservées aux douze apôtres et à leurs successeurs, les évêques et les prêtres ; elles concernent chaque baptisé. Il est heureux que le Pape Benoît XVI ait choisi ces paroles du Christ à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse pour appeler les jeunes à être missionnaires dans le monde d’aujourd’hui. Mais comme l’évoque Benoît XVI, dans son Message du mois d’octobre dernier : « Être missionnaire suppose d’abord d’être soi-même disciple du Christ, écouter sans cesse l’appel à le suivre, l’appel à le regarder, lui ». Cette affirmation du Pape est illustrée admirablement dans le dernier échange au bord du lac de Galilée entre le Christ Ressuscité et saint Pierre qui se voit renouvelé dans la mission de conduire l’Eglise sur terre.

Ecoutons ce passage : « Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre : ‘Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ?’. Il lui répond : ‘Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais’. Jésus lui dit : ‘ Sois le berger de mes agneaux’. Il lui dit une deuxième fois : ‘Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?’ Il lui répond : ‘Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais’. Jésus lui dit : ‘Sois le pasteur de mes brebis’. Il lui dit, pour la troisième fois : ‘Simon, fils de Jean, est-ce que tu m'aimes ?’ Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : ‘ Est-ce que tu m'aimes ?’ et il répondit : ‘Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t'aime’. Jésus lui dit : ‘Sois le berger de mes brebis’ » (Jn 21, 15-17).

Les trois questions du Christ renvoient à la douloureuse expérience de Pierre qui par trois fois a renié son Maître. Jésus lui permet en quelque sorte de se racheter, de renouer avec l’amitié qu’il ne lui a jamais retirée. Mais la triple question de Jésus semble encore renvoyer Pierre aux grandes étapes de son cheminement de disciple.

En effet, lors de la première rencontre, Pierre s’est mis en route à la suite du Christ en manifestant un extraordinaire attachement à sa parole (cf. appel Lc 5, 1-11).

Mais une deuxième étape décisive est franchie lorsque saint Pierre au nom des apôtres professe sa foi au Christ et manifeste son attachement à sa personne. Il ouvre largement son cœur à l’amitié du Christ (cf. Lc 9, 18s). Et finalement à l’heure de la Passion de Jésus, Pierre va chuter en reniant son Maître. Mais contrairement à Judas, il ne se laisse pas enfermer dans le désespoir. Il pleure les larmes de repentance et se laisse relever par le Christ (cf. Lc 22, 54s).

Lorsque Jésus Ressuscité renouvelle sa confiance à Pierre et le confirme dans sa mission de Pasteur de l’Eglise, il semble ainsi renvoyer Pierre aux trois étapes décisives de sa vie qui constituent des repères pour tout disciple du Christ. Être disciple, c’est être à l’écoute de la Parole du Christ, mais aussi vivre une relation d’amitié avec lui et finalement laisser le Christ conduire notre vie.

J’aimerais avec vous explorer ces trois repères avec la figure de Pierre.

I/ L’attachement à la Parole du Christ

L’appel de Pierre (Lc 5, 1-11)

Accueillir la Parole du Christ

Au début de l’appel de Pierre à devenir son disciple, Jésus lui dit : « avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson ». Jésus veut montrer qu’il tient sa mission d’enseigner de Dieu lui-même, que sa Parole est celle de Dieu, celle qui ne retourne pas au ciel avant d’avoir accompli son œuvre, comme le proclamait le prophète Isaïe. Dans l’évangile, Il s’agit de jeter les filets pour avoir du poisson ! Jésus veut ainsi montrer qu’avec lui, le Règne de Dieu est présent ; qu’à travers lui, Dieu est personnellement à l’œuvre.

« Ils jetèrent les filets et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient ».

Quel coup de filet miraculeux ! Les filets étaient sur le point de céder, il fallait faire appel à une deuxième barque, et toutes les deux s’enfonçaient sous le poids du poisson qui fut pêché.

L’autorité de la Parole du Christ se manifeste pleinement dans des cœurs disponibles

Quel événement incroyable ! Quel coup de filet prodigieux ! Pourtant, il n’y a eu aucun geste spectaculaire, aucune action médiatique. Les paparazzis et autres journalistes à l’affût d’un scoop, auraient été déçus. C’est uniquement par une parole échangée que l’incroyable se réalise. Ce coup de filet est signé, c’est Dieu Lui-même qui est à l’œuvre.

Et cette intervention de Dieu ne fut possible que par le ‘oui’ de Pierre, par sa confiance et sa disponibilité à la Parole du Christ. Pierre n’y oppose même pas son expérience professionnelle. Pourtant, il y avait de quoi ! Comment pourraient-ils prendre du poisson en plein jour alors qu’ils ont peiné pour rien durant toute la nuit ! Pierre exprime cette objection, mais sa confiance dans la Parole du Christ est plus forte. Il ajoutera aussitôt : « Sur ton ordre, je vais jeter les filets ! ».

Saint Pierre nous apprend à faire confiance en la puissance de la Parole du Christ. Pour nous, ce n’est pas n’importe quelle puissance, pas celle d’un despote ou d’un manipulateur qui cherche à maintenir ses sujets sous sa dépendance, mais celle d’un Dieu qui appelle l’humanité à partager sa vie et son bonheur. La puissance de la Parole est celle de la vie et du bonheur.

Cette expérience de la Parole nous la revivons à chaque célébration eucharistique, et particulièrement en son cœur lors de la consécration. Là, c’est bien la toute-puissance de la Parole divine qui est en œuvre. Par l’action de l’Esprit-Saint et le ministère du prêtre, les paroles du Christ réalisent ce qu’elles signifient à savoir le changement du pain et du vin en Corps et Sang du Christ. Bien plus, la consécration et la prière eucharistique unissent le prêtre et l’ensemble de l’assemblée au sacrifice du Christ, à ce qui constitue la réalité la plus intime de notre existence en Jésus, une vie filiale, une vie donnée au Père et aux hommes. La célébration eucharistique est le renouvellement de l’appel de Dieu. Sa parole vient nous rejoindre efficacement et personnellement pour nous faire devenir ce que nous sommes, des ‘fils dans le Fils’, chacun reflétant un aspect de ce visage, selon sa vocation propre, de laïc, religieux ou prêtre.

Jésus sollicite une réponse totale

Si Jésus utilise l’image de la pêche pour indiquer la mission de Pierre, c’est qu’il veut rejoindre Pierre dans son existence, dans ses choix et ses projets de vie. L’appel du Christ concerne la personne tout entière, c’est toute la personne que le Christ désire quand il appelle. Il ne s’intéresse pas aux profils psychologiques ni aux compétences des personnes, mais à leur vie concrète et à leurs désirs profonds. Son appel vient donner une orientation nouvelle à l’existence de Pierre, en lui proposant de servir le Dieu de la Vie et son projet de salut.

Le ‘oui’ de Pierre, comme de tous les disciples à travers les temps, permet au Christ de rejoindre concrètement les hommes pour les éclairer de sa Parole et les fortifier dans la confiance en Dieu.

Au début du 21ème siècle, le Pape Jean Paul II a adressé une lettre aux Chrétiens où il reprenait l’appel du Christ à Pierre : « Avance au large ! ». Voici ce qu’il écrivait : « Allons de l’avant dans l’espérance ! Un nouveau millénaire s’ouvre devant l’Eglise comme un vaste océan dans lequel s’aventurer, comptant sur le soutien du Christ. Le Fils de Dieu, qui s’est incarné il y a deux mille ans par amour pour les hommes, accomplit son œuvre encore aujourd’hui : nous devons avoir un regard pénétrant pour la voir, et surtout nous devons avoir le cœur large pour en devenir nous-mêmes les artisans ».

La Parole du Christ nous est donnée par la Bible, mais également par le témoignage des saints et l’enseignement des papes et des évêques, successeurs des apôtres.

A la base de la sainteté de vie d’un chrétien comme de la fondation d’une œuvre dans l’Eglise, il y a toujours une parole du Christ. Saint François d’Assise a été marqué par deux paroles : devant une chapelle en ruine, il entendit le Christ lui dire dans son cœur : ‘Va répare mon église’. Et un jour durant une messe, il accueille pour lui et ses futurs compagnons, l’invitation du Christ à aller deux par deux pour annoncer la Bonne Nouvelle.

Plus près de nous, sainte Thérèse trouvera dans l’enseignement sur la charité de saint Paul, la lumière qui éclairera sa vie de religieuse carmélitaine et fera d’elle la sainte patronne des missionnaires alors qu’elle n’était jamais sortie de son Couvent à Lisieux. Chacun de nous peut faire cette expérience d’une parole du Christ qui a travers la lecture de la Bible ou de la vie d’un saint, oriente et accompagne notre vie de foi et de service. Si je suis devenu prêtre, c’est pour beaucoup, grâce à la figure du Bienheureux Pape Jean-Paul II. Entré au Séminaire de Strasbourg immédiatement après le Baccalauréat, je me souviens qu’un des premiers ouvrages qui m’était tombé sous la main à la bibliothèque, fut l’encyclique, Redemptor hominis. Une phrase allait devenir comme une lumière dans ma formation et me poursuit encore aujourd’hui : « L’homme est la première route et la route fondamentale de l’Eglise ».

Comme jeune de 18 ans, c’était un immense horizon qui s’ouvrait devant moi. Tout mon désir de servir, de m’engager pour la justice et la paix, le Christ l’accueillait et me proposait de le vivre à sa suite au service du Royaume de Dieu. Et j’avais un modèle vivant : le Pape lui-même !

Pasteur selon le cœur de Dieu, le Bienheureux Jean-Paul II avait exercé le ministère de Pierre dans un don total au service du Royaume de Dieu.

II/ L’attachement à la personne du Christ

La confession de foi de Pierre (Lc 9,18s)
Croire, c’est s’ouvrir à la relation personnelle avec Dieu

A travers la médiation des Ecritures et de la vie des disciples du Christ, grandit l’attachement à la personne même du Christ. Saint Pierre l’expérimentera au tournant de la mission de Jésus. Lorsque les foules se faisaient plus rares et que l’hostilité des chefs politiques et religieux grandissait, Jésus se tournait à nouveau vers ses disciples pour solliciter leur liberté. Il leur proposait un renouvellement de leur profession de foi et de leur engagement : « Que dites-vous que je suis ? ». Et Pierre au nom des apôtres dira : « le Messie de Dieu ».

Par sa profession de foi, Pierre souligne l’originalité de la foi chrétienne : Croire pour le Chrétien, c’est croire que Jésus est bien le Messie et le Fils de Dieu, pour cela il nous faut mettre en œuvre notre intelligence, poursuivre notre catéchisme en fréquentant la Bible, en nous intéressant au témoignage des saints et des auteurs chrétiens.

Mais croire c’est aussi croire en une personne vivante, c’est ouvrir notre cœur pour entrer en relation personnelle avec le Christ.

Et cette foi est une grâce à accueillir. Dans sa catéchèse, l’Eglise parle de vertu théologale, c’est à dire d’un don qui dispose les cœurs à vivre en relation avec le Dieu Trinité. L’évangile de Matthieu rapporte cette parole de Jésus à Pierre : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’es venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 16). La foi n’est ainsi pas le privilège de quelques-uns : la grâce de la foi a touché autant le cœur de Nicodème, docteur de la Loi que celui du malfaiteur sur la croix. Elle s’est manifestée autant aux adultes qu’aux sans droits et aux enfants que Jésus n’a pas hésité à laisser venir à lui.

Lors du Baptême, le premier des sacrements, à la question « Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? », le rituel indique comme réponse : ‘la foi’. Chaque sacrement de la vie chrétienne vient renouveler cette grâce de la foi.

Disponible à des détachements pour le Christ

En s’attachant à la Parole et à la personne du Christ, saint Pierre a été amené à se détacher de tout ce qui pouvait être un obstacle. Jésus indique au moins trois détachements à opérer, par rapport aux biens terrestres, aux liens familiaux et humains et au passé (Cf. Lc 10,57).

Le premier détachement concerne le rapport aux réalités visibles que ce soit la possession ou la réussite professionnelle et sociale. Jésus lui-même a vécu ce détachement. Il affirmera : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête ».

Même si nous n’avons pas de grands biens et si comme le dit le psaume, ‘nous n’avons pas le cœur fier ou ambitieux’, le danger nous guette toujours de chercher quelques sécurités et satisfactions dans l’avoir, le pouvoir ou le paraître. Jésus lui-même a dû combattre ces tentations.

Le deuxième détachement auquel invite le Christ, c’est quitter les attaches familiales. Alors que l’enterrement des parents était un des signes essentiels du respect filial, voici que Jésus répond à celui qu’il appelle : « Laisse les morts enterrer les morts ».

Il ne s’agit pas pour le Christ de dégager le disciple de ses obligations parentales. Le 4ème commandement, ‘tu honoreras ton père et ta mère’ reste valable même pour l’appelé. Mais il s’agit d’accéder à une relation juste et autonome qui permette à chacun de se réaliser en tant que personne et d’avancer sur le chemin de la vie. Il y a là déjà une exigence du point de vue de la croissance humaine : la juste relation à la mère ou au père va être un tremplin pour des relations de respect avec les autres et d’engagement dans la durée.

L’apprentissage du détachement par rapport à un lien fusionnel avec la famille dispose les cœurs à accueillir le Règne de Dieu et à vivre des relations qui manifestent notre dignité d’enfant de Dieu et de frère en Jésus-Christ. Il s’agit de vivre déjà en ce monde des relations dans l’Esprit de Dieu, relations qui dépassent les liens de sang et qui portent la marque de l’éternité.

Mais il y a encore le détachement par rapport au passé, comme le suggère le Christ quand il dit : « celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu ».

Notre quête de bonheur et de paix nous tourne souvent vers le passé. Quand on avance en âge les sentiments de nostalgie nous renvoient à l’ambiance des fêtes de Noël en famille, à une vie rythmée par les saisons... Mais pour nous chrétiens, cette quête de bonheur et cette nostalgie ne doivent pas nous tourner vers la passé, mais vers l’avenir qui est entre les mains de Dieu. Cet appel est libérateur. Dieu ne veut pas nous enfermer dans notre passé, nous faire porter le fardeau de nos expériences douloureuses. Bien au contraire, il vient les porter avec nous pour nous en libérer. Cela signifie que notre passé avec ses blessures doit pouvoir être regardé en face, sans que cela nous écrase. Même à ces moments difficiles, le Seigneur était là. Ce rapport serein à notre passé est la condition pour avancer et vivre le détachement salutaire. Plus concrètement encore, en nous appelant à nous détacher du passé, le Christ veut nous réconcilier avec le présent, avec nos tâches, nos responsabilités à remplir.

L’appel du Christ à le suivre se traduit par ce lent travail à renoncer à toutes les attaches qui font obstacle à une confiance profonde en Dieu et en son amour. Ce renoncement est clairement formulé au cœur de la liturgie du baptême. A trois reprises, le prêtre demande aux parents, parrain et marraine et à toute l’assemblée : « Pour vivre dans la liberté des enfants de Dieu, renoncez-vous à Satan, à ses œuvres, à ses séductions et attaches ? ». Cette renonciation est renouvelée par tous les Chrétiens chaque année à la nuit de Pâques.

Le travail de détachement encouragé par les saints et soutenu par le Christ lui-même aujourd’hui, le Christ nous pose personnellement la question : « Pour me suivre, es-tu prêt à te détacher de tes richesses, de tes liens familiaux et humains et de ton passé ? ». Il nous invite à faire un pas dans l’un des domaines. Ces détachements ne peuvent se comprendre qu’à la lumière de l’attachement au Christ. Dans un monde où nos cœurs sont rivés à la terre et oublient le ciel, les réalités spirituelles, ce langage passe plus difficilement. Mais comment ne pas se laisser interpeler par les figures de sainteté que Dieu nous donne en notre époque. Je pense par exemple à la Bienheureuse Chiara Badano, une jeune fille de 17 ans, morte le 7 octobre 1990 suite à une maladie qui la fit souffrir durant trois ans. Lorsque le diagnostic médical en révéla la gravité, Chiara ne pleura pas, ne se révolta pas, mais après un temps de silence, laissa échapper cette prière : “si tu le veux Jésus, je le veux également”. Malgré les souffrances, elle ne perdait pas son sourire lumineux et soutenait par sa foi ses parents et ses nombreux amis. Chiara se préparait à la mort, l’appelant la rencontre avec l’Epoux. Pour ses funérailles, elle choisit une robe de mariée, et des chants de fête. A sa dernière communion, elle priait : “Viens, Esprit-Saint, envoie-nous du Ciel un rayon de ta lumière”. La Bienheureuse Chiara surnommée ‘Luce, lumière’, est le témoignage éloquent de la beauté et de la fécondité d’une vie unie au Christ. La Bienheureuse Chiara était remplie d’un bonheur indicible et profond, d’un bonheur qui est un avant-goût du Ciel.

Le témoignage de la jeune Chiara Badano peut nous apparaître hors de portée, mais il veut surtout nous encourager à ne pas avoir peur de renoncer à ce qui nous empêche d’aimer le Christ et de le suivre. Le pas de géant dans la sainteté réalisé par Chiara, nous révèle que ce détachement ne dépend pas uniquement de nos propres forces. Le Bienheureux Jean-Paul II, dans son premier Message pour la journée mondiale des vocations en 1979, écrivait « La vraie réponse à toute vocation est une œuvre d’amour… Cette force d’amour, c’est le Christ lui-même qui vous l’offre, comme don qui s’ajoute au don de son appel et qui rend possible votre réponse ». Ainsi notre réponse est soutenue par Dieu lui-même à travers sa Parole ainsi que les sacrements de la vie chrétienne que sont l’Eucharistie et la Confession. L’Eucharistie enracine notre ‘oui’ dans le ‘oui’ du Christ et le sacrement du Pardon lui offre purification et relèvement.

III/ L’attachement à la Croix du Christ

Le reniement et le relèvement de Pierre (Lc 22,54s)
L’expérience douloureuse de la croix dans la vie de saint Pierre

Si à la suite de saint Pierre, le disciple se caractérise par un amour de la Parole et de la personne du Christ, l’Apôtre indique un ultime pas, celui de l’attachement à la Croix du Christ.

La profession de foi, Pierre la faite avec spontanéité, avec un élan de générosité porté par le succès de la mission. Il était témoin de nombreux miracles : la tempête apaisée, la guérison d’un démoniaque, la résurrection de la fille de Jaïre et la multiplication des pains.

Mais le Christ invite Pierre à aller plus loin. Après la profession de foi de Pierre, Jésus lui annonce ses souffrances et sa condamnation à mort. Il l’appelle à une compréhension plus profonde de sa mission et de son identité : celle du Serviteur de Dieu qui sauve le monde par la croix. Et il invite les disciples à le suivre sur ce chemin. Dans l’évangile de Matthieu, Pierre réagit vigoureusement, il réagit selon la logique humaine, la logique de celui qui ne peut accepter une telle issue pour son Maître bien-aimé : non jamais ! ‘Il lui fait de vifs reproches’, nous dit l’évangile. De plus, Pierre avait appris d’après la tradition religieuse que le Messie ne pouvait ni souffrir, ni mourir. Alors envisager le rejet des chefs du Peuple, sa mise à mort ! C’était inadmissible ! La réponse très dure de Jésus : « Passe derrière moi Satan », souligne l’enjeu. Pour Jésus, refuser la mort, écarter la croix, c’est se détourner de la volonté de Dieu et faire le jeu de Satan.

Ce chemin, Pierre va découvrir qu’il ne peut se faire que dans un total abandon au Christ. Pour cela, Pierre va connaître l’épreuve de la foi. Et lui-même va chuter, il va renier. Mais contrairement à Judas, il ose dans sa chute se tourner vers le Christ. Dans l’épisode du reniement de Pierre en Saint Luc, c’est le regard du Christ qui provoquera les larmes de repentance de Pierre.
En reniant, Pierre a sans doute été travaillé par sa conscience. Il avait conscience d’avoir fait le mal en reniant un ami. Mais c’est en croisant le regard du Christ, qu’il a pris conscience de l’immense décalage entre l’amour du Christ et le sien. Ce n’est pas simplement un ami qu’il a renié, mais celui qui allait mourir pour lui, par amour.
Pierre apprend à ne pas évacuer la croix de sa vie. Elle est incontournable. La croix, c’est la logique de Dieu. Elle manifeste que Dieu sauve le monde par la seule puissance de son amour.
Dieu a rejoint la création en envoyant son propre Fils et en acceptant son rejet par les hommes et sa mort en croix pour guérir et recréer de l’intérieur le cœur de l’homme. C’est ainsi qu’une fois ressuscité, Jésus va inviter Pierre à se relever en accueillant cet amour : « Pierre, m’aimes-tu ? » (Jn 21). Disposé à vivre de cet amour, Pierre pourra alors prendre le chemin du Christ jusqu’au don de sa propre vie, par amour. Il laisse Dieu prendre d’une manière concrète le gouvernail de sa vie. A la suite de saint Pierre et de tous les saints, notre foi est appelée à devenir un attachement toujours plus profond au Christ, un attachement qui passe par la croix, par l’accueil de l’amour du Christ qui a sauvé e monde par sa croix. Pour suivre le Christ, le ‘je crois’ est ainsi appelé à devenir un ‘je t’aime’.

Le Christ est présent au cœur même des épreuves de la vie

Pierre nous invite à ne pas avoir peur des épreuves de la foi. Car elles viennent la purifier et la fortifier. Il faut pouvoir en parler avec une autre personne croyante ou avec un prêtre.
A la suite de Pierre, nous pouvons alors tendre vers cette foi qui est un lâcher prise pour laisser Dieu agir, pour pouvoir dire en vérité, comme la Vierge Marie, « Qu’il me soit fait selon ta Parole ! ». Elle ne dit pas : « oui, je vais te donner un coup de main pour ton projet », mais « je suis disposée à me laisser guider par toi, par ton Esprit ».
En traversant ces épreuves, comme Pierre, comme Marie, je peux apprendre à me décentrer de moi-même pour m’ouvrir à Dieu et au prochain dans une vraie charité.
Pierre en fait l’expérience dès l’accueil du regard d’amour de Jésus sur lui : il va le suivre jusqu’à la croix, même si c’est de loin. Dans le passage sur la mort de Jésus en Saint Luc (Lc 23,49), on peut ainsi lire : « Tous ses amis se tenaient à distance… ».
De même, nous verrons Pierre rejoindre ses compagnons et reprendre sa place auprès d’une communauté enfermée dans le questionnement et le doute. Quand les femmes revinrent du tombeau, annonçant qu’il est vide et que des anges leur avaient dit que Jésus était ressuscité, c’est Pierre qui se rendra au tombeau (Lc 24,12). Et au retour des disciples d’Emmaüs à Jérusalem, les apôtres confirmèrent la résurrection du Christ, affirmant : « C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon ! » (Lc 24,34).

Ce cheminement de Pierre à travers l’épreuve de la foi, à travers les questionnements et les doutes, est évoqué dans ses propres écrits. En s’adressant aux chrétiens, le Chef de l’Eglise réfère à sa propre expérience :
— « Car vous étiez égarés comme des brebis, mais à présent vous êtes retournés vers le Pasteur et le gardien de vos âmes » (1P 2,25).
— « Revêtez-vous tous d’humilité ». Il faudrait traduire littéralement : « Nouez tous sur vous le sarrau de l’humilité, le tablier que Jésus a pris pour le lavement des pieds » (1P 5,5).

La présence du Christ m’est garantie par les sacrements

Quand saint Pierre répondait pour la troisième fois au Christ, il lui dit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t'aime ». Il s’en remet entièrement à Lui, et lui demande d’accueillir son ‘oui’ aussi faible soit-il. C’est avec cette attitude humble que Dieu peut faire des merveilles. Nous sommes témoins de la fécondité extraordinaire de l’œuvre de la Bienheureuse Mère Térésa. Déjà de son vivant en 1997, rien que les sœurs de Mère Teresa étaient au nombre de 4000 réparties dans 123 pays du monde. Elle n’a pas cherché le succès, mais la fécondité d’une vie unie à Jésus. Le mouroir de Calcutta qu’elle avait fondé au départ voyait très vite affluer une foule de malades et de mourants. Ceux-ci se plaignaient un jour auprès de Mère Térésa des sœurs qui ne prenaient plus assez de temps pour chacun. Mère Térésa demanda alors à ses religieuses de prier chaque jour une heure devant le Saint-Sacrement. Elle indiquait ainsi la source de la fécondité de l’œuvre, le Christ lui-même. Comme Mère Térésa et ses sœurs, nous pouvons laisser le Christ agir en nous et recevoir humblement son amour, notamment dans les sacrements de l’Eucharistie et du Pardon. N’est-ce pas encore l’expérience de saint Pierre et des premiers disciples, le jour de la résurrection. Après avoir reconnu le Seigneur, les disciples d’Emmaüs se dirent l’un à l’autre : « notre cœur n’était-il pas tout brûlant au dedans de nous, quand il nous parlait en chemin et qu’il nous expliquait les Ecritures ? » (Lc 24,32). La rencontre avec le Christ les a touchés au plus profond de leur être. Ils ressentent comme une brûlure, c’est la brûlure de l’Esprit-Saint. Jésus avait en effet annoncé l’envoi du Saint-Esprit en ces termes : « je suis venu jeter un feu sur la Terre » (Lc12, 49). Cette brûlure de l’Esprit-Saint purifie comme le sacrement du Pardon et revigore comme le sacrement de l’eucharistie. Et ils retournent dans la joie à Jérusalem, le lieu où ils avaient laissé leur mission. Ils renouent avec elle dans la joie de découvrir que Jésus Ressuscité est dorénavant non seulement avec eux mais en eux, comme une brûlure d’amour.

IV/ Conclusion : Soyez fiers d’être Chrétiens, soyez exigeants dans votre vie chrétienne (C’était le titre de mon message clôturant ma première visite pastorale que je viens d’effectuer à Saint-Louis, dans la région frontalière avec la Suisse et l’Allemagne).

Fiers d’être Chrétiens

Cette fierté n’est pas seulement liée à des actions exemplaires de Chrétiens, comme celles du Pape Benoît XVI et de notre Pape François dont nous avons été témoins en février dernier. Notre fierté est fondamentalement liée au Baptême par lequel nous sommes devenus ‘Chrétien’, un ‘autre Christ’, et donc enfant de Dieu et temple de son Esprit. Le Baptême confère une identité et une dignité inégalables, communes à tous les membres de l’Eglise, qu’il soit petit enfant ou pape. Devenir fils et fille de Dieu par le Baptême, c’est manifester au grand jour ce qui était déjà inscrit dans notre vie par la création. Dieu est lié à chacun, à tout homme. Le Baptême l’affirme et le réalise explicitement. Il me donne d’accueillir personnellement la parole que Dieu a prononcée en envoyant l’Esprit-Saint sur Jésus lors de son Baptême par Jean : « Tu es mon fils bien-aimé ! ». Nous entrons dans une relation de connaissance et d’amour avec le Dieu Père, mais aussi avec Jésus son Fils et l’Esprit Saint.

Exigeants dans sa vie

Au moment de l’onction du Saint-Chrême, qui signifie le don de l’Esprit Saint et annonce la Confirmation, le célébrant dit : « Désormais, tu es membre du corps du Christ et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi ». Tout en soulignant la dignité du baptisé, ces trois titres indiquent également sa mission dans les pas du Christ. Le baptisé est prêtre en ce sens qu’il est appelé à garder une relation vivante à Dieu par la prière et l’offrande de toute sa vie. Le baptisé est prophète en ce sens qu’il est appelé à rendre témoignage à la Parole de Dieu en paroles et en actes. Le baptisé est roi en vivant les responsabilités et les engagements dans l’esprit du Christ serviteur. L’important est de tenir ensemble ces trois missions, personnellement et communautairement.

Le contexte économique plus difficile ainsi que les choix sociaux plus hostiles à la foi chrétienne ne doivent pas nous décourager, bien au contraire. Notre foi ne peut qu’être stimulée par le rassemblement ici à Bosserville en communion avec des centaines de milliers de jeunes réunis au Brésil avec le Saint-Père. Notre foi est encore stimulée tout au long de l’année par l’engagement de beaucoup d’entre vous dans vos paroisses ou dans différents mouvements caritatifs ou éducatifs. De même, comment ne pas être encouragé par ceux d’entre vous qui s’engagent ou s’engageront dans la voie du mariage chrétien, mais aussi de la vocation religieuse ou du ministère sacerdotal.

Lors d’un pèlerinage international à Rome au début de ce mois qui rassembla quelques 6.000 séminaristes, novices et jeunes en discernement, le Pape François leur adressa à la fin de son homélie ce message : « La diffusion de l’Evangile n’est assurée ni par le nombre de personnes, ni par le prestige de l’institution, ni par la quantité des ressources disponibles. Ce qui compte, c’est d’être imprégné de l’amour du Christ, se laisser conduire par le Saint Esprit, et greffer sa vie sur l’arbre de vie, qui est la Croix du Seigneur… Chers amis et amies, je vous confie, avec une grande confiance, à l’intercession de la très sainte Vierge Marie… Qu'elle vous aide à témoigner de la joie de la consolation de Dieu, à vous conformer à la logique de l’amour de la Croix, à grandir dans l’union toujours plus intime avec le Seigneur dans la prière. Ainsi votre vie sera riche et féconde ! » (Homélie, 14e dimanche du Temps Ordinaire, 7 juillet 2013). Je ne peux que relayer l’appel du Pape à chacun d’entre nous : soyons fiers d’être au Christ, soyons exigeants dans notre vie !

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ÊTRE DISCIPLE DU CHRIST POUR L’ANNONCER AU MONDE

28/07 /13 Les jeunes aussi font confiance au Christ : Homélie de Mgr Claude Schockert (Homélies)
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Homélie de Mgr Claude Schockert,
évêque de Belfort Montbéliard |jeudi 25 juillet à 12h

 
L’apôtre Jacques que nous fêtons aujourd’hui, est le frère aîné de Jean, fils de Zébédée et de Salomé, laquelle dans l’évangile que nous venons de proclamer ose faire la demande à Jésus : « voilà mes deux fils : ordonne qu’ils siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ton royaume ».

Avec son frère Jean, avec Pierre et André, Jacques est l’un des quatre premiers disciples appelés par Jésus à le suivre, alors qu’ils sont des pécheurs professionnels  du lac de Tibériade. 
Avec Pierre et Jean, il est témoin privilégié de la Transfiguration du Seigneur et aussi de son agonie au jardin de Gethsémani.

Après la résurrection, les onze disciples reçoivent cette invitation de Jésus : « allez donc, de toutes les nations, faites des disciples »

 

En écoutant St Paul dans la première lecture, les apôtres, auxquels Paul s’agrège lui-même, sont des gens simples qui avaient bien conscience de porter des trésors dans des vases fragiles, des « poteries sans valeur » ; mais ajoute St Paul, loin de se décourager, ils reconnaissaient qu’une force et une liberté leur venaient de Dieu lui-même dans leur faiblesse.

Comme les apôtres, les disciples que nous désirons être, nous expérimentons notre faiblesse, mais nous pouvons nous appuyer sur une force qui ne vient pas de nous seulement.        

Comme Paul et les apôtres, nous pourrions dire, si telle est notre expérience de vie : nous subissons des épreuves mais nous ne sommes pas écrasés ; nous sommes désorientés parfois, mais non désemparés ; nous nous sentons combattus, mais pas abandonnés, terrassés mais jamais anéantis.

Quel soulagement et quelle consolation que d’entendre ces paroles qui s’appliquent à nous de façon particulière en ce rassemblement des JMJ 2013.       
Oui, c’est dans la faiblesse que se manifeste la puissance de Dieu.        
Nous avons besoin d’y revenir sans cesse pour ne pas céder au découragement et tourner la page sur Dieu comme bien de nos contemporains le font.

A peine arrivé à Rio de Janeiro, le Pape François déclarait dans son premier discours aux personnalités du pays et de la ville :

Je suis venu rencontrer les jeunes venus de toutes les parties du monde, attirés par les bras grands ouverts du Christ Rédempteur. Ces jeunes veulent trouver refuge dans ses bras ouverts, tout proche de son Cœur, écouter à nouveau son appel clair et puissant : « Allez donc ! De toutes les nations, faites des disciples ».

Ces jeunes viennent de continents divers, parlent des langues différentes et sont porteurs de cultures variées ; cependant ils trouvent dans le Christ les réponses à leurs plus hautes et communes aspirations et ils peuvent se rassasier d’une vérité limpide, d’un amour authentique qui les unissent au-delà de toute diversité.

Le Christ leur offre une place, sachant qu’il n’y a pas d’énergie plus puissante que celle qui se dégage du cœur des jeunes quand ils sont conquis par l’expérience de l’amitié avec lui. Le Christ a confiance en eux et leur confie l’avenir de sa propre mission :     
« Allez donc, faites des disciples !» ; allez au-delà de ce qui est humainement possible et suscitez un monde de frères.    
Mais les jeunes aussi font confiance au Christ, ils n’ont pas peur de risquer avec lui l’unique vie dont ils disposent, parce qu’ils savent qu’ils ne seront pas déçus.

Dans 5 ou 10 ans, vous serez pères ou mères de famille.   
Peut-être certains parmi vous, je l’espère,  serez prêtres ou religieux pour l’annonce de l’Evangile, pour aider les communautés à vivre du Christ.

 

Le devenir de  notre société et de notre Eglise est entre vos mains.

 

Vous portez en vous de belles aspirations et des talents multiples.

 

Vous avez concernant l’avenir de notre société des attentes justes

Jouez vos rêves de justice et de fraternité, de paix et de bonheur, risquez-les au grand vent de ce siècle nouveau.

 

Je vois qu’un certain nombre d’entre vous le vivent déjà : ils s’engagent dans la vie de leur quartier, de leur école ou de leur université, dans leur entreprise, dans les clubs de loisirs, dans des associations culturelles, caritatives ou humanitaires ou dans un mouvement de jeunes.

Ils font l’expérience qu’en donnant un peu leur vie, ils donnent la vie.

 

Vous, et les jeunes de votre génération, vous rêvez d’une Eglise plus ouverte et plus conviviale, plus fraternelle et plus simple, d’une Eglise où l’on puisse parler les mots de tous les jours, d’une Eglise qui vous propose des points de repères pour construire votre vie personnelle et de jeunes.

 

Vous attendez que l’Eglise présente le Christ comme Celui qui vient donner le vrai sens de l’homme.            
Vous aspirez à une Eglise de vraies communautés.
Une Eglise de la fête, comme celle que nous sommes en train de vivre ; une Eglise de l’action ; une Eglise accordée aux cultures d’aujourd’hui.

 

Vous savez aussi qu’il y a des jeunes très loin de la foi.      
Vous en connaissez, dans vos familles même.

Ils ont quelquefois des idées farfelues sur les chrétiens. Certains n’ont même pas entendu parler du Christ

Parfois, leurs recherches et leurs nombreuses questions les étouffent et les découragent : c’est vrai que ce n’est pas facile de croire !

 

Alors, si nous croyons que le Christ est une chance pour l’homme d’aujourd’hui, il faut que nous puissions témoigner de notre bonheur de croire.

 

Jésus Christ est comme une source à laquelle on peut inlassablement revenir puiser, sans jamais la tarir, sans jamais avoir fini d’en recueillir les richesses et la fraîcheur.

 

Le Christ n’est pas dans le passé, mais il est là avec nous, devant nous.

L’Evangile n’est pas une lettre morte, un livre de bibliothèque, mais une puissance de vie.

L’Eglise n’est pas une multinationale,  c’est la communion avec le Père, le Fils et l’Esprit, la communion avec Dieu sur terre.

 

La mission, pas une affaire de publicité, de marketing, mais une Pentecôte.

La liturgie, non pas une pièce de théâtre mais un mémorial et une anticipation du ciel. L’agir humain n’est pas une morale d’esclave, mais l’agir humain selon le projet d’amour de Dieu, pour la réussite de l’homme et de l’humanité.

 

Dans cette expérience qui conduit à une découverte toujours plus profonde de la personne de Jésus et de la fécondité de l’Evangile, l’Esprit nous sert de guide.

 

C’est à lui que revient la tâche de nous faire pénétrer toujours plus avant dans la vérité tout entière qu’est le Christ lui-même. « Moi, je suis le chemin, la vérité, la vie ».

 

C’est à l’Esprit que revient également la tâche, et c’est capital, de veiller à nous faire voir comment, ici et maintenant, dans notre vie très concrète, son Evangile peut nous rejoindre, nous éclairer, nous réconforter et nous garder dans l’espérance.

Sans l’Esprit nous ne parviendrons pas à découvrir quelle est l’actualité  des évangiles, leur éternelle jeunesse. Avec lui, grâce à lui, c’est possible.

 

Cet Esprit que le ressuscité avait promis, Dieu habitant lui-même le cœur de l’homme, cette force tranquille qui saisit des femmes et des hommes, des jeunes, depuis le matin de Pentecôte à Jérusalem,

 

Les apôtres, des ouvriers du lac, des hommes craintifs qui bravèrent les frontières de l’Empire romain pour porter la Parole,

 

L’apôtre Jacques sera le premier des apôtres à subir le martyre pour sa foi au Christ : il est décapité à Jérusalem.

 

Paul, le juif fanatique et orgueilleux, bousculé par l’Esprit au chemin de Damas, à jamais blessé par l’amour de Jésus et dont l’unique passion désormais est de témoigner de Jésus Christ mort et ressuscité.

 

François d’Assise, saisi au milieu de son opulence d’une vie facile pour épouser Dame pauvreté et rayonner ainsi la joie des béatitudes,

 

Tous les saints et saintes de Dieu, bienheureux et bienheureuses,

Et tant d’autres, vivants au souffle de l’esprit, connus ou inconnus, vivants peut-être à nos côtés.

 

Que dire de plus, frères et sœurs, que dire de plus de cette œuvre de l’Esprit saint en nous, si forte, si étonnante, si bouleversante, si éclairante.      
Il est beau l’amour dont le Père nous a comblés.       
Il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et vraiment,  nous le sommes.

Accueillez l’Esprit-Saint, ouvres toute grandes les portes de votre cœur, les portes de votre vie.       
Il vient y mettre de l’ordre, de la tendresse, de la paix.           

           
Et alors à votre tour, par la sérénité de votre vie, par la justesse de vos choix de vie, par votre participation à la vie de la communauté chrétienne, vous serez de ses témoins sur vos terres qui comptent aujourd’hui, pour annoncer sa  présence cachée, son œuvre de salut et de vie, sa victoire sur la mort et le péché.

Alors vous aussi, allez et témoignez !   
Allez et vivez !         
Allez et n’oubliez jamais Celui qui a fait en vous sa demeure. Amen.