Lorsque nous venons à la messe ou
toute autre célébration, c’est toujours
pour célébrer la vie et pas la mort.
Célébrer la messe le jour de l’armistice de
la Première guerre mondiale nous fait
sortir de ce qui pourrait être une amnésie
collective qui entraîne de nouveau la
violence. Nous faisons mémoire de tous
ceux qui vivaient isolés dans les
tranchées, au front et à l’étranger.
La mémoire n’est pas à confondre
avec un souvenir et encore moins avec
une opinion. La guerre des tranchées
n’est pas finie. C’est la façon de
construire les tranchées et la manière de
pousser pour y faire tomber, qui a changé.
De même que le règne de Dieu ne vient
pas de manière visible, il y a bien des
tranchées existantes qui ne sont pas
visibles. Notre regard est donc dans
l’obligation de faire un choix. Considérer
celui qui vient d’une autre culture comme
étrange ou comme une chance de grandir.
L’armistice signé le 11 novembre 1918,
beaucoup l’avaient sans doute déjà signé
dans leur cœur lorsqu’ils étaient pendant
des jours et des nuits entières, dehors à
attendre un assaut dans le froid ou la
chaleur. Plus jamais ça. Bien des
décisions arrivent aujourd’hui bien après
que chaque français et encore plus les
croyants les aient déjà prises.
Il y a toujours un décalage entre
l’opinion public et ce que moi je pense. La
paix n’est pas une loi, un décret qui va de
soi, elle est à vivre en nous. Comme le
disait bien souvent un sage africain, Felix
HOUPHOUET BOIGNY : « La paix n’est pas
un vain mot, c’est un comportement ».
Le lieu invisible de la venue du règne
de Dieu est notre cœur et par notre
témoignage, s’étend à l’amitié entre les
peuples.
Il nous faut sortir de nos tranchées,
faire que nos décisions intérieures de paix
soient de plus en plus visibles. Et cela
nous appartient. Dieu se rend présent au
monde dans l’Eucharistie, par les
sacrements, mais aussi par nos mains,
quand deux hommes se donnent la paix,
par nos yeux, quand le regard ne dévisage
pas l’étranger, par notre parole, lorsque
nous dialoguons avec l’autre, à la manière
de Dieu dialoguant avec son peuple dans
la Bible
Durant notre siècle et le siècle
précédent, nous avons construit des
tranchées mais aussi, fait tomber des
murs. La France et l’Allemagne sont
devenues les piliers de la vie de l’Europe.
D’ennemis, ces deux pays sont devenus
des partenaires. Il nous appartient de
vivre ces histoires de rédemption à
l’image de la réconciliation que l’Evangile
ne cesse d’annoncer. Rendons grâce à
Dieu pour cette Bonne Nouvelle qu’il nous
adresse. L’Evangile est un chemin
exigeant, mais un chemin qui mène à la
vie, ouvre, sauve et guérit. L’Evangile
donne à percevoir la paix, à chacun
d’apprécier la valeur de cette Bonne
Nouvelle et de la disponibilité intérieure
qui appelle à la liberté véritable, au-delà
de toutes les frontières possibles.
En célébrant cet anniversaire de
l’Armistice de 1918, nous fêtons
aujourd’hui saint Martin. Tout le monde se
souvient de la légende de Martin
partageant son manteau avec un pauvre.
Soldat, Martin se préparait au baptême,
mais il avait déjà retenu l’essentiel du
message de Jésus : Aimer.
Et le Pasteur Martin Luther
KING disait ceci: « La plus grande de
toutes les vertus, c’est l’Amour. Dans un
monde qui repose sur la force, la tyrannie
et la violence, vous avez pour mission de
suivre la voie de l’amour : ainsi, vous
découvrirez que l’Amour désarmé est la
force la plus puissante du monde ».
Amen
Père Louis Marcel OPI