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Soulosse sous Saint Elophe

SOULOSSE sous SAINT ELOPHE

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Si l'autoroute a supplanté définitivement la voie impériale Lyon Trêves de l'antique Solimariaca, il n'en demeure pas moins que le village, toujours traversé par la nationale déclassée en départementale 74, connaît un flux important de trafic routier. Carrefour stratégique entre Strasbourg et Lyon, le croisement de la D3 d'Est en Ouest et celui de la D74 du Nord au sud est un passageobligé pour tous les convois exceptionnels.

Soulosse sous Saint-Elophe, un village qui accuse au compteur démographique plus de six cents habitants aujourd'hui, peut être fier de ses équipements et de ses services à la population. Une population qui ne cesse de s'implanter dans les lotissements ouverts principalement sur le site de Saint Elophe et qui trouve le calme nécessaire au repos après le travail. Les habitants sont pour la majorité des militaires, des hospitaliers ou encore des enseignants, tout en conservant sa ruralité avec plusieurs exploitations agricoles de gabarits importants.

Le secteur du bâtiment est en bonne santé et une multitude de petits artisans sont installés dans le village. Pour sûr un village qui ne fait pas office de dortoir !

Mais qu'est-ce que Soulosse sous Saint-Elophe, alors qu'en réalité la plupart des gens vous diront habiter à Brancourt, à Fruze ou encore à Saint Elophe ou Soulosse, quand ce n'est pas Rebeauvoie ? Normal ! Quand on sait qu'en 1964, sous l'impulsion du sous-Préfet de Neufchâteau, les maires des quatre communes précitées donnaient naissance à un regroupement des quatre communes. Une intercommunalité intelligente, qui réunissait toutes les ressources des quatre sections et ne demandait plus qu'une seule administration : un seul conseil municipal ! Un conseil qui a toujours eu à coeur d'élire un adjoint dans chacun de ses anciens villages pour représenter les citoyens. Une commune qui était déjà réunie au spirituel puisque l'église était commune aux quatre villages. Tout comme l'était et l'est toujours le cimetière.

Un passé prestigieux
Un village au passé antique prestigieux. L'antique Solimariaca - (sans doute le plateau de saint Elophe) étendue dans la vallée par Solicia (Soulosse ?) - a gardé dans son sous-sol des vestiges incroyables d'une civilisation romaine en pleine expansion. La fusion des communes aura permis de disposer de locaux publics et de garder au village toutes les trouvailles faites ici et là sur le territoire communal. L'ancienne mairie de Saint Elophe devenait un dépôt de fouilles et permettait d'entreposer toutes les trouvailles.

Les plus importantes ayant été l'oeuvre des frères Mougin, alors animateurs des Éclaireurs de France. Trois campagnes de fouilles orchestrées dans les années 1965/66 et 67 permettaient de sortir de l'anonymat des bornes milliaires, des colonnes de temples, des stèles, mais aussi des frontons de monuments et autres éléments d'architecture, qui tous, devaient pour la première fois rester sur le territoire de nos ancêtres les Romains. Passionné d'archéologie, Jacques Dubief, alors ingénieur des Ponts et Chaussées à la subdivision de Neufchâteau, curieux du sous-sol solécien, mettait alors ses compétences, mais surtout ses pelles, à extraire du tronçon de la nationale 74 situé dans le creux du village une bonne quinzaine de stèles funéraires ou votives des 1er au IVe siècles. Les médias de la France entière se relayaient sur le chantier de la route pour faire connaître l'importance du vicus à l'époque romaine. Sur l'axe Lyon Trêves, aux premiers siècles de notre ère, l'étape incontournable pour se restaurer ou dormir, oui, c'était notre village. Complément indispensable à la visite de milliers de pèlerins qui allaient aux eaux à Andésina (Grand). Un passé prestigieux à découvrir dans le musée du village, ouvert sur réservations tous les jours de l'année sauf le samedi.

Un village dynamique
On ne peut parler du passé antique du village sans en connaître aussi ses bienfaiteurs. Car si les élus de l'époque fusionnaient leurs villages, ils avaient aussi pensé au développement logique de cette fusion. En construisant un groupe scolaire commun pour ses quatre villages. En incitant la création de lotissements, la population devait sans cesse augmenter. Des 320 habitants recensés sur le territoire en 1964, la commune progressait rapidement, jusqu'à doubler son chiffre actuel. Aujourd'hui, le village de Soulosse Sous Saint-Elophe dispose d'un bâtiment neuf qui abrite une crèche pour les petits bouts de chou de trois à six ans, un accueil loisirs sans hébergement pour les trois à quinze ans, une cantine scolaire et périscolaire, de nombreuses associations dynamiques qui font la renommée du village. Une nouvelle école est en cours de construction. Si Soulosse sous Saint-Elophe est un village où il fait bon vivre, c'est aussi un joyau pour le touriste de passage. Pas seulement de par son passé romain, mais aussi son histoire chrétienne intimement liée à Saint Elophe : un martyr du IVe siècle décapité sous l'empire de Julien l'Apostat le 16 octobre 362. Une date que l'on tient pour véridique, historiquement certifiée par les auteurs des siècles passés. De nombreux érudits nous ont laissé pour héritage leur histoire posée sur le papier. Témoignages pour certains minutieusement vérifiés. Celui qui aura retenu la plus grande attention reste l'ouvrage écrit par l'abbé Lévêque, publié en 1912 qui, de la bibliothèque nationale de Paris à celle de Bruxelles, aura effeuillé avec précision toutes ses affirmations.

Une légende, une histoire...
L'histoire de Saint Elophe, premier martyr chrétien vosgien : une légende. Un récit que l'on faisait au Moyen Âge pour transmettre aux générations successives le passé digne d'intérêt. Saint Elophe, décapité au bord du Vair, qui s'élance vers la colline située en face de lui pour y rendre un dernier soupir. Saint Elophe, une histoire marquée dans la pierre tout au long de son parcours. De la chapelle Sainte Epéothe (nom tiré de la sainte Épée), monument du XVIIe siècle érigé au bord du Vair, le visiteur cheminera dans les pas du martyr local. Une "Fontaine", monument du XIe siècle, témoin d'une source miraculeuse jaillie pour laver la tête ensanglantée du martyr. Une faille dans le rocher "La Reculée" qui a permis à Elophe de disparaître à la vue des soldats qui le poursuivaient, dont l'histoire s'est enrichied'une anecdote, celle d'une araignée qui avait judicieusement tissé sa toile pour faire diversion : une étape sans aucun doute récente (fin du XIXe), édifiée sur l'ouverture d'un observatoire de l'époque celtique. "La Chaire", un bloc de pierre en forme de siège où Elophe a rendu son dernier soupir, abrité sous une "Chapelotte" restaurée en 1988. Et cette superbe église, édifiée vers le XIIe siècle par les évêques de Toul sur l'emplacement d'une antique chapelle devenue bien trop petite pour contenir la foule des pèlerins qui s'y pressait. De cette époque ne subsiste que la tour carrée qui portera à son faîte une monumentale statue du saint de 1887 à 1951. La partie principale de l'église, pillée et détruite pendant la guerre de Cent ans aura été reconstruite entre le XVe et XVIe siècle. C'est grâce au couple Marchand, frère de Justin Marchand curé de Saint Elophe de 1853 à 1868 que l'église a pu s'enrichir de tout le mobilier qu'on peut encore y voir aujourd'hui. Mais surtout ses vitraux, œuvre de l'école de Nancy, posés entre1883 et 1887 et signés de maître Grüber sont une véritable merveille. Relatant, comme une bande dessinée, toute l'histoire de notre saint local : Elophe. Elophe qui gît au choeur de notre église. Une oeuvre réalisée vers le XVe siècle, classée monument historique et sur laquelle, à chaque solstice d'été, la lumière vient pointer son rayon rouge, ensanglantant le cou du gisant. On ne peut quitter l'église sans s'extasier sur toutes ces œuvres d'art précieusement conservées au cours des siècles et sur lesquelles il faudrait encore consacrer beaucoup de temps et couleur, beaucoup d'encre.