« Ouvre mes yeux »
— Ce thème appelle à une attention plus grande aux problèmes actuels du monde de la santé et à une conversion du regard pour que les personnes fragilisées dans leur santé soient accompagnées et respectées.
— Quand la personne est écrasée, désemparée, quand le malade souffre trop, quand la médecine ne peut plus guérir, le compagnonnage de frères en humanité permet de vivre jusqu’à la limite de l’existence. Mais, l’histoire du bon samaritain nous l’apprend, la source et la fécondité de ce compagnonnage dépend d’un regard : « il le vit et fut pris de pitié », Luc 10,33. Ce regard du cœur est à la fois large et précis. Il prend en compte les réalités dans toutes leurs complexités et est attentif à chaque personne rencontrée. Il est à la fois universel et singulier.
Regards sur le monde de la santé
— Ces points ont été soulignés lors des différentes rencontres nationales et régionales des membres de la Pastorale de la Santé.
— 1. La santé est une recherche permanente de l’accomplissement des promesses et des talents qui sont inscrit en chacun. Il est donc important de placer la personne au centre de toutes nos réflexions et de toutes nos initiatives. La 1ère attitude qui prend soin est l’attitude d’écoute. La 1ère invitation pour vivre en santé est l’invitation à s’ouvrir à l’autre.
— 2. Si « la santé n’a pas de prix » c’est du moins ce que nous disons souvent, « la santé a pourtant un coût » et les contraintes budgétaires, consécutives aux crises financières et économiques successives de ces dernières années, touchent également »le monde de la santé ». Il apparaît essentiel que l’on ne réduise pas le soin au coût financier de tel ou tel acte. Certes, la santé et la solidarité sociale ont partie liée mais la qualité de la santé et du soin repose sur des choix fondamentaux qui marquent le développement d’une société. Les moyens que nous affectons à la santé disent notre conception du lien social – en particulier avec celles et ceux qui sont fragilisés par la fatigue, le handicap ou les effets d’une vie éprouvante.
— 3. La vie partagée - au sein de la famille, de la communauté sociale, d’une équipe – apparaît comme un ancrage majeur de la santé et du soin. L’individualisme est source de solitude et parfois même d’épuisement. Nous croisons fréquemment des hommes et des femmes qui nous confient leur isolement et leur fatigue.
— 4. L’hospitalisation à domicile qui est beaucoup plus pratiquée depuis quelques années nous sollicite chacun pour une attention renouvelée à l’autre : celui, qui tout près de nous attend la visite d’un frère ou d’une sœur de la communauté. Consentir à devenir ainsi visiteur est aujourd’hui un défi qui participe à la mission de l’Eglise servante et soignante.
— 5. La dimension spirituelle de la santé apparaît comme un aspect déterminant de notre humanité, singulière et communautaire. La spiritualité est une respiration : être en bonne santé, c’est trouver ou retrouver le souffle, à l’écoute de l’Evangile du Christ, serviteur des souffrants. Les réflexions actuelles sur la guérison croisent cette quête d’un ressourcement spirituel qui traduit bien l’appel de l’aveugle : « ouvre les yeux ».
- Prière
— Ouvre nos yeux
Seigneur, tu nous as donné des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, une bouche pour bénir, des mains pour prendre soin et un coeur pour s’ouvrir.
Aujourd’hui encore il nous est bon de nous souvenir que tu n’es pas venu pour les bien portants mais pour les malades.
Ouvre nos yeux, ouvre nos lèvres, nos mains et nos cœurs, ouvre-nous tout entiers aux splendeurs de ta Vie qui se donne sans cesse.
Que la douceur de ton amour guérisse nos corps et nos cœurs et nous fasse entrer dans l’espérance de la Gloire.
Sœur Claire-Yolande Schmeltz