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« La diaconie : servir la fraternité à la suite du Christ »

La conférence des évêques de France, avec plus de 75 mouvements, services d’église et congrégations, invitent les chrétiens à porter une plus grande attention au devenir de la société dans laquelle ils sont acteurs de charité. Cette démarche de trois ans centrée sur le service des frères, intitulée “Diaconia 2013 – servons la fraternité” se met en place de manière active dans les Vosges.
Le prochain numéro du magazine diocésain proposera une piste concrète d‘action pour les communautés locales. mais pour ancrer l’action, rien de tel qu’une note théologique. voici de larges extrais de la première note élaborée par le comité de suivi Diaconia 2013. découverte.

Lorsque l’on veut parler du service du chrétien à l’égard d’autrui, nous employons différents mots : solidarité, fraternité, charité ou encore justice et “option pour les pauvres”. La diaconie est aussi une façon de parler de cet engagement, mais qui se veut plus global et peut-être plus radical. Pour en comprendre le sens, nous devons préciser la signification de ces notions voisines qui constituent en fait autant de dimensions de la diaconie.

La charité

L’amour est plus qu’un sentiment ou qu’une disposition intérieure. Parler de charité, c’est dire que l’amour est un engagement envers l’autre qui instaure une relation de vie. Bien qu’on agisse rarement de façon complètement désintéressée, la charité tend vers le bien de l’autre. L’amour de charité (agape) est la source d’un service qui prend soin d’autrui sans aucune condition préalable. Interpellé par un Dieu d’amour, le chrétien peut répondre à son Dieu par un amour le plus gratuit possible. La charité est ainsi au fondement de la diaconie. Celle-ci veut en être le moyen pour agir concrètement, notamment de façon organisée et communautaire, au service de la charité de Dieu qui se donne à l’humanité.

La solidarité

Comme les êtres humains ne peuvent pas vivre sans liens entre eux, il est important de mettre en place une solidarité afin de défendre des intérêts communs. La solidarité, concept d’origine juridique popularisé par le mouvement ouvrier au XIXe siècle, suppose que des personnes s’engagent sur un pied d’égalité à assumer une charge de responsabilité. On peut rapprocher l’idée de solidarité de l’Alliance de Dieu et de son peuple. Toutefois, il faut noter que cette Alliance ne suppose pas obligatoirement dès le départ une égalité entre les partenaires, alors que la solidarité s’adresse à des personnes qui sont capables de s’engager, en tant que pairs. Or, Dieu s’est directement tourné vers les plus faibles pour en faire des partenaires. C’est dans le sens de cette Alliance avec les plus démunis que la diaconie veut aller.

La fraternité

Les êtres humains peuvent se reconnaître frères les uns des autres. La fraternité est une donnée à vivre dans des relations proches, mais cela dépend toujours d’une reconnaissance de l’autre comme frère/sœur. Sur le plan politique, la fraternité est une des grandes valeurs républicaines. Pour les chrétiens, fils du même Père, la fraternité est donnée et chacun est ainsi invité à élargir le cercle pour accueillir toute personne sans discrimination. La fraternité est donc à la fois un don et une tâche. La diaconie construit ainsi la fraternité de façon proactive, en mettant en œuvre une réciprocité entre les personnes.

La justice

Chaque personne a droit à la justice. En effet, chacun doit pouvoir recevoir ce qui lui est dû. La justice vise à accorder à chaque individu ce à quoi il a droit. On reste ici à un niveau de calcul et de répartition des biens. L’Évangile parle de la justice du Royaume qui dépasse la justice humaine. Cela veut dire que, à côté de la justice qui compte, il y a une autre justice qui vient dire la dignité de chaque être humain. Toute justice a besoin d’amour et de gratuité - donc de la charité telle que nous l’avons définie auparavant -pour ne pas se cantonner au plan du calcul. La diaconie cherche ainsi à mettre en œuvre cette justice du Royaume pour reconnaître chaque personne dans sa singularité.

L’option préférentielle pour les pauvres

Cette option signifie que l’Église doit se soucier des plus pauvres afin de leur permettre d’avoir une vie digne. Au-delà des actions humanitaires, il faut chercher à construire un monde plus juste où les pauvres ne soient plus oubliés. Plus encore, c’est une invitation à reconnaître la dignité de toute personne. La diaconie reconnaît ainsi les pauvres et les souffrants comme acteurs essentiels de cette humanisation et en fait plus qu’une option : une priorité.
En définitive, si ce terme de “diaconie” peut paraître exotique, il faut en souligner la profondeur spirituelle et sociale
Parler de diaconie engage à une véritable conversion du regard, de l’intelligence et du cœur. On peut dire qu’elle récapitule ces différentes approches de l’engagement envers autrui en les enracinant dans la relation au Christ.

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A la redécouverte de la diaconie

Le terme “diaconie” vient du grec (diako¬nia) et désigne le fait de se mettre au service des autres. Si le terme “diaconie” avait disparu du langage de l’Église, il est de retour depuis quelques années. Le Pape Benoît XVI en parle explicitement comme étant “le service de l’amour du prochain exercé d’une manière communautaire et ordonnée” (Deus Caritas Est, n°21).

Les Actes des Apôtres sont l’expression de la solidarité vécue entre les membres de l’Église et les plus démunis. Une mise en commun des biens permettait de venir en aide à ceux qui étaient frappés par le malheur. C’est notamment pour assurer ce service que le ministère des diacres a été institué. Dans les premiers siècles de l’Église, l’attention aux plus fragiles concerne tous les membres de la communauté chrétienne. Mais par la suite, au fil des siècles, la participation des baptisés à la diaconie de l’Église a eu tendance à se limiter à des dons en argent. Ils ont délégué à des acteurs spécialisés la mise en œuvre concrète de la solidarité. En résumé, on peut dire que la diaconie a progressivement émigré du centre vers la périphérie de l’Église. Or, l’avenir de la foi et de l’Église passe par un retour de la diaconie au cœur de la vie chrétienne.

L’Église est en effet constituée par trois tâches fondamentales : l’annonce de la Parole (prédication), la célébration des sacrements (liturgie) et le service de la charité (diaconie). Ces trois piliers de la vie chrétienne sont inséparables. Une communauté qui annonce doit aussi célébrer et vivre ce qu’elle annonce et célèbre.

L diaconie : qu’est-ce que c’est ?

Le Nouveau Testament emploie le terme “diaconie” dans plusieurs sens :

1. Diaconie = mission du Christ : “Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude” (Mc 10, 45).

2. Diaconie = façon de vivre les rapports humains dans la communauté. C’est une invitation à ne pas rechercher les premières places mais à vivre selon la logique du Christ : une présence joyeuse, un engagement risqué, une existence livrée (Mc 9, 35 : “Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous”).

3. Diaconie = mission des disciples, qui se disent “serviteurs” : ce terme intègre alors aussi l’annonce de la Parole.

4. Diaconie = entraide entre les communautés

5. Diaconie = service aux personnes

Au total, la “diaconie” apparaît comme une invitation à vivre des relations où chacun se lie véritablement à ses frères et sœurs et se met au service de tous. Par conséquent, la “diaconie” est bien plus que l’addition d’actions de solidarité ou qu’un ensemble d’instances spécialisées. Il s’agit de “convertir” toutes nos relations - proches et lointaines - à la lumière de l’Évangile, y compris avec ceux qui ne partagent pas notre foi. Il en découle que, dans l’Église, nul ne peut s’approprier la diaconie en disant : “c’est mon affaire”, puisque c’est l’affaire de tous. Inversement, personne ne peut s’en sentir exempté en disant à d’autres : “c’est votre affaire” !

Cependant, cette conversion de nos rapports humains doit d’abord se vérifier avec les plus vulnérables de notre société, sans lesquels nous ne pouvons accueillir pleinement la Bonne Nouvelle : les pauvres et les souffrants ont en effet un trésor à partager. La communauté chrétienne ne pourrait donc pas grandir sans leur donner une place de choix dans sa prière et dans sa vie.

La rencontre avec les plus pauvres nous amène ainsi à souligner que la diaconie n’est pas une simple conséquence de la foi ; elle se situe en son cœur comme son “terreau”. Servir la charité par la diaconie n’est pas alors seulement un devoir éthique mais un “rendez-vous avec le Christ”. En parlant de diaconie, on permet aux chrétiens de vivre leurs engagements solidaires comme une expérience de type sacramentel. Enfin, la diaconie de l’Église est appelée à se faire publique et politique. En se montrant particulièrement sensibles aux plus faibles, en luttant à leurs côtés pour une société plus juste, les chrétiens peuvent jouer un rôle de veille et de mobilisation nécessaire face aux logiques dominantes du monde. C’est aussi un enjeu pour collaborer avec celles et ceux qui n’appartiennent pas à l’Église. Tant qu’elle est au service de la fraternité entre tous, la diaconie concerne en effet la société dans son ensemble.

Cet article a été publié dans le magazine « Eglise dans les Vosges ». En vous abonnant , vous soutenez et favorisez la circulation de l’information et le dialogue dans le diocèse.

Publié le 22/03/2012 par Alice.