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L'église Notre-Dame de Mirecourt

Les origines de Mirecourt restent assez obscures. Née probablement au cours du premier millénaire, sa première mention connue remonte à 960. La Curtis d'alors est desservie au religieux par l'église-mère de Vroville. Cette dernière fait partie de ces grandes paroisses rurales englobant de nombreux villages à l'instar de Dogneville, Vomécourt-sur-Madon et, probablement la plus connue : Champ-le-Duc.
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Le véritable développement de la ville va se faire à partir du XIe siècle. Une chapelle est alors bâtie sur la rive droite du Madon, à proximité du pont, l'actuelle chapelle de La Oultre. Sous l'impulsion de son nouveau propriétaire, le duc de Lorraine, la ville grandit rapidement au cours du XIIIe siècle. La charte de franchise qui lui est accordé puis ses fortifications, en font un bourg attractif. C'est alors, en 1303, qu'est posée la première pierre de l'actuelle église paroissiale, par l'évêque de Toul, Jean de Sierck. La construction de l'église Notre-Dame en sa Nativité construction s'étale sur plusieurs siècles au fil des agrandissements successifs à grignoter sur les parcelles voisines.

L'architecture de l'église Notre-Dame
La première construction comprend la tour et les deux premières travées de la nef. Cette première tranche est reconnaissable à ses piliers massifs et devait s'achever par une abside semi-circulaire. Les travaux reprennent dans la première moitié du XVe siècle pour les 3e et 4e travées.. Le chœur, lui, n'est édifié qu'un siècle plus tard alors que les collatéraux des 3e et 4e travées ainsi que les chapelles latérales qui les terminent ne datent que du début du XVIIe siècle. La première à droite est dédiée à Notre-Dame et la seconde, à gauche, à Saint-Nicolas. C'est aussi à cette époque que sont percées les deux portes latérales, de chaque côté du clocher-porche et qu'est élevé le transept. Les supports ont évolués vers plus de légèreté et les chapiteaux disparaissent.
Cette architecture permettant de suivre l'évolution du style gothique de ses débuts à ses dernières expressions, n'est cependant guère visible de l'extérieur. En effet, sur le côté droit, s'élève l'ancien presbytère et de l'autre côté, la première salle communale aujourd'hui désaffectée. Ces constructions que d'aucuns jugeront parasites assombrissent considérablement l'intérieur de l'église malgré les modifications apportées au cours des XVIIe et XVIIIe siècles aux ouvertures. De même, l'exhaussement de la rue a obligé à recréé un porche avec des escaliers au XVIIIe siècle.
Cette situation qui semble de prime abord perturbante pour nous, est au contraire une réalité largement partagée par les églises urbaines. En effet, beaucoup d'entre elles n'avaient pas de cimetière attenant comme cela était la tradition car leur implantation en pleine trame urbaine ne le permettait guère. Ce besoin est d'autant moins grand que nombre de ces églises remplacent une église mère souvent située en plein champ et qui conserve une activité liturgique comme chapelle de cimetière. C'est le cas à Mirecourt avec la Oultre. De plus, la conscience du patrimoine qui anime les hommes depuis le siècle des lumières va dégager les monuments de leurs abords. Il nous est ainsi difficile d'imaginer que toutes nos cathédrales gothiques étaient totalement enserrées dans de petites ruelles avec de nombreuses maisons et commerces accolés à elles. Pour prendre un exemple proche, il faut attendre le deuxième tiers du XIXe siècle pour que le dégagement de la basilique Saint-Maurice à Épinal soit entrepris. Il ne sera achevé qu'un siècle plus tard.

Le mobilier de l'église
Le retable et l'autel _

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Ce grand retable date de 1621. De style classique, son marbre se démarque des pierres de la construction.
Riche en sculpture, il abrite aussi un grand tableau de 1623, l'Assomption par Claude Déruet avec lequel alternaient suivant le temps liturgique trois autres toiles aujourd'hui suspendues dans le chœur. Ce sont l'Adoration des Mages par Claude Bassot (1633), la Résurrection d’Étienne Gelée en 1634 et une Sacrée conversation de Dominique Prot (1658). Ce retable a été considérablement modifié au XIXe siècle. L'autel consacré en 1612 par Mgr des Porcelets de Maillane est remplacé par un autel, peut-être d'occasion. Au siècle suivant, lors d'une restauration, les parties annexes du retable sont détruites et les statues qui les surmontaient reléguées sous un enfeu à droite du chœur. Il s'agit d'un Christ ressuscité du XVIIIe siècle et de deux vertus du XIXe siècle : Foi et Espérance.
Les fonts baptismaux datent de 1608. Ils ont servi au baptême d'un enfant appelé à un destin particulier et né à quelques mètres de l'église : saint Pierre Fourier.
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Dans cette chapelle de gauche, se remarquent l'autel de 1612 et un tableau montrant la Prédication de saint François-Xavier (Jean Le Clerc, XVIIe siècle). Dans la chapelle opposée, se trouvent une Vierge à l'oiseau du XIVe siècle offerte à la paroisse en 1960 et un groupe de l’Éducation de la Vierge (1635).
Enfin, notez dans le bas-côté droit, une Pietà de 1517 par Husson Thouvenel.
Le grand orgue
L'on ne peut l'église de Mirecourt sans se rappeler que la cité connue pour être celle des luthiers et des dentellières, était aussi celle des facteurs d'orgues. De la fin du XVIIIe au milieu du XXe siècle, s'y illustrent plusieurs grandes familles autant connues pour leurs orgues d'église que pour les orgues de foire et de salon (serinette ou autre).
L'instrument actuel, restauré en 1986-1987 par Gaston Kern de Hattmatt, est dû à Jean-Baptiste Gavot et Nicolas-Antoine Lété. Le premier originaire de Mirecourt mais établi à Bourbonne les Bains a livré beaucoup d'instruments au moment de la restauration du culte après la Révolution française. Le second est probablement le facteur mirecurtien le plus connu par ses ouvrages livrés tant en France qu'à l'étranger (il avait une succursale aux Etats-Unis…).
Composé de trois claviers et pédalier, après des transformations malencontreuses à la fin du XIXe siècle et au milieu du XXe, il a retrouvé des sonorités faisant honneur à la facture d'orgue de Mirecourt. Fait pour la musique française ancienne, il remplit son office dominical sans souci. Car ne l'oublions pas, dans une église, l'orgue bénéficie d'un traitement particulier. Béni par l'évêque ou son représentant, il est appelé à chanter les louanges de Dieu et de la Vierge Marie, de participer à l'action de grâce et à la supplication des fidèles, d'apporter le réconfort à ceux qui sont dans la peine et de soutenir le chant de l'assemblée. Acteur à part entière de la liturgie, l'orgue demeure l'instrument par excellence de la liturgie catholique comme le rappelle le concile Vatican II. L'instrument efface celui, qui aux claviers, le fait chanter dans le respect de la place que lui prévoit le rituel. Son rôle peut se définir avec ces trois formules : soutenir le chant de l'assemblée, participer à l'édification des fidèles et favoriser la prière par le choix des pièces interprétées.
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Exemple d'église urbaine enchâssée dans une trame urbaine ayant conservé largement ses anciennes dispositions, l'église de Mirecourt se présente aujourd'hui comme un témoin de l'intégration de l'église dans le bâti certes mais aussi de l’Église dans la communauté humaine qui y vit. Elle est également un livre d'histoire de l'art avec l'évolution du style gothique dont pratiquement toutes les phases sont présents mais aussi, histoire liturgique avec son mobilier et notamment les tableaux du retable qui rythmaient le cycle de l'année liturgique comme les saisons rythment la vie des populations.