2007 : une année importante pour les relations entre Orthodoxes et Catholiques en France.
En janvier, le Patriarche Oecuménique Batholomeos de Constantinople était à Strasbourg, invité par le Conseil de l'Europe. En février, il était à Paris, invité par la Présidence de la République pour la conférence « Citoyens de la Terre ». Nous savons l'engagement du Patriarche pour la sauvegarde de la Terre. Il concluait son intervention à la Conférence en affirmant : « Nous accomplirons tout notre possible pour toucher les coeurs humains et encourager chaque personne à marcher de façon plus humble et plus respectueuse sur la terre, à se souvenir de sa responsabilité envers les générations futures et à traiter la terre et les eaux comme un don suprême de Dieu ».
Début octobre Le Patriarche Alexis II de Moscou et de toute la Russie est également à Strasbourg et à Paris. Ses interventions en ont appelé à la responsabilité spirituelle des Eglises Chrétiennes en Europe.
Discours à la maison de la Conférence des évêques de France à Paris le 3 octobre 2007.
Le Patriarche Alexis souligne d'abord l'importance du dialogue fructueux entre les fidèles de l'Église Orthodoxe russe vivant en France et les Catholiques de ce pays; puis il vante les valeurs apportées par l'Église en France à la culture chrétienne européenne et enfin, il aborde la situation présente :
« Les nouveaux défis qui se posent aux chrétiens nous incitent encore et encore à souligner la nécessité d’unir les efforts de tous les chrétiens attachés à la tradition pour affirmer les valeurs de l’Évangile. Hélas, notre tâche est difficile, alors même qu’on parle partout du triomphe de la liberté religieuse. En l’absence de persécutions apparentes, nous sommes confrontés au danger que la religion, et le christianisme en particulier, soient relégués aux marges de la société. Dans la société contemporaine, surtout en Europe, on cherche à imposer une vision du monde qui, par son caractère destructeur, est comparable aux persécutions physiques contre l’Église. Je pense à l’idéologie séculière agressive, au relativisme philosophique et moral, au culte de la consommation, du confort et du divertissement, à l’idolâtrie de la raison humaine, déclarée autosuffisante, et de la volonté de l’homme, exempte de toute limite. Je suis convaincu que nous, chrétiens, devons donner une réponse adéquate aux tendances que je viens de mentionner, non pas tant pour défendre nos propres valeurs et nos intérêts, mais pour essayer de protéger la société elle-même, car une telle idéologie est néfaste pour elle avant tout. Il est évident qu’une réponse commune des chrétiens est nécessaire. Je suis heureux que les orthodoxes et les catholiques s’entendent précisément dans ce domaine. Nos positions sont identiques sur de nombreux points : avortement, euthanasie, « unions du même sexe » et autres phénomènes qu’on cherche à nous imposer, et qui sont inacceptables pour nos deux Églises. Ces positions communes s’expliquent par nos racines communes et par une vision identique de la fidélité à la tradition et de ses valeurs. J’y vois une base solide pour une collaboration future. Il existe bien entendu des divergences entre nous. Notamment, sur le plan organisationnel, le monde orthodoxe a pour particularité de ne pas avoir de centre universel. Les Églises orthodoxes locales sont liées non par des liens administratifs, mais par une unité spirituelle ».
Enfin, il en appelle à des contacts directs entre l'Église Catholique et chacune des Églises Orthodoxes locales pour faire avancer entre Orthodoxes et Catholiques le « dialogue entre nous ».
Visite importante. Dans le contexte actuel cette visite est d'une grande importance et elle a connu un véritable succès, en particulier dans les temps de prière aux cathédrales de Strasbourg et et de Paris. Dans son allocution d'accueil à Paris, le cardinal Ricard, président de la Conférence des évêques de France exprimait un voeu: « vous savez qu'il y a dans le coeur de beaucoup de catholiques ce souhait et ce désir qu'il puisse y avoir dans l'avenir, au moment approprié, une rencontre entre votre Sainteté et sa Sainteté le pape Benoît XVI. Celle-ci pourrait être, non pas forcément le point d'aboutissement d'un long processus de clarification préalable, même si des points doivent, de fait, auparavant être abordés, mais le point de départ commun d'une longue marche à parcourir ensemble au service de Dieu et au service des hommes, aimés de Dieu. ».
Nous souhaitons cette marche et l'accompagnons de nos voeux et de nos prières. Le 5.10.2007. M.Lambert