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Anne Dufala, de l’or dans les mains !

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Éléments d’architecture, ornement, coq d’église, grilles dorées, mobilier, cadres, miroirs, statues... sont mis en valeur grâce à un savoir-faire traditionnel.

Dans l’ancienne grange, réhabilitée en Atelier de Restauration d’Art au centre de Deyvillers, les heures s’égrainent au rythme d’un vrai travail artisanal. Tout autour de soi, des établis, des matériaux, des outils manuels et différents objets en attente de soins sont rangés. Ici, on navigue, à des années-lumière des produits importés d’usines asiatiques.
Anne Dufala, dont le père travaillait le bois et aimait conduire sa fille visiter des châteaux pour lui montrer les belles choses, s’est très vite imprégnée de l’ambiance intemporelle des sites découverts. Après avoir suivi une filière littéraire et artistique jusqu’au baccalauréat, Anne a ressenti l’appel de cette passion : “Il me fallait choisir une suite, et je n’avais pas envie d’études très longues...”

Un destin

Hasard ? Une brochure d’orientation évoquant l’ameublement, la sculpture, l’ébénisterie, l’encadrement... lui tombait sous les yeux. La dorure s’y présentait comme un joli métier, très féminin. Encore fallait-il à l’étudiante de se trouver un maître d’apprentissage. Mais, lorsque l’on croit dur comme fer à son destin, comme aimantée, la chance finit souvent par faire signe. Anne entrait au Viaduc des Arts à Paris qui lui ouvre ses portes pour trois ans avant d’aboutir à l’obtention d’un CAP.
La jeune fille allait ensuite peaufiner son savoir-faire durant trois ans dans différentes entreprises. Une première année lui permettait de se faire la main à la fabrication des cadres en copie d’anciens. Dans un autre registre, Anne Dufala fit partie de ceux qui furent désignés pour restaurer le Parlement de Bretagne, ravagé par un incendie. Enfin, elle eut à intégrer une nouvelle société pour y apprendre le mobilier.

Son solide bagage professionnel en poche, Anne s’installa à son compte. Le déménagement vers l’atelier actuel se fit après son mariage avec un tailleur de pierre. Le couple unit d’ailleurs son savoir-faire en une seule entreprise.
Anne évoque son art avec la foi et la joie de ceux qui produisent du bel ouvrage. “Quel que soit l’état, tout peut être restauré. Là, c’est une question de budget... Le travail est long... Il y a des étapes à respecter...”

Une tout autre présence

Tout en touillant la colle de peau de lapin qui fond doucement dans une casserole posée sur un vieux poêle, Anne explique utiliser cette mixture pour enduire une statue d’une vierge à l’enfant. Les couleurs s’appliqueront bien plus tard. Il s’agit d’une représentation qui pourrait dater du 19e siècle. Au fil du temps, la vierge fixée sur un socle en bois a subi plusieurs modifications. L’ensemble en plâtre orné a souffert du temps. Il faudra bien de la patience pour aboutir à un renouveau. Anne n’en manque pas. “Tous les objets qui me passent entre les mains, il faut être dedans... Il y a une grande différence entre restaurer un fauteuil et un objet religieux ! C’est une tout autre présence. Lorsque j’ai un Christ à sculpter, je ne peux pas être dérangée. Il me faut parvenir à ressentir son aspect originel…”

De belles références

Des interventions pour la Cathédrale de Saint-Dié, le Château de Maison Laffitte, celui des Capucins à Rambervillers, la Préfecture Champagne Ardenne, l’église de Remoncourt, l’église Saint-Jacques de Lunéville... indiquent l’audience d’un savoir-faire traditionnel reconnu. Anne se souvient avec une certaine émotion d’une Sainte-Marthe terrassant le dragon, de la finesse des exceptionnels décors de retables flamands datant du 15e ou 16e siècle. “Les techniques anciennes restent. Les pigments, les outils sont les mêmes que ceux des générations précédentes...
Les bases de mon métier, il m’a fallu 10 ans pour les acquérir. On ne peut pas tout connaître, je suis à l’affut de nouvelles finitions, toute ma vie j’apprendrai...” De jolies surprises surviennent quelques fois. “On peut retrouver de l’or peinturluré. Il y a eu des époques où il ne fallait pas montrer que l’on était riche !” Maman d’un garçon de quatre ans et d’une fille de huit ans, Anne porte en elle son éducation religieuse : “Je suis optimiste, je crois en la vie...” Avec cette formidable envie de toujours la voir renaître !

Josée Tomasi-Houillon

Atelier de Restauration d’Art Dufala
32, rue d’Alsace
8800 Deyvillers.
Tél. / Fax : XX.XX.XX.XX.XX
Port. XX.XX.XX.XX.XX
Courriel
Site internet

Publié le 25/06/2012 par Alice.