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Japon : un prêtre vosgien témoigne...



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Le tremblement de terre de Fukushima à 250 kms au Nord de Tokyo est intervenu, juste le jour ou je partais pour la trappe* de Imari, dans l’ile du Sud du Japon, 1000 kms de Tokyo. J’y suis allé pour une traduction pour Dom Charles de l’abbaye de Bricquebeck (Normandie) qui venait faire une visite régulière des cinq trappes du Japon. J’ai tout suivi comme vous à la télévision, le soir, après mon travail. Je sais que vous avez immédiatement les mêmes informations que nous, et peut-être même d’une façon plus transparente.

Je suis rentré sur Tokyo, le 19 mars, par avion, celui-ci était presque vide. Les jeunes de la JOC de Tokyo se rassemblaient pour partager ce qu’ils ont vécu et ce qu’ils peuvent faire pour les habitants de cette région, en détresse et en pleine pénurie.

Comme vous, le gouvernement nous arrose d’informations, c’est-à-dire d’images de Japonais qui ont tout perdu, qui manquent de tout. La télé nous montre des fumées qui sortent des centrales atomiques, des pompiers qui les arrosent. Mais ce qui manque le plus, ce sont de vraies informations.

Je pense que le gouvernement n’ose pas dire la vérité sur ce qui s’est passé et ce qui pourrait arriver dans le cas où les barres d’uranium ne seraient pas réfrigérées, à temps. Ceci est pour éviter, semble-t-il, toute panique de la population, mais ce serait la moindre des choses que les gens soient suffisamment informés pour prendre les dispositions nécessaires. Les Japonais en difficulté sont d’un courage qui force l’admiration. Ils se prennent en charge.

Au moment du tremblement de Kobé, il y eut un important mouvement de solidarité surtout parmi les jeunes ; des milliers de jeunes se sont levés pour apporter soutien aux gens dans le besoin.
Le cas des centrales atomiques abîmées sont d’un autre ordre. Le bon cœur ne suffit pas, il y a des connaissances nécessaires à avoir sur le danger nucléaire. Or, celle-ci ne nous sont pas données suffisamment, me semble-t-il.
De nobles professeurs d’université sont sur les plateaux de télévision pour nous dire des banalités. Il nous semble qu’ils sont là pour cacher la vérité. Si le tremblement de terre et le tsunami sont des désastres naturels, l’accident nucléaire est une calamité causée par la négligence humaine.
Le gouvernement met tout sur le même plan... on n’y peut rien, c’est la nature, dit-il. Je pense qu’il est important d’aider les gens dans la misère, mais il est tout aussi important de demander à ceux qui nous gouvernent la nécessaire et juste information et surtout une information transparente.

En tous cas, il y a un mouvement de réfugiés assez important vers Tokyo et les îles du Sud. L’archevêque de Tokyo, Mgr Okada a mis quelques paroisses à la disposition des réfugiés à venir. A Tokyo, l’essence se fait rare, les gens font des provisions de riz, de papier et de conserves alimentaires, si bien que les magasins se vident.

Avant de lancer les jeunes dans le volontariat, il faudra plusieurs semaines pour bien connaître la situation et voir ce qu’ils peuvent faire pour apporter une aide efficace. Pour l’instant, il n’y a pas de structures d’accueil suffisantes. Les jeunes risqueraient d'être plus une gêne qu’une aide utile. Aujourd’hui, dans toutes les églises, les chrétiens prient pour leurs frères en détresse, font des collectes de couvertures et d’argent.

Priez pour ceux qui souffrent dans leur cœur et leur corps, ici, au Japon. C’est le moment de réfléchir sur nos propres modes de vie. Le Japon n’est plus si loin de la France, il n’y a plus de frontière et en ce sens, le désastre des centrales nucléaires japonaises est notre problème mais aussi le vôtre. Union de prières et en solidarité.

Pierre Perrard

*Abbaye trappistine

Publié le 24/03/2011 par Alice.