Quelles interpellations pour nos communautés ? de Mgr Rouet
Le catéchuménat est le service diocésain qui accompagne des adultes vers les sacrements de l’initiation chrétienne : le baptême, la confirmation, l’eucharistie. nous accueillons des personnes qui demandent le baptême et attendent de l’église qu’elle les prépare à une cérémonie ; nous avons alors à leur faire découvrir qu’il s’agit avant tout de se préparer à la vie chrétienne !
Devenir chrétien n’est pas de l’ordre de l’appropriation de connaissance, c’est un devenir disciple du Christ, de traversées en traversées, témoin de sa mort et sa résurrection dans le quotidien de la vie.
On accompagne une relation au Christ, relation qu’il s’agit, de servir, de favoriser, de mettre sur un chemin. Et nous avons besoin de temps ensemble pour entrer en résonance avec le don de la foi qui nous est fait, de le reconnaître, d’essayer de le nommer, La rencontre convertit chacun des interlocuteurs, il n’y a pas nous qui sommes des croyants accomplis et eux qu’il faut faire advenir à la foi comme nous, il y a des fils de Dieu invités à consentir à l’œuvre de l’Esprit en eux. Si le catéchuménat est la mise en œuvre de l’initiation chrétienne, c’est cette pratique catéchuménale dont les évêques disent qu’elle est le modèle inspirateur de toute catéchèse.
l’itinéraire catéchumènal
Conjuguer une durée, un accompagnement, des étapes liturgiques.
- Les prémices…
Un appel, un désir là depuis longtemps, une occasion, un événement douloureux et il ose frapper à la porte.
Une équipe se constitue, des questions, une écoute…on ouvre la bible… Puis la démarche dépasse le cercle des accompagnateurs, elle ose le dire en Église.
- C’est l’entrée en église
Une célébration souvent en paroisse qui se déroule sur le seuil de l’église. La signation sur le front, les yeux, les oreilles, la bouche, le cœur, les épaules nous disent que c’est tout l’être qui est concerné. Le livre de l’Évangile lui est remis, guide pour sa vie chrétienne. Il est alors un catéchumène : Celui aux oreilles duquel résonne la parole.
Un parcours dans la durée avec l’aide de l’équipe, des journées diocésaines, des rencontres avec d’autres chrétiens l’invite à la rencontre progressive avec le Dieu de Jésus Christ. Il se sent prêt, des fruits de transformation sont à déjà l’œuvre. C’est alors L’Appel décisif qui ouvre le carême avant le baptême.
Lors d’une célébration, le premier dimanche de carême, l’Évêque appelle le catéchumène aux sacrements de l’initiation. Il répond à l’appel d’un Autre, même si cet appel retentit d’abord au fond de lui et qu’il suscite sa liberté et sa responsabilité.
- C’est le temps de la purification et de l’illumination
La célébration des scrutins peut avoir lieu les 3 derniers dimanches de carême en paroisse. Occasion pour le catéchumène de découvrir que la vie chrétienne n’est pas une réalité statique, de même que l’existence elle-même, mais qu’un oui est à redonner sans cesse. Dieu scrute les reins et les cœurs et invite à un chemin de vérité.
- Les sacrements de l’initiation
Le baptême, la confirmation, l’eucharistie ont la même visée, il s’agit de faire corps avec le Christ et chaque fois c’est l’œuvre de l’Esprit. Il ne s’agit pas de 3 étapes successives d’un engagement, c’est une même réalité déclinée sous des angles différents. “Dans le baptême, Dieu se déclare comme Père (il fait de nous des fils adoptifs) ; dans l’Eucharistie, Dieu se déclare comme nourriture, don total (il nous fait vivre) ; dans la Confirmation, Dieu se déclare dans la confiance “tu es celui que j’ai choisi” Lc 9, 35 Lc 3, 21. “La différence est d’ordre pédagogique” Philippe Barras.
Le catéchumène reçoit le baptême et la première eucharistie lors de la veillée pascale, temps par excellence de notre plongée dans le mystère de la mort et de la résurrection.
Dans notre diocèse la confirmation est proposée quelques temps après le baptême. C’est l’occasion comme le dit Mgr Rouet de découvrir que “Dieu se confirme comme Père”, d’éprouver que, quelles que soient mes difficultés dans la durée à répondre à son appel, je fais l’expérience qu’il ne me lâche pas la main. Et comme le sacrement n’est qu’un début :
Vient le temps de la mystagogie
Le baptisé est alors un Néophyte, (nouvelle pousse, jeune plant) que toute la communauté entourera d’attention et d’amitié comme un plant juste repiqué.
Il va savourer les dons reçus et en vivre. Temps offert pour affiner son insertion dans la communauté.
Quelles interpellations pour nos communautés ?
Reconnaître que Dieu appelle toujours et pas selon nos schémas, nos attentes et de ce fait le catéchumène nous bouscule, nous déplace. Il n’est pas une copie conforme, il ne vient pas combler les besoins, les manques de la communauté. Nous pouvons être déçus de ne pas le voir souvent dans nos eucharisties, ni dans nos groupes.
Les catéchumènes nous appellent à être attentifs à tous ceux qui balbutient dans la foi chrétienne, à témoigner d’une présence chaleureuse, aimante, à inviter gratuitement. A nous réjouir de leur fraîcheur et de leur dynamisme.
A chercher à faire vivre des lieux où on peut parler de ce qu’on vit pour découvrir ensemble Celui qui vit en nous.
“Le nouveau chrétien donne aux anciens de la communauté une nouvelle manière de comprendre l’Évangile, de parler du Christ, de vivre le Christ.”
Mgr Rouet
Témoignage d’accompagnatrices
Parce que nos numéros de téléphone étaient au panneau d’affichage paroissial devant l’église, nous avons été “appelées” par Cécile, une nouvelle habitante de notre village : elle voulait se marier à l’église mais n’était pas baptisée ; et c’est ce projet qui la décidait à franchir le pas d’une démarche à laquelle elle ne prenait pas le temps de répondre jusqu’alors. Démarche qu’elle a poursuivie même lorsqu’elle a su qu’il faudrait prendre du temps ensemble et que la date du mariage, déjà fixée, serait depuis longtemps dépassée lorsqu’elle arriverait au baptême. Et nous nous sommes engagées…
Nous sommes marquées par :
- Le mystère de chaque appel et par la démarche très personnelle de chaque adulte en chemin, ce qui implique qu’il ne peut qu’être accompagné individuellement.
- La force du lien qui se tisse entre celui qui cherche le chemin de la foi et nous qui sommes appelées à témoigner de cette foi.
- Le sentiment renforcé d‘appartenir à un peuple en marche, de s’inscrire dans son histoire et d’un message à transmettre.
- Le sentiment de grandir dans notre propre foi, par nos interrogations, nos remises en cause aussi bien que par la relecture ensemble des textes ; par, aussi, la nécessité de prendre du temps pour préparer et accompagner la démarche du catéchumène.
- La joie partagée dans les rencontres diocésaines avec les autres catéchumènes et accompagnateurs.
Et cette profonde émotion et ferveur vécue dans les différentes étapes, en particulier celle de l’entrée en Église.
Chaque démarche étant très personnelle, nous avons bien senti la nécessité d’un accompagnement individualisé ce qui sous-entend une adaptation des accompagnateurs à chaque personne.
Et l’après ? Nous nous en sentons encore un peu responsables, mais un peu démunies…
Agnès et Marie de la Paroisse du Val de Meurthe
Témoignage : mon baptême
Malgré mon appréhension due au trac, mon baptême s’est déroulé à merveille et ce fut un moment inoubliable. Je suis très heureuse de l’avoir vécu, une très belle expérience pour moi qui me laisse des souvenirs poignants pleins la tête.
Au premier abord, deux ans paraissent longs mais cela va très vite et les rencontres sont très agréables à vivre. L’enjeu en vaut vraiment la chandelle.
Avant ma démarche, dans une église, je me sentais un peu mal à l’aise, comme si j e n’étais pas à ma place, mais j ‘y étais tout de même attirée. Je désirais aller plus loin... Depuis un bon moment maintenant, je m‘y sens comme dans un cocon bien douillet et en sécurité. J’y suis bien intégrée et j’ai l’impression que mon baptême a changé ma vie. C’est pour moi comme une deuxième naissance. Je n’ai plus la même façon de penser et je me sens bien plus proche de Dieu.