1. « Accueillir les formes multiples du ‘ service sécularisé ’ du frère dans notre société, [et pas d’abord dans le religieux, ajout personnel] car l’Esprit de Dieu travaille l’histoire humaine. Sinon l’Église sera à côté du monde et se privera de ‘ s’approcher du Royaume ’ de la fraternité présent au cœur de notre société ».
2. « Prendre en compte la dimension collective, institutionnelle et politique du service du frère (dans l’économique, la législation et l’élaboration des lois, la défense du service public et des droits fondamentaux), dans la perspective de l’engagement pour la transformation de la société.
« Il y a quelques jours dans une ville de Meurthe et Moselle, nous avons enterré un militant ouvrier et membre de diverses associations, membre aussi de l’ACO depuis de nombreuses années. Il était divorcé, remarié depuis 20 ans.
Son mariage s’est passé dans une salle paroissiale d’une paroisse de la ville. Cet homme nous a réuni avant son décès et nous a fait part de ses souhaits. Il aurait voulu que ses obsèques soient célébrées dans cette même salle.
Mais hélas… cela n’a pas été possible. La ‘’ dame qui gère cette salle ‘’ s’est offusquée et a fait obstacle à ce projet.
Finalement ses obsèques furent célébrées très dignement dans une salle communale. De multiples témoignages furent rendus de la part de chrétiens et non chrétiens mais tous des gens qui croient en la force d’être ensemble pour faire un monde meilleur, comme cela a été dit.
Dommage que l’Eglise catholique ne sorte pas de ses schémas tous faits. Elle loupe de multiples occasions de montrer l’Amour aux mille visages.
Elle apparaît comme une vieille femme ridée qui vit de ses souvenirs mais n’est plus dans la vie avec les hommes et femmes d’aujourd’hui.
Nous avons vécu un temps fort super de recueillement et de célébration de l’engagement au service d’autrui.
Finalement on s’est dit qu’on n’a pas besoin de l’Eglise pour célébrer le départ d’un ami. »
Gérard
Je suis handicapé ; pas un handicap qui se voit au premier abord, mais je suis reconnu comme tel.
Je veux travailler ; donc inscrit à pôle emploi, je suis aussi à l'AGEFIPH (association de gestion formation insertion personnes handicapés). J’ai demandé une aide pour passer mon permis de conduire pour pouvoir me déplacer plus facilement, mais je me heurte a des portes fermées. On me propose un emploi à Chavelot alors que le train s'arrête à Thaon. J'ai des problèmes de dos et pour marcher ce n'est pas toujours évident.Pour chaque démarche chaque projet, je suis bien motivé mais je ressors de ces endroits démoralisé. Je remets un dossier a une conseillère, mais ce n'est jamais la même donc ce fameux dossier reste dans le fond du tiroir
Mais je repars motivé pour leur dire leurs failles dans leur système, j'écris, je me déplace. Rendez vous compte : depuis 2009 mon projet n'avance pas. Moi-même je ne peux pas financer mon permis, Je touche 743€ par mois. Je n'ai pas droit à l'aide du conseil général car j'ai dépassé l'âge (aide jusqu'à 30 ans) Des associations qui ne fonctionnent pas toujours, qui ne sont pas préparées à s'occuper des handicapés. Nous sommes combien dans ce cas et tous n'ont pas la force de se battre je pense. Je poursuis mon combat je vais même déposer mon dossier au tribunal. Il faut que les choses bougent, pas que pour moi mais aussi pour ceux qui sont comme moi.
Frédéric
En 2012, espérons que ceux qui nous gouvernent vont se retourner, pour voir le mal qu'ils ont fait : une précarité à prix bas, des gens sans logements, et le pire, sans pouvoir d'achat, avec une croissance peu exemplaire ! Heureusement que le système débrouille existe, il y a les bonnes paroles : il y a qu'à, il faut que... L'argent ne fait pas tout, mais le cercle de prévisions est vite limité, surtout au R.SA. ! Vouloir dépenser, mais être limité par des mesures ne me paraît pas normal, surtout dans ce monde, il faut que ça change
Didier Barras Neufchâteau
« Un grand singe (espèce en voie de disparition) est mort âgé, au parc animalier de Nancy. Au moins 3 jours de suite, des articles de taille, plus que le simple fait divers, relatent l’évènement, ce que son corps va devenir, la peine de ceux qui venaient le voir derrière les grilles de sa cage.
Un être humain meurt, seul, dans la rue, parce qu’il fait froid, qu’il n’a plus de travail, plus de toit : ce ne sera qu’un chiffre de plus dans les statistiques de la mortalité de ce mois de février 2012. Et ce sera tout !
Faudra-t-il que l’espèce humaine soit aussi en voie de disparition, pour qu’on se préoccupe de la dignité de tout homme ?
Étranger, mon frère !
Côtoyant quotidiennement des familles de demandeurs d’asile qui sont très vite devenus nos amis, mesurant l’écart entre un acharnement xénophobe hautement médiatisé et la somme de générosité et de fraternité des simples gens de nos quartiers, je suis à la fois révolté par cet immense gâchis qui brise des vies en réduisant des êtres humains à la clandestinité et à l’inexistence sociale, et impressionné par la résistance ordinaire de très nombreuses personnes qui refusent l’inacceptable et s’engagent pour changer de logique et changer de regard.
« Allez dire ce que vous avez vu et entendu » (Lc 7 22)
Toute une population s’est soulevée à l’annonce de l’arrestation d’Ermela et Eduard avec leur petite Inès de 7 mois ! Le combat a été rude, nous sommes plusieurs fois sortis en larme de la préfecture, mais la mobilisation a été la plus forte. Aujourd’hui, le papa travaille et la petite famille va bien, entourée de très nombreux amis.
Quand une personne nous a signalé Avdo et ses trois garçons à la rue depuis plusieurs jours, la première question qui nous est venue fut : où donc est la maman ? Damir nous a présenté… un certificat de décès. C’était juste le jour et l’heure de notre Cercle de silence. Hélène et Stéphane ont dit : « On ne laisse pas ces gens dans la rue, on les prend chez nous pour le W.E. D’autres ont assuré le relais et nous avons remonté le fil de leur parcours, retrouvé la famille, engagé des recours pour le transfert de protection (asile politique) du pays d’accueil vers la France. Un super réseau entre des personnes qui ne se seraient jamais rencontrées…
La « nuit des migrations » à l’initiative de l’Église réformée a fait aussi se croiser de nombreux acteurs de la solidarité, avec un parcours biblique, une analyse de la loi Besson, et des témoignages de migrants : Youri, Aleksandra et Resmi et leur petite Klesia. Le tout entrecoupé de chants et d’une bonne soupe chaude très appréciée. De là des familles ont accueilli Youri à la maison, et lui-même, extrêmement reconnaissant, a tenu à les ré-inviter pour un repas confectionné avec les légumes des restos du cœur (il vit avec 4 € par jour). Id pour Aleksandra et Resmi, accompagnés aujourd’hui par Claude, Claire, Florence, Raymond… Nous avons décidé de diffuser largement la « profession de foi œcuménique » rédigée à cette occasion sur l’accueil inconditionnel de l’autre comme notre frère en humanité.
Nevila et son frère ont décidé de rapatrier leurs parents et leur plus jeune frère en très grand danger dans leur pays [déclaré « sûr » !] Le papa, militant des droits de l’homme, a dénoncé des trafics d’organe et des disparations d’enfants. Il a été kidnappé et laissé pour mort. L’aîné a abandonné durant 3 mois son travail et son amie pour accompagner toutes les démarches, hospitaliser le papa, rédiger l’adresse à l’OFPRA, payer le carburant pour se rendre à la préfecture de région ainsi qu’à Paris, venir en aide à la famille de sa sœur, mariée avec trois jeunes enfants… Un courant de sympathie s’est constitué, des amis se sont manifestés. Le statut de réfugié vient d’être obtenu avec les droits afférents : carte vitale, RSA, droit au logement… Mais bien plus, il y a tant de bonheur partagé dans cette aventure ! (voir témoignage de Monique).
Bajar, Mirvete et leur fils Rinor, aujourd’hui âgé de 23 ans, ont été en errance pendant… 8 ans !!!! De la première demande d’asile aux rejets successifs, OQTF, recours, arrestations, rétention, hospitalisation de la maman… Déboutés, sans ressource aucune, sans logement ni autorisation de travailler, ils ont vécu ces dernières années comme un enfer. Il s’est heureusement trouvé sur leur chemin des gens formidables qui les ont pris en charge, hébergés, accompagnés, relançant la préfecture qui les a déclarés « indésirables ». Nous avons remué littéralement ciel et terre jusqu’à l’obtention d’un récépissé, mais il a fallu encore un an pour recevoir le titre de séjour (antidaté), puis de longs mois pour l’attestation donnant droit au RSA. Un logement vient de leur être enfin attribué, mais ils sont à ce point détruits qu’ils ne réalisent pas encore vraiment… Quel gâchis !!!
Des parrainages républicains ont été organisés en divers lieux : La Bresse, Cornimont, Gérardmer, le dernier à St-Dié étant celui de Kassim. Tous sont là pour entourer les enfants et leurs familles. Militants associatifs, syndicaux, politiques, ou simples citoyens, élus, avocat(e)s, journalistes, curé du lieu, voisins de quartier… tous ne forment qu’un seul peuple : Ils font honneur à notre République et à sa devise d’égalité et de fraternité.
À la réunion mensuelle du collectif des sans papiers, nous nous retrouvons nombreux et divers, de toutes sensibilités et appartenances, croyants et « mécréants », de multiples origines et nationalités, entre colère et combat, découragement et réactivité. C’est un moment fort mais souvent éprouvant vu l’immensité de la tâche. Du Congo Kinshasa à l’Azerbaïdjan, du Bangladesh à Madagascar, de l’Algérie au Kosovo, nous portons les soucis les uns des autres. Certains qui s’en sont sortis prennent en charge les suivants. Chaque jour apporte son lot de déchirures et de souffrances. Il est heureusement des moments où l’on se rassemble pour la fête (1er mai antiraciste, retrouvailles au terme d’une longue lutte…). Ensemble nous expérimentons et anticipons le rêve de Dieu pour une humanité réconciliée, sans frontières et sans barrières!
« Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez » (Lc 10 23)
Jean-Louis