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La Parole de Dieu et les trois C




Connaissez-vous la technique de lecture des trois C ? Elle est essentielle pour bien lire la Parole de Dieu. C’est pour apprendre à la pratiquer que le service de formation de notre diocèse a décidé de fonder une École d’Animateurs de la Parole. Quatre rencontres ont eu lieu au mois d’octobre dernier. Le père Olivier Bourion, curé de Vittel et professeur au grand séminaire de Metz, propose d’aller à la rencontre de l’évangile selon Saint Luc. Il donne quelque clés pour mieux comprendre les textes par une lecture croyante, cordiale et commune.

Une lecture croyante

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Les chrétiens ont une chance magnifique : ils croient en un Dieu qui parle. Il parle à travers la création qui proclame sa grandeur. Il a parlé par ses prophètes à son peuple, Israël. Enfin, après ce long temps de préparation, la Parole de Dieu s’est manifestée comme une personne vivante : elle est devenue chair en Jésus pour demeurer parmi les hommes et donner à ceux qui l’accueillent dans la foi de pouvoir devenir enfants de Dieu (Jn 1, 14).
Lire la Bible, pour un chrétien, c’est donc bien autre chose qu’étudier un beau texte : c’est rencontrer quelqu’un qui vient nous dire qui il est et qui nous sommes. Par sa Parole Dieu se livre à nous, il nous déclare son amour. Or, un message d’amour, ça ne s’observe pas au microscope ; ça se reçoit dans la foi. Bien sûr, certains passages peuvent paraître bien difficiles à comprendre aujourd’hui. Mais si nous prenons conscience que c’est vraiment Dieu qui parle, cela change tout !
Si cette parole est vraiment Parole de Dieu, alors je peux accepter qu’elle me dépasse et me déborde comme Dieu lui-même. Non pas parce que le sens nous échappe, mais parce qu’il est infini. On peut regretter de ne pas mettre toute la source en bouteille, mais comme ça fait du bien de savoir que l’eau de la source n’arrêtera jamais de couler (et c’est un prêtre de Vittel qui vous parle) !

Une lecture cordiale

Trop souvent, lorsque nous lisons la Bible, nous nous préoccupons seulement de la question du sens (« Qu’est-ce que ça veut dire ? »). C’est essentiel, mais ce n’est pas suffisant. Car Dieu ne s’adresse pas à de pures intelligences, il vient frapper à la porte de notre cœur.
Nous avons le droit de vibrer en lisant un passage d’évangile, de nous arrêter sur la beauté d’un psaume, de faire jouer notre sensibilité, notre imaginaire, pour aborder la Parole de Dieu avec toutes nos facultés humaines. Ainsi, Dieu s’adresse non seulement à tous les hommes, mais à tout l’homme. Il n’y a donc pas besoin d’être expert dans les Écritures pour exprimer ce qu’elles ont produit en nous. C’est ce qui rend si précieuses les remarques des enfants, des chrétiens « recommençant » et plus largement de tous ceux qui n’ont pas encore de « culture biblique » : parce qu’ils sont encore neufs devant le texte ils ont la chance de pouvoir s’étonner de ce que les vieux loups de mer ne remarquent même plus.
Aujourd’hui il est crucial pour nos communautés chrétiennes de réapprendre à s’étonner de cette manière, pour se laisser profondément traverser et transformer par la Parole de Dieu. Elle nous est parfois devenue tellement familière qu’elle ne fait plus en nous d’autre effet que celui d’un pétard mouillé : ce qui devrait exploser dans nos cœurs n’explose plus ! On ne comprend rien à une déclaration d’amour si l’on n’est pas soi-même amoureux.
Il nous faut retrouver la simplicité d’une lecture cordiale, c’est-à-dire d’une lecture où le cœur ait sa part.

Une lecture commune

Dieu, en nous parlant, ne s’adresse pas à des individus isolés, qui liraient chacun leur bible en parallèle. Comme la communion à la messe ne nous fait pas seulement recevoir le corps du Christ mais devenir ce corps, la Parole de Dieu, elle aussi, ne se contente pas de nourrir les chrétiens, elle les intègre dans un même peuple.
Ceux qui ont fait l’expérience régulière d’un partage de la Parole savent combien cette écoute commune finit par créer entre les membres du groupe des liens uniques. L’assemblée des croyants est bien la « belle terre » dont nous parle la parabole du semeur : la terre féconde et nourricière capable de faire fructifier la semence que Dieu lui donne.
Cette fécondité suppose toutefois qu’on laisse à la Parole de Dieu la première place pour l’écouter ensemble humblement, y compris au moment où l’on partage ce que chacun en a reçu. Cela n’est possible que si chacun écoute l’autre sans l’interrompre. Combien de temps de partage biblique finissent par se transformer en débats d’idées où le texte n’est plus qu’un prétexte ! Ce n’est pas à nous de tordre l’Evangile dans notre sens ; c’est à l’Evangile de nous tordre dans le bon sens ! Pour cela nous avons besoin de nous laisser déplacer dans nos convictions et dans nos habitudes par la parole des autres croyants.
Si la Parole a vraiment la première place et si chacun respecte la façon dont les autres la reçoivent, alors, très vite, on fait l’expérience d’une fécondité extraordinaire. L’autre, en me livrant ce qu’il a reçu du texte, libère en moi des fenêtres nouvelles pour l’aborder. Je me rends compte qu’il est inépuisable et que je ne pourrai jamais me l’approprier. Je ne me suffis pas à moi-même pour rencontrer Dieu.
Pour apprendre à lire, j’ai besoin d’être relié. Relié aux autres. Mais plus profondément encore, relié à la tradition de toute l’Eglise, c’est-à-dire à tous les croyants d’hier et d’aujourd’hui.

Croyante, cordiale, commune. C’est comme cela que la Bible est la plus savoureuse. Alors notre lecture pourra porter du fruit. Parce que Dieu nous aura vraiment parlé, alors nous deviendrons vraiment parlants. Et nous pourrons inviter d’autres assoiffés à s’approcher de la source d’eau vive !

Abbé Olivier Bourion

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Publié le 12/12/2010 par Alice.