Les mouvements : des communautés de confiance
La dernière session de l’IREP (Instance Régionale Évêques, Prêtres) s’est tenue à Villersexel (Haute-Saône), les 16, 17 et 18 mars… en prélude au printemps. Le fil rouge de cette rencontre a permis aux participants de réfléchir à nouveaux frais sur la place des Mouvements dans l’Église et sur leur rôle actuel dans l’Évangélisation.
Quatre brèves interventions ont introduit un propos dont il fallait d’abord redire l’actualité. Successivement, un compte-rendu de la visite pastorale de l’évêque de Strasbourg aux mouvements de son diocèse, un état des lieux des nouvelles communautés de ce même diocèse, un double éclairage sur la mission du Délégué Diocésain à l’Apostolat des Laïcs et un témoignage à partir de la dernière rencontre nationale des mouvements, ont ouvert la porte à l’intervenant principal, le Père Paul Destable, vicaire général du diocèse de Clermont-Ferrand.
Des deux exposés éclairants de l’intervenant, mais aussi, des débats qu’ils ont suscités dans l’assemblée, on peut retenir quelques points essentiels :
Tous les mouvements ! Parler des mouvements aujourd’hui, c’est nécessairement parler de tous les mouvements. C’est donc ne pas oublier qu’ils sont de nature différente, qu’ils sont nés à des moments différents de l’histoire de l’Église de France, qu’ils ont des formes et des pédagogies différentes, que leur relation à l’Église et au ministère ordonné est différente… Aborder la question des mouvements d’action catholiques et des nouvelles communautés en même temps était donc un pari nécessaire, mais difficile à gagner ! S’il avait l’intérêt de faire mieux percevoir la complémentarité de chaque mouvement par rapport aux autres, il prenait aussi le risque de la superficialité, ne permettant pas assez d’approfondir l’identité des uns et des autres dans le contexte sociétal et ecclésial actuel !
Le rapport à la Parole de Dieu Quels qu’ils soient, les mouvements ont tous un rapport à la Parole de Dieu. Mais quel rapport ? La Parole de Dieu n’est-elle qu’une « illustration de notre action », se demandait le responsable national du CMR, présent à cette session ? La Parole de Dieu « n’est pas qu’une référence, mais elle est une Présence » répondait Paul Destable. Le type de relation instaurée et entretenue avec la Parole représente sans doute aujourd’hui un des enjeux majeurs de la spiritualité chrétienne.
La relecture et la révision de vie Il était donc logique de s’interroger ensuite sur la pratique de la relecture et tout particulièrement de la révision de vie dans les mouvements. Relecture et révision de vie sont-elles des méthodes encore adaptées à une situation d’indifférence religieuse, de sécularisation et de pluralisme religieux ? Et, dans un tel contexte, comment faire droit à une proposition de la foi explicite, sans négliger les conditions qui doivent la préserver d’un prosélytisme déplacé ?
La fragilité des personnes Autre trait constitutif de la situation actuelle : la grande fragilité, non seulement de certains mouvements, de moins en moins nombreux, mais surtout de la plupart des personnes qui en sont membres. L’un des intervenants soulignait la nécessité aujourd’hui de les « porter, et même de les supporter » ! Nouvelle donne qui colore fortement la mission des mouvements et place la foi de ses membres comme un sommet à atteindre plus que comme un acquis tranquille reposant sur une tradition assumée.
Des « Communautés de confiance » Mais, si cette difficulté n’est pas à négliger, les mouvements n’en demeurent pas moins, aujourd’hui de véritables « Communautés de confiance » au siècle de l’individualisme, de la méfiance et de la dérision. A ce titre, elles sont un atout pour la société et pour l’Église. Capables de vivre en alliance et de faire alliances entre eux et avec les Églises diocésaines, les mouvements peuvent répondre aux défis des « Nouveaux aréopages d’aujourd’hui ». Paul Destable en a repéré quatre : le monde des jeunes, les quartiers populaires, les questions d’éthique et de bioéthique et le pluralisme philosophique, culturel et religieux.
La crédibilité plus que la visibilité
L’exigence essentielle d’une présence chrétienne au cœur de ces aréopages modernes est alors une exigence de crédibilité plus que de visibilité. L’exigence d’une visibilité crédible. Et cette crédibilité ne s’acquiert pas à la force des poignets, c’est l’œuvre de l’Esprit, c’est l’action de la grâce au cœur de chacun.
Une Église qui marche sur ses deux jambes
Enfin, on a redit à plusieurs reprises que l’Église devait plus que jamais « marcher sur ses deux jambes » : sur les communautés hiérarchiques que sont les paroisses et sur les communautés associatives que sont les mouvements. Plusieurs se sont demandés si les évêques, par exemple, ne devaient pas oser davantage appeler les fidèles baptisés à prendre toute leur place dans les mouvements et pas seulement les appeler à rejoindre des EAP… Et, même, en s’inspirant des appels solennels des siècles derniers à la mission extérieure, appeler les jeunes d’aujourd’hui à « franchir le périphérique » pour témoigner dans les banlieues…
Au terme d’une réflexion aussi passionnante que passionnée, l’assemblée a partagé ses soucis et ses recherches autour de la pratique du dimanche. En raison de son importance, elle a décidé de reprendre la question lors de ses prochaines sessions.
Mais, la veille au soir, les amis du diocèse de Belfort-Montbéliard qui recevaient ont permis aux participants de découvrir les travaux impressionnants de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) au niveau du viaduc et de la gare de Méroux; avant de les convier à un repas à la maison diocésaine de Trévenans, repas au cours duquel chacun a pu saluer et prendre congé très amicalement du Père Philippe Ballot, archevêque nommé des diocèses de Chambéry, Maurienne et Tarentaise.
Jean-Claude Menoud
Le diocèse de Saint-Dié, Eglise catholique des Vosges est rattaché à la Province de l'est.