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Vomécourt sur Madon

Petite église romane proche de Mirecourt, l'église Saint-Martin de Vomécourt

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est à découvrir dans son architecture, dans le témoignage qu'elle donne de la Bonne Nouvelle annoncée donnant du sens à la disposition du lieu pour connaître bien entendu une nécessaire évolution architecturale.

Les données historiques sur l'église de Vomécourt-sur-Madon sont pratiquement inexistantes. L'église est la siège d'une importante paroisse comprenant Vomécourt, Pont, Bettoncourt et Xaronval. Elle est à la collation du chapitre de Remiremont qui en est aussi le décimateur.

L'architecture
L'église de Vomécourt-sur-Madon ne se présente malheureusement plus exactement telle qu'elle était lors de sa construction. La nef est de trois vaisseaux à cinq travées avec un couvrement plat, le transept est légèrement saillant, le tout est ouvert à l'est par trois absides semi-circulaires précédées d'une travée droite. La tour s'élève sur la croisée. Elle présente donc le même plan que Champ-le-Duc et Relanges.

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Son élévation est le résultat de modifications à l’élévation originelle apportées aux XVIIe et XVIIIe siècles. Alors, on recouvre les trois vaisseaux d'une seule toiture à deux pans, les deuxième et cinquième supports (piles faibles) sont abattus et les fûts des piles fortes sont retaillés aux angles pour former des octogones. Enfin, les baies du transept sont remplacées par des ouvertures en tiers-point.
La nef centrale est assez large et s'élève sur deux niveaux. Les supports ont leur base cachée et leurs impostes sont chanfreinées. Le décor y est cependant bien présent, certes discret mais pas absent. Il se cache sur certaines impostes dont certains sont très finement travaillés avec des branchages originaux. Sur l'une d'elles, à gauche, un réseau de rinceaux est remarquable de finesse.
Les bas-côtés sont dépourvus de voûtes tout comme la nef.
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Le carré du transept est voûté d'une croisée d'ogive. Les deux bras du transept étaient voûtés à l'origine même si la seule voûte subsistante semble plus récente. Le chœur est voûté en berceau, faisant corps avec le cul-de-four de l'abside tout comme le motif des impostes des piliers du transept se poursuit autour du chœur. Ce sont des palmettes renversées. Sur un des chapiteaux sculptés, se voit un petit personnage entre deux palmiers dont la signification reste inconnue.

Une église qui annonce la Bonne-Nouvelle
La façade actuelle a été remaniée lors de l'établissement d'une toiture simple à deux pans. Elle présente un pignon peu élégant mais a néanmoins conservée sa porte romane.
De chaque côté de la porte, l'Annonciation est représentée. Dans cette composition assez rustique mais néanmoins proche dans sa composition des grands modèles de son temps, le XVIe siècle. Si le visage de la Vierge présentant des caractères lorrains tels la rondeur du visage, n'est pas d'une grande finesse de trait, le traitement des plis de la robe de l'ange très bien rendus de même que la chevelure ou même le col de la tunique de Marie sont davantage travaillés. Est assez remarquable le travail sur la perspective qui, bien que non parfait, montre néanmoins une réelle maîtrise de l'artiste-artisan qui l'a réalisé.

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_ De petite taille, la porte est surmontée d'un tympan historié marqué par trois ressauts ; le premier en cintre brisé, le deuxième en torsades partant de la clé et le troisième, un simple tore. Les piédroits aux impostes moulurés sont tout aussi sobres bien que le troisième soit composé de colonnes aux feuillages simplement découpés, rares à l'époque romane. A droite, un serpent se cache dans les feuillages, rappel du péché originel. Les chapiteaux sont ornés de feuillages, de rinceaux originaux voire de petits personnages aux têtes énormes.
Le tympan, protégé pendant longtemps par une couche de mortier moderne, est beaucoup plus complexe à appréhender. Quatre éléments s'y côtoient :
  • Les Saintes Femmes au tombeau est l'illustration la plus claire. Au matin de Pâques, elles reçoivent la bonne nouvelle de la bouche de l'ange.
  • Le combat des chevaliers est le rappel de la lutte entre la vie et la mort comme cela est dit dans le Victimae paschali : Mors et vita duello.
  • Le lion est l'animal de David et il était chanté comme tel dans les célébrations médiévales du matin de Pâques : Alléluia, Resurrexit Dominus hodio, resurrexit Leo fortis, Christus, filius Dei.
  • Les trois cercles sont, outre une évocation possible de la Trinité, aussi liés à la symbolique de la résurrection avec le phénix, oiseau miraculeux qui renaît de ses cendres puis le soleil et la lune car la Bonne Nouvelle est pour tout temps.
    C'est ce message, ces annonces qu'il faut recevoir pour pouvoir livrer le combat et entrer dans le mystère qui se vit dans l'église bâtiment et qui rassemble l'Eglise communauté.

    Forme romane et liturgie
    Le monde roman est l'aboutissement d'un cheminement tout comme il est chemin vers un autre monde, celui de l'époque gothique. Certains pourraient prendre un raccourci saisissant en disant que l'on passe des ténèbres à la lumière ce qui ne serait pas vrai. En effet, l'architecture romane est à l'image du monde dans lequel elle éclot. La société féodale se met en place et achève sa construction. Les trois ordres (ceux qui prient, ceux qui se battent et ceux qui travaillent) s'ordonnent ;

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    les villages se multiplient ; le monachisme connaît un nouvel essor notamment autour de Cluny. Ainsi, l’Église adapte ses formes architecturales, musicales et liturgiques à cette société. Dans les célébrations, l'accent se met sur une action sacerdotale. On assiste au développement des prières privées du président faites à voix basse à certains moments de la messe. La notion de mystère qui entoure le sacrifice eucharistique est entretenue. Les Saintes Espèces ne sont pas ou très peu conservées car il n'y a pas nécessité à cela.
    La communauté chrétienne participe pleinement à la structuration de l'espace villageois et de ses cadres. Ainsi, la dimension d'un peuple en marche derrière son pasteur prend là tout son sens, sens qui perdurera jusqu'à la réforme liturgique du concile Vatican II. L'orientation des églises participe de ce mouvement. Les églises ont donc leur chœur tourné vers l'est où se lève le soleil, image du Christ venu dans le monde pour l'éclairer de sa Parole.
    Le cimetière entoure l'église car la communauté n'est pas divisée. Les hommes ne sont pas séparés par la mort. Tous forment l’Église, communauté et communion. C'est le sens de la fête de la Toussaint qui naît durant cette période.

    Nouvelles époques, nouveaux besoins
    Le besoin de lumière qui donne naissance au gothique, reprend de l'importance suite à la Réforme protestante. En effet, il convient de développer un nouveau discours architectural et iconographique pour dissiper l'ombre du doute. C'est ainsi que l'église de Vomécourt est modifiée pour prendre son aspect actuel.

    Dans le même ordre d'idées, alors que le plan général d'une église reste, les formes en changent et l'organisation interne évolue. Les différents sacrements qui s'y vivent demandent des espaces différents. L'évolution des mentalités contribue à faire naître certaines nouveautés.

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    Le concile de Trente va apporter son lot d'adaptations nécessaires à son application. L'assemblée doit être mise en ordre. C'est l'apparition des bancs dans les églises avec un côté pour les hommes et un pour les femmes. De nouveaux meubles apparaissent ou sont rendus obligatoires : confessionnaux et chaires à prêcher. Nous en avons ici des exemples du XVIIIe siècle. Et enfin, le maître-autel est surmonté d'un tabernacle, affirmation de la Présence réelle suite à la transsubstantiation, tous deux réaffirmés lors du concile de la Réforme catholique.
    Localement, c'est l'époque où les fenêtres de la nef et du transept sont agrandies, où les piliers de la nef sont retaillés pour ceux qu'on laisse subsister, où le tympan de la porte d'entrée est masqué.

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    Les populations entretiennent avec leurs églises des rapports qui évoluent selon deux critères principaux : l'évolution générale des mentalités et de la société et l'évolution des pratiques liturgiques communes et de la dévotion privée. Vomécourt-sur-Madon nous offre le témoignage de ces générations de chrétiens qui nous ont précédés, l'église Saint-Martin nous montre toute l'évolution qu'ont connue ce lieu et la communauté qui l'habite. Aujourd'hui, ce passé peut nus parler alors que nous avons à tracer nos chemins d'avenir.