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Vie consacrée : un choix lumineux




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Rassemblement diocésain, le dimanche 6 février à Épinal. L’Église des Vosges organise une journée de la vie consacrée autour de l’évêque Jean-Paul Mathieu. La célébration de 10h30 en l’église Notre-Dame réunira instituts de la vie consacrée et congrégations religieuses. Elle sera ouverte aux croyants, qui découvriront l’après-midi les visages de la vie consacrée dans les Vosges à travers un forum et une table ronde. Témoignages dans ce numéro de ceux qui ont choisi le célibat afin d’être plus disponibles pour annoncer la Bonne Nouvelle.



Une tribune pour la vie consacrée

En 1997, Jean-Paul II a créé une journée de la vie consacrée, fixée au 2 février. Le dimanche 6 février, le diocèse élargit cette fête avec un rassemblement destiné à tous les chrétiens.

Un forum, rien que ça. Le diocèse n’a pas lésiné sur les moyens pour permettre au peuple chrétien de découvrir les différents visages de la vie consacrée dans les Vosges. Une célébration, bien sûr, un casse-croûte convivial, des panneaux, des vidéos, mais aussi une table ronde entre religieux et laïcs, croyants engagés dans les paroisses et membres des communautés et des congrégations. Pour la circonstance, les communautés religieuses ont été autorisées à sortir.
C’est pour mieux se retrouver autour de ce qui les fait vivre : celles qui ont opté pour le retrait dans la vie contemplative, en quête d’une rencontre plus intime avec Dieu, comme celles qui ont choisi l’apostolat d’une vie plus active dans le monde – sans exclure pour autant la dimension contemplative.

Oui quotidien à l’annonce de l’évangile

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L’occasion est belle pour tous les croyants vosgiens de se porter à la rencontre de celles et ceux qui ont préféré le célibat pour mieux se consacrer au Christ. Une constellation un peu méconnue qui réunit des communautés et institutions étonnamment diverses, des hommes et des femmes qui ont choisi l’aventure du oui quotidien à l’annonce de la Bonne Nouvelle : “On va bien au-delà de l’image traditionnelle des religieuses qui faisaient des piqûres et l’école”, souligne l’abbé Claude Durupt, vicaire général.
Ce qui caractérise ces modes de vie consacrée, c’est la dimension communautaire, faisant suite au projet né du charisme d’un fondateur, comme Jean-Martin Moyë, par exemple. Sans oublier les trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance.

Le tourbillon de l’éphémère

Dans les Vosges comme ailleurs, les rangs de ceux qui ont opté pour la vie consacrée s’éclaircissent. Les religieux sont moins nombreux et vieillissent. Les œuvres, le rayonnement missionnaire en pâtissent, malgré le renfort de sœurs venues d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est. Mais le rapprochement avec le peuple chrétien et les laïcs engagés dans l’Église ouvre d’encourageantes perspectives. La journée du 6 février est un peu le symbole de cette dynamique. Un peu partout, les croyants prennent davantage en charge la vie de leur communauté, refusant, selon le mot d’une religieuse, que leur Église meure. Dans cet esprit, l’apport spirituel des personnes consacrées, “comme le sel dans la pâte”, s’avère irremplaçable.

Pour Benoît XVI, la vie consacrée se pose comme un signe de gratuité et d’amour, dans une société qui risque d’être étouffée dans “le tourbillon de l’éphémère et de l’utile.” En réalité, fait valoir le Saint Père, “plus on se rapproche de Dieu, plus on s’approche de Lui, plus on est utile aux autres.” Et d’ajouter, toujours à l’occasion de la fête de l’an dernier : “Je pense aux personnes consacrées qui sentent le poids de la fatigue quotidienne, rare en gratifications humaines, je pense aux religieux et religieuses âgés ou malades, à ceux qui se sentent en difficulté dans leur apostolat. Aucun d’entre eux n’est inutile. Ils sont au contraire un don précieux pour Dieu et pour le monde, assoiffé de Dieu et de sa parole.”



Important, le monastère d’Ubexy ferme ses portes

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À la demande de Mère Christine, Abbesse d’Ubexy, nous publions ce communiqué qui concerne l’avenir de notre monastère cistercien. Le 3e et dernier monastère du diocèse dont les sœurs envisagent de poursuivre ailleurs leur mission, pour des raisons sans doute compréhensibles.

Mais cette annonce ne nous laisse pas “indifférents” ! Nous éprouvons d’abord une pensée affectueuse pour nos sœurs, amenées par les circonstances à envisager autrement l’avenir de leur vocation exigeante sans que la charge devienne excessive pour elles. Nous respectons la démarche des sœurs : soyons sûrs qu’elles ne l’ont pas engagée de gaieté de cœur.
À Tibhirine, des moines cisterciens ont mûri spirituellement une décision touchant leur avenir : puissent nos sœurs assumer leur choix dans la fidélité à leur engagement initial. Laissons-leur le temps de vivre ce passage comme un chemin de vie pour elles et pour nous. Continuons d’aller comme des hôtes à Ubexy tant qu’elles seront là et pourront nous accueillir. Viendra le moment d’exprimer notre gratitude envers notre communauté des Trappistines et notre action de grâces pour le don que Dieu a fait à notre diocèse et à notre région depuis 170 ans. Prions pour nos sœurs et soyons des éveilleurs de vocations religieuses.

Comme le disait Mgr Papin, Evêque de Nancy et Toul et Président de la Commission pour la Vie consacrée, lors de la dernière assemblée de la CORREF : “On ne peut pas d’un côté regretter sincèrement les disparitions de communautés et de monastères et d’un autre côté ne rien faire ou trop peu pour que retentisse l’appel à suivre le Christ de cette façon… Ce qui est nécessaire au bien de tous doit être l’affaire de tous.” Que notre prière rende féconde notre action en faveur de toutes les vocations.

+ Jean-Paul Mathieu, évêque de St-Dié



Le chemin joyeux de Marie-Antoinette Simonin

Enseignante de maths retraitée, originaire du Val d’Ajol, sœur Marie-Antoinette appartient à la communauté des sœurs de Peltre (Moselle). Elle s’occupe du service de pastorale liturgique et sacramentelle dans le diocèse, et à Bruyères de la pastorale du baptême. Rencontre.

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Eglise dans les Vosges (EDV) : Comment êtes-vous venue à vous engager ?
Marie-Antoinette Simonin (MAS) : Ce qui m’a conduite à entrer chez les Sœurs de la Providence de Saint-André, c’est non seulement ma volonté d’être consacrée au Seigneur, mais encore mon désir d’enseigner. J’ai eu la chance de naître dans une famille chrétienne. Une fois scolarisée à Plombières, j’ai été conquise par le témoignage des sœurs enseignantes. Leurs cours étaient dynamiques, leur engagement dans la paroisse était fort : Elles étaient cordiales, animaient la messe, avaient créé une chorale, lancé le mouvement eucharistique des jeunes - le MEJ. Il y avait peu de loisirs à l’époque et les prêtres, jeunes et dynamiques, organisaient des camps. Ce qui manque aux jeunes d’aujourd’hui, c’est peut-être de rencontrer des prêtres jeunes comme à cette époque.

EDV : A quoi tient la vocation de votre congrégation pour l’enseignement ?
MAS : C’est historique. Depuis sa création en 1806, notre congrégation se voue d’abord à l’enseignement et à la santé. Constatant la détresse des familles après la Révolution, un prêtre de Moselle a cherché des filles de la campagne qui pourraient s’occuper des enfants. Deux d’entre elles, Catherine et Elisabeth, ont fondé la première école à Bitche. Les établissements d’enseignement se sont développés petit à petit et les services d’infirmières à domicile ont suivi.

EDV : Comment votre carrière d’enseignante s’est-elle déroulée ?
MAS : J’ai enseigné les maths au lycée catholique de Peltre, au collège Saint- Charles du Val d’Ajol et au lycée de Thionville qui comptait 2000 élèves et trois religieuses sur 120 professeurs. L’évolution de mon métier ? A la fin de ma carrière, j’ai perçu un changement de comportement des élèves : ils avaient peut-être moins le sens et le respect de l’autre. Et je ne trouvais plus le même soutien de la part des parents.

EDV : En quoi le fait d’être une religieuse vous a-t-il soutenu dans votre travail d’enseignante ?
MAS : J’étais heureuse dans mon travail d’enseignante. Cela m’a aidée à voir les jeunes autrement, à avoir le souci des plus démunis. Je faisais à côté beaucoup d’activités : Des week-ends de réflexion, des camps à vélo, à Lourdes et à Assise. En dehors du temps scolaire, on avait des relations plus simples avec des jeunes plus motivés. Au-delà de la détente, il y avait un aspect spirituel.

EDV : Et vous voici en retraite, et à nouveau sur le terrain…
MAS : Je suis chargée du service de Pastorale Liturgique et Sacramentelle. Ce qui veut dire que je dois, avec d’autres, former les acteurs de la liturgie pour travailler sur le terrain, dans les paroisses : Les laïcs et ceux qui préparent les sacrements. Comme il n’y a plus beaucoup de prêtres sur place, les chrétiens se rendent compte qu’ils doivent s’engager pour que l’Église puisse continuer sa mission.

“Je suis heureuse. J’aime le terrain, le contact, la proximité avec l’autre. Pour moi, participer à l’évangélisation est très important, et témoigner répond, plus encore que le contemplatif, à ma vocation de religieuse.”

Sœur Marie-Antoinette se réjouit d’accompagner les familles pour les baptêmes.

EDV: Que répondez-vous à ceux qui disent qu’on doit attendre que les enfants aient l’âge de raison pour se faire baptiser ?
MAS : C’est une chance que de donner le baptême à un enfant. Plus tard, il choisira. En fait, ce sont des gens engagés dans la foi qui optaient souvent pour “laisser à leurs enfants la liberté de choisir à l’avenir”.

EDV : Comment la préparation au baptême se passe-t-elle ?
MAS : En équipe. Nous allons chez les personnes demandeuses de baptême. Beaucoup de jeunes couples ne sont pas mariés, ils ont envie de donner des valeurs chrétiennes à leur enfant : Le respect, la tolérance, la solidarité. Il y a un besoin, une attente. Une personne de l’équipe rencontre la famille chez elle. Ensuite, nous tenons une réunion commune avec les familles : présentation des étapes, réflexion sur le sacrement de baptême, préparation de la célébration. Cela donne lieu à un échange entre les jeunes couples.

EDV : Comment êtes-vous arrivée à Bruyères ?
MAS : L’évêque a souhaité la venue d’une communauté religieuse, en septembre 2009. Je suis venue avec sœur Blandine qui est responsable de l’aumônerie des maisons de retraite. Il y en a trois à Bruyères, qui représentent 300 lits avec le service de convalescence ! Nous assurons aussi la formation de guides pour les funérailles. Sœur Blandine a été assistante sociale au Togo où nous avons une mission depuis 50 ans. Parmi les sœurs en formation en Moselle, on compte trois Européennes, mais aussi des Africaines.



L’amour de la simplicité

Sœurs Thérèse-Monique et Ève-Marie, de la Providence de Portieux, ont choisi la vie religieuse à la lumière de témoignages de vie, exaltant pauvreté, charité et accueil. Aujourd’hui, à l’instigation de leur supérieure sœur Marie-Julie, Portieux s’ouvre aux séminaires et retraites spirituelles.

Ève-Marie est née dans une famille non pratiquante, Thérèse-Monique dans une famille chrétienne. Mais toutes deux ont trouvé leur voie et le lieu d’épanouissement de leur foi au sein de leur congrégation. Obéissance oblige, elles ont bourlingué : Thérèse-Monique, originaire du Vietnam, a vécu huit mois de formation à New-York, parmi les sœurs de la Providence Saint-Jean-de-Bassel.
Eve-Marie a côtoyé au Québec les sœurs de 35 congrégations et cinq nationalités. A l’origine, Thérèse- Monique était davantage attirée par la vie contemplative, la relation avec Dieu : “Ensuite, pendant les années de formation, j’ai découvert l’esprit de notre fondateur Jean-Martin Moyë. J’ai enseigné au Vietnam. En 1988, ma supérieure m’a fait venir ici, pour suivre une formation d’assistante sociale”.

Un modèle de vie

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Pendant 40 ans, Thérèse-Monique œuvre au sein de l’UDAF de Meurthe et Moselle : “Je ne pouvais décliner mon appartenance ou identité religieuse au public ; Mais ça s’est très bien passé : J’ai gagné la confiance de mes collègues, car je ne cherchais pas à les récupérer. Je cherchais à témoigner de ma foi à travers mon travail, par ma conscience professionnelle et en accueillant chacun avec bienveillance et sans jugement”.
Sa voie, Thérèse-Monique l’a choisie à un âge précoce. Ce qui l’a conquise ? Le seul témoignage de simplicité donné par des “Juvénales” : Il s’agissait de jeunes filles, pensionnaires dans un établissement de la Providence, qui étaient venues en vacances dans son village : “J’ai été très touchée en les voyant prier à l’église. Je me suis dit que j’aimerais vivre comme elles et je suis entrée au juvénat. J’y ai vu un modèle de vie consacrée. La vie de prière m’a attirée d’abord”. Catholicisme : “du triomphe au service”

C’est aussi la force de l’exemple qui a conduit sœur Ève-Marie sur le chemin de la Providence. Elle est entrée au couvent en 1967. En retraite depuis juillet 2008, elle a été secrétaire à la Faculté de théologie de la Catho (Institut catholique) à Paris. Des personnalités comme celle de Mgr Joseph Doré, doyen de théologie, à présent archevêque émérite de Strasbourg, l’ont impressionnée : “Ça a été un grand bonheur, il sait rencontrer chacun, du plus petit au plus grand, l’enseignant de la Fac comme la brave mère de famille laïque qui fait des études de théologie”.
Un profond goût du contact anime sœur Eve-Marie : “J’étais au noviciat en formation quand Mai 68 est survenu : on n’a pas été dans la pleine pâte humaine lors des événements, mais on a été formées tout de suite avec le renouveau, l’aggiornamento, de Vatican II ; on est passées du latin à la langue française, de la célébration par le prêtre dos à l’assemblée à une position plus visuelle face aux fidèles, d’un catholicisme triomphant à un catholicisme serviteur”.

A Paris, ce qui plaisait à la religieuse, c’était “d’être au ras des pâquerettes, de partager les conditions de vie des gens, une manière de vivre avec eux dans la simplicité quotidienne, ce qui les marque plus que les beaux discours et les grandes déclarations. On leur montre qu’en partageant leur quotidien, on ne le vit pas tout à fait comme eux”.

Ouverture et aventure

Ève-Marie s’est aussi attachée à cultiver les échanges avec la population musulmane : “On n’était pas derrière nos murs, mais on avait le temps de prière à observer et ils le savaient, ils le sentaient peut-être à travers la manière de les accueillir tels qu’ils étaient, la manière dont on les mettait en lien les uns avec les autres”.

Bref, le couvent, pour la religieuse, c’est tout sauf une citadelle, mais un lieu d’ouverture et d’aventure communautaire : “A Portieux, avec sœur Brigitte, nous nous occupons de la bonne marche de l’animation, de l’accueil Sainte-Anne - patronne secondaire de la congrégation. Nous reprenons ce qui a toujours existé à Portieux, l’accueil des groupes, des mouvements du diocèse, à la journée ou avec hébergement. Mais nous allons aussi vers les gens, en leur proposant des formations, retraites et recollections”. Une invitation à souffler lancée à un public sollicité et ligoté, qui ne sait plus trouver le temps de s’arrêter. Et qui a pourtant besoin de revenir à l’essentiel - l’écoute de l’Esprit.

Publié le 11/01/2011 par Alice.