Saint Bernard écrivait à ses novices : « Sachez
que j’ai tout appris des arbres ». Nous avons
beaucoup perdu de cette sagesse des arbres, du
mouvement du cosmos, de l’ordre du monde, de la
nature à habiter, à gouverner et à respecter selon son
ordre propre. L’écologie – du moins une fausse
écologie minée d’idéologie - est trop souvent
devenue un passe-temps, qui sacralisent le cosmos, et
qui ne cessent de prôner le piétinement de la nature
de l’homme, lequel pourrait revendiquer un droit
absolu à disposer de son corps ou de celui d’un
autre, afin de le transformer au gré de ses envies,
dans l’illusion d’une toute puissance de la liberté, en
oubliant qu’il y a aussi une « écologie humaine », que
notre corps ne nous appartient pas, pas plus que
celui des autres, puisque nous l’avons reçu de ceux
qui nous ont donnés la vie, et que nous devrons le
rendre à la terre qui nous a portée.
L’homme est aussi une nature à respecter, et il a
sa place dans le grand cycle du monde, toute sa
place, rien que sa place, mais une place royale.
« Remplissez la terre et soumettez la, dit le Seigneur,
soyez les maîtres des oiseaux du ciel, des bêtes de la
terre et des poissons dans la mer » (Gn 1, 28)
Ce que nous vivons aujourd’hui dans cette église
est un acte de tradition, où l’on cultive des racines
pour nous ouvrir à un avenir. La tradition n’est pas
une sclérose du temps dans les couloirs du passé,
mais la condition de possibilité d’une espérance pour
l’homme.
La beauté des trompes remonte du fond des
siècles, et rend hommage au Christ et à saint Hubert,
qui vit la Croix dans les bois du cerf qu’il chassait.
« Louez le Seigneur en sonnant du cor », dit le roi
David dans le psaume 150.
La trompe de chasse éclate en cri de louange.
Mais elle est aussi capable de murmurer, d’implorer,
elle exprime le mystère de la vie des hommes, où les
larmes tour à tour, sont de peine ou sont de joie, où
nos pas cheminent sur les sentiers de la gloire ou
dans les ravins de la mort, dans l’espérance d’une
beauté plus haute que les splendeurs de la terre. Et le
chasseur est capable, saisi par la beauté, de baisser
son arme, ou de pratiquer la retraite de grâce.
Venons-en aux lectures que nous venons
d’écouter : « Nous sommes le temple de Dieu. ».
Le Temple en effet, est l’élément unificateur des textes
qui sont proposés à notre méditation en ce jour.
Dans la première lecture, le temple est le lieu
d’où jaillit l’eau pour abreuver les animaux, les arbres
et la terre. Cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre.
Dans la deuxième lecture, Saint Paul nous dit
que nous sommes par la présence de l’Esprit en
nous, le temple de Dieu.
Et en fin l’Evangile nous présente Jésus qui
chasse les vendeurs du temple. Je l’espère, Il ne
viendra pas nous chasser de cette église en ce jour,
avec nos chiens, mais non, au contraire, nous et nos
animaux, sommes venus pour louer et bénir le
Seigneur avec nos trompes, nos fanfares, comme
l’indique le cantique de Daniel au chapitre 3 :
« Toutes les œuvres du Seigneur bénissez le
Seigneur…Vous les anges, vous le soleil et la lune,
vous le givre et la rosé, vous montagnes et collines,
vous océans et rivières, vous baleines et bêtes de la
mer, vous tous les oiseaux dans le ciel, et vous fauves
et troupeaux, bénissez le Seigneur, à lui haute gloire
louange éternelle. »
Oui chers amis, Jésus veut nous dire, que le
temple n’est pas seulement un édifice dans lequel
nous venons pour rencontrer Dieu, le louer et le
magnifier. Mais, notre façon d’être et d’agir, doit
montrer et favoriser le vivre ensemble, la fraternité.
Car nous sommes le nouveau temple de Dieu, parce
que crée à son image et à sa ressemblance.
Porter atteinte à l’Homme, à la dignité humaine,
c’est profaner ce temple, la demeure de Dieu. C’est
pourquoi, nous devons tout mettre en œuvre pour
correspondre, grâce à l’Esprit, à la volonté Dieu,
saint et irréprochable.
Nous avons bien du chemin à faire, c’est pour
cela que nous voudrions demander l’assistance du
Seigneur et l’intercession de Saint HUBERT.
Seigneur, pour te mettre au cœur de nos vies et
entrer dans la vraie mesure de nos jours, mais par
l’intercession de saint Hubert nous te supplions
humblement. Toi qui n’as pas méprisé les pécheurs,
n’oublie pas non plus tous les chasseurs ce jour, en
particulier ceux que tu as rappelés auprès de Toi.
Amen.